Discussion d'actualité avec la sommité (Pv Léo)

Les pas du jeune homme résonnaient dans l’immense demeure vide alors qu’il se rapprochait de ses affaires. Il enfila son manteau et ses bottes, son esprit toujours occupé par tout ce qui s’était passé ce soir. Beaucoup de bonnes nouvelles : les nomades allaient enfin rencontrer Stein, probablement leur allier le plus puissant dans tout Sicherheit, le jeune homme commençait à obtenir la confiance de l’élu et il entrait en contact avec de nombreuses technologies qu’il mourrait d’envie d’étudier. Mais… la santé de l’élu et les secrets encore présents créaient une tache tenace sur le tableau.

C’était sans compter cette porte secrète. Leo ne regrettait pas sa décision, mais sa curiosité maladive allait continuer de lui faire penser à ce qui pourrait bien se cacher derrière et lui faire perdre quelques heures de sommeil. Ça, il en était certain.

Leo termina d’enfiler ses bottes, pris une grande inspiration et quitta la chaleur enveloppante du manoir des Stein pour commencer à marcher en direction du transport. Le pauvre cocher allait enfin pouvoir bouger. Le jeune homme pataugea dans la neige jusqu’à lui.

"Je dois passer chez moi, dans les résidences du complexe scientifique. Ensuite je me dirige vers à l’intersection de la 65e et 101e avenue, dans le quartier résidentiel. Si c’est trop loin je peux marcher également, je ne voudrais pas abuser. "

Le jeune homme offrit un sourire encourageant au cocher, n’ayant aucune idée précise de son entente avec l’élu.

Le cocher se tourna vers lui alors que Léo approchait. On put deviner un sourire sous son foulard, que ses yeux exprimaient pourtant parfaitement bien. Il écouta le jeune homme parler, puis acquiesça lentement, tout en se frottant les mains.

- Oh, ce n'est pas trop loin. Pas du tout. Je vais vous attendre, sans problèmes.

La voix de l'homme montrait son âge avancé un peu, sans pour autant le définir de vieillard. Il laissa néanmoins Léo monter, sans poser plus de questions puis mit sa monture en route une fois l'ingénieur monté.

Le chemin prit tout de même un moment. La neige rendait les déplacements difficiles pour le transport, qui progressait dans les rues comme il le pouvait. Le premier arrêt se fit près des résidences du secteur scientifique, où le transport s'arrêta doucement.

- Allez-y, je vous attend.

"Ça ne sera pas très long, je vous rassure. "

Leo descendit avec peine de la calèche et aussi rapidement qu’il le put sans s’embourber et tomber face première dans la neige, se dirigea vers l’entrée de son bloc appartement. La porte s’ouvrit sans difficulté une fois la clef tournée et il savoura le souffle d’air chaud qui l’accueillit avant de commencer à monter les escaliers qui menaient à son appartement. Rentrer chez lui après les évènements des derniers jours, surtout en coup de vent, lui fit un drôle d’effet.

Tout était familier… mais il ne lui avait manifestement fallu que ces quelques jours pour qu’une dose d’étrangeté ne se glisse dans son cocon d’ingénieur. Il mourrait d’envie de rester un moment, se pelotonner dans son lit avec une tasse de thé chaud et se réapproprier l’espace. Mais il n’en aurait pas l’occasion. Pas tout de suite du moins. Il soupira et se mit au travail. Leo attrapa un sac à dos et le remplis du strict nécessaire : quelques vêtements, des carnets de notes nécessaires à la réalisation du bracchium, une brosse à dent… le jeune homme allait refermer le tout quand son regard tomba sur le casque qu’il avait ramené de chez Hexus. Il hésita un moment puis compacta un peu ses pantalons pour que le casque puisse rentrer dans son sac. Il risquait d’avoir un peu de temps libre alors autant essayer de savoir ce qu’il y avait de si spécial à cet objet. L’ingénieur se redressa, embrasse une dernière fois du regard son appartement et referma la porte.

Il descendit de nouveau les marches, réajusta son foulard et encaissa la gifle que l’air extérieur lui asséna lorsqu’il ouvrit la porte. Pataugeant toujours, il fit le chemin inverse et toujours avec autant de peine entra de nouveau dans la calèche.

"Merci du détours… on peut continuer maintenant. "

Le jeune homme s’appuya contre le rebord de la fenêtre et laissa son regard se perdre dans l’immensité blanche que devenait lentement la cité.

Le cocher et le transport l'attendirent patiemment à l'extérieur pendant que Léo ramassait ses choses. La neige était présente et tombait très doucement du ciel, en petits flocons dispersés, maintenant. Le froid par contre, restait ce qu'il était: une agression toute personnelle au confort des citoyens de l'État. Aussi, un ennemi à leur survie, maintenant.

Une fois le jeune homme revenu et monté, le cocher se remit en route. Malgré le froid, il faisait son travail, mais surtout, restait souriant.

À l'intérieur, par contre, un phénomène étrange se fit sentir près de Léo, après quelques instants. L'intérieur du transport n'était pas chauffé, même s'il protégeait assez du vent pour être plus confortable que la marche. Maintenant, par contre... Léo sentait une chaleur. Là, près de lui... devant lui, peut-être? Assez que le givre dans la fenêtre s'en allait lentement mais sûrement.

L'ingénieur observa le givre disparaitre dans la fenêtre, de plus en plus nerveux. Tous ses sens étaient aux aguets. Quelque chose ne tournait pas rond et il faisait trop confiance à son instinct pour faire comme si de rien était. Les raisons pour une émanation de chaleur étaient peu nombreuses... la possibilité que la calèche ai un système de chauffage intégré et toutes les anomalies atmosphériques étant à écarter il ne restait qu'une hypothèse plausible. Et elle n'était pas pour rassurer le pauvre Leo.

Il glissa doucement sa main jusqu'à sa ceinture et agrippa le cylindre métallique qui y pendait. Il serra les dents, conscient que la suite des choses serait probablement moins agréable que sa soirée passée avec Stein.

"Je n’aime pas être observé sans mon consentement. "

Il fixait l’espace en face de lui. Il était incapable de discerner quoi que ce soit mais essayer de sentir du mieux qu’il le pouvait la source de la chaleur.

Au début, rien ne se fit entendre. Puis, un petit rire résonna, froid et impersonnel. La silhouette de Pipes sembla se matérialiser de nulle part, assise là, devant lui, de manière nonchalante. Son œil gauche était endommagé, de manière à ce qu'il ne brillait plus.

- N'est-ce pas là le principe de l'espionnage? Vos sens sont affûtés, monsieur Steinhart. C'est une bonne chose...

Malgré tout, le terroriste ne parlait pas fort. Il était simplement assis là, à fixer l'ingénieur, alors que son étrange chaleur emplissait la cabine lentement mais sûrement.

Il fut facile pour Pipes de voir la mâchoire du jeune homme se crisper. Comme d’habitude les manières de faire du mystère ambulant l’irritaient au plus haut point. La simplicité avait bien meilleur goût auprès de lui, surtout en ce qui concernait les rapports humains.

"J’espère que vous me ferez la courtoisie de me dire ce qui vous amène ici ? Je ne vous ai pas donné mon sang à ce que je sache alors vous devez m’avoir suivi depuis un moment, je me trompe ?"

Il avait parlé clairement et froidement. Dès qu’il avait sentis la chaleur il avait senti ce qui se passait, sans trop savoir comment. Il aurait tellement aimé se tromper… mais au moins il n’était pas totalement pris au dépourvu. Il ne restait plus qu’à avoir une idée de ce que le terroriste savait et de ce qu’il ne savait pas. S’il mettait la main sur les nomades… L’ingénieur stoppa ses pensées, comme s’il avait peur que Pipes les entende.

Voir le jeune ingénieur se crisper sembla amuser Pipes, au moins un peu. L'individus masqué ne bougea cependant pas, restant bien sagement assis de son côté du transport. Son regard jaune, maintenant imparfait, semblait pourtant lui percer l'âme sans retenue.

- Oh, voyons, Léo... je savais que vous étiez toujours mécontent de me voir, mais aujourd'hui, vous battez des records...

Pipes eut un petit rire, puis ouvrit lentement son manteau. Une bouffée de chaleur sembla s'en extirper, les enveloppant agréablement dans l'habitacle.

- J'ai entendu qu'Ulrich n'allait pas bien. Et qu'un certain jeune ingénieur prodige était sorti avec lui. Je ne peux pas le lui demander personnellement, alors je passe par toi: comment va-t-il, dis-moi? Sinon... je te suis depuis chez lui.

L'homme, ou la femme, masqué jeta un œil par la fenêtre, doucement, puis ramena son attention sur le jeune homme devant lui. Le transport avançait lentement, malgré tout.

Les yeux de Leo se rétrécirent suite aux familiarités employées par Pipes. Il n’avait aucune patience pour ses stratagèmes ou sa théâtralité et ne désirait surtout pas faire partie de ses machinations.

"Vous allez me faire croire que vous vous êtes donné toute cette peine uniquement pour savoir comment monsieur Stein se porte ? Vous devriez le savoir plus que n’importe qui non ? "

Il avait appuyé juste un peu plus que nécessaire le vouvoiement. Avec le réseau d’informateurs dont disposait son interlocuteur, le jeune homme classait la santé d’Ulrich au rang de prétexte. Autant régler le tout au plus vite. Ce n’était pas comme si il pouvait lui mentir de toute façon.

"Il a eu une crise tout à l’heure et il se repose actuellement. Il est faible mais stable. "

Le jeune homme nota un détail important dans sa mémoire. Malgré son apparente fermeture d’esprit il continuait d’analyser avec autant de précision que possible l’entité qui se tenait devant lui. Pipes était clairement un être synthétique… au moins en partie. Mais presque tout appareil cybernétique éprouvait des difficultés par temps froid. Était-ce la raison pour cette chaleur ?

L’ingénieur n’ajouta rien, attendant manifestement de savoir ce que son interlocuteur voulait de plus.

Subitement, Pipes sembla devenir froid. Fermé aux paroles de l'ingénieur. Peut-être n'avait-il pas aimé sa manière de lui répondre, ou peut-être était-ce autre chose.

- Je passe mon temps à vous dire que le bien de l'État, et d'Ulrich, de ce même fait, me tient à cœur... Il y avait du sang partout dans son bureau. Alors, oui. Je me suis donné cette peine pour savoir comment la seule personne qui peut empêcher l'État d'exploser se porte.

Le terroriste eut un grognement, puis fixa longuement l'ingénieur devant lui. un certain agacement paraissait dans son ton à lui-aussi, maintenant. Ça ajoutait un genre de grincement à sa voix neutre et impersonnelle.

- Quel genre de crise? J'ai besoin de détails. Tenez, nous ferons un échange. Cette information contre une autre. Qu'en dites-vous?

La chaleur se fit égale dans l'habitacle, et confortable. On voyait des vêtements dans une fibre étrange, sous le manteau de Pipes, accompagné par quelques tubes opaques, tout aussi étranges. On voyait également sa poitrine se soulever, au rythme d'une expiration silencieuse, mais bien présente.

L’ingénieur n’avait pas détourné le regard. À l’instant où Pipes avait prononcé son offre il savait exactement quoi faire.

"Très bien. En échange je veux savoir pourquoi vous ne lui demandez pas directement. "

Leo attendit là, les bras croisés, d’avoir l’approbation de Pipes. Il se doutait que c’était une information qu’il ne laisserait pas aller facilement. Mais pour qu’il accepte de divulguer des informations sur Ulrich il devait savoir à qui et pourquoi il devait le faire. Pipes était encore loin d’avoir sa confiance et les moyens qu'il comptait utiliser pour arriver à ses fins étaient encore beaucoup trop flous.

L'individus masqué sembla se figer alors que Léo faisait entendre ce qu'il voulait en retour. Puis, il serra les poings, dans le son caractéristique du cuir qui se fait écraser sous la pression. La chaleur sembla augmenter un peu dans la cabine, mais Pipes ne bougea pas autrement.

- Ne jouez pas avec mes nerfs. C'est la dernière chose que vous voulez faire. Cette information ne vaut pas ce que je demande. Elle vaut beaucoup plus. Alors vous avez le choix. Vous me répondez, ou alors j'envoie chez lui quelqu'un qui saura me renseigner... Vous ne voudriez pas qu'un individus dangereux entre chez lui quand il est en état de faiblesse, n'est-ce pas?

Le ton de Pipes était devenu froid. D'ailleurs, celui-ci se leva et fit les deux pas qui le séparaient de la porte du transport, comme pour dire un "tu as quelques secondes pour faire ton choix". Le transport, lui, avançait encore.

Leo eut un petit rire. Grinçant.

"Il me semblait que la sécurité de l’élu vous importait, non ?"

L’ingénieur était resté immobile, ne laissant transparaitre aucune émotion. Seul son regard avait suivi Pipes.

"Je cherche encore à donner du sens à nos entretiens. Plus ils sont fréquents moins j’en trouve. Alors allons-y par étape : vous avez besoins de moi parce que vous ne pouvez pas accéder directement à Stein, du moins pas sans conséquence. Vous m’êtes apparu juste après que je sois entré dans son équipe et je refuse de croire que c’est un hasard. Il y a certaines choses que vous ne pouvez simplement pas faire et pour lesquelles les « individus dangereux » ne sont pas adéquat, je me trompe ? Combien de temps avez-vous attendu avant d’avoir un lien direct avec Stein ? Par l’entremise de quelqu’un assez curieux pour ne pas couper les ponts avec vous mais assez loyal pour croire que vous voulez le bien de Stein ?"

Le jeune homme fixait intensément le dos du terroriste, la chaleur qui se dégageait de Pipes semblait lui fouetter le sang mais il canalisait le tout dans son esprit analytique.

"Stein vous tient en méfiance. Il sait que vous entrez en contact avec moi et paraissait très étonné que vous souhaitiez son bien-être. Tant que je n’aurais pas de bonnes raisons de vous croire je refuse de jouer les espions, Pipes. "

Leo attendit, intense, dans un aplomb qu’ils ne se serait jamais crût capable quelques semaines auparavant.

Pipes resta de dos à l'ingénieur quelques instants, puis se tourna brusquement. Il s'arrêta près de Léo, mais ne le toucha pas. Pourtant, son langage physique criait son agressivité. Dans tous les cas, il ne fit rien, sinon serrer les poings.

- Je ne veux pas que notre État meurt, encore. Je ne veux pas que la race humaine disparaisse. Est-ce trop difficile à comprendre? Ulrich, sa famille avant lui, et son héritier ensuite ont la responsabilité de surveiller la science de l'État! Ils l'ont et l'auront toujours. C'est la science qui nous a tué, avec le capitalisme! Si Ulrich est près de la mort, je dois le savoir. Je dois être prêt à m'assurer que des gens tels que Sokolov ne mettent pas la vie humaine en danger! Est-ce si difficile à comprendre?!

La voix de Pipes s'était déformée sous la colère. On avait l'impression d'en entendre plusieurs, comme si elles se plaignaient, mais formaient tout de même les mots. La chaleur qui irradiait de lui brûlait presque, maintenant, à cause de la proximité.

Le jeune ingénieur n’eut qu’un léger mouvement de recul, plus par réflexe qu’autre chose. Son visage demeurait de marbre et ses yeux demeuraient rivés sur le masque de métal endommagé, enregistrant le moindre détail. Avoir réussis à faire perdre contenance à Pipes n’était pas un exploit pour Leo mais il se doutait que ce genre de chose n’arrivait pas souvent. Stein était l’élément clé de son projet pour l’état, ça ne faisait maintenant aucun doute. Il avait obtenu de nombreuses réponses simplement par l’agissement de Pipes, mieux valait ne pas trop pousser le bouchon. Essayant d’ignorer la chaleur brulante du mieux qu’il le put, le jeune homme replaça sa mèche blanche (tombée devant son visage suite à la brusque avancée du mystère ambulant) et prit une bonne inspiration.

"Nous y sommes donc. Alors que diriez-vous de m’éclairer enfin sur ce fameux Sokolov ? "

La voix de l’ingénieur s’était légèrement adoucie, comme s’il faisait preuve de bonne foi. Il jeta un bref regard par la fenêtre, comme pour garder trace du temps qui passait, mais revint rapidement à l’œil jaune de Pipes.

"Comme je vous l’ai dit il est stable et entre de bonnes mains. J’aurais donc tout mon temps par après pour vous dire ce qui s’est passé. Vous n’avez pas à préparer la succession de Stein. "

Il attendit, les bras croisés, de voir comment Pipes allait réagir. L’information était d’une valeur moindre, comme il le lui avait dit par le passé. Même s’il avait poussé le terroriste à bout et qu’il n’obtenait pas de réponse il n’aurait pas perdu grand-chose.

Pipes le fixa, encore, longuement. Ses poings se serraient, se détendaient, puis se serraient de nouveau. Il semblait dans un dilemme interne, entre l'envie de saisir le jeune ingénieur à la gorge et celle de simplement partir. Sa chaleur était toujours aussi élevée, en devenant simplement infernale, maintenant.

- ...je vous déconseille fortement de ne pas réessayer de jouer avec moi. Vous pourriez perdre bien plus que des informations.

Le terroriste ne bougea pas d'un cheveu, son œil jaune et brillant toujours planté sur Léo. On n'entendait toujours pas sa respiration, mais on la voyait bien. Le transport en avait pour encore un moment avant de les mener à destination, dans tous les cas, ce qui laissait Léo de coincé avec Pipes.

- Il est un ancien scientifique du complexe, maintenant urgentologue. Officiellement, du moins. Il mène des expériences en secret, sans suivre les limitations imposées par les lois et les Élus. Si vous me trouvez effrayant, vous le trouverez terrifiant. Et si vous croyez qu'il n'est pas un danger... vous demanderez à votre ami le mercenaire Inhumain.

Pipes eut un autre mouvement et appuya sa main gauche sur le mur, derrière Léo. De ce fait, il se retrouva maintenant avec son visage tout près de celui de l'ingénieur, sa main près de sa tête. La chaleur était étouffante à cette distance.

Les menacent coulèrent sur le jeune homme comme sur le dos d’un canard. Il en avait maintenant la certitude : dans l’état actuel des choses la seule chose qui pouvait être dangereuse pour lui était l’impulsivité du terroriste. Il avait joué avec le feu, mieux valait s’en rappeler. Il se passa une main dans le front afin d’essuyer les gouttes de sueur qui commençaient à apparaitre. Il refusait de reculer, mais force était de constater qu’avec son manteau il était en train de cuire, lentement mais sûrement. Sois Pipes avait besoins de produire cette chaleur pour éviter les mal fonctions associées au froid, soit elle était le produit de la machinerie qui constituaient une partie de son corps. Mais quelle technologie produisait autant d’énergie thermique par ricochet ? Il faudrait faire des recherches.

"Vous l’avez décrit suffisamment de fois pour que je le prenne au sérieux. Une petite description physique ne serait pas de refus toutefois, ainsi qu’une explication sur la raison pour laquelle il est encore en action. Si vous pouvez envoyer des gens dangereux chez Ulrich j’imagine que vous n’auriez pas de scrupules à en envoyer chez Sokolov. "

Leo avait résisté à l’envie d’être arrogant. La question était sincère. Pipes avait-il une histoire compliqué avec Sokolov aussi ? ou Cet homme était-il assez puissant pour que Pipes ne puisse pas agir directement ?

Pipes l'observa, encore, longuement. Il n'avait pas bougé, encore beaucoup trop près du jeune ingénieur pour que ce soit confortable, ou même sain. Il continuait de dégager autant de chaleur, dans tous les cas, ce qui était un peu étouffant.

- Cherchez dans les dossiers du complexe. Ce devrait être simple, pour quelqu'un de votre intelligence, non? Pour ce qui est de ce que je peux faire... si je le touche, les renégats vont déclarer la guerre à Sicherheit. Nous ne pouvons pas nous permettre une guerre.

Le terroriste recula finalement un peu, le regard toujours planté sur Léo, par contre. Il semblait encore tendu, par contre, assez qu'on le voyait bien.

- Dans tous les cas, s'il met la main sur l'un des nouveaux venus de l'État, ils ne feront pas long feu. Rappelez-vous en. Donc. Votre tour de donner les réponses. J'en ai assez dit.

Leo hocha la tête. Pipes était donc au courant pour les Nomades… pas la peine d’essayer de le cacher. Il essuya les dernières gouttes de sueur qui subsistaient et s’éclaircit la gorge.

"Il a eu une crise assez violente. J’ai dut utiliser un défibrillateur lorsqu’elle est arrivée, au complexe. Vous connaissez sa… condition j’imagine. "

L’ingénieur narra du mieux qu’il le put la crise en tant que tel, essayant de rester sur les détails principaux. Il s’arrêta ensuite, la fatigue commençant lentement mais sûrement à s’installer.

"Il a perdu beaucoup de sang et est affaiblit en ce moment mais Amaz et Zama s’occupent de lui. Je retourne bientôt le voir, je m’assurerais de son rétablissement à ce moment."

Le jeune homme s’arrêta là. Maintenant que Pipes avait ce qu’il voulait il ne restait plus qu’à savoir si c’était réellement la seule raison pour laquelle il était apparu.

Pipes l'écouta attentivement. Il ne posait pas de questions, ne bougeait pas, ne s'exprimait d'aucune manière. Il serrait un peu plus les poings, mais sans plus. À la mention des deux machines, il eut un genre de soupir court, sec, dans un genre de mécontentement à moitié dissimulé.

- Il n'en a plus pour longtemps, à ce rythme.

La silhouette encapuchonnée se retourna et s'arrêta devant la porte, puis jeta un œil à Léo par-dessus son épaule. C'était du côté où il n'y avait plus de lumière jaune, mais on sentait tout de même son regard, étrangement.

- Dites-moi, Steinhart. Qu'êtes-vous prêt à sacrifier pour l'État?

La question avait été posée très sérieusement, dans le ton éternellement froid et neutre du terroriste. Il n'attendait que la réponse, visiblement, pour partir.

L’ingénieur prit quelques instants pour réfléchir et bien peser sa réponse. Il était encore sérieux et solidement campé même si son agressivité et son cynisme l’avaient quitté.

"Tout ce que je possède. Ma vie si nécessaire. "

Il était entièrement honnête et avait eu l’occasion de mettre ces principes en action nombres de fois déjà. Il était allé voir Pipes de son plein gré, sans savoir quels dangers il encourait, simplement pour avoir des réponses qui pourraient aider l’état. Il s’était interposé entre un puriste et Zolvar, avait couru le risque de se faire prendre pour aider les nomades… Leo vivait selon un principe d’abnégation quasi-total, surpassé uniquement par le don de soi et un code moral très strict. Il n’avait peut-être pas l’occasion de le démontrer de manière aussi spectaculaire que sa sœur au sein des gardiens, mais son choix de profession n’avait rien à voir avec la curiosité ou la gloire personnelle. Il voulait aider. Et quel meilleur moyen que de mettre son arme la plus redoutable au service de l’état ? Il croyait en l’ordre social qui régnait actuellement. Même imparfait, ce qu’il tentait d’accomplir était noble et connaissait un succès raisonnable compte tenu des circonstances.

Il ne restait plus qu’à savoir si l’ordre social proposé par Pipes entrerait en conflit avec sa vision des choses. Dans cette optique aussi il serait prêt à tout sacrifier pour lui nuire.

Pipes eut un petit rire, presque doux celui-là. Il acquiesça, ouvrit la porte et sortit, même si le transport était en mouvement. Le coup de vent froid, à cause de la porte ouverte, eut tôt fait de chasser la chaleur dans l'habitacle.

LE transport avançait toujours, en effet, assez que Léo se retrouva avec le son des roues dans la neige, celui du cheval qui avance, mais rien d'autre. Suite à cette altercation, c'était un peu troublant de tomber dans le silence total de la sorte. Silence qui dura presqu'une heure, encore, avant que l'ingénieure n'arrive finalement à destination.

- On est arrivés.

Le cocher attendit que Léo sorte avant de continuer. Parler en voyant son interlocuteur était toujours plus intéressant, de toute manière. À la petite maison, par contre, de la lumière se faisait voir. La lueur d'une bougie, dans l'entrée, et une autre, où devait se trouver la chambre d'amis.

Leo avait passé le reste du trajet dans un silence complet. À la sortie de Pipes le jeune homme s’était tout simplement adossé à la fenêtre et avait commencé à regarder la neige tomber. Il était perdu dans ses pensées, encore pompé par son entretien avec Pipes et envahis de nouvelles informations. C’était beaucoup de changements et de nouveaux éléments à assimiler en même temps.

Il avait besoins d’une tisane et d’une couverture… ou d’une baffe et d’une grande quantité d’alcool, il n’en était pas encore tout à fait sûr. Le transport ralentis progressivement et a partir de la fenêtre Leo put voir la maison qui allait l’abriter pour les prochains temps. Il commençait à être tard… ils étaient encore debout ?

Il sortit du transport, son sac à l’épaule, et vint vers le siège du conducteur pour lui serrer la main.

"Merci infiniment. Vous n’avez pas idée à quel point j’ai marché ces derniers temps… faites attention sur le chemin du retour. "

Il sortit son portefeuille et laissa quelques Gelds en remerciement avant de se diriger vers maison de Gabrielle et Lionel.

Le conducteur l'observa quelques instants, lui serra la main chaleureusement, puis le salua d'un mouvement de main.

- C'était un plaisir. Je vais faire attention, promis!

Le conducteur repartit, faisant avancer son transport sans se presser. La maison, elle, était éclairée par quelques chandelles, à l'intérieur. Peut-être n'étaient-ils pas tous debout, mais visiblement, au moins deux l'étaient. Le Nomade et le Défenseur? Le frère et la sœur? Gabrielle et le futur papa? Le seul moyen pour Léo de le savoir restait de cogner à la porte ou d'entrer, simplement... et le jeune ingénieur allait sans aucun doute choisir la deuxième option.

Quand il entra, il put noter l'absence presque totale de bruit. On entendait des murmures, provenant de la chambre d'invité, sinon, rien d'autre. Racaille, par contre, se lança à ses pieds et se mit à mordiller ses bottes joyeusement.

La main de l’ingénieur se tendit afin de répondre à la petite belette écailleuse d’une généreuse quantité de caresse. Il avait toujours aimé les animaux et les petits trésors comme Racaille ne faisaient que renforcer sa résolution végétarienne.

Il retira son manteau et ses bottes en silence, voulant éviter de troubler la maisonnée. Avant d’aller dormir toutefois… Le jeune homme tendit l’oreille et entendit les murmures provenant de la chambre d’invité. Si Saarth’alis était là, alors il avait une offre à leur transmettre.

Il s’avança jusqu’à la porte et frappa quelques coups pour s’annoncer.

"Saarth’alis ? Thyrinn ? Vous êtes réveillés ? "

Nul doute que Saarth’alis était occupé entre son groupe encore à l’extérieur et son/sa jeune protogé(e)… mieux valait ne pas le rater pour lui relater sa rencontre avec Ulrich.