Discussion d'actualité avec la sommité (Pv Léo)

Racaille se fit un plaisir de se frotter dans sa main et de lui grignotter la botte. Quand Léo se déplaça, elle resta sur ses talons, silencieuse mais bien présente.

S'étant approché de la porte, Léo put confirmer la présence de deux personnes, et reconnaître un minimum les deux trios de voix. Saarth'alis était réellement sur les lieux et conversait avec Thyrînn, dans de doux murmures musicaux. La porte s'ouvrit quelques secondes après les questions de l'ingénieur, découvrant l'imposant Nomade, qui le regarda.

- ...et bien, je ne m'attendais pas à vous voir ce soir. Nous sommes éveillés, oui. Je vous en prie, ne vous gênez pas.

Thyrînn s'était tut, mais regardait maintenant la porte avec attention. Saarth'alis retourna près du lit, de son côté, mais d'une démarche moins stable. Il semblait éviter de mettre du poids sur sa jambe gauche.

L’ingénieur s’inclina légèrement pour rendre sa salutation au Nomade. Il demeurait à chaque fois en admiration devant le colosse, sans être capable de dire exactement pourquoi. Curiosité scientifique ? Peut-être… Il se frotta l’arrière de la tête, ébouriffant encore de quelques degrés sa chevelure indisciplinée.

"Ouais… je dois avouer que je ne savais pas trop comment ma soirée s’enlignait non plus. J’ai eu quelques… imprévus. "

Il soupira et entra dans la chambre en refermant la porte derrière lui. Il regarda les deux nomades tour à tour.

"J’ai parlé avec monsieur Stein… l’élu du secteur des sciences. L’allié potentiel dont je vous parlais. Il vous offre son support et possiblement un abri pour toute votre équipe. Il demande une rencontre avec vous, Saarth’alis, pour voir si… enfin pour voir un peu ce dans quoi il s’embarque et ce qu’il lui est possible de faire, concrètement. "

Il attendit de voir la réaction des nomades. C’était une bonne nouvelles, du moins normalement, mais ce n’était qu’un pas dans la bonne direction et la route était encore longue.

Saarth'alis s'installa sur le bord du lit, doucement, puis observa Léo. Il ne portait que sa combinaison, sans l'imposante armure, cette fois. Armure qui n'était vraisemblablement pas dans la pièce actuellement. La jambe gauche montrait quelques marques, mais le tissu avait été recousu.

Le Nomade écouta attentivement le jeune homme, tout en l'observant du regard. Les yeux, sous sa visière, brillaient d'une légère lueur mauve, en cette soirée avancée. Il sentit l'air, même, d'une manière assez bruyante.

- Quelque chose ne s'est pas passé comme prévu, n'est-ce pas? Vous avez l'odeur de la nervosité... et du sang. Mais pas le vôtre...

Le mastodonte s'arrêta là, mais resta tout de même attentif. Thyrînn s'était raidit dans le lit et rapproché de Saarth'alis, très doucement. Visiblement, le futur papa était inquiet. Pour quelle raison? Lui seul le savait. Le traducteur fit néanmoins son travail, répétant toutes les paroles de Léo dans le langage Nomade.

- Je comprend. Ce serait mieux de se rencontrer, oui. Je dois simplement savoir quand... et où. Je ne connais pas bien votre État, encore... Malheureusement, d'ailleurs. Mais bon...

Le Nomade s'étira, puis se remit debout, pour approcher du jeune homme, tranquillement. Encore, sa démarche était inégale, essayant de préserver sa jambe gauche. Il observa le jeune homme, le sentit également, l'air presqu'inquiet. C'était ce que son langage physique laissait transparaître.

- ...allez-vous bien?

Le ton inquiet de Saarth'alis eut tôt fait de confirmer son état d'esprit: il n'aimait pas les émotions qu'il captait par l'odeur de l'humain devant lui.

Une surprise totale apparut sur les traits de Leo.

"Je… heum… "

La question sembla totalement prendre au dépourvu l’ingénieur. Il était habitué à la question posée de manière polie, sur une base quotidienne lors des salutations d’usage… mais combien de temps s’était-il écoulé depuis que quelqu’un lui avait vraiment demandé comment il allait ? Devait-il être polis et garder tout ça pour lui ? devait-il des explications à ses invités ? Il jongla de manière si peu subtile avec le tout qu’il abandonna toute idée de paraitre sincère en disant un simple « oui ». Il poussa un long soupir, déjà assez révélateur.

"Beaucoup de choses se passent en ce moment et pas nécessairement de la manière dont je souhaite qu’elles se passent. J’ai… disons que ma routine est un peu chamboulée et que j’ai un peu plus de pression sur les épaules qu’un nouveau diplômé en ingénierie devrait avoir. "

Il pouffa. Ainsi résumé ça avait presque l’air banal. Comment allait-il ? Compte tenu qu’il était harcelé et courtisé par le terroriste le plus recherché de l’état, que sa principale source de protection, d’information et de travail était dangereusement près d’un accident dont il ne se relèverait pas et qu’une menace omniprésente, sans nom et sans visage semblait planer en permanence au-dessus de sa tête ? Il allait merveilleusement bien.

"Pour le moment je dois juste m’assurer de vous mettre en sécurité. Après, le reste sera déjà beaucoup plus simple. Je… je mène de front un peu trop de projet, voilà tout. "

Le jeune homme eut un sourire fatigué mais encourageant. Son regard tomba sur la jambe de son interlocuteur et ses traits se tintèrent d’inquiétude. Il avait remarqué la blessure… mais l’implication de cet évènement venait tout juste de le frapper.

"Et vous ? vous allez bien ? je… il s’est passé quelque chose ?"

Le trouble de l'ingénieur sembla finir d'inquiéter son invité, qui se baissa même un peu pour être moins imposant. Moins haut, plus près de lui. On voyait bien qu'il avait l'habitude d'aider les autres. De servir de support moral, de confident. En même temps, avec la douceur qu'il dégageait, on ne se demandait pas trop pourquoi. Il finit même sur un genoux, et Léo put voir les deux cibles mauves l'examiner, de petits mouvements précis: le visage, les épaules de Léo, autour de lui un peu... une examination en bonne et due forme, d'une personne qui note tous les petits détails physiques, le non-parlé et autre chose.

- Je vois... j'espère que tout se replacera. Que vous pourrez souffler un peu. S'il y a quoique ce soit que je puis faire, je vous en prie, faites-moi en part. Je vous doit quelque chose, après tout.

une odeur presque florale envahit l'espace autour d'eux, produite par Saarth'alis, sans aucun doute, et Léo put sentir une certaine paix l'envahir. C'était rassurant, relaxant... tout son corps avait été envahit par une bouffée de calme. Le stress et l'adrénaline du jeune homme s'envolaient, comme de mauvais rêves qu'on chasse avec une infusion de camomille.

À la question, le Nomade baissa les yeux vers sa jambe gauche, puis secoua doucement la tête. Ça ne semblait pas l'inquiéter outre mesure, mais allait-il se permettre de mentir et de répondre un "ça va" alors que Léo avait été franc? Probablement pas.

- Avec les froid, certains prédateurs ont moins de proies. Une bête m'a attaqué, dehors. Quelques blessures, qui se guérirons bien assez vite. Mon armure a encaissé le plus gros des dégâts. Ne vous en faites pas pour moi. J'ai eu bien pire dans ma vie que cette égratignure.

Cette fois, Thyrînn eut un petit gloussement, puis murmura quelque chose, que le traducteur fit entendre à l'humain de la salle comme étant un "Oui, bien sûr. Ils t'ont juste enlevé huit dents du mollet...". Le plus imposant des deux lança un regard désapprobateur au futur papa, qui roula des yeux et se détendit dans le lit.

Leo eut un hoquet de surprise suite à l’explication et jeta un regard scrutateur à la jambe de Saarth’alis. Le cocktail des phéromones apaisantes et de l’inquiétude qui l’envahissait était pour le moins étrange dans l’esprit de l’ingénieur.

"Oh bon sang… je… bon… je… hum… "

Il prit une grande inspiration, joignit les mains et aligna ses pensées.

"Vos blessures ont-elles étés traitées ? J’ai une formation médicale, si la morsure est aussi profonde que Thyrrin le dit il va peut-être falloir des points de suture. J’ai tout ce qu’il faut avec moi."

Il tapota son sac pour appuyer ses dires. Il leva ses yeux, accrochant le regard du Nomade pour avoir une réponse. Il jetta aussi un regard de côté au futur papa, se doutant que Saarth'alis banaliserait sans doute la blessure ou sa gravité.

La combinaison ne laissait rien voir de l'état de la jambe, mais au moins, il n'y avait pas de traces de sang frais. Quelques taches bleues y étaient, par contre, mais rien de très important. Saarth'alis ramena tout de même son regard sur Léo, après avoir foudroyé l'autre Nomade du regard. Un soupir lui échappa, envoyant une bouffée chaude au jeune ingénieur.

- Elles ont été traités, oui... Est-ce que ça vous rassurait d'examiner la blessure?

Il ne semblait pas vouloir s'obstiner plus que ça, de son côté. Comme une silencieuse reddition de sa part. S'ils voulaient que les relations entre leurs peuples commencent bien, quelqu'un devait faire des efforts, non? Thyrînn, lui, indiqua un espace de deux pouces avec ses doigts, comme pour indiquer la profondeur de la morsure en question. Le regard de Saarth'alis, lui, était encore fixé sur l'ingénieur, brillant comme deux cibles sous sa visière.

Le jeune homme hocha lentement la tête.

"Si vous avez bougé depuis le temps ce serait préférable… avec le froid, la sueur, les mouvements, beaucoup de choses peuvent avoir empiré. Asseyez-vous, ça ne prendras que quelques minutes. "

Leo s’agenouilla devant le lit et sortis sa petite trousse de son sac. Il la regarnissait et la mettait à jour fréquemment, aussi une petite bibine de fil, de gaze et de bandage furent-ils mis de l’avant assez rapidement. Il jeta quelques coups d’œil à Thyrinn en préparant le nécessaire, comme pour s’assurer qu’il faisait la bonne chose.

"Je dois avouer ne pas savoir grand-chose sur votre anatomie… est-ce que… enfin. Votre système lymphatique et immunitaire fonctionne d’une manière semblable aux nôtres ? Est-ce que certaines substances ou produits sont a éviter ?"

Une petite bouteille d’antiseptique fit son apparition également. Si ses souvenirs étaient bon ils étaient en grand besoins de matériel medical… et si il avait été mordu par un animal sauvage mieux valait ne pas prendre de chances.

Saarth'alis acquiesça, décidant de coopérer, et s'installa donc sur le bord du lit, s'y asseyant tranquillement. Il observait encore l'ingénieur attentivement, mais ne faisait pas de mouvements brusques. Il retira d'ailleurs la partie de sa combinaison qui couvrait le tibias et le mollet, se retrouvant pied nu, avec des "pantalons" trois-quarts.

La peau bleutée portait quelques marques assez grosses. Des marques de dents, sans aucun doute, étaient bien visibles. Elles formaient une demi-lune presque parfaite, sans compter les signes de déchirement qu'il y avait eu dans les muscles. Tout avait été visiblement nettoyé et désinfecté, recousu même... mais avec les moyens du bord. La peau était un peu plus foncée autour des plaies, un peu plus chaude également.

- Nous n'avons pas d'allergies aux produits médicaux humains, si là est la question. Sinon... nous avons un organe supplémentaire dans la jambe, qui suit les os, et qui sert à l'expulsion des matières nocives que nous pouvons ingérer. Comme vous pouvez le voir, nous n'avons pas d'orteils... et je ne crois pas avoir autre chose à ajouter. Pardon... je ne suis pas médecin. Tout expliquer cela est un peu difficile pour moi.

Le regard du Nomade se dirigea vers la bouteille que tenait Léo et l'observa un peu. Thyrînn, lui, suivit les mouvements de l'ingénieur du regard, attentivement. Il s'approcha même un peu, toussota également et sentit l'air légèrement. Le traducteur se fit entendre alors que le futur papa parlait dans sa langue chantante, donnant la version compréhensible à Léo.

- Des pinces ne seraient pas un luxe. Selon l'odeur, je pense qu'il y a infection légère. Nos médecins n'auraient pas laissé passer ça, sauf s'il y a quelque chose trop profondément dans les plaies.

Saarth'alis eut un soupir, mais n'ajouta rien. Tous deux semblaient calmes et coopératifs.

Le jeune homme hocha la tête lentement. Il enregistra soigneusement les détails. Si la morsure était suffisamment profonde c’était peut-être l’organe dont il parlait qui avait été atteint… Probablement pas assez pour causer de réels dégâts, mais assez pour que les « matières nocives » sensées être expulsées se retrouvent dans la blessure.

Leo écouta attentivement Thyrînn tout en approchant la lampe de son plan de travail et ajusta son attirail. L’antiseptique fut remplacé par un antibiotique et une paire de pinces fines fut ajoutée a son arsenal, ainsi qu’une petite paire de ciseaux. Il déglutit et leva la tête vers le Nomade.

"Prenez une grande inspiration. Je vais défaire les points de suture pour aller vérifier tout ça. Ça risque d’être douloureux. "

Délicatement, les mains fines de l’ingénieur défirent les points de suture de la première ouverture et scrutèrent la plaie a la recherche de quoi que ce soit d’anormal. Il appliqua ensuite une bonne potion d’antibiotique et referma les points de suture, plus proprement et plus solidement. Il recommença son manège une fois, deux fois… lors de son inspection de la quatrième plaie toutefois ses sourcils se froncèrent. Il leva les yeux vers son patient avec un air d’excuse.

"Je… je crois sentir quelque chose. Je vais aller creuser avec les pinces. Ne bougez pas trop et… enfin. Je vous conseille de ne pas regarder. "

Leo attrapa ses pinces, pris une grande inspiration et enfonça aussi doucement que possible les pointes métalliques dans la plaie. Il avait senti quelque chose de solide et c’était la plaie la plus enflée. Les sens de Thyrînn étaient aiguisés. Il ne fallut heureusement pas trop longtemps à l’ingénieur pour refermer les pinces sur un objet dur. Il ajusta sa prise et soupira.

"Je vais devoir tirer un bon coup… je compte jusqu’à trois. Un… deux !"

Un mouvement brusque plus tard et une paire de pince sanguinolentes émergèrent, tenant fermement un fragment blanchâtre. La pointe d’une canine, semblerait… le jeune homme ne pris pas le temps de l’examiner trop en détail, il appliqua immédiatement une pression sur la plaie avec un tampon de gaze. Il le souleva après un moment et, satisfait de ne pas voir un saignement abondant, traita la blessure de la même manière que les autres. Ses sourcils étaient froncés à cause de la concentration, mais une touche d’inquiétude faisait son apparition.

"Vous avez eu de la chance… à peine quelques centimètres de plus et c’étaient dans l’os que les dents se seraient plantées. Là on aurait eu des complications. Le genre qui aurait nécessité plus qu’une trousse de premier soins. "

Il se tut, terminant de traiter les autres plaies en silence. Une fois le tout fini, nettoyé et traité à l’antibiotique, il enroula le tout dans un pansement neuf et commença à ranger ses affaires.

"Bon… c’est le mieux qu’on puisse faire. Ça va laisser des cicatrices plus discrètes et les plaies risquent moins de s’ouvrir si vous continuez de vous déplacer."

Le jeune homme leva un regard découragé vers les deux nomades. Il secoua la tête doucement.

"Il faut vraiment qu’on vous mettes à l’abris… "

Saarth'alis, bien assis, se contenta de l'observer en silence. À la suggestion de prendre une bonne inspiration, il acquiesça et respira profondément. Lentement également. Son regard suivait tout de même les mouvements de Léo, le regardant défaire les sutures et désinfecter les plaies sans réellement broncher. L'ingénieur pouvait voir les muscles se raidir à cause de la légère douleur, de temps à autres, mais le Nomade ne réagissait pas plus que ça. Il avait un bon contrôle de lui-même. À une certaine mesure... il avait l'air habitué de se faire soigner.

À la quatrième plaie, quand Léo leva les yeux, il put remarquer que les deux cibles mauves le suivaient encore. Ses paroles ne semblèrent pas rendre Saarth'alis nerveux. Il soupira un peu, par contre, mais c'était pas découragement plus qu'autre chose.

- Faites ce que vous devez faire. Je ne bougerai pas.

Les pinces s'enfoncèrent dans la blessure, et le Nomade serra les poings un peu. C'était douloureux, mais endurable, visiblement. À l'annonce de la découverte du corps étranger dans la plaie, le blessé ferma les yeux et serra les poings un peu. Un léger grognement s'extirpa de lui alors que Léo arrachait le morceau de dent. Les deux cibles mauves retournèrent se planter sur le jeune homme, lentement. Malgré la visière, on pouvait y déceler une certaine fatigue.

- Je suis heureux que ça n'aie pas été le cas, alors. Merci de votre aide.

Son tibias maintenant enroulé dans des bandages, le Nomade se leva et bougea un peu sa jambe. Il voulait tester la solidité du pansement et s'il suivrait bien ses mouvements. Satisfait, il remit le morceau de la combinaison qui allait sur cette partie de sa jambe, puis observa Léo de nouveau.

- C'est déjà beaucoup. Déjà que je n'ai pas le loisir de m'arrêter quelques jours, ça va m'être utile.

Les deux Nomades se consultèrent ensuite du regard alors que Léo disait sa dernière phrase, et Thyrînn s'en retourna dans le fond du lit avec un soupir. Là où Saarth'alis prenait ce fait avec un calme exemplaire, le futur papa, lui, semblait déprimer à sa mention. Celui-ci se remit d'ailleurs en boule dans les couvertures, le regard fixé sur l'ingénieur.

- Tout va finir par s'arranger, il ne faut pas s'en faire. Si l'homme que vous allez me faire voir est aussi aimable que vous, et bien nous n'aurons plus de problèmes.

La voix du Nomade, grave, s'était fait plus douce à ces paroles. Il semblait épuisé, autant par l'effort que la douleur. Qui savait depuis combien de temps il se promenait avec cette blessure, et un morceau de dent dans la jambe?

Leo hocha lentement la tête.

"Il est sans conteste la personne qui détiens la plus grande partie de mon respect. S’il peut vous aider il va le faire. J’espère seulement que le transport des vôtres ne s’avèrera pas problématique. "

Il termina de ranger son matériel, pensif. Il était vraiment fatigué et commençait à moins bien le cacher.

"Monsieur Steinhart peut déployer des ressources considérables… mais il y a une limite à ce qui peut être accomplis discrètement. Enfin. "

Il réfléchit un moment, ouvrit son sac et sortis de quoi faire un autre bandage ainsi que l’onguent antibiotique. Il laissa le tout sur la table de chevet, à l’intention des nomades.

"Refaire un autre bandage demain soir. Appliquer l’onguent de nouveau demain matin, et une autre fois après avoir changé le pansement. Ça va aider à diminuer l’infection. "

Il camoufla un bâillement et se redressa.

"Je… je suis désolé mais il va vraiment falloir que j’ailles me reposer. Sinon je vais encore devoir manquer mon travail demain. Je… "

Il regarda tour à tour Thyrînn et Saarth’alis, prenant le temps de les observer. Il eut un faible sourire.

"Je vous souhaite une bonne nuit. Reposez-vous bien. Les choses vont commencer à bouger demain."

L’ingénieur fit une légère révérence et se dirigea vers la porte afin d’aller dormir.

Saarth'alis acquiesça, silencieusement. Ils trouveraient sûrement une manière de déplacer leur groupe. Que ce soit par petits groupes, tous en même temps ou même un à la fois, ils trouveraient une solution.

Les deux Nomades gardèrent le silence et l'observèrent sans dire un mot. Tous deux semblaient avoir remarqué sa fatigue, et aucun ne savait quoi en faire. Thyrînn glissa quelques mots, qui se traduisirent par un "on pourrait l'aider". La réponse fut un simple, mais ferme, "non", décisif.

Saarth'alis se leva alors et raccompagna l'ingénieur jusqu'à la porte. On avait presque l'impression d'un grand-frère, ou même d'une figure paternelle, inquiété par la fatigue de l'ingénieur. Une fois à la porte, il lui rendit la révérence, puis l'observa de sa haute stature.

- Reposez-vous bien. Vous le méritez. S'il y a quoique ce soit, nous sommes ici. Advenant que... vous ayez peine à dormir.

Il l'observa encore un peu, puis retourna au lit, tranquillement.

Dans le reste de la maison, on entendait un peu de bruit, à la cuisine. Quelques grognements, comme de frustration, mais rien d'autre. Racaille, elle, revint à l'assaut sur le pied de Léo, décidant qu'elle voulait jouer malgré la fatigue du scientifique.

Le jeune homme se contenta d’acquiescer. La décharge de phéromones avait été suffisante tout à l’heure pour l’aider considérablement… il ne pensait pas avoir besoins de quoi que ce soit pour aller dormir. Après un dernier salut, il sortit de la chambre et laissa les deux nomades se reposer. Le futur papa devait en avoir besoins.

Ses pieds subirent l’attaque de racaille, qui fit sursauter l’ingénieur. Sans ses bottes, les petites griffes de la belette écailleuse chatouillaient sans merci ses orteils sans défense. L’ingénieur pouffa de rire avant de se pencher pour jouer un peu avec l’animal en manque d’attention. Après un moment par contre, il commença a entendre les bruits venant de la cuisine et il mit brusquement fin à sa séance de jeu pour aller voir. Ce ne pouvait pas être l’un des nomades, ni Gabrielle…

"Lionel ? Ça va ? "

Il évita le meuble ou ses orteils s’étaient fracassés précédemment et tourna la manivelle de la lampe à l’huile la plus proche pour offrir un peu de lumière. Il espérait que le cyborg ne soit pas en trop mauvais état…

La belette s'acharna sur son pied et joua avec lui joyeusement. Visiblement, elle manquait un peu d'attention aujourd'hui, et la pauvre victime de son surplus d'énergie se retrouvait à être Léo. Elle joua donc avec lui, jusqu'à ce que Léo cesse de la divertir. Là, Racaille se mit à courir, disparaissant quelque part dans la maison.

Les grognements venaient de la cuisine. En allumant la lampe, Léo put facilement voir le reflet orangé sur la cybernétique de Lionel, qui était assis à table. Il était penché vers l'avant et grognait, tout bas, le côté de sa main de coincé entre ses dents. Il la mordait, visiblement, mais pour s'empêcher de faire trop de bruit. Un verre d'eau à moitié bu était devant lui, sinon, le Gardien portait une camisole et des pantalons confortables. Probablement allait-il dormir alors qu'il avait eu soif, et maintenant, il attendait que l'une de ses maudites crises passe. Il leva tout de même la tête et jeta un regard désolé à Léo, comme s'il craignait de l'avoir dérangé, mais ne fit pas autre chose. Il n'était pas en état de le faire de toute manière.

L’ingénieur resta un moment figé devant le spectacle, impuissant, avant de s’avancer vers la table où le gardien était paralysé. Il fouilla dans son sac et sortis sa trousse de premiers soins. Il sortis deux comprimés d’une bouteille et les plaça devant le gardien.

"Ce sont des antidouleurs. C’est léger mais ça peux aider… "

Leo posa doucement une main sur son épaule en guise de support moral : il n’était pas en mesure de faire grand-chose d’autre. Il fallait attendre que ça passe, malheureusement…

"J’ai de bonnes nouvelles : les analyses du laboratoire ont confirmé que l’alliage était prêt pour aller en phase de test. Dès que j’ai le feu vert de Stein… D’ici quelques jours on va être en mesure de faire quelque chose."

Il lui offrit un sourire encourageant. Depuis combien d’année durait cette situation ? Peut-être était-il optimiste, mais Leo espérait sincèrement avoir trouvé une solution qui parviendrait au moins à diminuer le problème.

Lionel lui offrit un petit sourire forcé, ne voulant pas l'inquiéter encore plus, puis essaya tant bien que mal de prendre les comprimés. Après deux essaies, les mains tremblantes, il réussi finalement à prendre la médication. Ce ne fut pas long qu'il se replia sur lui-même, par contre, encore coincé avec d'horribles douleurs. La main sur son épaule, Léo pouvait sentir qu'il était bouillant et couvert de sueur.

Le Gardien continuait d'écouter Léo malgré tout, et il le lui faisait savoir en le regardant attentivement, malgré les quelques moments où il fermait les yeux sous la douleur. Il eut un petit sourire, un peu plus franc celui-là, puis appuya son front sur la table.

- ...croisons... les doigts...

Il n'ajouta rien et attendit que la crise passe. La chose prit une bonne dizaine de minutes, après lesquelles le Défenseur sembla totalement vidé. On pouvait bien deviner qu'il avait la tête qui tournait, en plus d'être un peu confus par tout ça. Il respirait mieux, au moins... mais peut-être ne serait-il même pas en mesure de se lever.

- ...merci... pour le coup de main...

Lionel lui offrit un petit sourire fatigué, les yeux mi-clos.

Leo secoua doucement la tête, sans cesser de sourire.

"Ce n’est rien voyons… et tu me remercieras après avoir monté les escaliers. Je crois qu’il est temps que tu puisses te reposer un peu. "

Le jeune homme se prépara mentalement. Grimper le gardien jusqu’à son lit promettait d’être éprouvant mais il était hors de question de le laisser dormir assis à la table de la cuisine. Et puis… il était grand temps qu’il puisse se reposer lui aussi.

"Prends autant de temps que nécessaire. Quand tu seras prêt à bouger tu n’as qu’à me le dire : je vais pouvoir t’aider à monter. "

Il resta près, prêt à suivre les mouvements du cyborg et à l’aider en cas de besoins.

Le Gardien fit une moue étrange en entendant qu'il devrait monter l'escalier. de toute évidence, il ne faisait pas assez confiance à son corps pour ça. Il secoua doucement la tête et regarda plutôt en direction du salon, là où un sofa assez confortable se trouvait.

- ...juste le salon... ça va faire pour ce soir... je ne serai pas capable de monter les marches... alors ne risquons pas de te blesser en plus, d'accord...?

Il eut un petit sourire gentil, mais forcé vu son épuisement, puis se mit difficilement debout. Ses jambes tremblaient, et avec sa crise plus que récente, l'action semblait lui faire mal un minimum. Il prit appuis sur le rebord de la table en premier, puis souffla, incapable de faire un seul pas.

C'est alors que, sorti de nulle part, Saarth'alis passa près de Léo, dans un silence parfait, puis souleva le cyborg, simplement. Lionel lâcha un petit cri de surprise, déjà assez décontenancé de voir leur invité sortir de nulle part, et encore plus de ne plus toucher le sol.

- Je vais vous emmener à votre chambre, si vous me permettez. Monsieur Léo, pourriez-vous me montrer laquelle c'est, je vous prie? Il a besoin de repos. Ça se sent.

Lionel balbutia un peu, les yeux ronds encore. Le pauvre semblait totalement confus, bien calé contre le large Nomade, tenu dans un style princesse qui ne lui rendait pas réellement tout son charme.

Leo vit le mutalhyte arriver et prendre la situation en main sans trop savoir comment réagir lui non plus. Entre deux respirations rendues laborieuses par l’effort, il vit le cyborg de cent kilos se faire soulever de terre et caler confortablement dans les bras du géant.

"Je… hum… oui je…"

Leo secoua la tête pour chasser la surprise et eut un petit rire, l’image prenant enfin son aspect comique à ses yeux.

"En haut des marches, première porte à droite. Je vous accompagne, juste au cas."

Il accompagna l’accompagnateur, se sentant tout d’un coup bien inutile. Il gardait ses mains prêtes par contre, au cas très peu probable ou Saarth’alis aurait besoins d’aide. Tout en suivant a nomade, la curiosité de l’ingénieur refusa de le laisser tranquille.

"Dites-moi… tous les membres de votre race sont aussi forts ou c’est juste vous ? Sans vouloir t’offenser Lionel, mais tu dois bien peser dans les cent kilos, avec tes altérations ?"

Le Nomade l'observa quelques instants, alors qu'il l'écoutait, puis se dirigea vers les escaliers, qu'il se mit à monter laborieusement. Qu'il le veuille ou non, il avait tout de même une blessure à la jambe, en plus d'un cyborg assez lourd dans les bras... Il monta tout de même, avec un Lionel toujours aussi étonné dans les bras. Le Gardien ne savait visiblement pas quoi faire. Il observait Léo, puis le Nomade, rougissait de honte et de malaise... et il se faisait emmener en haut des escaliers, sans pouvoir rechigner ou même parler tellement il était paralysé.

Une fois en haut, Saarth'alis poussa la porte, doucement, puis alla directement déposer le cyborg sur son lit, avec beaucoup d'attention. Il ne voulait pas non plus lui faire mal.

- ...vous avez dû remarquer les genres de tatouages qui brillent de temps à autres, sur notre corps. Ils nous permettent de stimuler quelques parties de notre corps, justement. Ce qui nous donne la possibilité de faire quelques prouesses: courir plus vite, soulever plus de poids, sauter plus haut... C'est assez relatif, mais utile... Il y a aussi que je m'entraîne depuis des lustres, alors je suis en bonne forme physique...

Le Nomade eut un petit rire doux, comme amusé par sa propre remarque. Lionel, lui, le fixait encore, un peu perdu. Des... tatouages qui permettent d'accomplir des exploits physiques? Il ne semblait pas en croire un mot. Malgré tout, il bafouilla une réponse à Léo, prenant le temps de bien détailler leur invité du regard.

- ...environ... je... wow... merci.

Leo écouta attentivement, gobant les détails que voulait bien lui partager Saarth’alis. Tatouages Donc ces capacités n’étaient pas « naturelles ». Les motifs étaient sans doute infusés de la même matière que leur armure. Un matériel avec lequel les nomades partagent une sorte de symbiose. Les effets étaient prodigieux.

"Fascinant... "

L’ingénieur rangea toutes ces informations dans sa bibliothèque intérieure et se tourna vers le gardien avec un sourire doux.

"Aller, on te laisse te reposer. S’il y a quoi que ce soit n’hésite pas. "

Après s’être assuré que Lionel était bien installé et qu’il n’avait besoins de rien, il se dirigea vers la sortie de la chambre, entraînant le nomade avec lui. Il secoua la tête après avoir fermé la porte.

"Le pauvre… avec un peu de chance tout sera réglé bientôt. Sa sœur et moi travaillons très fort sur une solution. "

Avec la chambre d’ami occupée et les deux propriétaires de la maison dans leur chambre respective il restait le fauteuil (heureusement très confortable) pour passer la nuit. Le jeune homme descendit donc les marches pour s’y diriger, s’attendant à ce que Saarth’alis lui emboite le pas. Maintenant ça allait être à son tour. Il devait se reposer si il voulait pouvoir être efficace demain.

Le Gardien resta immobile, examinant encore le Nomade du regard. La surprise l'habitait encore, visiblement, et il ne savait pas trop quoi faire. Il acquiesça donc lentement aux paroles de Léo, s'installa confortablement et les laissa partir, sans dire quoique ce soit.

Le Nomade, lui, sortit avec l'ingénieur. Il resta sagement derrière lui, comme si le jeune homme était en position d'autorité en ce moment, et lui emboita effectivement le pas, de manière presque totalement silencieuse.

- J'espère que ce sera réglé bien vite. Pardonnez mon intrusion, mais je sentais sa douleur... et je déteste rester impassible quand quelqu'un souffre.

Il continua de suivre Léo, jusqu'à se rendre compte qu'il allait au salon, au fauteuil en fait. Là, il s'arrêta dans l'entrée et l'observa, ses yeux en cibles brillant d'une lueur mauve assez intense sous son viseur.

- Je vais monter la garde. Pour m'assurer que tout se passe bien pour tous les occupants. Vous pourrez dormir sur vos deux oreilles.

La haute silhouette s'inclina gracieusement, puis tourna les talons, en direction de la chambre d'invité.

L’ingénieur hocha la tête et laissa partir le nomade après s’être incliné en retours. « Pensez à vous reposer vous aussi » aurait eu à peu près autant d’impact sur sa décision que s’il s’était adressé à Lionel ou à Zolvar. Il soupira en secouant la tête, amusé. Il avait définitivement le don de s’entourer de ce genre de personne. Des paladins, des preux chevaliers… le genre de personne que Leo admirait tout en se moquant un peu.

Un bâillement profond interrompit ses pensées. Il avait puisé dans ses dernières réserves d’énergie et son corps le lui rappelait maintenant de manière assez intense. Il ne restait plus qu’à espérer que la petite racaille le laisserait dormir.

Il s’étendit de tout son long sur le sofa, sans retirer ses vêtements, et ramena l’un des oreillers sous sa tête afin d’être un peu plus confortable. Le sommeil vint assez rapidement, les questions tournant normalement dans son esprit étant diminuées par la fatigue et la productivité de la journée.