(Terminé) Convalescence (Annabelle, Zolvar)

"Si c’était un problème je ne serais pas là en ce moment… tu ne crois pas ?"

Annabelle ne perdit pas contenance et ne ferma rien dans son regard. Elle avait vu juste, semblerait-il… Et lui faisait preuve d'ouverture. Elle avait vraiment un preux chevalier face à elle.

"Tu sais… j’ai perdu pas mal de temps avec des gens de mon âge. Je vais vite, intensément et je sais ce que je veux. Eux… "

Elle secoua la tête sans perdre son sourire.

"...Pas tellement, disons. J’ai dépassé le stade du jeu et des enfantillages. Je cherche quelque chose de plus vrai, de plus solide. "

Elle garda le silence, sans cesser de caresser la main du mutalhyte. Voilà un point écarté du chemin. Elle continua de regarder Zolvar, attendant de voir sa réaction.

Le Mutalythe resta pantois plus elle parlait. C'était réellement quelqu'un de plus vieux qu'elle recherchait... Vraiment? Elle semblait sincère. Ce n'était pas un jeu. Ce n'était pas non plus une taquinerie. L'impression de pétillement dans son ventre s'intensifia et il sembla un peu confus.

Quelque chose de solide... Il baissa les yeux pour se regarder, puis fit une moue d'insatisfaction. Ça, solide? Laisse toi le temps, Zolvar... tu es capable d'encaisser beaucoup, tu l'as montré. Et puis, elle ne parle pas nécessairement de ton corps, nigaud...

- ...là, maintenant, je n'ai pas l'air très solide... n'est-ce pas?

Chaque caresse sur sa main était comme une bouffée de réconfort, de douce affection... et maintenant, de promesse. Suffisait de rester un gentleman, non? Elle était intéressée... pourquoi ne pas prendre sa chance? Il recherchait une compagne depuis des lustres...

Lentement, un doux sourire étira ses lèvres. Un sourire simplement... heureux, plein d'espoir. Était-elle là, sa chance?

Annabelle eut un rire doux. Elle tendit son autre main et serra a deux mains celle du mercenaire elle se pencha un peu plus vers l'avant, comme si elle voulait accentuer encore un peu l'intensité de son regard.

"Au contraire. Maintenant plus que jamais."

Elle détourna le regard un bref moment, le temps de replacer une mèche de cheveux rebelle.

"C'est dans ce genre de moments qu'on voit vraiment de quoi quelqu'un est fait. Et je peux dire que tu continue de marquer des points."

C'était vrai... Le mercenaire avait traversé des épreuves qui auraient réduit n'importe qui au stade de loque humaine. C'était extrêmement impressionant de voir a quel point, compte tenu des circonstances, il était en mesure de rester lui-même. Intègre, fier, déterminé, empathique, galant même... Il était blessé certe, a plusieurs niveaux... mais rien qu'il ne réussirait pas a guérir avec le temps.

La gardienne se leva lentement et s'approcha doucement de Zolvar. Elle laissa une de ses mains glisser le long de son bras pour remonter jusqu'à son épaule. Là, elle resta un moment a le regarder avant de faire glisser a nouveau sa main jusqu'à ce qu'elle se trouve derrière son cou. , a la base de sa tête. "A toi maintenant"... pensait-elle.

Le Mutalythe baissa le regard l'espace de quelques instants, alors qu'elle caressait sa main avec les deux siennes. Il ramena rapidement son regard sur elle cependant, et ne sut simplement pas quoi dire. Il n'avait jamais réellement eu le plaisir de recevoir ce genre d'attention et ne savait pas vraiment comment réagir. Marquer des points... il n'avait pas l'impression de faire quelque chose de spécial.

La Gardienne se mit à bouger et il se figea totalement. Sa peau se couvrit de chaire de poule et le vert suivi inlâssablement la main d'Annabelle. Elle l'approchait et le flattait lentement, mettait une main sur sa nuque... et là, maintenant, il se demanda franchement quoi faire. Il était un total débutant dans le jeu de l'amour, malgré son âge... Sa facette bleu sembla exaspérée contre lui et fut le seul à entendre un "embrasse là, idiot". L'embrasser? C'est ce qu'elle voulait? Ah... et puis zut.

Il s'approcha à son tour de la douce Annabelle, et ses lèvres vinrent chercher les siennes. Avec douceur, sans brusquerie, comme quelqu'un qui demande encore la permission. Son bras, il le passa autour de l'humaine, sans vraiment penser à ses blessures. Ce n'était pas ça qui comptait pour lui, là maintenant. C'était plutôt de calmer le feu qui lui brûlait dans le coeur.

Annabelle se laissa faire doucement, acceuillant le baiser avec douceur. Elle n'avait pas reculé et semblait même continuer de sourire alors que leurs lèvres se touchaient. Elle senti le bras du mercenaire l'entourer et elle se laissa guider, rapprochant son corps du sien tout en faisant très attention a ses blessures. Elle interrompit le baiser après un bon moment, simplement pour le regarder avec un petit sourire.

"C'est pas trop tôt... "

Elle ne lui laissa pas le temps de répondre qu'elle revint à la charge. Plus passionément, glissant sa deuxième main près de sa nuque pour l'attirer encore plus près d'elle. Tout dans son language corporel exprimait la passion et le désir. Elle l'avait avertis : elle savait ce qu'elle voulait.

Elle resta un long moment pendue aux lèvres du mutalhyte mais finit par rompre doucement le contact. Elle resta là un moment, des étoiles dans les yeux a regarder les yeux dorés qui l'observait. Elle laissa doucement tomber sa tête pour aller appuyer son front contre le sien. Elle ne voulait pas parler en ce moment... simplement profiter de sa présence et de ce sentiment qui, enfin, pouvait se développer plus librement. Elle voulait l'apprivoiser, morceau par morceau. Elle leva une de ses mains pour caresser ses cheveux, sans bouger de là où elle se trouvait.

"Wow..."

Elle l'avait presque ronroné. Elle avait vraiment l'air bien en ce moment.

Le mercenaire resta dans cette douce proximité, aussi longtemps qu'Annabelle la fit durer. Il papillota ensuite des yeux quand ils se séparèrent la première fois, puis haussa un sourcil, l'air confus. Ce n'est pas trop tôt? Qu'est-ce que ça voulait dire?

Il n'eut pas le temps de réagir qu'elle revenait à la charge. Toutes les questions quittèrent son esprit alors que, là, maintenant, il vivait un petit moment tout spécial. Ce baiser-là se fit plus passionné, mais il suivit l'impulsion du moment sans se défiler. Et puis... il attendait de se trouver un douce depuis si longtemps, non?

Encore, elle recoula, et cette fois, il se contenta de se perdre dans son regard. Son expression était douce, émerveillée, mais avec une profondeur peu commune. Tout ça l'avait visiblement profondément touché, chamboulé même. Elle avait son front contre le sien, et lui, il ne trouvait rien d'autre à faire que de sourire. La main dans ses cheveux le fit davantage sourire, même si une partie de son esprit se rappelait qu'ils étaient éternellement en bataille.

- ...que dois-je comprendre du "Ce n'est pas trop tôt"...?

Le Mutalythe avait presque chuchoté les paroles, non sans une pointe d'humour. Il tira un peu plus la Gardienne vers lui et l'invita à se déposer sur ses jambes, doucement.

La gardienne suivit le mouvement initié par le mercenaire de manière très organique, mais fit très attention de ne pas déposer l’ensemble de son poids sur les jambes de Zolvar : La gardienne n’avait peut-être pas une once de gras en trop mais elle était musculeuse, après tout. Utilisant l’une de ses jambes pour se supporter un peu, elle passa également ses bras autour de son cou, autant pour conserver le contact que distribuer la « charge » qu’elle représentait.

Elle continua de le regarder un moment et secoua doucement la tête en échappant un petit rire cristallin.

"Je pensais que la gêne aurait raison de l’intérêt que je sentais. "

Elle baissa le regard et haussa les épaules, sans cesser de sourire.

"Je suis contente de voir que j’avais tords. "

Elle approcha doucement sa tête pour venir la lover dans le cou du mercenaire. Elle était entièrement collée contre lui, savourant l’intimité dont elle avait rêvé depuis si longtemps. Dans cet état Zolvar dégageait quelque chose de vulnérable, oui, mais aussi quelque chose de solide, de rassurant… Le genre de mélange qui crée une sorte de dialogue entre les corps et les esprits. Elle resta encore un moment sans rien dire, laissant cette communication silencieuse suivre son cours avant de rajuster sa position. Elle déposa un petit baiser dans le cou de Zolvar et laissa une de ses mains descendre pour serrer la sienne.

"Il va vraiment falloir qu’on demande à Hauras de partir un peu plus souvent maintenant… "

Elle avait un grand sourire aux lèvres.

La proximité lui fit un bien fou. L'espace de quelques instants, il oublia presque ses problèmes et profita totalement du moment. La première remarque de la Gardienne le fit glousser, doucement. Oui, en temps normal, la gêne l'aurait probablement empêché de bouger, de faire les premiers pas. Mais après tout ce qu'ils avaient vécu, et le côté rafraîchissant de la jeune femme... au diable la gêne.

La douce Gardienne lova alors sa tête dans son cou et le temp sembla s'arrêter quelques secondes. Là, maintenant, son coeur se sentait prêt à pardonner tous les humains du monde, juste pour rendre celle-là heureuse.C'était un sentiment intense, de ceux qu'il n'avait pas réellement l'habitude de vivre en tant que Mutalythe.

- ...pourquoi? Ce serait mal qu'il le sache...?

Il caressa la main qui serrait la sienne, la peau frémissante sous le petit baiser. Sa question avait été toute innocente, tellement que ça en était presque mignon.

Là-dessus la gardienne pouffa.

"Le docteur a un sens de l’observation à toute épreuve Zolvar… Il se doute de quelque chose depuis un moment déjà. "

« … et il nous a expressément demandé de ne pas faire trop de bruit. » faillit franchir ses lèvres mais elle se les mordit juste à temps. Encore une fois, mieux valait ne pas gâcher le moment en donnant une bonne excuse a la gêne du mercenaire pour revenir à la charge. Elle se contenta de se serrer encore un peu plus contre le mutalhyte.

"Il n’y a pas de problème avec Hauras, tant que ça ne… trouble pas ton repos."

Elle ne put empêcher un petit sourire d’éclairer son visage. Son imagination était enflammée et elle avait maintenant manifestement beaucoup, beaucoup trop de munitions pour embarrasser le mercenaire. Par le ciel qu’elle espérait qu’il conserverait l’embryon de sens de l’humour auquel elle avait eu droit lors de leur première rencontre, sinon la suite s’annonçait délicate. Elle soupira de bien être, évacuant en même temps toutes les allusions qu’elle aurait pu faire sur les manières qu’elle avait à sa disposition pour… « troubler » son repos. Un petit nuage passa devant son regard.

"Il serait mieux, toutefois, de garder ça discret. Pour Almoran… Disons qu’il n’y a aucun protocole précis pour… ce genre de situation, mais s’il me juge trop émotionnellement impliqué dans la mission il peut demander à ce que je sois relevée par un autre gardien. "

Elle soupira et suivit le tout d’un autre petit baiser dans le cou du mutalhyte. Elle regarda un instant le cou offert.

"Ça veut dire qu’il va falloir que j’évite de laisser des marques…"

Celle-là elle n’avait pas pu la retenir. Elle rougit instantanément de manière assez intense et enfouis son visage un peu plus dans le cou de Zayne. Elle aurait aimé disparaitre en ce moment… pourvut qu’elle n’aie rien gâchée.

Le docteur se doutait de quelque chose. C'était logique... mais pourquoi lui demander de partir, alors, s'il était au courant qu'Annabelle avait des sentiments pour lui, bien avant que le concerné le sache lui-même? Il retourna la question dans son esprit, se demanda quelques instants si elle avait du sens... puis se figea un peu.

Troubler son repos? Est-ce que c'était...? Elle eut un petit rire, et lui, il se contenta de cligner des yeux. Pris de court comme ça, c'était le mauvais côté d'avoir plusieurs facettes: elles prenaient plus de temps à délibérer quand il y avait une instabilité, déjà en partant... Maintenant, c'était un peu le bordel.

LE Mutalythe acquiesça tout de même ensuite. Il ne voulait pas que la Gardienne se fasse chasser, pour la seule raison qu'elle l'aimait bien. Sa présence le rassurait, sans contredit... Il eut un petit frisson au petit baiser... puis se figea totalement au commentaire.

Les Mutalythes avaient le sang rouge, comme les humains. Sa peau verte, dans le moment présent, montra très clairement qu'il devenait rouge tomate: la peau s'assombrissait sous la gêne et prénait presqu'une teinte brunâtre. Avant qu'il ne puisse offrir un regard interloqué à Annabelle, celle-ci prit refuge dans son cou, et il se retrouva seul devant cette... révélation très claire des intentions plus ou moins futures de la Gardienne.

- Des marques, tu peux en laisser... on en a déjà tellement qu'elles ne paraîtront pas.

Brusquement, il plaqua sa main valide sur sa bouche, un peu choqué par ses propres paroles. Qu'est-ce que... pourquoi?! Il ne se savait pas comme ça. Du moins, il ne savait pas sa facette bleue comme ça! Il avait les yeux ronds, totalement surpris, comme une Belette Écaillée qui figeait devant un prédateurs. Comment allait-il expliquer ça...? bordel... il pouvait oublier son attitude de gentleman!

Le mercenaire put clairement sentir la jeune femme arrêter de respirer un bref instant. Il sentit une certaine tension, mais sans avoir accès à son visage il était extrêmement difficile de deviner à quoi ça pouvait être dut. Elle dégagea son visage du cou du mutalhyte le regarda avec de grands yeux… Puis elle eut quelques petits tremblements… et quelques instants après elle éclatait de rire.

C’était de bon cœur, un mélange de soulagement et de plaisir pur. Ça l’avait totalement pris de court… et tout le malaise qu’elle avait ressenti quelques instants auparavant s’était totalement envolé. Elle avança une de ses mains et caressa doucement le visage de Zolvar sans s’arrêter de rire.

"Oh… mon cher Zolvar… haha…. Humm… Je… je crois que… hehe… notre bon docteur n’aurait aucun problème à… hihi… discerner l’apparition de ce… de ce genre de marque. "

Elle continua de rire sans le quitter des yeux et s’avança pour l’embrasser a nouveau, ses bras autours de son cou. Elle ne cessait pas totalement de rire, donnant un aspect un peu plus taquin à ce moment d’affection. Elle se calma au bout d’un moment et regarda Zolvar, les yeux brillants et le visage rouge.

"Je crois bien que toutes tes facettes me plaisent, chacune à leur manière."

Annabelle lui envoya un clin d’œil et s’avança doucement pour lui murmurer a l’oreille.

"Mais je crois quand même qu’il vaut mieux attendre que tu sois rétablis… je ne suis pas tout le temps douce…"

Elle avança sa bouche juste assez pour lui mordre un peu l’oreille et continua son avancée pour frotter sa joue contre lui. Annabelle resta un moment ainsi, affectueuse.

"Zolvar… avant de me choquer il va falloir faire mieux que ça…"

Elle remonta une de ses mains pour recommencer à lui jouer dans les cheveux.

"Dans un sens l’inverse est beaucoup plus… probable. Alors n’hésite pas à me dire si je… heurte quelque chose… d’accord ? Ou si je vais trop vite… ou si je… "

Elle hausse les épaules.

"Je veux juste être sûre de ne rien brusquer."

Le mercenaire resta confus, interloqué et un peu choqué contre lui-même, tout le long du monologue que furent les paroles d'Annabelle. Il lui rendit tout de même l'affection et se calma, progressivement, quand il se rendit compte qu'il ne l'avait pas troublé. Il était à la fois rassuré et inquiet par le fait qu'elle appréciait toutes ses facettes. Une étrange impression lui disait qu'ils s'amuseraient aux dépends du lui de base, tous ensembles...

-...je... d-désolé... je crois que... qu'il y en a un qui... qui est heureux que je me... dégourdisse un peu... je... je vais dire s'il y a quoique ce soit... Misère... Je...

Il se tut brusquement: ne venait-il pas d'entendre des bruits dans le coin de la porte d'entrée?

La gardienne tourna son regard vers la porte et laissa sortir un soupir de découragement. Elle se leva rapidement de sa position actuelle, non sans voler un dernier baiser des lèvres du mercenaire au passage. Elle lui attrapa doucement le menton.

"Nous sommes deux a être très heureux dans ce cas."

Elle le lâcha doucement et prit une position presque naturelle. En regardant uniquement la gardienne il serait difficile de dire que quoi que ce soit s’était passé… restait a espérer que Zolvar serait aussi… composé.

Quelques petits coups désordonnés se firent entendre, effectivement. C'était dans le style du docteur, qui affirmait ne pas pouvoir se rappeler su code instauré. Il jugeait la chose utile, sous certaines mesures... mais réellement, ce genre de technique semblait le rebuter.

La porte s'ouvrit donc et ils purent entendre le docteur soupirer en entrant. Ils l'entendirent également retirer ses bottes, un peu pêle-mêle, déposer quelques trucs, puis accrocher son manteau.

- Me revoilà, les enfants... j'espère que vous avez été sages...

L'Altéré se rendit directement à la cuisine, rangea quelques petits trucs, à gauche et à droit, puis alla déposer un sac sur la table. Il était revenu avec beaucoup de choses, tout de même, et semblait un peu las de tout ça.

- Vous m'excuserez du temps que ça a pris... Un peu plus, et la demoiselle ne voulait pas me sortir des plumes... sans mentionner l'oisillon. Rhalala... Totalement inadmissible en plein service...

HAuras vint finalement s'Arrêter devant la porte, puis les examina, longuement. Il passa d'Annabelle à Zolvar, refit le manège quelques fois... puis croisa les bras.

- Bon, vous vous êtes finalement parlés?

La gardienne décolla de sur ses jambes, lui vola un dernier baiser, le troubla davantage avec ses paroles et reprit une pose totalement naturelle, alors qu'il clignait encore des yeux, comme un poisson hors de l'eau. La gestion de ses émotions était assez lente, depuis l'accident, qu'il semblait encore totalement troublé, la peau verte, quand Hauras s'installa dans l'entrée de la chambre.

À la question, il ouvrit la bouche, resta silencieux, la referma, l'ouvrit de nouveau... puis décida de simplement l'éviter du regard, beaucoup trop gêné, tout d'un coup. Pour le savoir... le docteur le savait, oui! Misère... il ne savait pas réellemen quoi faire dans le moment, et sa gêne en était presque mignonne.

Annabelle regarda Hauras avec un petit sourire, s’appuya sur une hanche et croisa les bras. Elle tourna le regard vers Zolvar un bref instant pour se rendre compte qu’il changeait de couleur comme un caméléon indécis et elle secoua doucement la tête, sans cesser de sourire. Tant pis pour la subtilité.

"On peut dire ça oui. "

Elle releva le regard vers Hauras, laissant clairement sous-entendre que ce seraient là l’ensemble des détails auxquels il aurait droit.

L'Altéré faucon les observa encore quelques secondes... puis un sourire taquin étira son visage, naturellement sérieux. Il haussa les épaules, ne sembla pas vouloir creuser la question, puis porta son attentio sur la cuisine.

- Tant mieux alors. Ah, je me suis fait cassé un bras pour emmener un chaudron de ragoût brûlant... qui doit être encore potablement chaud, maintenant. Je vous en prie, servez-vous.

Sans s'attarder davantage, Hauras retourna s'asseoir à table et se saisit de son calepin habituel.Une excellente odeur de ragoût s'étendait d'ailleurs dans l'appartement.

Le Mutalythe resta totalement confus. Il clignait des yeux, incertain de si la réaction du docteur l'étonnait ou non. Celle d'Annabelle l'étonnait un peu, oui... Dans quoi allait-il s'embarquer? Dans quelque chose d'intense, sans contredit. Avait-il besoin de ça? Juste ce petit moment d'affection lui avait ramener l'impression d'être vivant... Oui, il était prêt. Il en voulait même plus. Mais... il saurait prendre ce dont il avait besoin avec partimonie.

La mention du ragoût fit gargouiller son estomac et il eut un sourire doux. Manger un ragoût... il adorait les repas de ce genre, soupes comprises. Il se leva doucement, offrit un petit sourire à Annabelle, puis prit son temps pour aller à la cuisine.

- Votre bras a l'air bien, pourtant, docteur...

Annabelle se frotta les mains avec un grand sourire.

"Merci Docteur ! Ou... faudrait-il remercier celle qui vous a tordu un bras ? "Madame Hauras" ?"

Elle envoya un clin d'oeil en direction du docteur pour clairement lui signifier qu'elle n'avait pas laissé se perdre une seule des paroles qu'il avait prononcé. La possibilté d'en apprendre un peu plus sur la vie du médecin était alléchante... mais encore une fois elle se força a ne pas faire un Jayx d'elle-même et ne fit que lancer la piste en attendant de voir si le bon docteur allait accepter d'augmenter la quantité d'information qu'il livrait.

La gardienne se leva et Alla se servir un bol de ragout (comme l'avait dit Hauras encore raisonnablement chaud) et en offrit un au mercenaire, lui effleurant la main alors qu'elle lui passait le bol. Elle avait l'air plus... en paix ? C'était facile de voir le feu qui bouillait en elle a n'importe quel moment, qui la poussait a ne pas rester en place. Une énergie perpetuelle qui se dégageait d'elle alors même qu'elle était assise immobile a réfléchir. Mais en ce moment, même si elle n'avait rien perdu de son intensité, ce feu semblait plus... posé. Plus contrôlé. Elle revint près de la table pour manger mais resta debout, tenant son bol dans une main.

Assis à la table de la cuisine, le docteur les observa sortir de la chambre, un à un. Il eut un sourire semi-amusé devant les remarques et questions, puis cessa de lire dans son calepin.

- Je suppose que, si je n'avais pas voulu avoir de questions, j'aurais dû me taire... Oui, c'est ma femme, mais elle n'a pas pris mon nom de famille. Qui n'est pas Hauras, d'ailleurs. C'est de sa part. Vous ferez attention: c'est très bon.

Hauras eut un petit rire, puis les observa profiter du repas. Probablement qu'il avait déjà eu sa part, dans son cas, il leur laissait donc le reste.

Son chemin le mena irrémédiablement vers la table, où il s'installa sagement. Il offrit un sourire doux, affectueux, à Annabelle alors qu'elle lui servait gentiment un bol, nota qu'elle l'effleurait, puis fixa son attention sur le docteur. Une madame Hauras, qui n'avait pas pris son nom de famille... Ils avaient le prénom du médecin, qui plus est, pas son nom de famille.

Le questionnement se changea rapidement en silence dans son esprit: il était beaucoup trop occupé à profiter du ragoût. C'était délicieux. Surtout qu'il avait envie de ce genre de repas depuis... depuis qu'il s'était fait mettre la main dessus, dans les faits.

- Vous la remercierez de ma part, docteur... C'est excellent.. et ça me fait un bien fou.

Il avait un sourire béat, réellement bien. Il se sentait... léger, pour la première fois depuis des lustres. Un bon repas, qui nourrissait bien les papillons qu'il avait dans le ventre... C'était parfait.

Annabelle entâma son bol de ragout avec appétit elle aussi, appréciant visiblement chacune des bouchée qu'elle prenait. Elle écouta attentivement le docteur, sans perdre son sourire.

"C'est vraiment très bon, en effet! Et... dites-moi... vous avez dit "l'oisillon" ? Vous êtes papa ?"

Manifestement l'imagination de la jeune femme avait été suffisament titillée pour qu'elle commence a écrire un roman dans son esprit. Elle adorait Hauras et l'idée d'en savoir un peu plus sur lui était un beau cadeau.

Le docteur afficha un franc sourire, qui fit presque disparaître la fatigue de son visage, l'espace de quelques instants. Il gloussa tout bas, pour lui même, et sembla très heureux d'Entendre que le repas faisait du bien à son patient. N'était-ce pas pour le voir aller de mieux en mieux qu'il était ici?

- Je lui passerai le mot la prochaine fois que je vais à la maison.

Son regard d'oiseau de chasse se tourna ensuite vers la jeune femme, et il fit un "plus ou moins" avec sa main. La chose ne sembla pas le rendre triste pour le moins du monde, par contre.

- Les Altérés étant totalement infertiles, non. Beau-papa. Qui traite le petit oisillon comme si c'était le sien. Ce n'est pas la même chose… mais dans nos cœurs, c'est pareil.

Un autre sourire, radieux celui-là, fit totalement partir sa froideur habituelle. Peu importe qui était cet enfant, il était réellement aimé de tout cœur par le médecin.

Le mercenaire profita de son repas en silence. Lui aussi aimait en apprendre un peu plus sur l'un de ses deux sauveurs et Annabelle menai déjà bien la discussion. Même... il se perdait, là, dans leurs expressions. Il se délectait silencieusement de la joie, la curiosité pure et l'affection qu'il captait chez eux deux.

C'était une thérapie comme une autre. Celle de se laisser envahir par les émotions environnantes. Celle de s'oublier dans le regard des autres. Et... après ce petit échange privé avvec Annabelle... il comptait bien se plonger dans le regard de la Gardienne autant que possible. Sa peau était devenue un peu plus verte au fil de ses réflexions.

La gardienne ne put empêcher un "Hooooooooon" attendri de s'échapper de ses lèvres. Elle secoua doucement la tête, sans cesser de sourire.

"C'est extrêmement mignon ça. Je suis sûre qu'il ne manque pas d'affection."

Elle envoya un clin d’œil au vieux faucon. Aussi sévère soit-il il était évident a présent qu'elle avait face a lui un papa gâteau. Mieux valait laisser a Hauras le peu d’orgueil qui lui restait, toutefois. Si le mot s'ébruitait il perdrait sa réputation d'homme sévère et intransigeant. Réputation si importante pour gérer les gardiens blessés. Elle jeta un regard vers Zolvar et réalisant qu'il était dans sa bulle il se contenta de sourire et de le laisser a ses réflexions. Ils auraient tout le temps nécessaire pour attraper un peu plus de temps ensemble. Ils allaient être coincé dans cet appartement encore quelques temps, après tout.

Annabelle avait mangé le ragoût rapidement et avec beaucoup d'appétit. Dur de dire si c'étaient les sentiments qui lui creusaient l'appétit a ce point, elle qui avait déjà une bonne fourchette, mais il ne fallut pas grand temps avant que le bol soit vidé et déposé dans l'évier, près de la vaisselle restante du déjeuner. Elle rigola un peu et prit un ton de voix très officiel.

"Docteur ? Si je peux vous demander un petit instant, j'aurais quelques courses a faire."

Elle avait un sourire mystérieux, un peu coquin. Il était difficile de savoir ce qu'elle avait en tête...