Rêves sous les étoiles

Le responsable cligna des yeux quelques fois aux paroles d'Alexeï, sembla se dire qu'il avait fait une erreur, mais la recrue partit rejoindre l'autre Alpha. Mathias marchait à bon rythme, dans des enjambées sèches. Il se rendit à une chambre, déveouilla la porte, puis entra.

Lentement, il retira son attirail de travail. Se révéla alors un autre cyborg, à la chevelure blanche, couvert de tatouages.

- Tu comptes me coller aux basques en dormant aussi?

Le ton avait été cassant. Mathias n'était visiblement pas d'humeur.

Loin de saisir le ton désagréable de son congénère Alexeï s'avança dans l'embrasure de la porte, observant avec attention la chambre de son très nouveau mentor. Puis s'accroupissant comme à son habitude il le fixa de ses yeux mécaniques.

" De rancoeur le coeur du sage voyageur se remplit peu à peu...rancoeur de partager la coupe de son esprit... rancoeur de partager la foi de son coeur...rancoeur de partager la force de ses bras... de partager...la douleur de son âme..."

Le jeune cyborg recommença alors à tracer des formes sur le plancher regardant dans le vide, ses antennes étrangement au repos.

" Le jeune messager comprends la rancoeur, elle vit aussi en lui et par lui...au delà de la penser...de la conscience...du temps...".

La chambre était simple, du genre de quelqu'un qui n'y vient pas souvent. Bureau, lit et commode étaient les seules choses qui la remplissaient. Aucune décoration, pas de fenêtre, le stricte nécessaire de quelqu'un qui ne vient là que pour dormir, rien d'autre.

Le cyborg prit place sur le bord du lit et entreprit de détacher ses bottes renforcées. Son regard, lui aussi cybernétique, étudiait attentivement la jeune recrue.

- Toi ou un autre, ça aurait été pareil. J'aime pas le monde, point. Alors... soit tu te trouves un trou dans un coin, soit tu me laisse tranquille pour la nuit.

Mathias décrocha un kukri de sa hanche, le déposa sur son bureau, puis termina finalement en retirant son chandail. Il était en simple pantalon, maintenant. Son regard ne quittait pourtant pas Alexeï, qu'il observait avec un certain dédain.

Regardant d'un côté puis de l'autre de la chambre, Alexeï finit par rentrer s'assoyant en indien dans un coin de la pièce, le dos bien droit le long du mur. Ses grandes antennes recourbées au-dessus de sa tête, il continua à tracer au sol des sortes de dessins et regarda à son tour le scavenger qui le fixait.

"Je ne dors plus vraiment, mon corps n'est plus assez vivant pour que j'en ai encore besoin....mais si mes rêves éveillés ne gêne pas le voyageur, alors les fantasmes d'un monde meilleur danseront pour moi dans la pénombre cette nuit....ainsi je serai le visiteur de l'étoile du soir.".

Le jeune Scavenger s'installa dans un coin de la pièce, et à ce moment, Mathias sembla regretter sa formulation. L'aîné des deux jura d'ailleurs tout bas, se leva pour fermer la porte, puis s'installa simplement dans le lit. Ses traits se durcirent aux paroles du jeune cyborg, qu'il dévisagea sans s'en cacher.

- Fais ce que tu veux, tant que c'est en silence. Bonne nuit.

Mathias s'étira, déposa son poignet gauche sur ses yeux et poussa un long soupir. Une dizaine de minutes passa de cette manière, sans que le cyborg ne bouge... puis il se mit assis, dans un soupir découragé. Du bureau, il sortit une bougie, qu'il alluma, prit un callepin dans son équipement, puis se mit à lire, sans un mot.

Alexei resta assis là un bon moment, sans bouger n'y dire un mot. Il observait avec attention les actions et le comportement du scavenger vétéran. Quand il le vit recommencer à s'activer pour finalement lire dans son lit il hocha doucement la tête et repris ses dessins sur le plancher de la petite chambre.

" Le thé demeure souvent sur le feu car on l'oubli, on le délaisse, on l'abandonne... alors il bouille....toujours tous le temps et puis il déborde, éclabousse tous autour de lui mais ne se refroidie pas, on peut donc jamais le boire, le sentir, apprendre comment est le thé...bon mauvais.....doux amer....fort ou léger....mais le drame du thé qui chauffe seul dans la nuit arrive bien plus tard...le thé s'évapore...il disparaît...il s'envole...alors la bouilloire reste seul...vide....elle chauffe encore et encore et puis brûle. Flambe seule dans la nuit et puis...disparaît".

Un long soupir s'extirpa de Mathias alors que le jeune Scavenger parlait. Son regard se tourna vers lui, alors qu'il baissait son calepin, et il secoua la tête.

- ...depuis quand est-ce qu'ils laissent des fêlés joindre... Si tu veux que je comprenne, pas d'énygmes. Parle clairement.

Il gromella, baissa la tête et marmona un "Ça doit être à cause que j'ai fait peur à son rencart... Putain...". Il secoua ensuite la tête, puis ramena son attention sur sa lecture, sans vraiment lui donner de l'intérêt. Les sourcils froncés, il avait la tête ailleurs.

Alexei écouta l'autre scavenger lui parler tous en dessinant au sol les même ombres entourés de flammes qu'à son habitude. Puis il porta son attention sur Mathias, se leva et marcha jusqu'au lit pour mettre un genoux à terre devant le vétéran et pointa son front de son doigt mécanique.

" Cette nuit dans une chambre du hall, deux hommes à l'esprit troublés se regarde et communique par leur voix lourde de sens.... L'un accepte son esprit brisé...l'autre déteste son esprit troublé....entre le coq et le corbeau qui chante le mieux...qui est le plus fou....celui qui aime être fou...celui qui refuse de l'être l'étant d'autant plus....qui est le serviteur de son destin...ou le pantin de son passé....qui est le fou...qui est l'homme troublé.".

Retirant son doigt il resta devant Mathias en silence, les deux bras poser sur son genoux, calme.

Le vétéran sembla se tendre à l'approche de son cadet. Son regard glacé scruta le jeune scavenger, longuement. Il grinça même des dents, l'air à la fois malaisé et agacé. Il n'aimait visiblement pas cette proximité.

- Écoute, le jeune. Si tu viens me traiter de fou à deux pouces du visage, tu te magasine un coup pas cher.

Il eut un soupir, ferma finalement le calepin, qu'il déposa sur la table de chevet. Il fouilla d'ailleurs dans celle-ci, pour sortir une bouteille brune opaque, qu'il déboucha et dont il prit quelques gorgées.

- ...tu aurais dû demander à être palcé avec un autre. Pas avec moi. Je suis pas du monde. J'aime pas le monde. J'aime pas les énygmes.

Il grogna un peu, garda la bouteille en main et fixa attentivement Alexeï, attendant une réaction qu'il espérait plus normale un peu.

Penchant la tête, Alexei de redressa et retourna s'asseoir dans son coin. Regardant les formes qu'il avait tracer, il émit un petit rire robotique en secouant légèrement ses antennes.

" Moi je vous aime bien...vous avez l'esprit fermé et le coeur froid....mais votre âme est chaleureuse...vous avez une belle âme...protégez la...car elle est essentielle à ce qui nous donne notre raison de vivre....elle est ce qui nous uni tous dans la grande toile du destin...nos âmes nous démontrent chaque jour par leur existence que nous avons tous...de la grandeur en nous....certains la regarde et ne savent pas encore quoi en faire....".

Le jeune cyborg pivota sa tête et ses antennes vers son camarade allongé le regardant avec intensité.

" Alors que d'autres doutes de son existence même alors que leur destin les appels déjà et que leur âme flamboie telle un soleil dans le firmament".

Mathias sembla surpris par les paroles de son cadet. Il le fixa, l'observa, puis eut un étrange sourire, sa mâchoire cybernétique oblige. Il leva sa bouteille en salutations à ces paroles, qui pour une fois, semblaient saines à son oreille.

- Amen...

Il prit deux autres bonnes gorgées, puis rigola un peu. Son air était amusé, maintenant, un peu désespéré aussi. Comme quelqu'un qui constate quelque chose, qui n'en revient pas, et qui est blessé d'égo par ledit constat.

- Vu que tu aimes autant les histoires d'âme, de voyage et tout, on va aller poursuivre des fantômes demain. Une vieille histoire de terre qui bouge, sans raison géologique, et qui coince des Scavenger dans des trous...

L'air du vétéran reprit une certaine aigreur à ses paroles, et il maromonna, tout bas...

- ...et qui attire les bêtes pour le manger vivant, après...

Alexeï hocha de nouveau la tête, puis jambes croisées il se laissa aller dans un doux mouvement de va et vient, ses antennes s'agitant aux rythme de son mouvement.

" Sombre paroles qui comptent cette histoire...Sombre présage que celui des scavengers disparu....Sombre pensés sur ce que peut caché les ondes de l'avenir.... être dévoré vivant n'est pourtant pas le pire des trépas....pour mon corps et mon esprit....je ne suis plus vivant depuis déjà un moment".

Alexeï eu de nouveau un rire mécanique en se trémoussant.

" Il n'y a plus grand chose à dévorer hahaha...plaindre la bête qui tentera de me goûter....un gibier plus adapté elle aura choisit pour sentir son appétit se reposer".

Mathias eut un soupir. À la fois les paroles de son accompagnateur obligé se faisaient plus claires, à la fois elles devenaient plus compliquées. Avec l'alcool qui commençait à faire rougir ses joues, il ne savait plus réellement comment prendre tout ça.

- On va en avoir un des deux qui ne se fera pas manger de morceaux, au moins. Quoique... j'ai déjà donné.

Il serra un poing un peu et soupira de nouveau. Il récompensa tout de même ses élans sociaux de quelques gorgées, pour finalement ranger la bouteille d'où elle venait.

- Je vais essayer de dormir un peu... question de ne pas être une loque humaine demain... Pas plus que je le suis déjà... Heh.

Sans demander son reste, le scavenger retourna en position allongée, Et de nouveau, il se cacha les yeux d'un avant-bras.

Respectant la volonté et le besoin morphologique de son instructeur, Alexeï cessa son mouvement de balancement pour garder une position de méditation parfaite, il diminua également la lumière projeté par ses yeux au minimum adoptant du même coup une allure qui pourrait faire songer au sommeil. Enfin il ne bougea plus et n'émit plus aucuns sons, à l'exception d'un simple.

"Bonne nuit".

Puis le silence se fit dans la petite chambre.

Le vétéran n'ajouta rien à son élève et sombra dans le sommeil, cette fois-ci. La nuit fut calme, sinon troublée par quelque marmonnements du Scavenger endormi. Quelques heures passèrent, six au maximum, puis Mathias se réveilla. Comme si son horloge interne avait sonnée, il se redressa et s'étira longuement.

Son regard passa sur Alexeï et il eut un petit sursaut, à peine perceptible. Il murmura tout de même un "...merde", se leva et entreprit de s'équiper, tranquillement.

- ...tu es encore là... tu as besoin de t'équiper avant de partir?

Le Vétéran entreprit d'enfiler son équipement d'expédition, tout en s'assurant qu'il avait ses armes. Il vérifia également son sac de voyage, léger mais contenant le nécessaire.

D'un bon Alexeï fut sur ses jambes s'étirant pour faire travailler ses articulations mécaniques il sauta rapidement d'une jambe sur l'autre pour réchauffer ses propulseurs.

Sortant de sa veste tactique une seringue contenant un liquide épais et rougeâtre il se la planta à la base du coup près du trapèze. Lentement le contenu de la seringue se vida dans un petit orifice de fonction.

Remettant la seringue vide dans sa poche il se tourna vers Mathias.

"Ainsi s'envole les papillons de l'aube naissante....ma condition ne nécessitant pas que je dispose d'une chambre, ils ne m'en ont pas encore fourni une....mais j'ai un casier au sous-sol pour ranger mon équipements et mes armes. J'y cours vite et je vous attend à l'entrée du hall dans 152 secondes.....217 si vous me permettez de faire une vidange sinon je le ferai en forêt peu importe.... ainsi le chemin des cendres pourra être entamer dans l'allégresse....oui?".

Mathias sembla un peu surpris de le voir bondir de la sorte sur ses pieds, mais ne s'en formalisa pas outre mesure. Il devrait s'y habituer s'il le traînait vraiment pendant deux jours. Il acquiesça tout de même et lui fit signe d'y aller.

- Tu as cinq minutes. Si tu n'es pas là après ça, je pars sans toi.

Le vétéran continua de s'équiper. C'était chose habituelle pour lui et c'était rapidement fait.

Prenant son élan le jeune scavenger disparu telle une tornade dans les couloirs du bâtiment dévalant les escaliers 4 à 4 ppur foncer a pleine vitesse vers les profondeurs de la structure. Dans un dérapage contrôler il s'arrêta dans un couloir bordé de grands casiers gris de chaque côté. Devant lui un de ses casiers portait son nom.

" Promenons-nous dans les bois... tant que la bête n'y est pas....si la bête y était....elle nous mangerait".

Quelques instants plus tard. Alexei était accroupi contre le mur extérieur du hall à quelques mètres de la porte principale. La tête relevé vers le ciel il regardait la danse des nuages. Il chantonnait doucement son inquiétante comptine, ignorant complètement les passants qui lui lançaient à l'occasion des regards gênés.


" Cachons - nous dans les bois quand la bête se promène là.... bien cacher dans les bois...elle ne nous trouveras pas....puis fera trois tours et disparaîtra...".

Des regards inquiets, plein de jugement ou simplement amusé, il en eut. Les autres Scavengers le regardaient aller. on continua de le regarder, mais personne ne le dérangea. Sa comptine sonnait avec le vent, qui l'accompagnait d'une certaine lourdeur.

Puis, ce ne fut pas Mathias qui l'approcha, mais quelqu'un d'autre. Un autre membre de la guilde, qui avait aussi toute une réputation. Il était humain, celui-là, avec un air toujours un peu suffisant. Probablement Alexeï l'avait déjà entendu se vanter de son expertise à qui voulait bien l'entendre, ou non. Dans tous les cas, il semblaita voir un égo surdimensionné, mais au moins, il faisait le travail qui allait avec.

- Hey, le nouveau. Comme ça, tu pars avec la vieille chouette?

Un sourire un peu mesquin se dessina sur le visage du Scavenger.

Avec un ricanement enfantin, Alexeï toujours accroupi, sautilla joyeusement sur lui-même visiblement très amusé.

Regardant son interlocuteur et semblant le scanner des pieds à la tête, le cyborg laissa danser ses longues antennes au dessus de sa tête.

"Hahahaha l'homme nouveau est amusant....l'homme nouveau est curieux....l'homme nouveau est fait de chair et de sang...l'homme nouveau doit savoir....non pas avec la chouette...la vieille Adélaïde dort à cette heure si, la pauvre à parfois si froid haut dans les combles du toit quand le vent se lève. Je lui ai offert ma couverture, n'ayant pas de lit...n'y l'amour du sommeil d'ailleurs....non Adélaïde reste au hall et se repose pour son vol nocturne...elle est si belle quand elle danse dans la nuit, comme un esprit béni par la lune....oui".

Alexeï détourna son regard de l'autre scavenger pour commencer à tracer sur le sol d'étranges formes comme à son habitude.

"Non en réalité, je pars à l'extérieur des murs avec Mathias....le solitaire...l'esprit fermé...l'esprit droit...il est devenu mon maître à ma demande...je suis son apprenti...par la sienne...C'est avec lui aujourd'hui que je pars."

Le nouveau venu l'observa, avec un air qui se voulait maintenant dédaigneux. Il étudia Alexeï du regard, longuement, et eut finalement une grimace de dégoût. Il était en pleine forme, selon le scan du jeune Scavenger, et totalement humain, sans ajouts autres.

- ...vous allez faire la paire, c'est comme de rien. Un connard et un fêlé. Tu sais quoi, je voulais te proposer de venir avec de vrais experts... mais laisse tomber. Je te laisse avec lui.

Justement, Mathias sortit du bâtiment. Monsieur grosse tête lui jeta un regard, puis ramena son attention sur Alexeï.

- Hey, Mat! Tu as trouvé soulier à ton pied! Vous allez faire un beau duo. Ce petit là est totalement barjo, comme toi, mais en mieux. Lui, au moins, il est sympa en l'étant.

Mathias vint rejoindre son accompagnateur. Les remarques de l'autre Scavenger semblaient ne pas l'affecter.

- Ces histoires sont clairement plus intéressantes que les tiennes. Tu es prêt, Pachenko?

Monsieur grosse tête ouvrit la bouche un peu, clairement insulté. Puis, la colère se glissa sur ses traits.

Alexeï se releva à l'approche de l'autre cyborg, réchauffant ses articulations mécaniques pour le voyage à venir. Ses armes et son équipements accroché sur lui était compactet léger comme son corps artificiel.

Avec de vif signe de tête il fit comprendre à son responsable qu'il était prêt et parer pour l'aventure.

Se tournant vers l'humain il lui tendit une petite figurine en bois peint très joliment coloré et sculpter avec une grande précision, représentant un aviaigeurs tachetés.

"Ainsi parle l'espoir de lendemain nouveau...D'après les scans que j'ai effectuer de votre organisme vous semblez en plein période d'ensemensement, vos spermatozoïdes ayant atteint l'âge idéal de leur fortification cellulaire....de plus d'après votre apparence et votre comportement j'en déduit que vous êtes d'un caractère appréciant la présence à vos côté de partenaire de reproduction disposant de caractéristiques bien précises. Enfin le coït complet vous assurant un appariement génétique intéressant, il y a fort à penser que vous consevrez bientôt descendance.".

Regardant tour à tour l'homme et le jouet posé dans sa main il conclut.

" Ainsi un présent....pour le porteur de l'avenir du monde..... qui prendra vie grâce a vous ....me semble être un objet adapté pour commémorer notre rencontre....oui".

Mathias pencha la tête de côté à voir son accompagnateur se tourner vers le troisième Scavenger. À son grand discours, par contre, il retint difficilement un rire. La réplique de son jeune accompagnateur semblait l'amuser au plus haut point, contrairement à monsieur gros égo, qui lui, rougissait de colère.

De ce fait, le Scavenger courroucé donna un coup sur la statuette, pour la faire tomber, offrant ainsi son avis sur ce cadeau. Il regarda Alexeï avec colère, semblant prêt à le frapper.

- Garde ta merde... Tu perds rien pour attendre. Ils vont comprendre assez vite que tu es totalement cinglé. Et là, ils vont te fouttre à la porte.

Mathias s'interposa alors, se plaçant devant Alexeï de manière protectrice. On ne voyait toujours pas son visage, mais sa posture montrait maintenant une agressivité certaine.

- On est juste entre amis, relaxe. Ce n'est pas tout le monde qui veut lécher tes bottes, Gary. Maintenant... on a perdu assez de temps. Viens, Pachenko.

Mathias fit passer la recrue Scavenger en premier, puis se mit en marche. Ils entendirent Gary, en arrière d'eux, toujours aussi enragé.

- Personne ne te considère comme ami, Mathias! Personne! Même tes bras n'ont pas voulu de toi! Rendez-nous service et ne revenez pas de votre expédition à la con!

Mathias leva la main en salutation et continua son chemin. Il allait directement vers la porte du mur, menant dehors, sans réellement se soucier de la pique offerte.

Replaçant tendrement la petite figurine, l'ayant rattrapée avant qu'elle ne touche le sol, dans une des poches de sa veste, Alexeï avançait vers la sortie d'un pas joyeux. Suivant l'exemple de son aîné il lança un bref geste d'aurevoir à l'homme furieux qu'ils laissaient derrière eux.

Ses capteurs sensorielles passèrent en mode extérieur à l'instant où l'air plus frais du dehors le fit frémir d'excitation.

Passant sous silence la réaction violente de l'autre scavenger il s'adressa à Mathias.

" La vie est parfois un fleuve surprenant...lorsque l'eau est calme et belle...elle dissimule un gros poisson, alors que les eaux tumultueuses se veulent souvent la demeure de petites écrevisses... ainsi par le voeu du cœur et de l'esprit j'ai trouver un hareng salé dans la marre de mon expérience....étrange comment se comporte les cours d'eau de nos vies....étrange....oui".

Le duo de Scavenger marcha vers la sortie, sans se presser, dans un silence, au début. Puis, Alexeï se fit entendre, ce qui fit ralentir son aîné. Celui-ci le regarda d'ailleurs un peu, tournant son casque vers lui, puis secoua la tête doucement.

- Je ne sais pas si je dois bien prendre ça ou non... C'est lui ou moi, le hareng, dans l'histoire? Heh... peu importe, je reste un poisson.

Il eut un gloussement, ne semblant pas réellement froissé dans les faits. Des remarques du genre, même des insultes littérales comme celles offertes par l'autre Scavenger, Mathias semblait s'en moquer.

- En sortant des murs, nous avons une journée de marche. De ta nature de cyborg complet, tu ne risque pas d'attirer les bêtes. Quelques belettes, peut-être, des petits reptiles ou des oiseaux... si c'est le cas, ne les chasse pas. Ils font de magnifiques guets naturels. Nous allons vers l'Ouest... moi des Aurores, l'éclairage de nuit va être bon.

Mathias cessa de parler quelques secondes, récfléchissant. Il avait l'habitude de travailler seul et, de ce fait, se concentrait pour bien organiser et partager ses idées.

- La zone qui nous intéresse a été victime de secousses violentes il y a quelques années de ça. L'État n'a rien vu de ça, malgré que ce soit relativement près, géologiquement parlant. Quelques-unes moins violentes ont été reportées, mais encore une fois, avec aucune trace ailleurs. Les secousses sont très localisées, ce qui est très étrange. En plus... ça fait changer le paysage, carrément. Rien près de Sicherheit, jamais. Toujours à une distance d'une journée minimum. Ce n'est pas normal. Il y a deux semaines, une secousse a fait une fissure de trente centimètres de large, trois mètres de long, à l'ouest. Un mois, une de deux pieds de large, vingt mètre de long, au nord. Maintenant que tu es là... on va pouvoir faire quelques tests, si nous sommes chanceux...

À bon rythme, ils se rendirent rapidement à la porte, où ils se firent demander leurs identifications par les Guérillas en poste. Du même fait, Mathias leur indiqua dans quel secteur ils partaient, pour combien de temps, selon les protocoles. Une fois la chose faite, ils se mirent en route tous les deux.