Bon matin! (Léo)

La nuit avait été mouvementée pour le jeune homme. Son esprit avait été envahit par les rêves, d'étranges impressions dans les faits. Comme s'il avait marché une bonne partie de la nuit dans les couloirs. Des paroles, à un moment, incompréhensibles.

Le matin se leva tout de même, malgré les rêves. Quelque chose clocha, par contre, au réveil du jeune homme. Il était à moitié assis, appuyé contre quelque chose de chaud, qui se soulevait et s'abaissait. De la chaleur irradiait de la chose en question. LEs muscles du jeune homme étaient, par contre, totalement détendus.

Après examination, Léo put se rendre compte que la chose était, en fait, Saarth'alis, assoupis sous lui... mais fort heureusement encore habillé. Du moins portait-il le bas de sa combinaison.

Les yeux mi-clos, l'ingénieur émergea lentement de son sommeil qui, bien que nécessaire, avait été loins d'être aussi réparateur qu'il l'aurait espéré. Son corps était incroyablement détendu, au moins... il se retourna péniblement... pour se rendre compte de l'angle dans lequel il reposait. Depuis quand avait-il placé des coussins dans cette position ? Il s'était endormis a plat, normalement... Et... pourquoi ses oreillers... étaient-ils chauds ?

Le jeune homme eut un sursaut monumental et se redressa d'un seul bloc en constatant qu'il avait en fait dormis sur Saarth'alis, du moins une partie de la nuit. Il se retourna lentement, incertain de ce qu'il pouvait dire ou faire... Il était de nouveau tendu et dardais suur le Nomade un regard remplis d'incompréhension.

"Heum.... bon matin ?"

Le jeune homme bondit comme un ressort et l'imposant Nomade en fit de même... pour plutôt tomber en bas du sofa sur lequel il était installé. Il marmonna dans sa langue, puis regarda Léo, semblant à la fois confus et encore endormi.

- ...bon matin. Au nom de la Roue, vous m'avez fait peur...

Le Nomade se tut, puis sembla sentir que quelque chose était... bizarre.

- ...auquel est-ce que je m'adresse, ce matin?

Il se leva finalement et fit tourner ses épaules, lentement.

Léo prit quelques instants pour regarder autours de lui. Étaient-ils seulement encore dans sa chambre ? Que voulait-il dire... ? Puis les déductions se frayèrent un chemin a travers son esprit embrumé et il soupira, se frottant le visage des mains.

"J'ai été somnanbule et Ulrich a prit possession de mon corps ? C'est ça ?"

Le duo ne se trouvait pas dans la chambre, mais plutôt dans un petit salon privé. Saarth'alis le regarda, puis baissa la tête un peu.

- Dans les faits, de ce qu'il m'a expliqué... vous vous êtes endormi. Il s'est éveillé et... il n'était pas capable de vous redonner les rennes. Alors il a commencé par écrire des lettres. Ensuite... je l'ai croisé. Nous avons parlé. J'ai senti qu'il était nerveux... et... je lui ai proposé un massage pour vous détendre. Pendant que je le massais... il s'est écroulé de fatigue.

Le Nomade se tut. Il semblait gêné un peu.

Le jeune homme soupira et hocha doucement la tête.

"Je comprends... j'imagine que j'aurais dut me douter que ça pouvait arriver..."

Il n'éprouvait aucun malaise par rapport a la situation. Ils allaient devoir tous deux s'habituer a cette nouvelle réalité. Son corps était un outils pour le moment. Ça il l'avait accepté. Tant que son esprit restait entier et autonome, il serait a l'aise.

"Il s'est "endormis" il y a combien de temps, environ ?"

Il leva un regard fatigué en direction du nomade, tentant en vain de chasser les restants de fatigue qui s'accrochaient encore a lui.

Le Nomade resta silencieux un moment, ne sachant pas quoi ajouter aux réflexions de Léo, dites à voix haute. À la question, il sembla penser, quelques instants.

- Celà doit faire... deux heures, au minimum. Je suis désolé, je n'ai pas le loisir de... voir l'heure.

Son regard étudia Léo, rapidement, et il eut un petit soupir.

- ...puis-je vous proposer un massage duquel vous allez vous souvenir, cette fois?

Le jeune homme eut un petit rire en secouant la tête.

"Les effets physiques sont bel et bien là... que je m'en souvienne ou non n'est pas tellement important."

Il le regarda avec un peu d'amusement.

"D'ailleurs si ça fait près de deux heures que vous me massez ce serait un peu abuser de vous en demander plus."

Il entreprit de se relever, doucement, sans faire de mouvements brusques.

"J'imagine que je ferais mieux d'aller regarder les "lettres" qu'Ulrich a écrites... j'en déduis qu'il s'agit d'instructions pour le complexe scientifique, il serait mal venu de les faire trop attendre."

Il soupira.

"Ulrich est absent depuis un moment déjà... ça risque de faire parler si ils n'ont pas des nouvelles rapidement."

Saarth'alis le regarda et n'insista pas. Il acquiesça et se leva à son tour, pour s'étirer de tout son long.

- Il serait sage de regarder de quoi il s'agit, alors. Je vous laisse à vos devoirs. Je ne vous dérangerai pas plus longtemps.

Le Nomade s'inclina, le regard tout de même attentif.

Il acquiesça et s’inclina doucement. La journée commençait définitivement d’une drôle de manière. Il s’inclina doucement en réponse au nomade.

"Je suis désolé de couper aussi court à notre entretiens… mais… disons qu’à devoir remplir les devoirs de DEUX personnes, j’ai du pain sur la planche. "

Il rit doucement.

"J’imagine que je devrais m’estimer chanceux de ne pas avoir les séquelles d’une nuit blanche. J’imagine qu’il faudra faire des tests plus… étendus, afin de savoir quelles sont les limites de ce lien."

Il s’inclina encore une fois et tourna les talons en direction de sa chambre. Il s’imaginait qu’Ulrich avait dut travailler là, au pupitre… sinon il ne lui resterait qu’à monter a la chambre de l’élu.

Saarth'alis éloigna ses excuses d'un mouvement de main et lui fit signe d'y aller, en gloussant doucement.

- Ne vous excusez pas. Je comprends totalement.

Il acquiesça ensuite, soutenant ses réflexions dites à voix hautes. Le Nomade s'inclina également, puis Léo partit vers sa chambre.

Comme le jeune home l'avait pensé, Ulrich avait évrit ses lettres dans la chambre qu'il avait prêtée à son héritier. Sur ledit pupitre, trois lettres, chacune identifiée: Hekathon, Enzo et Docteure Loreleï DeLacroix. Toutes portaient l'écriture d'Ulrich et le sceau des Stein, heureusement en encre plutôt qu'en cire.

Dans l'enveloppe marquée Hekathon, le message suivant était écrit:

"Bonjour mon cher ami,

Je suis désolé de vous apprendre, à toi et au reste de l'équipe, que je ne pourrai pas revenir au complexe scientifique avant un moment. Je compte sur toi pour que nos projets en branle se continuent sans accros, et je reste disponible pour les communications par lettres, à un certain degrés.

Je compte également sur ta discrétion sur ce qui est de ma santé, en générale, comme toujours. Ceux qui devront être mis au courant de mon état le seront en temps et lieu. Pour l'instant, ne vous inquiétez pas pour moi. Je suis entre bonnes mains, chez moi, et je me repose.

Bonne continuation. Prend soin des nôtres,

Ulrich Stein.
Élu du Secteur des Sciences et de l'Industrie."

Venait ensuite celle pour Enzo:

"Vieil ami,

Ce message est important et demande toute ta discrétion. Tu es le seul qui lira ces mots et ça doit rester ainsi. Je ne vais pas bien, comme mon absence a dû te le démontrer. Je reste conscient, fonctionnel à un certain degrés, mais ma situation est trop complexe pour être expliquée dans une lettre.

Je remets mon droit de véto et décisionnel à Léo Steinhart, mon héritier officiel. Il fera le relais entre moi et vous, au possible de ses capacités. Tu sais comme moi que je déteste mettre trop de poids sur les épaules d'un aussi jeune homme. De ce fait, j'aimerais que tu lui donne ton entière coopération.

Mon état s'est stabilisé, vous jouissez donc d'un peu plus de temps pour développer les soins qu'exige ma condition. Je te fais entièrement confiance, mon vieil ami, et aussi je te permets de guider l'équipe en mon absence. Je sais déjà que tu vas vouloir visiter, et je t'invite à m'envoyer une lettre cachetée à cet effet.

Prend soin de toi. Continu le bon travail. N'oublie pas de faire tes calibrations à toutes les semaines. Et aide Léo un peu, s'il-te-plaît.

Ton fidèle ami,

Ulrich."

La dernière, mais non la moindre, était beaucoup plus formelle, demandant au docteure DeLacroix de transférer tous ses dossiers à son équipe et de fonctionner avec eux pour les futures demandes. Numéros de dossiers, annexes et bureaux où déposer les différentes choses étaient également précisés.

Le jeune homme prit son temps pour lire les lettres ouvertes. Il se doutait qu'il dépassait un peu les autorisations qu'il aurait "normalement" le droit d'assumer, mais ce n'était définitivement pas une situation "normale". Il soupira en secouant la tête, un sourire attendrit sur le visage. Il espérait de tout coeur qu'Ulrich parviendrais a revenir au complexe pour revoir les membres de son équipe. Il avait l'air de tenir a eux autant qu'eux a lui. Le jeune homme replia les lettre, cacheta celles qui ne l'étaient pas encore, se changea et quitta la pièce en emportant les lettres soigneusement rangées dans son sac.

Le jeune homme passa rapidement par la cuisine pour attraper de quoi manger, puis s'habilla pour quitter le manoir. La route était longue jusqu'au complexe scientifique... mieux valait profiter de la clarté autant que possible pour rendre la journée productive.

Dans la cuisine, un petit repas avait été préparé. Pour lui, pour d'autres, c'était si peu important: il était maintenant celui qui en profiterait.

Il sortit ensuite du manoir Stein et se mit en route. Quelques piétons se promenaient, lui offrant cette mince, mais réconfortate, sécurité. Il croisa également quelques patrouilles, sur son chemin. Le temps était doux, les rues dégagées. Le soleil, dans ses apparitions entre les nuages, réchauffait un peu sa peau, dans des promesses de chaleur à venir.

"Léo...? Par les étoiles... je me suis endormi?"

La conscience d'Ulrich revint près de la sienne, et assez tôt, sa silhoeutte se forma près de lui. Il regarda autour, encore dans son apparence datant d'avant sa transformation, puis bâilla un peu.

Le compelxe se dessinait au loin.

La voix de l'élu, maintenant presque naturelle dans l'esprit de Leo, ne le surpris même pas. Il s'habituait beaucoup plus vite qu'il ne le pensait a cette présence dans sa tête.

"Oui, de ce que Saarth'alis m'a raconté."

Il eut un sourire en coins.

"Il n'avait pas l'air de bien comprendre ce qui se passait, le pauvre..."

Il rit un peu en continuant d'avancer. L'air frais de l'extérieur le revigorait, chassant le peu de fatigue encore présent dans son corps.

"Il va vraiment falloir apprendre a se coordoner un minimum... mais je dois avouer que si tu peux..."

Leo eut un peu de difficulté a prononcer les mots suivants, plus parce qu'il ne pensait jamais les dire un jour qu'autre chose.

"... emprunter mon corps... pendant que je me repose, ce serait une manière d'être un peu plus... disons productif sur les tâches qui nous attendent."

Stein marchait près de lui, ombre perceptible par le jeune homme seulement. Il eut un gloussement lui-aussi, à la mention du pauvre Nomade confus, mais sans plus. On sentait encore un certain malaise de son côté, plus apparente à de la gêne qu'à un réel mal être.

La difficulté apparente de Léo ne fit qu'empirer la gêne d'ulrich, qui se frotta l'arrière de la tête en rougissant un peu, légèrement.

"...si je puis m'expliquer, je n'ai pas réellement chercher à causer ce phénomène. Je me suis simplement éveillé... au contrôle. C'était particulier. Je... j'espère que je n'ai pas fait quelque chose de gênant pour toi. Par les fondateurs, je me sens aussi gêné qu'à mon premier rendez-vous gallant..."

L'Élu gloussa tout bas, encore mal à l'aise. Il avait réellement la crainte d'avoir fait quelque chose de mal, pour une raison ou une autre. De ne pas avoir assez respecté la personne de Léo dans tout ça.

Le complexe approchait assez vite, au rythme des pas du jeune homme, et bientôt, le duo improbable se retrouva aux portes de l'établissement.

Le jeune homme ralentis le pas imperceptiblement pour se permettre de regarder Ulrich. Pas directement, ça aurait été trop étrange, surtout dans un contexte où plus de gens le regardaient, a présent. Mais il tenait a établir un contact visuel. C'était étrange, compte tenu qu'il sentait toujours plus où moins l'élu près de lui, un peu comme quand on tiens la main de quelqu'un sans le voir... mais pour garder sa santé mentale, il avait besoins de cette visualisation. Et il se doutait que c'était important pour l'élu aussi. Trouver ces brefs moments où il se sentait encore humain.

Il y en aura d'autres, Ulrich... pour le moment nous sommes tous deux en train de nous habituer a cette dynamique. Même si je trouvais cela déplacé ce ne serait pas raisonnable de ma part d'être en colère. On ne peut pas commencer une toute nouvelle discipline et s'attendre a y exceller tout de suite.

Leo eut un sourire doux, qu'il offrit a son mentor, discrètement.

J'espère seulement que vous retrouver "aux commandes" va vous permettre de garder l'habitude d'évoluer dans un corps humain. Ce serait un peu dommage de revenir dans votre enveloppe pour vous rendre compte que marcher, écrire ou même parler est devenu quelque chose de laborieux par manque de pratique.

L'ingénieur poussa les portes du bâtiment et se mit a marcher a travers les corridors en direction de l'aile occupée par l'équipe d'Ulrich.

Le contacte visuel fut fait alors que l'Élu plantait son regard dans le sien, doucement, avec encore une certaine honte dans les yeux. Honte que Léo pouvait sentir, un peu, contre son propre coeur.

Ulrich acquiesça aux premières paroles, puis il fut envahit par le stress, en même temps que par les dernières paroles. L'idée de perdre l'habitude de faire les choses basiques de la vie semblait... l'angoisser. L'idée ne lui avait manifestement pas traversé l'esprit, et maintenant qu'elle le faisait, il en était troublé. Inquiet.

Il se reprit rapidement en mains, par contre, ne voulant pas troubler son protégé. Maintenant son protecteur, d'ailleurs.

Léo poussa les portes du bâtiment et déambula dans les couloirs. LEs gens, comme toujours, ne lui donnaient pas beaucoup d'attention: ils circulaient pour autre chose que regarder les autres travailleurs du complexe.

Une fois dans l'aile d'Ulrich, par contre, le silence le frappa. Il n'y avait pas réellement de bruit, en ce jour. Aucun chant d'Amon, pas de bruits de machinerie provenant de la salle d'Enzo. Simplement le silence. L'Élu afficha une mine triste. Son équipe n'avait pas l'habitude de fonctionner de cette manière. L'ambiance ne lui plaisait pas.

Le jeune homme s'approcha lentement du lieu où travaillait l'équipe de Stein, toujours un peu incertain de la manière dont il allait procéder... juste, livrer les missives et partir ensuite ? Allait-il devoir fournir des explications plus... complète, a certains d'entre eux ? Son coeur commençait a battre la chamade, mais il prit une grande inspiration pour se calmer. Il arriva devant la porte et cogna après une très brève Hésitation.

"Enzo ? Hekathon ?"

Ulrich lui jeta un oeil, incertain, puis attendit. Quelques secondes passèrent, presqu'une minute, puis finalement, quelqu'un vint le voir. Ce ne fut aucun des deux interpellés, mais plutôt Tania. La scientifique le regarda, sembla surprise de le voir, mais afficha rapidement un sourire.

- Léo! Je suis contente de te voir! J'étais inquiète. Comment vas-tu? Viens, entre. Les autres sont à leur poste. Sauf Hekathon, il est avec le Gardien.

Sa comparse de travaille le guida, souriant toujours. Ulrich observait en silence, ne voulant pas déranger Léo. Mais... quelque chose ne lui plaisait toujours pas. Tania lui semblait étrange, et le jeune ingénieur le sentait.

Leo hocha doucement la tête après avoir salué la jeune femme. Quand cette dernière lui tourna le dos toutefois son sourire s'effaça quelque peu. Il jetta un bref regard vers Ulrich. Il sentait son malaise, son doute... Il observa attentivement Tania, essayant de cibler ce qui clochait.

"Bonjour Tania. Je ne suis que de passage, je viens aux nouvelles et porter quelques lettre."

Le jeune homme était fébrile. Il lui semblait qu'une éternité s'était écoulée depuis son dernier passage dans cette salle de travail. Son esprit était passé par tellement de stades différents que la vue des bureaux dans lesquels il a tant rêvé travailler n'éveillait plus chez lui qu'une vague de nostalgie. Allait-il seulement terminer le Bracchium un jour ?

"Bonjour a tous ! Enzo ? Je peux te parler ?"

Le jeune homme prit la peine d'observer chacun des membres de l'équipe, essayant de capter le moindre indice quant à l'ambiance générale.

L'Élu avançait avec lui, en silence. Même lui ne semblait pas comprendre pourquoi cette impression le prenait, mais il n'en disait rien. Ce n'était pas le moment de faire passer Léo pour un lunatique. Le duo suivit donc la scientifique jusqu'à la salle d'Enzo. La salutation ne passa pourtant pas dans l'oreille de sourds: Amon sortit immédiatement de son local, puis vint offrir une accolade au jeune homme.

- Léo! Par les étoiles! J'étais...

L'Altéré sembla se rendre compte qu'il envahissait l'espace personnel de son collègue puis le relâcha, rapidement.

- J'étais inquiet.

Tania les regarda, souriante, puis tourna la tête vers le cyborg, à sa place. Enzo gloussait, amusé par la scène.

- Bah oui. Dès qu'Amon te laisse tranquille. Entre. Ferme la porte.

Ulrich souriait franchement. L'Idée qu'Amon aimait bien son héritier lui réchauffait le coeur. L'Altéré était d'un naturel très réservé, alors qu'il démontre ce genre d'affection était rare.

Leo , d'abord surpris, tapota doucement l'épaule d'Amon en réponse a son accolade.

"Je vais bien... je suis sollicité un peu partout ces derniers temps, désolé de ne pas vous avoir donné plus de nouvelles."

Il continua ensuite son chemin pour entrer dans le bureau d'Enzo et referma la porte derrière lui, comme demandé. Il plongea la main dans son sac et en ressortis la lettre qui était destiné au Cyborg.

"Je suis juste de passage. Je... je viens apporter des nouvelles d'Ulrich."

Leo tendit la lettre, se doutant qu'une avalanche de question risquait de s'abattre sur lui, que ce soit avant ou après la lecture.

Amon acquiesça, compréhensif. Il encouragea Tania à laisser les deux autres tranquille, ce qui sembla ne pas plaire à la femme, qui coopéra tout de même.

Léo entra alors, accompagné par un Ulrich qu'il était le seul à voir, ferma la porte derrière lui. Enzo resta sagement assis à sa palce: debout, il aurait pris l'ingénieur d'un peu trop haut. Ça n'aurait pas été optimal pour une conversation.

L'image de l'Élu se glissa près du cyborg et le regarda, soupirant doucement, avec une certaine lourdeur. C'était l'un de ses seuls réels amis et il le gardait dans le secret. Ce fait était... lourd.

Enzo le regarda, de ses yeux perçants, puis prit la lettre, toute petite dans sa main. Il l'ouvrit tout de même habilement, mais ne se mit pas immédiatement à la lecture.

- Ma parole, tu es vraiment sollicité pour être juste de passage... Merci pour la lettre. Mais... j'ai une question. Comment tu vas, hm?

Le cyborg le fixa et attendit. Il l'invita, par contre, à s'asseoir sur une chaise à sa taille, de l'autre côté du bureau.

Le jeune homme resta un moment sans rien dire, puis s'assit dans la chaise que lui proposait Enzo en soupirant.

"Pour que tout le monde soit inquiet de la sorte je dois en déduire que j'ai une tête a faire peur... "

Il eut un petit rire. Il avait bien dormis, il était propre... mais manifestement ça ne suffirait pas pour lui donner bonne mine.

"Je vais bien compte tenu des circonstances. Pour faire le long et le court des choses : toute cette histoire avec Ulrich accapare une bonne partie de mon temps. La situation est... complexe. Ajoutons a ça les déplacements aux quatre coins de la ville et l'état de Lionel, je... j'ai beaucoup de choses a gérer en même temps."

Voilà. Clair mais pas trop. Et surtout, aucun mensonge. Il jetta un bref coup d'oeil vers Ulrich, ne pouvant s'empêcher de se demander...

J'ai vraiment l'air si mal en point ?

Il se doutait de la réponse...

Enzo gloussa doucement et secoua la tête. Il le regarda néanmoins un peu, puis soupira, lentement.

- Tête à faire peur, non. Tu as l'air fatigué. C'est surtout... le ressenti près de toi qui est différent. Tu dégage quelque chose de différent.

Le cyborg l'écouta ensuite, attentivement, et acquiesça gravement. Il comprenait ce que le jeune homme vivait, sans être présomptueux à cet effet.

- Et bien, le cas de monsieur Lionel avance bien, ce qui est une bonne nouvelle en soi. Gabrielle passe presque tout son temps en sa compagnie. Hekathon prend soin d'eux.

Le jeune ingénieur tournant son regard vers lui, Ulrich haussa les épaules doucement. Il secoua la tête négativement, puis observa de nouveau son ami le cyborg, sans se presser.