Discussion d'actualité avec la sommité (Pv Léo)

Amaz continua de fixer l'ingénieur de ses multiples yeux, penchant parfois la tête de côté, puis de l'autre. Il fit même mine d'épousseter sa jambe, d'un mouvement tout naturel, qu'on aurait pu dire "organique" de par sa fluidité, mais ne lâcha pas le jeune homme du regard. Finalement, quand Léo démontra de la stupeur, son interlocuteur robotique eut un rire doux, visiblement amusé, et encore une fois beaucoup trop naturel.

- C'est exacte. Je ne peux pas dire depuis combien de temps je suis en fonction, c'est contre mes instructions, mais oui. Avant l'État. Mes propriétaires ont bien pris soin de moi, raison pour laquelle je ne fais pas mon âge!

Amaz eut un autre rire doux, puis se redressa un peu sur son "siège" imaginaire. À la question, il croisa les doigts, fermant ses mains ensembles, qu'il déposa sur sa jambe.

- Beaucoup de choses étaient possibles, avant. Ils nous ont construit, Zama et moi, et nous ont entretenu, malgré tout. Nous avons chacun des pièces de rechange, rangées quelque part, pour nous réparer. Ulrich sait comment nous réparer, comment nous soigner. Comme nous savons comment soigner les êtres biologiques. Mais je m'égare. Nous avons eu besoin de réparation une seule fois, jusqu'à maintenant. C'est assez économe sur les morceaux de rechange.

Amaz se remit debout, dans un mouvement souple, puis s'étira un peu. Son regard fouilla les environs quelques instants, puis revint sur Léo, qu'il fixa de nouveau.

- Vous parliez des Nomades, tout à l'heure. Je suppose qu'ils ne vous ont pas dit comment ils étaient arrivés ici, n'est-ce pas?

Encore de ces paroles étouffés se firent entendre, un peu plus nettement, par contre. Visiblement... l'élu était entrain de mener une chaude argumentation avec une voix de femme?

Le jeune homme secoua doucement la tête à la question d’Amaz.

"Non… je les ai beaucoup plus questionnés sur ce qui les amenaient ici que sur le « comment » ils étaient arrivés. Ils m’ont parlés de montures, j’imagine qu’ils ont voyagé de la même manière que nous le faisons. Pourquoi cette question ? "

Le scientifique trouvait le changement de sujet un peu trop précis pour qu’il s’agisse d’une simple curiosité. Il attendit la réponse, sourcil levé, jusqu’à ce qu’il entende la voix plus clairement. Était-ce… Zama ? Il leva les yeux vers l’androide.

"Est-ce que tout va bien ? Je… Est-ce bien Zama que j’entends ?"

Le robot fit mine de baisser la tête dans un soupir réaliste, puis observa Léo quelques instants. Il eut un gloussement ensuite, et éloigna la question de quelques mouvements de main.

- Par curiosité. Les gens qui sont sorti de l'État racontent de choses horribles, sur les créatures qui sont dehors. LEs voyages sont longs et hasardeux, plein d'obstacles en d'embuches. Qu'ils aient réussi à se déplacer aussi longtemps sans se faire remarquer est surprenant. Vous ne trouvez pas?

Amaz tourna un peu la tête dans la direction des bruits, puis acquiesça gravement. Il fit un autre soupir, mais ne bougea pas, ne semblant pas inquiet. Pouvait-il être inquiet?

- Oui, c'est bien elle. Elle doit faire savoir à Ulrich sa façon de penser. Elle n'aime pas le voir revenir dans un état aussi instable et erratique. Peu importe à quel point elle va s'outrager de son état, il n'y a rien à faire. Pas tant que ses Altérations et mutations ne seront pas stabilisées... ce que son corps ne veut visiblement pas faire. Avec des cellules souches, ce serait tellement plus simple...

Le robot termina là et resta attentif aux sons ambiants. Jamais l'État n'avait parlé de choses comme les cellules souches... cette machine connaissait manifestement des choses. Beaucoup de choses. Il n'ajouta pourtant rien et se redressa un peu en entendant des pas venir dans leur direction. Peut-être était-ce Zama? Ou alors l'Élu revenait les voir...

Leo secoua la tête en réponse au commentaire sur les Nomades.

"Pas tellement. J’ai eu l’occasion d’assister aux prouesses physiques de l’un d’entre eux… ils possèdent une force et une agilité qu’aucun humain ne peux accoter. Ils possèdent également certains éléments technologiques bien supérieur aux nôtres. Dans l’ensemble ce sont des explorateurs, ils savent ce qu’ils font. "

La discussion fit ensuite froncer les sourcils à l’ingénieur. Il n’y connaissait pas grand-chose en génétique mais il connaissait la biologie et la notion de cellule souche lui était totalement inconnue.

"Vous voulez dire qu’il y aurait un moyen pour stabiliser les mutations de monsieur Stein ?"

L’ingénieur cessa de parler, son regard se tournant vers la direction des pas. Si c’était Stein il se doutait qu’il n’apprécierait pas qu’on parle de lui, ou de l’aider.

Amaz eut un gloussement, puis sembla réfléchir un peu. L'idée de prouesse surhumaine semblait le rendre... fébrile? Le langage physique de la machine disait tout et ne cachait rien.

- Oh. Prouesses physiques et technologiques. Je me rappelerai de leur en parler s'ils viennent ici. Ça fait longtemps que nous n'avons vu personne! Une nouvelle race... c'est excitant.

La question de Léo qui suivit fit se figer le robot, qui le toisa du regard quelques instants, puis eut un soupir. Il se mit à marmoner des "tu dis des bêtises encore... J'aurais dû retourner à la cuisine..." mais ne répondit pas. Plutôt, il regarda Ulrich qui revenait, tranquillement.

L'Élu revenait en effet. Il portait le manteau bleu que lui avait emmené Zama, encore sans la manche de son bras blessé, qu'il tenait contre lui. Il portait encore une combinaison noire dessous, mais celle-là avait été cousue pour donner l'impression d'être une chemise. Le regard du généticien était fatigué, mais il semblait un peu mieux.

- Pardonnez-moi l'absence. J'espère qu'Amaz n'a pas été trop impoli. Parfois, il se perd dans ses idées.

Ce n'était pas un ton de reproche qu'avait utilisé Stein, mais bien un de taquinerie. Il vint d'ailleurs tapoter le dos de la machine, de sa main valide, puis s'installa sur son fauteuil.

- Donc, comme nous disions... Nous pourrions nous rencontrer, leur représentant et moi, pour parler de ce que je peux leur offrir, et de ce qu'ils ont besoin.

Le regard bleu de l'Élu se fixa sur Léo et il attendit sa réponse patiemment.

Leo secoua la tête pour rassurer Ulrich. Il était resté silencieux, se contentant de se lever à l’approche de l’élu, en signe de politesse.

Il observait avec fascination la relation qu’Ulrich entretenait avec les machines. Amaz et Zama avaient manifestement des personnalités et une « véritable » intelligence artificielle. C’était autant fascinant qu’inquiétant, car le tout faisait naître de nombreuses questions dans l’esprit scientifique du jeune homme. Il fut tiré de ses pensées par les paroles du généticien, auquel il répondit par un hochement de tête.

"Oui je… Lorsque que je lui ai dit que je pouvais venir vous parler il s’est montré ouvert à une rencontre. Maintenant que j’ai une idée de ce que vous êtes en mesure de faire je crois qu’il voudra certainement vous rencontrer. Il suffirait de convenir d’un lieu sécuritaire et discret. "

Leo ne put s’empêcher de sourire. Peut-être était-ce là une avancée très intéressante pour les nomades… avec l’équipe de Saarth’alis qui mourrait de froid en ce moment un abris digne de ce nom pourrait réellement leur permettre de reprendre des forces.

Amaz se tut pour de bon et retourna se poster près de l'Élu, sans faire un son. Il semblait encore un peu fébrile de savoir qu'une nouvelle race aux exploits surprenants viendraient peut-être à la maison. Ses yeux verts fixaient pourtant Léo avec beaucoup d'attention, sans s'en cacher.

Ulrich, de son côté, commenca par faire signe à Léo de s'asseoir, comme pour lui donner la permission. Il l'écouta à son tour, puis baissa la tête, comme plongé dans des réflexions. Trouver un endroit sécuritaire à Sicherheit lui semblait... compliqué? Il finit par avoir un soupir, puis ramena son regard sur Léo. Ses yeux s'injectaient lentement de sang, mais il ne semblait pas le remarquer. Amaz, par contre, fixait maintenant le regard de l'élu.

- ...mis à part ici, je ne vois pas où nous pourrions organiser une rencontre. Malheureusement... mon habitation est le seul endroit à l'abris de Pipes... et une nouvelle race va attirer son attention, sans contredit. Surtout si j'y porte intérêt...

Il eut un autre soupir, puis une quinte de toux assez intense. Son corps s'était remis à trembler sous la fatigue, ce qui l'exaspérait visiblement, mais il ne s'en plaignait pas.

- D'ailleurs, à ce sujet... si Pipes vient qu'à être un danger pour vous, vous êtes le bienvenu ici, le temps qu'il redevienne raisonnable.

Il observa Léo encore un peu, puis Amaz, qui détourna rapidement le regard. L'élu eut un grognement agacé, puis ramena son attention sur l'ingénieur.

- Il vous a parlé de quelque chose qu'il regrette avoir dit. Puis-je en savoir la teneur?

L’ingénieur haussa un sourcil et tiqua de l’œil suite à la dernière offre de Stein.

"« Raisonnable » ? "

Ça lui avait échappé et il sembla aussitôt regretter son manque de contrôle. Pipes était un individu motivé par sa propre « raison » et c’était précisément ce qui était dangereux. Son opinion sur Pipes était à peu près déjà faite… mais tout ça confirmait que l’élu en savait beaucoup plus sur le terroriste qu’il ne voulait le dire. Il allait ouvrir la bouche pour poser une question quand Ulrich le devança et lui posa la sienne. L’ingénieur regarda Amaz et soupira. Il ne servait à rien de cacher quelque chose à l’élu et il s’excusa du regard à la machine.

"Il… enfin… il a simplement mentionné le terme « cellules souches »… en disant qu’elles aideraient peut-être à… enfin… à stabiliser… "

Le jeune homme continua de bafouiller, sans trouver de terme assez neutre ni même assez exacte à son goût et finit par simplement tendre ses mains pour désigner vaguement l’ensemble de l’élu. Il toussa ensuite et prit une grande inspiration.

"Mais sinon oui, une rencontre ici serait probablement faisable. Saarth’alis devrait être en mesure de se déplacer sans être vu, surtout s’il est seul… "

Quand Léo répéta le dernier mot de son offre, l'Élu sembla se raidir. Pas réellement parce qu'il semblait nerveux. Dans les faits, son regard devint perçant, et plutôt que de fixer Léo, il le détailla rapidement, à des endroits précis: la tête, les mains et le milieu de la poitrine. Ses sourcils, sous son masque, semblèrent se froncer et il mena une main à son menton, doucement. D'un doigt, il se mit à le tapoter, produisant un léger son, dans un rythme précis: celui du coeur de l'ingénieur, avec une précision à en glacer le sang, dans toutes ses variations. Il laissa cependant Léo dire tout ce qu'il avait à dire avant de lui même prendre la parole. Son regard était encore perçant, mais on avait l'impression qu'il était dans un dilemme intérieur. Qu'il hésitait.

- Nous ferons la rencontre ici, alors. Je ne retournerai pas au complexe pendant quelques jours. Ma santé ne me le permet pas.

Il bougea un peu sur son siège, sembla le trouver inconfortable, puis se leva finalement, pour laisser son manteau bleu glisser sur le sofa, dans un bruissement doux, qui emplissait pourtant la salle. Amaz les fixait, attentivement, mais son attention était surtout portée sur le doigt d'Ulrich, qui battait encore le rythme du coeur de Léo.

- On ne m'a que rarement désigné aussi grotesquement, mais je suppose que ça explique l'idée, les paroles qui auraient pu être plutôt imprécises, que vous essayez de faire passer. Oui, il y aurait un moyen de stabiliser mon état. Ce ne serait pas une solution miracle... Dans tous les cas, je ne m'abaisserai pas à cette solution. Les cellules souches sont des cellules qui ne sont pas développées, encore. Dont le rôle dans l'organisme n'a pas encore été attribué. Pour réussir à en avoir, il fait donc les prendre sur un organisme qui commence à grandir, à se développer. Pour que la compatibilité soit au maximum, ce doit être sur un membre de mon espèce... je ne priverai pas une future mère de son enfant pour stabiliser ma condition. Jamais. Je n'ai pas le droit. C'est moralement et socialement inhumain... et je tiens à ce qui me reste d'humain. Mes principes, entre autre...

Il s'était raidit, la chose était bien visible. Le sujet ne l'enchantait pas. Semblait le répugner, même. Il avait cessé de battre la cadence du coeur de Léo et avait plutôt descendu les mains le long de son corps, serrant et relâchant ses poings. Chose qu'il cessa de faire également quand un craquement sonore se fit entendre dans son bras blessé, le faisant grogner tout en papillotant des yeux. Il ne s'en fit pas outre mesure, par contre, comme s'il savait qu'il n'y avait rien à faire.

- J'aimerais comprendre pourquoi vous êtes toujours nerveux en ma présence. J'aimerais vous faire confiance. Mais... vous savez, avec ma position, et pas simplement celle d'Élu... je ne peux accorder ma confiance à beaucoup de gens. Je... vois le temps qui défile, les gens qui m'entourent qui semblent devenir plus suspects à chaque jour et... ça me glisse entre les doigts. Le destin a voulu que vois veniez me voir pour beaucoup de questions délicates, que nous soyons tout deux exposés à ce mégalomane et... je veux savoir où vous vous trouvez, dans tout ça. À mes côtés, derrière moi advenant que je chute... ou à l'affût de voir ma tête tomber pour récolter ce qui en découlera.

Les premiers mots d'Ulrich avaient été fermes. Ceux qui avaient suivis ensuite, par contre, s'étaient mués en quelque chose de plus fragile, assez que ses dernières paroles étaient tremblantes. Il tremblait lui-même un peu, dans un état entre la confusion et la détresse. Ce n'était pas le grand Élu, là devant lui, mais l'homme. Celui qui a peur, qui sait que ses jours approchent de leur fin et qui veut savoir à quoi s'attendre.

Amaz les observa encore, recula un peu et partit, tout en marmonant un "je vais préparer d'autre thé...", d'un ton légèrement fatigué.

Au fur et à mesure que l’élu parlait, il dut ralentir considérablement la cadence de son doigt afin de suivre le rythme du cœur de l’ingénieur. Leo avait pâli considérablement, constatant avec un mélange d’anticipation et de regret qu’il avait énoncé un sujet très sensible. Il écouta néanmoins avec une attention totale tout ce que l’élu énonça et nota ces informations soigneusement dans sa mémoire. Tout ça faisait beaucoup de sens maintenant…

À la fin des dernières paroles d’Ulrich le silence s’éternisa un bon moment. Amaz put partir sans même que Leo en lui jette un œil. Toujours pâle, l’ingénieur sembla prendre son temps pour organiser ses pensées et surtout, prendre une décision. Il prit une grande inspiration.

"Tout d’abord permettez-moi de m’excuser. Je ne connaissais pas la nature de ce que j’ai mentionné sinon je n’aurais jamais osé penser… enfin. "

Il s’avança, posant ses coudes sur ses genoux afin d’être un peu plus stable.

"Je… je suis mal à l’aise en la présence d’à peu près tout le monde. Même avec ma propre sœur j’ai besoins d’un temps d’adaptation à chaque fois… je… je suis comme ça, tout simplement. En ce moment le malaise est encore plus grand parce que, déjà que j’ai de la difficulté à savoir comment saluer mes collègues de travail, je me retrouve devant un homme en position d’autorité, un homme avec une expérience et un mérite immense que je veux éviter d’offenser par tous les moyens à ma disposition. La vérité est que je vous admire beaucoup, monsieur Stein. Cette admiration se traduit dans mon cas par un respect et un dévouement que je veux sans faille. "

Le jeune homme sourit faiblement. Son teint était toujours pâle mais au moins son cœur semblait être revenu à un rythme à peu près normal. Il soupira.

"Et puis il y a aussi tout ce que… Pipes m’a dit. Je vous ai déjà révélé ses paroles : supposément vous êtes en ce moment le gardien de la moralité scientifique de l’état. J’ai conscience qu’il veut probablement voir l’ensemble du système s’écrouler mais il y a une chose qui est clair et c’est qu’il ne veut pas la fin de Sicherheit. Probablement juste de « l’état ». J’hésite à lui faire confiance et encore plus à lui rendre service mais… vous aider, s’assurer que vous puissiez jouer ce rôle qu’il vous attribue… semble la bonne chose à faire. Encore plus chaque fois que j’apprends à vous connaitre un peu plus. Mais… "

L’âge de Leo parut soudain encore plus clairement. Malgré sa barbe naissante, son air sérieux et ses vêtements soignés, il n’en demeurait pas moins a peine sortis de ses études après tout.

"Mais la vérité est que j’ignore comment vous aider. Il y a tellement de choses que j’ignore à propos de tout ce qui se passe et… Je veux me tenir à vos côtés mais j’ignore comment. "

Les mains de l’ingénieur cessèrent de s’agiter et se posèrent lentement sur ses genoux. Il se redressa et prit une nouvelle inspiration. Voilà… c’était fait. Tout était dit. Maintenant il ne restait plus qu’à savoir ce que l’élu penserait de tout ça.

Stein garda le silence tout le long, comme toujours. Il n'interrompait jamais quelqu'un, de toute manière. Et puis, il semblait savoir que, parfois, parler est difficile et qu'il faut laisser la personne dire que c'est doit exprimer, au risque de la bloquer sur le sujet pour toujours. Il resta donc là, debout, nerveux un peu lui-même. Son regard ne quittait pas l'ingénieur, même s'il semblait perdre de son focus parfois. il restait attentif dans tous les cas, écoutant le cadeau de sincérité que venait de lui offrir son cadet.

Son regard se baissa quand Léo eut finit. Il tremblait encore, mais cette fois, ce semblait plutôt dû à la fatigue. Il resta tout de même debout, assimilant ce que l'ingénieur venait de lui dire. Encore, un mélange d'hésitation et de malaise traversait son regard bleu brillant... qui brillait un peu moins dans le moment.

- ...je vois... je suis désolé de... d'avoir mis la pression. C'était... égoïste et inconsidéré de ma part...

Il soupira, se rendit compte que ses jambes étaient fragiles et se rassit donc, tout en posant son manteau sur ses cuisses, maintenant. Un peu penché vers l'avant, il prit le temps de réfléchir, dans un silence encore trop long, puis soupira de nouveau avant de parler.

- ...vous êtes l'une des rares personnes à être aussi franche avec moi... Je... sincèrement, si vous n'aviez pas été là tout à l'heure... je pense que je n'aurais pas survécu...

Il se redressa un peu, puis planta son regard dans celui de Léo. Le sien était étrangement vague, maintenant. Toute l'attention et l'intensité qui les habitaient habituellement les avaient quitté.

- ...notez que ma famille connaît Pipes depuis longtemps. Les Stein portent le fardeau de s'assurer que rien de trop dangereux n'est étudié au complexe scientifique et ailleurs. Si j'avais eu un frère ou une sœur, il aurait aussi été la cible de Pipes... Écoutez... je ne sais pas exactement qui il est, c'est un fait. Je cherche et je suis près de la réponse, mais je l'ignore encore... et les pistes que je trouve à tous les jours m'effraient. Je sais, par contre, qu'il travail pour que ce qui a causé notre perte, dans le temps, ne se reproduise pas. Je le sais et je n'en doutes pas. Je...

Il grogna un peu, puis sembla agité. Nerveux, même.

- Puis-je vous faire confiance, Léo? Si je vous dit quelque chose... allez-vous le garder confidentiel? Je ne veux pas trop vous en mettre sur les épaules: il y a des poids que je garde spécifiquement pour les miennes. Mais... si vous voulez réellement m'aider, je dois vous laisser quelques informations. Et franchement... je n'ai personne. J'ai besoin d'aide... de quelqu'un qui pourra s'assurer que tout se passera bien quand je ne serai plus là...

L'élu leva un main tremblante et se massa les yeux, puis sembla pris d'étourdissements. Il déposa donc sa main à plat contre son front et prit le temps de respirer, dans des inspirations qui recommençaient à sonner comme des sifflements.

Le jeune ingénieur reste silencieux et attentif, a la fois soulagé et honoré de recevoir une franchise réciproque de la part de l’élu. Il avait l’impression, en ce moment plus que n’importe quel autre avant, qu’ils mettaient carte sur table et qu’ils ne retenaient rien l’un envers l’autre. Il… n’était pas habitué à ce genre de sentiment. Il haussa un sourcil et s’avança plus en avant sur sa chaise après les paroles d’Ulrich.

"Je maintiens mes paroles, monsieur Stein : je veux vous aider. S’il y a quoi que ce soit que je puisse faire, n’hésitez pas. Je peux garder… "

Les paroles moururent dans sa bouche quand il se rendit compte de ce qui se passait. Il se leva lentement, un air inquiet sur le visage.

"Est-ce… est-ce que je devrais appeler Amaz ou Zama ?"

S’il s’agissait d’une nouvelle crise, Leo espérait sincèrement qu’ils étaient équipés pour la traiter.

L'Élu eut un petit gloussement doux aux premières paroles de Léo, dans un soulagement facile à remarquer. Quand le jeune homme commença à s'inquiéter, par contre, il leva doucement la main pour lui faire signe que ça allait, sans pour autant que ladite main cesse ses tremblements.

- ...mon pouls est stable... je crois que... c'est l'épuisement... Je veux dire... j'ai perdu beaucoup de sang... et on m'a réanimé... Je... devrais... aller...

Il s'affaissa un peu sur sa chaise, puis sursuata de ce fait, comme s'il venait de perdre conscience, l'espace de quelques secondes. Il jeta un rapide coup d'oeil autour, néanmoins, dirigea son regard sur Léo, qui put le voir rouler alors qu'il tombait encore dans les pommes, et y restait quelques longues secondes. Mais encore une fois, il sursauta et sembla confus, le corps tremblant.

La situation n’était pas encore stable, mais au moins elle n’était pas aussi critique qu’il le pensait. Le jeune homme soupira et parut se détendre… un peu. Il se leva de sa chaise et vint s’agenouiller près de l’élu afin de se rapprocher.

"Vous devriez vraiment aller vous reposer monsieur Stein… "

Il sourit, faiblement.

"Si vous êtes en état de parler vous pouvez me dire ce qu’il vous semblait si important de me confier. Sinon j’appelle Amaz et je reviens vous voir demain, une fois que vous serez reposé. "

Leo attendit patiemment. Il ne pouvait qu’imaginer ce par quoi l’élu passait.

L'Élu eut une autre absence alors que Léo approchait, ce qui causa une certaine surprise quand il revint à lui, encore. Il papillota des yeux quelques secondes, incertain de ce qui venait de se produire, puis acquiesça mollement. Il prit une inspiration sifflante, baissa la tête et sembla lutter pour rester conscient.

- Pipes... Est là depuis le début... je ne sais pas... comment il fait... mais il a toujours... été là... toujours... été le même...

Ulrich s'était penché un peu, sa voix affaiblie ne portant pas assez à son goût. Il se pencha d'ailleurs un peu plus, maintenant mou comme un chiffon. Si Léo ne réagit pas assez rapidement, il se retrouva avec un Élu inconscient d'affaisser contre lui. Malgré qu'ils étaient à l'intérieur, son corps était assez froid par endroits, dont don bras blessé. L'ingénieur était de noveau seul avec le silence.

Leo reçus l’élu du mieux qu’il le put avec un hoquet de surprise. Il surmonta rapidement son état de panique pour prendre la situation en main : il fit doucement glisser Stein sur le sol et le plaça en position latérale de sécurité. Il se redressa par après et, ne voulant pas s’éloigner d’une semelle de l’élu, appela aussi fort qu’il le put en direction du corridor.

"Amaz ! Zama !"

Il chercha le pouls d’Ulrich. Même si ce dernier lui avait mentionné qu’il était régulier il tenait quand même à avoir un constat plus complet. Une transfusion sanguine serait intéressante mais en attendant… rester coucher était le meilleur remède.

Stein était là, immobile. Sa respiration s'était fait très subtile, maintenant qu'il était inconscient. L'Élu se retrouva au sol, couché sur le flanc, et resta immobile. Cette fois, il n'avait pas été capable de lutter pour rester conscient, visiblement. Malgré tout, quelques parties de son corps restaient étrangement froides comparé au reste. dans tous les cas, quand Léo prit son pouls, il remarqua rapidement qu'il était lent, irrégulier, mais tout de même présent. L'épuisement devait causer un genre d'arythmie chez l'Élu.

Sous son appel, l'ingénieur entendit des pas précipités. Ce fut Zama, avec ses yeux jaunes, qui se présenta, rapidement. Son regard passa dans la pièce, puis la machine se précipita sur son propriétaire, finissant à genoux près de lui. Un certain stress émanait de la machine, qui examinait rapidement Ulrich du regard.

- Scheiße! Je lui avais dit de ne pas pousser la note... Hugh, aussi entêté que son père... Jeune homme, avez-vous des compétences médicales, même de base? Parce que, si oui, je vais avoir besoin de vous. Soeben!

Ni une, ni deux, Zama prit l'Élu sous les jambes, soutenant son dos de son autre bras, et se mit en route. Le généticien semblait être un poids plume pour Zama, qui se mit en marche rapidement. Elle passa quelques couloirs, décorés de peintures eux-aussi et tout aussi chics. Elle tourna dans un petit couloir, descendit une volée de marches, puis arriva finalement dans ce qui semblait être une ancienne chambre bien normale. Dans les faits, les lieux avaient été recyclés un minimum, pour maintenant avoir l'air d'une chambre médicale également.

Le lit baldaquin avait des crochets incorporés, probablement pour des solutés ou autre. Les tables de chevet avaient été remplacés par des tables d'outils d'opération, carrément. Une aide respiratoire était près du lit, prête à être utilisée. Plusieurs dossiers traînaient sur un bureau, ainsi que des diagrammes. Quelques radiographies les accompagnaient, visiblement classées dans un ordre précis. Un genre de frigidaire était dans un coin, également. Le décor en était devenu un peu glauque de ce fait, mais surtout, on voyait qu'Ulrich avait dû s'habituer à ce nouveau mode de vie précaire. Il devait toujours être prêt à se soigner, ou même, à sauver sa vie.

Zama entra donc dans cette pièce et déposa rapidement l'Élu sur son lit. Elle lui enleva son manteau, lui laissa sa combinaison, mais retira également son masque. Par contre, elle cacha la vue à Léo et déposa un morceau d'un tissu ressemblant à de la soie, noire et opaque, sur son visage. Les mouvements du robot étaient précis et rapide. D'ailleurs, la machine se dirigea rapidement vers le frigidaire, duquel elle sorti une poche de sang. Elle revint rapidement, puis tendit un assortiment d'aiguille/cathéter à Léo.

- Mettez-lui ça, dans son bras intacte. S'il-vous-plaît. Je lui fais toujours mal, et il a assez souffert pour aujourd'hui.

Dès que l'ingénieur eut pris le petit kit, la machine se dépêcha de découvrir le bras de l'Élu pour que Léo se mette au travail. Les veines à cet endroit brillaient doucement d'une lueur bleue, et la peau beaucoup trop pâle laissait amplement voir ce phénomène.

Le jeune homme terminait de prendre les signes vitaux de stein lorsque Zama fit son entrée frénétique. Il se contenta de hocher fermement la tête à la question de la machine, se doutant que toute réponse plus élaborée serait tombée dans l’oreille d’un sourd. Il suivit donc la machine, alerte et prêt à aider.

Il entra dans la chambre médicale et resta un bref instant hésitant devant ce décor. Être ainsi obligé d’avoir un hôpital aménagé à l’intérieur même de sa demeure… Était-ce vraiment ce à quoi l’élu était réduit ? À craindre pour sa vie même au sein de son propre foyer ? Il poussa ses questions dans un coin de son esprit lorsque Zama revint vers lui. Encore une fois il ne fit que hocher fermement la tête en prenant le nécessaire des mains robotiques. Il s’installa près du bras et scruta attentivement la peau à la recherche d’une veine suffisamment robuste pour supporter la piqure. Il brancha le cathéter rapidement et proprement : il avait normalement un peu de difficulté à trouver les veines mais là… il aurait fallu être aveugle pour les rater. Il fixa le papillon sur l’avant-bras de l’élu avec un peu de ruban adhésif médical et déroula le tuyau pour qu’il soit prêt à utiliser.

"Il a perdu beaucoup de sang au complexe tout à l’heure… est-ce que vous avez ce qu’il faut pour une transfusion ? "

Le jeune homme roula ses manches. Il ignorait le groupe sanguin de l’élu, ni même si un transfert de sang « régulier » aurait un effet prévisible et bénéfique… mais il se tenait prêt au cas où Zama aurait besoins de lui.

L'Élu fut installé, Léo reçut le kit de transfusion et la machine revint rapidement vers lui. Elle avait un soluté et une poche de sang, tous deux prêts à être utilisés. Le cathéters avait, d'ailleurs, deux prises, exprès.

- J'ai tout ce qu'il faut, oui. Justement, je vais les installer. Merci de votre assistance.

Zama observa le jeune ingénieur quelques instants, puis se concentra sur son patient. L'Élu ne bougeait pas d'un cheveux, encore inconscient. Par contre, sa respiration faisait bouger la soie sur son visage. Sa chaleur revenait lentement, malgré tout. La salle était maintenant silencieuse, Zama ne disant pas un mot. Contre toute attente, ce fut un craquement qui se fit entendre, et la machine se dépêcha d'appliquer une pression sur l'épaule d'Ulrich, encore du côté de son bras blessé. Elle émit un soupir agacé, mais ne fit aucune autre plainte.

- Si vous voulez vaquer à vos occupations, vous êtes libre de le faire. Merci beaucoup de votre aide, mais elle n'est plus requise.

La machine le regardait maintenant, de ses yeux jaunes.

Le jeune ingénieur hocha simplement la tête et s’écarta afin de laisser le champ libre à l’androïde. Il fit un mouvement vers l’élu quand il entendit le craquement mais Zama fut plus rapide à intervenir et il resta donc là, pantois et impuissant. La situation était manifestement sous contrôle maintenant et sa discussion avec l’élu était manifestement sur pause jusqu’à son réveil. Il soupira.

"Très bien… Si, à son réveil, vous pouviez l’avertir que je vais revenir demain avec une confirmation pour la rencontre dont nous avons parlé, je vous en serais très reconnaissant. "

Le jeune homme s’inclina devant Zama et quitta la pièce, à la fois dépité et inquiet. Il tenta de réfléchir à la prochaine étape et beaucoup trop de facteur entraient en ligne de compte. L’alliage pour Lionel devrait attendre que l’élu aille mieux, manifestement… Le brachium était entre les mains de Gabrielle pour le moment et vu l’heure, il était très probable qu’elle ait terminée sa journée de travail. Pas question de rester les bras croisés à attendre le réveil d’Ulrich… la seule option était donc de préparer son retour chez Lionel et Gabrielle et espérer y croiser Saarth’alis pour lui livrer le message de l’élu.

Il navigua laborieusement à travers les corridors du manoir pour tenter de retrouver le hall d’entrée et entreprit d’enfiler son manteau. Il espérait seulement que le transport donc Stein avait parlé serait toujours là pour le ramener à son appartement.

Zama resta attentive à son travail, et très précise. Elle observait attentivement l'Élu, comme si le simple fait de le fixer, comme ça, lui disait beaucoup sur son état. Dans tous les cas, elle se contenta d'acquiescer à la demande de Léo et de murmurer un "ce sera fait", tout bas. On avait réellement l'impression de parler à une femme, qui vient de tomber dans un état de concentration profond et qui répond le plus simplement possible.

Une fois la pièce quittée, Léo se retrouva dans le silence. Les couloirs étaient vides, aucun son ne se faisait entendre... c'était un peu malaisant, mais aussi... calme. Un petit monde isolé de tous, où classe et désespoir cohabitent étroitement ensembles. Les corridors se ressemblaient pourtant tous, et c'est sans grande surprise que l'ingénieur se retrouva un peu à côté de sa destination. C'était une grande pièce, avec nombre de bibliothèques et de livres qui semblaient vieux, mais parfaitement entretenus. Encore, il y avait des fauteuils pour s'asseoir, même une table pour s'installer et lire, ou prendre des notes. un genre de statuette, représentant l'une de machines, reposait sur un présentoir, devant mesurer dans les 45 centimètres de haut. Sur la statuette, par contre, on avait l'impression que la machine... flottait? Volait? Qu'elle ne touchait pas le sol, selon la position des pieds et la manière dont on avait placé le corps, comme s'il montait vers le ciel. Elle était faite dans un genre de métal noir, aux reflets colorés, et était finement travaillée.

L’ingénieur était un peu mal à l’aise d’entrer ainsi dans une pièce de la demeure de Stein, mais… la curiosité eut raison de lui. Il entra dans la pièce comme on entre dans un endroit sacré, lentement, en observant les moindres détails et en essayant de capter l’énergie de l’endroit. Il était un habitué des bibliothèques mais les ouvrages contenus dans ces étagères semblaient provenir d’un autre temps… il fureta un moment du côté des nombreux ouvrages avant que son regard ne tombe sur la statuette.

Il refréna ses fantasmes de rat de bibliothèque et se dirigea vers la petite sculpture en métal afin de l’observer de plus près. Était-ce une reproduction fidèle ou stylisée ? Comment… ? Il observa la forme dans ses moindres détails, se permettant un peu plus d’indiscrétion que s’il avait eu zama ou amaz en face de lui. Étaient-ils vraiment capables de voler ?

Le jeune homme délaissa la statue au bout d’un moment pour se concentrer de nouveau sur les livres ornant les bibliothèques. Il ne savait pas exactement ce qu’il cherchait, mais restait à l’affut des titres, espérant trouver quelque chose d’intéressant.

Le jeune homme passa entre les bibliothèques et put voir énormément de titres... mais presque tous étaient dans une autre langue. Probablement, comme les racines de l'Élu l'indiquaient, étaient-ils écrits en allemand. Dans tous les cas, il y en avait beaucoup, quelques-uns simplement numérotés parfois, et d'autres avec des couvertures qui semblaient fragiles. Quelques rares étaient en français, et ceux-là semblaient être des recueils de nouvelles, quelques ouvrages simples sur la médecine... rien de très farfelu.

L'ingénieur tourna ensuite son attention sur la magnifique statuette, déposée là sur son présentoir, dans sa pose rocambolesque. On avait réellement l'impression que la machine ne touchait pas au sol... Léo examina donc la réplique miniature de machine et trouva quelques pièces amovibles dans le dos. Sous quelques manipulations, il put entendre un petit son, comme un "clic"... puis le silence. La statuette ne semblait pas brisée, mais les pièces ne bougeaient pourtant plus du tout.

L'attention de l'humain retourna aux livres, qui n'avaient pas bouger de là. C'était le silence parfait dans la maison, signe que les machines ne circulaient pas, ni l'Élu. Peut-être tout le monde pensait-il que Léo était parti?

Un son se fit alors entendre, comme un verrous, et une bibliothèque, dans le fond de la rangée à gauche de l'ingénieur, sembla bouger d'une dizaine de centimètres sur la gauche. Le bruit avait été assez fort pour qu'il l'entende, mais pas pour qu'il résonne dans toutes la maison.

Leo se figea comme un animal devant une forte lumière quand il vit la porte secrète s’ouvrir au fond de la bibliothèque. Était-ce lui qui l’avait ouvert ? Le clic qu’il avait entendu sur la statue ? Beaucoup de questions lui passaient en tête, laissant le jeune homme seul avec un sourcil relevé devant l’ouverture.

Son cœur battait la chamade, déchiré entre sa curiosité maladive et les conséquences qui résulteraient de sa petite exploration. Se retrouver par erreur dans une bibliothèque était une chose… dans une pièce qui tenait manifestement à rester secrète en était une autre. Sans s’en rendre compte Leo s’était approché de la porte, lentement, mais il stoppa net du moment qu’il s’en rendit compte, sa décision prise. Il continua son chemin d’un pas plus décidé vers l’étagère, attrapa l’une des tablettes.

Et referma la porte secrète.

En entendant le clic indiquant la mise en action du verrou, l’ingénieur sentis un immense poids lui quitter les épaules. Il commençait tout juste à gagner la confiance de l’élu… Et s’il satisfaisait sa curiosité un désagréable sentiment lui disait que ça ne resterait pas secret très longtemps. Et puis… d’un autre côté il savait maintenant l’existence de ce passage et rien ne l’empêcherais d’y revenir un peu plus tard si l’occasion s’y prêtait. Mais pour le moment mieux valait se montrer digne de la confiance que Stein venait de placer en lui non ?

L’ingénieur embrassa donc une dernière fois la bibliothèque du regard et quitta la pièce, espérant retrouver son chemin vers l’entrée de la demeure. Il ne restait plus qu’a espérer que son sens de l’orientation ne lui fasse pas de nouveau défaut.

La bibliothèque se remit en place dans le bruit satisfaisant du verrous qui s'enclenche. Aucun autre son ne se faisait entendre dans la maison. Dans tous les cas, le jeune homme n'avait pas été découvert. C'était déjà ça.

Léo se remit en chemin, et de fil en aiguille, il retourna finalement à l'entrée. Son manteau y était, ainsi que ses bottes. Rien n'avait bougé et tout était impeccable.

Dehors, le transport attendait toujours le jeune homme. Le cheval avait été couvert d'une couverture, pour qu'il n'aie pas froid. Le chauffeur, lui, se frottait les mains près de sa lanterne, pour se réchauffer un peu.