Sur le territoire de la meute.

Les choses avaient beaucoup bouger, depuis quelques temps. Sa réhabilitation se passait bien, sa guérison aussi et le Docteur Hauras avait donc donné son feu vert pour qu'il puisse retourner à ses affaires. Les faits, par contre, dans l'esprit du mercenaire, étaient autres. Il savait que l'Hécatombe risquait de lui revenir dessus, de le cibler, et il ne voulait pas mettre sa famille en danger. C'est après les avoir avertit, et avec l'accord des concernés, qu'il avait décidé de s'installer chez les mercenaires de son groupe. Il ne serait pas plus en sécurité ailleurs.

Son chemin l'avait donc mené au QG, en premier, puis une fois là, on lui avait trouvé de l'aide. Aide qui s'était manifestée en la personne d'Hirmta, mercenaire Néorite très charismatique. Son comparse mercenaire l'avait littéralement invité à vivre en colocation, et c'est sac sur l'épaule qu'il attendait devant la porte de la petite habitation, incertain.

Ses facettes n'étaient pas réellement d'accord. Il ne connaissait pas beaucoup Hirtma, sinon qu'il aimait se donner en spectacle et qu'il était fidèle à la meute. S'entendraient-ils bien ensembles? Il ne savait pas... Et ça l'inquiétait.

Il prit une bonne inspiration et cogna deux coups à la porte de métal.

Almoran avait donné son accord, à condition de savoir où le mercenaire se trouverait. Hauras avait promis, lui, qu'il passerait faire un suivi, de temps à autres. Surtout, qu'il lui apporterait du thé et de la compagnie, aussi.

Les Inhumains, eux, avaient été très heureux de le voir en état. Greed lui-même était venu prendre de ses nouvelles, le traitant un peu comme un fils. Il avait également débusqué Hirtma, qui lui offrait un coin dans son nid.

Zolvar cogna donc à la porte, et il entendit une voix chantante lui dire qu'il arrivait. La porte s'ouvrit, et derrière, Hirtma le regarda. Ses yeux étaient pétillants, verts de beaucoup trop de tons, et on y lisait bien sa joie.

- Zolvarrr, entrrre! Je suis content de te voirrr! Je t'ai prrréparrré une salle, juste pourrr toi!

Le Néorite entra en premier et fit signe à son compagnon d'en faire de même.

C'était une petite habitation, avec des tissus accrochés partout. Il y avait trois chambres, dont une qui avait été vidée pour Zolvar. La cuisine était vaste, les meubles de facture Néorite, et l'odeur des bonbons Néorites flottait dans l'air.

Un peu surpris, le Mutalythe resta figé quelques instants. Il observa Hirtma, avec son entrain habituel, qui l'invitait à entrer. Finalement, un sourire se glissa sur son visage et il entra.

Son regard passa partout. Des tissus aux décorations, jusqu'à la facture des meubles. Il adorait en apprendre plus sur d'autres cultures, d'un naturel très curieux... et là, il allait habiter avec un Néorite. N'était-ce pas la race qui les surpassait, Mutalythes, côté mystères?

- Merci Hirtma. J'essaierai de ne pas prendre trop d'espace...

L'odeur sucrée lui chatouilla les narines. Son sourire s'élargit. Un genre de picotement envahissait ses doigts plus il entrait dans l'antre du mercenaire, par contre. C'était... étrange. Peut-être était-ce à cause des exercices qu'Aïra lui avait recommandé? Peut-être...

Tout était décoré, des murs jusqu'aux autres surfaces. Les bureaux soutenaient des objets de toute sorte, partant d'anciennes dagues jusqu'à des petites sculptures. Sur les murs, des tissus, tapisseries, symboles. Tout était bien entretenu, sans poussière. Hirtma était, après tout, très méticuleux, surtout sur ce qui était de l'ordre et de la propreté.

Justement, le Néorite avança joyeusement jusqu'à la pièce. Il y avait tout de même un bureau, pour ranger les affaires du mercenaire. Un garde robe, un endroit pour accrocher son arme. Par contre, le lit se retrouvait à être un hamac. Peut-être que ça irait, maintenant, avec les blessures presque guéries de Zolvar, mais un peu plus tôt, ça n'aurait pas fait.

- Voilà! Tout est vidé, juste pourrr toi! Ne te gêne pas, prrrend autant de place que tu veux! Ça ne me dérrrange pas.

Le Néorite sembla avoir un large sourire sous son masque. Il laissa Zolvar s'installer, sortant de la chambre.

- Je vais aller fairrre chauffer de l'eau. Tu en veux?

Le mercenaire suivit en silence, ouvrit la bouche d'étonnement un peu, puis se contenta de sourire. Hirtma avait réellement prit la peine de tout préparer pour lui, et en plus, l'accueil était très chaleureux. Toutes ses inquiétudes, à lui et ses autres facettes, s'étaient envolées.

- Je ne dirais pas non. Merci, Hirtma. S'il y a quoique ce soit que je peux faire pour compenser pour ma présence chez toi, ne te gêne pas...

Il déposa son sac sur le sol, ouvrit les tirroirs et sourit. Ils étaient vides, propres, prêts à recevoir ses affaires. Ce qu'il fit donc: il rangea minutieusement les vêtements qu'il avait emmené, accrocha ensuite son armure de cuir... puis s'installa sur le bord du lit.

- Compenser pourrr ta trrranquilité? Il n'y a rrrien à compenser!

Le Néorite eut un rire, de son coin de l'habitation. Le son de la pompe se fit entendre, suivit de la préparation du reste. Un chantonnement aussi. Hirtma chantait dans sa langue, une chanson douce, mais amusante à la fois. Le rythme était particulier, lent ici, rapide là, se brisant dans un chaos presque coordonné.

Rapidement, l'odeur de l'infusion se fit sentir. Hirtma revint, chantonnant toujours, avec deux tasses. Il en déposa une sur la table de chevet, pour Zolvar, puis prit place sur le sol, devant le mercenaire, en tailleurs.

- Alorrrs... qu'est-ce que tu aimes manger? En quelle quantité? Est-ce que tu vas vrrraiment avoirrr beaucoup de visite? Le genrrre de visite pourrr laquelle tu prrréfèrrrerrrais que je ne sois pas là?

L'Inhumain eut un rire, doux, sa tasse dans ses mains, comme s'il voulait les réchauffer.

- Avec mon accent, ce mot-là est horrrrrrible. Haha!

Zolvar se laissa bercer par le son de la vie, ailleurs, dans la petite maison. Il s'ennuyait de ce son là, qu'il entendait sans réellement pouvoir voir ce qui le produisait. Ça s'était passé à l'appartement de Léo, oui... Mais l'endroit était tellement petit qu'il n'y avait pas ce... doux mystère, peut-être? il s'accorda un sourire. Être ailleurs lui faisait bizarre, mais avoir le doit de ne plus être sous surveillance lui faisait également un bien fou.

hirtma revint, avec les tasses et toutes ses questions. Il eut des yeux ronds, surpris, puis rigola doucement.

- Doucement... je ne suis pas un Élu. Mais... j'aime bien tout ce qui est bouillon, soupe, ragoût... En quantité normale. Pour le reste...

il baissa la tête, fixa son regard sur le liquide alors que la gêne changeait sa peau du rouge au vert.

- ...mon médecin et... une... femme. Mais... je veux dire, c'est ta maison! Alors tu peux rester! Je crois. Ça va dépendre d'elle? De... et puis zut... Je ne sais pas... Mais...

Le Mutalythe eut un toussotement. Il sentait encore et toujours ce picottement étrange en la présence d'Hirtma, encore plus quand le Néorithe était près. C'était même... pire. Son regard revint sur son compagnon mercenaire et il afficha un sourire à la fois timide et désolé.

- ...comme tu le sens? Je ne t'imposerai rien chez toi.

La gêne apparente de Zolvar amusa visiblement son compagnon Inhumain, qui le regarda avec des yeux pétillants. L'étrange impression que Zolvar ressentait vis à vis le Néorithe augmenta également un peu. Comme un... crépitement, un chatouillement même.

- Rrrroh! Voyons voyons. J'irrrai voirrr des miens, si ta douce vient te voirrr! Hihi! Tu n'as pas à êtrrre dans tous tes états.

Hirtma souffla sur sa tasse, en travers de son masque, puis la leva, comme pour faire un toast à son compagnon.

- Sinon... dis-moi... Est-ce que c'est ta prrremièrrre douce? Je n'ai jamais entendu parrrler que tu avais une conquête.

Le ton de son nouvel ami était devenu taquin.

Sous la question, Zolvar figea. Comme un chapardeur qui se faisait prendre la patte dans le sac. La question était-elle sérieuse? Il voyait bien qu'Hirtma était curieux, taquin aussi, mais il... sentait un certain sérieux.

Comment expliques-tu ça, maintenant, mon grand, hum? Comment expliques-tu à ton compagnon de travail que, oui, c'est ta première copine? Que c'est ton premier amour? Et comment vas-tu le lui expliquer à elle? Annabelle sembla avoir eu plusieurs rodéos déjà, et nous? Nous sommes des débutants. Espérons que ça ne la fera pas fuir...

La pensée le fit avaler sa gorgée de travers et il toussa un peu. Probablement trop longtemps, même. Il soupira, longuement, puis se frotta la nuque d'une main. Son bras qui avait été blessé était presque capable de faire tous les mouvements comme avant, maintenant. Mais son corps restait douloureux de temps en temps... Comme pendant les moments avec trop d'humidité.

- ...j'attendais la bonne...

Sa peau devint verte, à la presque totalitée, et il eut un sourire doux.

- ...je crois bien l'avoir trouvé. J'espère bien que c'est elle...

hirtma eut un rire, amusé et compatissant. Il étira le bras et tapota le genoux de son compère, pour ramener sa main sur sa propre tasse ensuite.

- Roooh. C'est mignon. Et bien, je te le souhaite! Je te souhaite l'amourrr, la chaleurrr et la tendrrresse de la bonne!

Le Néorithe lui fit un clin d'oeil. Puis, il bondit sur ses pieds et s'inclina, dans un mouvement fluide.

- Je vais te laisser trrranquille, maintenant! Hihi! S'il y a quoique ce soit, je vais êtrrre tout prrrès!

Il sortit sans laisser le temps à Zolvar de répondre. Visiblement, leur cohabitation serait amusante.