Retour dans les limbes (Alexeï)

Parfois, l'esprit devenait une chose étrange, imprévisible. Plus il y avait de séquelles et plus le facteur "imprévisible" devenait présent. Avec ses facette supplémentaires... il devait fonctionner pour plusieurs. Et tous étaient d'accord pour une chose: retourner sur les lieux de la boucherie. La raison qui animait ce désir lui était inconnue. Sa facette agressive disait que c'était pour bien graver leur raison de se battre dans leur tête. Celle douce affirmait que ça les aiderait à tourner le chapitre. Qui avait raison, dans cette histoire? Il ne savait pas.

Le mercenaire devenait impulsif, mais l'imprudence ne faisait heureusement pas partie de cette impulsivité. Il avait averti Hirtma de ses intentions et lui avait demandé de garder ses distances, quand l'Altéré avait demandé à l'accompagner. Pour une raison qui lui échappait, il avait besoin d'être seule devant la scène. De faire le point avec lui-même. Encore fallait-il qu'il se rende à ladite scène...

Il marchait donc dans les rues. Almoran lui avait demandé de changer d'allure, de ne pas se promener avec le même équipement. Chose logique, s'il ne voulait pas êter reconnu par les gens qui le cherchaient peut-être encore. Il se promenait donc, tranquillement. Son fusil de précision était dans son dos. Un couteau de chasse suivait le mouvement de son bassin, accroché à sa ceinture. Un pistolet reposait à son antipode sur son autre hanche. Il n'avait pas de balles et était là à titre dissuasif, mais personne le savait sauf lui. Ses grandes enjambées le faisaient remonter la rue principale du secteur, rue nécessaire à emprunter pour se rendre là où son coeur voulait se rendre.

Dans le ciel de lourds nuages s'étaient accumulés, un vent froid se gonflait en traversant les rues sombres et serrées de la zone industrielle de la ville. Le soirs approchant les rares ouvriers encore présent terminaient leur quart de soir et se dépechaient de rentrer chez eux.

Alexei se trouvait à un croisement entre deux ruelles sinistres de la zone ayant suivi un câble d'alimentation le long d'un mur, il avait finit par se perdre dans se dédale de petites rues entremêlées.

Loin de s'inquiéter pour sa situation et se sachant armé et rapide de ses jambes son esprit avait vagabonder dans son propre dédale intérieur.

Il se retrouvait maintenant à se croisement accroupi devant un flaque d'eau observant la lueur de ses yeux mécaniques se reflétant dans le miroir liquide.

Sa marche ralentit alors qu'il avait l'impression de remarquer quelque chose. Une silhouette accroupie, là, et immobile. C'était une apparence aprticulière. Surtout, c'était quelqu'un de seul, visiblement équipé, dans un des coins de l'État qui lui faisait maintenant le plus peur.

Très lentement, il approcha. En premier, pour voir ce que c'était. Était-ce un agent de l'Hécatombe? Était-il en danger? Sa main se déposa sur la manche de son couteau. Il avançait doucement, le pied leger, le coeur qui battait à tout rompre.

- ...pardonnez-moi?

Peut-être venait-il de faire une bêtise. Peut-être n'était-ce qu'une personne qui avait échappé quelque chose dans l'eau. Ce pouvait être beaucoup de choses. Et le seul moyen de le savoir était de demander.

Toujours dans la même position Alexei traçait maintenant des va et vient sur la flaque d'eau appréciant le bruit de la pluie tombant maintenant avec force tour autour de lui, à défaut de pouvoir ressentir le contact des goûtes d'eau sur sa peau fait de câbles et de métal.

" L'eau change et se déforme comme change et se déforme l'esprit. L'esprit est l'eau, l'eau est l'esprit.....tourne....danse...vol....les lueurs sous la pluie....la pluie....étant les larmes du ciel....".

En entendant la question derrière lui, Alexei se retourna lentement restant accroupi, ses yeux flamboyant d'un bleu- vert puissant éclairèrent la ruelle devant lui, une silhouette sombre de grande taille, large d'épaule et visiblement bien équipé pour le combat se tenait face à lui quelques mètres plus loin.

Il y eu un moment de silence, ou on entendit plus que le son de la pluie sur les longues antennes du cyborg dans leur mouvement de haut en bas. Puis comme si de rien n'était Alexei reporta son attention sur la flaque d'eau et comme si on l'avait déranger répèta la phrase toute faite que son grand-père lui avait fait apprendre par coeur en cas de rencontre avec des étrangers.

"Alexei Pachenko, Scavenger, Guilde Alpha, 7ème escouade de reconnaissance, vous souhaite le bonjour....le bonsoir".

Le mercenaire se raidit un peu. Cette personne semblait... spéciale? Puis, la silhouette se tourna vers lui. Les yeux cybernétiques, tels des phares, l'éclairèrent. Et la personne s'identifia: Scavenger. Que faisait un Scavenger dans le coin, à cette heure? C'était dangereux... et ses instincts protecteurs le lui criaient.

- Vous ne devriez pas être seul ici à cette heure. Le coin est dangereux.

Il n'ajouta rien pour l'instant. En avait-il assez dit? Aurait-il dû ajouter quelque chose? Peut-être... la voix lui semblait si jeune et ça ajoutait à son incertitude.

Balayant les contours de la petite marre qui se formait peu à peu devant lui le cyborg se redressa sur ses longues jambes pour finalement faire fasse au colosse devant lui.

" Le danger mon ami...le danger n'est pas une notion abstraite...il est tangible....il est vivant...le danger à faim...soif.... sommeil....parfois le danger à peur aussi...peur de lui-même...et parfois mon ami...le danger reste tranquillement chez soi....car comme beaucoup....il n'aime pas se retrouver tremper sous un orage sans une bonne raison hahaha".

Pointant le doigt vers le ciel et la puissante averse qui leur tombait dessus Alexeï se laissa aller à une rire mécanique étrange.

Puis pointant tour à tour sa tête et le mercenaire lui faisant face.

" Ce qui est certain c'est que mon esprit n'est jamais seul puisqu'il est le voyageur de l'étoile du soir dansant dans le firmament....et mon corps non plus n'est plus seul...sinon vous ne seriez pas là.".

Le mercenaire resta sans mots quelques instants. Ce Scavenger se payait-il sa tête? Il l'ignorait. Dans tous les cas, la zone restait dangereuse. C'était dans ce coin que les gens de l'Hécatombe se tenaient, aux dernières nouvelles.

- Le danger qui se tient dans les parages se moque de la pluie, de la loi et de la morale. Il se moque de faire couler le sang, d'ouvrir les gens et de les kidnapper. Il se moque de les tuer et aime la chasse de leur fuite. Alors, je vous en prie, ne restez pas ici.

Le Mutalythe grinça des dents. Il leva la main dans les airs, pour avertir Hirtma que tout allait bien.

- Si vous tenez vraiment à rester dans les parages... restez près de moi. D'accord?

Il avait moins l'impression de commander le Scavenger de cette manière. C'étaient ses insécurités et ses mauvauses expériences qui le faisaient agir ainsi. Le cyborg devant lui ne partageait rien de tout ça.

Alexeï se leva et délaissa la petite marre pour se rapprocher du mercenaire. Se plantant devant lui, il l'observa des pieds à la tête ses antennes suivant son mouvement de bas en haut. Après un moment de réflexion il se plaça sur le côté libérant le chemin au colosse avec un petit signe pour l'inviter à passer devant.

" Souffle le vent....tonne l'orage, pleure les enfants dans leurs lits sans bouger...ainsi se trace pas à pas le chemin de la destiné. Et bien si je marche sous la pluie....c'est pour découvrir charmante compagnie."

Trépignant d'une jambe sur l'autre le scavenger semblait de pas pouvoir rester en place. Ses yeux lumineux repoussant la noirceur ambiante.

" et puis le danger qui se dissimule dans l'ombre ne se porte pas seulement sur vos épaules....il existe bien d'autres force en ce monde....bataillant contre l'injustice et le désespoir...vous les trouverez avant la fin....la fin des choses et le commencement des autres".

Le Scavenger s'approcha et Zolvar se redressa un peu. Depuis sona ccident, il se sentait un peu plus... paranoïaque. Il examina donc le jeune Pachenko, de haut en bas, en même temps que le cyborg lui faisait subir un examen semblable.

Les paroles d'Alexeï le troublèrent ensuite un peu. Peut-être n'était-ce que par illumination sporadique ou délire fiévreux de circuits trempés... mais il avait raison. D'autres forces... disait-il à un membre du Culte de la Force Intérieure. À quelqu'un qui bougeait des choses sans les toucher.

- ...vous avez raison. Tellement de forces que nous ne soupçonnons même pas d'être là... Restez près.

Il se remit en marche. L'eau coulait sur son long manteau, sur les plaques protectrices de ses bras. Il se savait trempé mais il s'en moquait. La lourdeur de son équipement imbibé d'eau ne battrait pas celle de son coeur qui avait besoin de savoir.

Laissant passer devant lui la carrure de son compagnon, Alexeï pris son rythme de marche, cherchant à rester légèrement en retrait.

Empoignant son arme il tira sur le chien pour armer la balle dans un "clac-clac" discret puis replaça l'arme le long de son corps, canon vers le sol.

Marchant et soutillant à moitié il ne pouvait détacher ses yeux du ciel d'encre d'où tombait la pluie fraîche. Avec un piaillement exciter il accueillit le premier éclair qui déchira le ciel, bientôt suivi du grondement de tonnerre habituel.

"Le temps est avec nous....l'éclair aveugle...le tonnerre rend sourd....la pénombre nous dissimule...si affrontement il y a lieu ce soir....nous aurons l'avantage...nous serons telles des ombres déchirant les ténèbres....oui...cette une belle nuit pour une promenade...une promenade tragique et boulversante....une promenade de santé....oui".

Le mercenaire avança avec son nouveau compagnon insoupçonné. Le son du chien qu'on tire le fit se raidir. Les paroles qui suivirent lui donna un goût amer en bouche. Il espérait très franchement qu'l n'y aurait aucun affrontement ce soir. Il voulait des réponses, pas plus de blessures. Il en avait eu assez.

- ...espérons qu'il n'y aie pas d'affrontement.

une promenade tragique... comme celle qui l'avait mené dans ce coin, la première fois. Une recherche de réponses et de conseils. Il eut un soupir, puis ralentit, suite à une vingtaine de minutes. Ils se trouvaient devant un bâtiment aux brisques rougeâtres. La porte était fermée, mais la fenêtre du rez-de-chaussé était encore défoncée. C'était par là qu'il s'était enfuie. Le bâtiment semblait totalement vide, déserté, et un certain soulagement l'envahit.

Passant sa tête sur le côté du large mercenaire, Alexeï scanna l'endroit laissant ses antennes l'informé de chaque bruits et souffles aux alentours. Une fois son rapide examen terminé il s'avança hors de la ruelle se plaçant devant la maison dansant d'un pied sur l'autre d'un air joyeux.

"Charmant endroit pour habiter n'est-ce pas, la colonie de rats à la cave et la lointaine parente d'Adelaide qui habite le grenier semblent si plaire manifestement..... j'aurais tous de même repeint un peu plus souvent....avec de petits coquelicots en parures....pas vous....oui???"

Le mercenaire resta quelques instants devant le bâtiment. Il hésitait, d'un côté, à entrer. De l'autre, le comportement joyeux du scavenger le laissait pantois. Son regard examina encore la façade, puis il tourna son attention sur le scavenger.

- ...il n'y a pas de rats dans le sous-sol. Je... vais entrer. J'ai des choses à vérifier. Il y a un autre mercenaire dans les parages. Il surveille mes arrières. Les tiens aussi, maintenant.

Le Mutalythe prit une bonne inspiration, puis marcha jusqu'à la porte. Il gravit les quelques marches avec autant d'hésitation que la première fois. Puis il ouvrit la porte, dans un grincement horrible.

Un éclair tomba non loin et il sursauta: son ombre ainsi projetée devant lui, il s'était cru... embusqué, encore. Son regard fouilla donc attentivement l'étroit couloir. Il prit son couteau et avança, à pas de loup.

Laissant passer son compagnon de hasard devant lui Alexeï se retourna pour envoyer un remarquable signe de la main à la ruelle vide qu'ils avaient traversés.

"Toujours être poli avec les gens qui veilllent sur nous...toujours veiller sur eux en retour".

Puis il entra dans la maison à son tour la main sur son arme. Voyant que le mercenaire bloquait presque tous l'espace disponible du couloir, il resta en arrière prêt de la porte d'entrée ne voulant pas risquer d'être dans les jambes du Muthalyte en cas de problèmes.

Très lentement, Zolvar avança. Il marcha sans bruit, déboucha dans le genre de cuisine qu'ils utilisaient comme lieu de rencontre, puis arriva en haut des escaliers.

Les escaliers qu'il avait gravit presqu'en rampant. Il s'en rappelait que trop bien. Il avait l'impression d'encore se voir dans les escaliers...

Il prit une bonne inspiration et descendit. Lentement, sans se presser. Son coeur s'affolait. Toutes ses facettes oeuvraient en choeur pour l'empêcher de tomber sous le contrôle de la panique.

Une fois en bas, il figea. La table... rien n'avait changer..

Voyant Zolvar disparaître dans les ombres de la maison, Alexeï s'avanca doucement, la pénombre lui permettant de passer ses yeux en infra-rouge.

Déçandant l'escalier il rejoignit son curieux compagnon face à la table.

Dans un murmure il émit de nouveau une sorte de rire métalliques puis fixant son regard sur le reste de la pièce il chuchota.

" C'est plutôt tranquille ici, on est là pour explorer ou attendre quelqu'un....quelqu'un de sympathique ou de grossier....on passe un coup de balais ou pas du coup....oui...non....grille-pain...le doute est permis."

Le mercenaire était figé devant cette pièce. Cette pièce maudite, dans laquelle il s'était senti de revenir. La pièce prenait tout le sous-sol. Au milieu, une table d'opération trônait, encore tachée de sang séché. Quelques instruments, à gauche et à droite, avaient été laissés à la va-vite. Des sangles, sur la table, celles qu'il avait brisées et détachées, étaient encore là. Tout était encore en place, lui semblait-il. Chaque tache de son sang y était encore.

La voix d'Alexeï le fit sursauter et il se retourna brusquement. Son regard l'examina, rapidement, alors que son coeur battait la chamade. Ses paroles lui firent grincer des dents. Quel genre de personne sans coeur était-ce? Non, Zolvar, calme-toi. il ne sait pas ce qui s'est passé ici.

- ...nous n'attendons rien. Nous ne touchons à rien... C'est une... scène de crime.

Sa voix avait tremblée. Il l'avait remarquer. Il s'en moquait un peu, par contre. Il prit le temps, puis avança. À petit pas, il se rendit jusqu'à la table. Sa peau, sous ses vêtements, était à moiié bleue.

Lentement, le Mutalythe retira son gant. Puis, il toucha le métal de la table de chirurgie. Il avait besoin de sentir le contacte et de se dire, de constater, qu'il n'y était plus attaché. Il ferma donc les yeux, la respiration profonde. Un frisson étrange le traversa. Autour, les quelques rares objets légers, tels instruments et crayons, se mirent à flotter.

Puis, il ouvrit les yeux. Et là... il se crispa et recula rapidement. Sur la table, là... c'était lui? Une silhouette, rougeâtre, floue, qui s'agitait. Une autre, métallique, qui approchait. Cette scène... non. Il l'avait vécue...

il se retourna, pour chercher Alexeï du regard. Même si le Scavenger était encore là, il ne le voyait pas. Comme le cyborg ne voyait rien de ce que le Mutalythe pouvait bien... halluciner? Dans tous les cas, les objets flottaient encore plus. Toujours plus, avec les choses plus lourdes qui se mettaient à trembler.

- ...S-Scavenger...?

Alexeï observa le mercenaire, nottant son changement de comportement étrange.
S'avançant dans la pièce il prit bien soin de ne toucher à rien comme demandé.

Puis se figeant devant la table d'opération, son regard alternat entre le muthalyte et les alentours.

" Un lieu de grande souffrance, la folie de l'esprit s'est déchaîné ici...lorsque les songes se font ombres....les ombres cauchemars....les cauchemars réalité....elle marque le corps, comme et l'esprit et l'âme....forgeant nos destins...notre avenir comme notre passé d'une plaie éternelle....vous étiez le porteur de cette souffrance???".

Son délire continua, isolé dans sa propre tête, semblerait. Le mercenaire était déboussolé et près de la panique. Tellement d'ombres lui tournaient autour, lui faisaient revoir des scènes qu'il tâchait d'oublier, le temps qu'il les accepte. Puis, la voix du Scavenger sembla percer à travers de tout ça. Zolvar se tourna dans sa direction. Les objets continuèrent de flotter, de trembler. Puis, il tendit la main, toucha Alexeï...

...et tout s'arrêta.

Il fixa le Scavenger, là, sorti de nulle part. Tous les objets tombèrent, cessèrent de bouger. Son souffle s'arrêta quelques secondes, puis il sentit de la chaleur, sur son visage. Son nez s'était remis à couler, à profusion, de liquide rouge. Sa tête se mit à le faire souffrir et il grogna.

- ...je... avez-vous vu ça...?

Il s'arrêta. Le porteur de cette souffrance...? Oui, totalement. Il l'était.

- ...j'ai... été sur cette table, oui... Je ne me sens pas bien...

Le mercenaire se mit à tousser. Il avait le tourni, tout d'un coup.