(Terminé) Convalescence (Annabelle, Zolvar)

Assis tranquillement à sa place, le docteur la regarda s'installer tranquillement et défaire l'arme. Il semblait avoir une certaine fascination sur la manière presque chirurgicale que certaines personnes avaient d'entretenir leurs armes. Qu'il le veuille ou non, il avait souvent été témoin de ce rituel bien particulier, que partageaient presque tous les défenseurs, et il le connaissait presque par cœur lui aussi.

- Nous lui trouverons quelques tâches alors. De l'aide à la préparation des repas. De l'inventaire. Je suis certain qu'il se ferait également un plaisir de monter la garde également, oui… Mais commençons par quelque chose qui ne lui coupera pas trop son repos, s'il en a de besoin. Je doute qu'il soit d'accord pour arrêter un tour de garde, simplement pour nous dire qu'il est fatigué et qu'il doit se reposer. Il est plus du genre à ne rien dire et de se pousser à bout…

Le docteur eut un petit soupir amusé. Comme il en avait vu, des fiers à bras du genre, qui se poussaient toujours à bout, plutôt que d'admettre que leurs limites étaient atteintes. Beaucoup trop pour son propre bien, et beaucoup encore qui se retrouvaient dans son bureau parce qu'ils se malmenaient.

- Une princesse… si je puis me permettre, c'est la princesse la plus bâtie que j'ai vu depuis un bail. Mais je comprend. Il y a bien des choses que nous pourrons lui faire faire, pour qu'il ne se sente pas inutile. Ne vous en faites-

Hauras s'arrêta brusquement dans sa phrase et bondit sur ses pieds. Il se dirigea immédiatement vers la fenêtre, et pour une bonne raison: il y avait eu un bruit étrange… n'étaient-ils pas surveillés?

La gardienne stoppa net son mouvement quand le bruit se fit entendre. Il fallut environ dix secondes pour que l’arme soit remonté et chargée. Elle se redressa de manière plus délibérée, faisant attention pour ne pas faire trop de bruit.

Les sens du docteur étaient considérablement plus aiguisés que les siens aussi ne vint-elle pas le rejoindre à la fenêtre. Elle se dirigea plutôt vers la porte de la chambre de Zolvar et entrebâilla la porte. Il y avait une fenêtre dans la chambre aussi, après tout… S’il y avait quoi que ce soit elle serait à même de prévenir le mercenaire, comme ça.

"Docteur ? "

Ainsi placée elle était en mesure de surveiller la porte d’entrée et la fenêtre de la chambre. Elle était prête à réagir si le besoin était présent.

Hauras se mit à couvert près de la fenêtre et écouta attentivement. Il jeta un œil à la Gardienne, puis le fit signe qu'une personne se trouvait là. D'un mouvement de poignet, il fit glisser un scalpel à sa main, visiblement dissimulé dans sa manche, et resta aux aguets.

Le son venait de la fenêtre qu'ils venaient de sécuriser. On entendait un genre de reniflement, entre subtil et étrange. On ne voyait pas grand chose pour l'instant, par contre. Le médecin observa, rapidement, puis soupira.

Brusquement, il donna un solide coup dans la fenêtre. Un son de glissement se fit alors entendre, et celui de quelque chose qui tombe plus bas suivit… rapidement accompagné de bruits de lutte.

- Allez voir. Je reste ici. Vite.

Hauras alla rapidement à la chambre, sans demander son reste, scalpel à la main. Il semblait décidé, le cher docteur.

"Compris. Fermez derrière moi."

Sans hésitation Annabelle courut vers la porte, retira la barre et sorti de l’appartement. Ils étaient au premier étage… peu importe ce qui s’était trouvé dans la fenêtre un moment plus tôt devait être considérablement sonné par la chute, mais mieux valait ne pas tarder.

La gardienne dévala les marches et sortis à l’extérieur tellement vite qu’elle ne sentis pas immédiatement la morsure du froid. Elle n’avait pas prit le temps de s’habiller et même si le temps était plus doux il restait beaucoup trop froid pour être confortable sans manteau. Elle tourna le coin du bâtiment, pistolet pointé devant elle. Elle ne savait absolument pas à quoi s’attendre… mais elle était prête.

La Gardienne s'en fut et la porte se verrouilla derrière elle. Annabelle dévala l'escalier, pour arriver devant un bien étrange spectacle.

Quelques personnes observaient, des civiles visiblement, qui devaient se demander ce qu'ils voyaient. Almoran était également sur les lieux, lui-aussi, pistolet lourd pointé sur la chose qui était tombée de la fenêtre. Un genre de cercle c'était fait autour des lieux. Pour ce qui était de ne pas attirer l'attention, c'était raté. Au moins avaient-ils un visuel sur la personne qui avait, semblerait, laissé les traces.

Une personne, en armure complète étrangement faites, était sur le dos et observait le Lockdown sans bouger. Elle s'était un peu redressée, mais sans plus. Debout, elle devait faire dans les sept pieds de grand. Les pieds ne montraient aucune semelle et les mains étaient composées de quatre doigts, dont deux pouces. De gros volutes de buée montaient de son casque alors qu'elle expirait rapidement, comme nerveuse. Almoran s'approchait lentement, prêt à tirer s'il le devait.

- Mettez vos mains bien en vue. Ne bougez pas. Plus vous coopérerez, mieux ça se passera.

Le Lockdown continua de s'approcher, lentement mais sûrement. Plus il avançait, et plus l'étrange personne semblait se raidir. La tension montait, même dans les citoyens autour.

La jeune femme bougea rapidement et avec efficacité. Elle fit rapidement le tour de la scène afin d’aller se placer de l’autre côté de l’intru et de lui couper toute possibilité de fuite. Elle ne détourna le regard de lui que pour regarder les passant.

"Reculez ! restez à l’écart. "

Mieux valait éviter que ça ne dégénère. Elle leva son arme et la braqua vers l’inconnu en armure, examinant au mieux sa protection afin de discerner une faiblesse potentielle. Elle fit un signe de tête à Almoran pour lui signifier qu’elle le couvrait. Même si elle s’approchait elle n’avait ni menottes ni cordes sur elle et ne pourrait pas faire grand-chose. Qu’est-ce que c’était… un altéré ?

Almoran fit un léger signe de tête et continua son avancée. Les passants, eux, reculèrent rapidement. Le temps sembla se figer un peu, alors que le Lockdown avançait encore et toujours, très lentement. L'étranger se raidissait un peu plus… puis tout sembla se passer beaucoup trop rapidement.

La personne en armure bondit sur ses pieds, après avoir effectué une roulade arrière. Almoran dégaina rapidement sa lame, jugeant qu'il y avait trop de risque de toucher un civile s'il tirait. La lame toucha l'arrière de la jambe du suspect, non pour le blesser gravement, mais le ralentir. La personne en armure trébucha, se rattrapa rapidement, puis se mit à courir. Dans tout ça, Annabelle eut l'opportunité de tirer deux fois, une pendant la roulade, et une autre pendant que le suspect trébuchait.

- Je le prend en chasse!

Le Lockdown n'attendit pas son reste et se mit en poursuite. Malgré son armure assez imposante, il se déplaçait assez rapidement. Le suspect était lui-aussi ralentit, laissant une belle petite piste bleutée sur le sol, mais restait rapide.

Annabelle était prête et au moment où l’inconnu se mit en mouvement elle appuya sur la détente. Deux fois. Une première balle qui se figea dans le sol là où il se trouvait un instant auparavant… et une deuxième qui pénétra la jambe au moment où il commençait à fuir. Ajouté à la coupure du Lockdown le suspect risquait d’avoir du mal à s’échapper.

Annabelle réfléchis rapidement, elle connaissait le quartier un minimum et était beaucoup moins chargé qu’Almoran. L’appartement était barricadé et le docteur veillait au grain. Sa décision fut prise presqu’instantanément : elle sprinta vigoureusement pour suivre l’inconnu. Beaucoup de questions tentaient de se frayer un chemin a travers son esprit mais elle les repoussa toutes dans un coins : elles devraient attendre. Pour le moment son esprit n’était centrée que sur deux choses : sa respiration et la distance la séparant de sa cible.

La course commença et les trois participants se mirent en mouvement. Annabelle, beaucoup plus rapide, dépassa Almoran en moins de deux. L'étranger restait devant, par contre, et courait à pleine haleine, non sans trébucher beaucoup plus souvent qu'il l'aurait voulu.

Ils parcoururent quatre coins de rue. Annabelle se rapprocha considérablement, assez qu'elle frôla presque l'armure du fuyard. Par contre, dès qu'elle fut aussi près, des dessins dorés semblèrent se mettre à briller sous l'armure, restant étrangement visible malgré le métal, et la personne fit un impressionnant bond… pour se retrouver sur le toit à leur droit. La réception sur le toit fut, par contre, très houleuse, et ils purent entendre les bruits de quelqu'un qui glisse, tombe et se retrouve dans la ruelle, de l'autre côté de la bâtisse.

Les pas de courses d'Almoran était audibles derrière Annabelle, mais elle seule avait assisté au triste spectacle de leur fuyard qui finissait dans les ordures de la ruelle d'à côté.

Annabelle s’apprêtait à sauter vers l’avant pour saisir l’inconnu à bras-le-corps quand il défia soudainement la gravité pour atterrir sur le toit d’à côté. La jeune femme faillit se retrouver face contre terre mais réussit à se reprendre juste a temps. Qu’est-ce qui venait de se passer ?! Elle vit la silhouette disparaitre et tendit l’oreille juste a temps pour entendre le bruit de chute. Elle eut un sourire féroce et repris sa course de plus belle pour se rendre de l’autre côté du bâtiment.

Le pistolet pointé devant elle, la gardienne fit irruption dans la ruelle et franchit rapidement la distance la séparant de l’inconnu blessé. Elle aurait donné cher pour avoir une paire de menottes mais elle dut se résoudre à rengainer son pistolet et détacher sa ceinture. Il ne s’échapperait pas cette fois. La gardienne se jeta sur l’inconnu, plaqua son genou sur son dos pour le clouer au sol et empoigna solidement ses poignets pour l’entraver. Il ne restait plus qu’a espérer qu’Almoran n’était pas loin derrière…

L'étranger était glorieusement tombé dans les quelques ordures qui occupaient la ruelle, face première. Il semblait se remettre lentement de la chute quand la Gardienne arriva. Le fuyard eut donc à peine le temps de bouger que la Gardienne se mit à l'action et le plaqua au sol. Un certain bruit plaintif se fit entendre, rapidement suivit d'une toux, et l'étranger se mit à se débattre. Il était assez fort, mais en position désavantageuse dans le moment. Il était incapable de déloger Annabelle mais lui offrait tout un rodéo.

Les pas d'Almoran se firent alors entendre, et il tourna le coin. Il prit quelques secondes pour prendre conscience de la situation, se dépêcha d'Approcher, puis attacha solidement le suspect avec de vraies menottes, de son côté. Ce ne fut pas long qu'il aida sa consœur à immobiliser l'étrange personnage, solidement.

- Bon travail, patrouilleuse… Maintenant, où ramenons-nous ce… suspect…?

Voir les yeux du Lockdown ne fut pas nécessaire pour deviner sa surprise. Il ne comprenait pas réellement sur quoi ils avaient mis la main, dans les faits. L'étranger, lui, continuait de s'agiter, mollement, et de tousser un peu.

Annabelle resta sans répondre un moment, essoufflée, incertaine.

"Je… je ne crois pas que ce soit une bonne idée de le ramener à l’appartement."

Elle prit une bonne inspiration et regarda Almoran. Les questions qu’elle avait repoussé dans son esprit lors de la poursuite revenaient maintenant en premier plan.

"Je serais très étonné qu’il soit de l’Hécatombe… mais ce n’est pas un hasard s’il est là. Il faudrait pouvoir l’interroger. D’abord et avant tout. "

A partir de là, la décision reviendrait au lockdown. Le protocole voudrait qu’ils amènent le détenu a L’avant-poste défenseur le plus près mais ils n’étaient pas vraiment dans une situation conventionnelle. Les lockdowns, bien que soumis aux mêmes règles que les gardiens, bénéficiaient de certaines latitudes de par la nature de leurs missions. Ce n’était pas à elle de prendre la décision mais… il avait demandé son opinion non ? Elle regarda autour d’elle, se rappelant des curieux qui s’étaient rassemblés.

"Pourrais-je suggérer un endroit fermé, discret et a l’abris des regards ? Après l’avoir vu sauter de la sorte je ne crois pas en nos chances de pouvoir l’amener jusqu’à l’avant-poste sans qu’il ne se libère… "

Elle regardait attentivement son prisonnier, examinant son armure dans les plus infimes détails. Aucun écusson, mais… les deux mercenaires partageaient cette tendance pour les technologies venant de l’extérieur de l’état.

Almoran acquiesça lentement, puis regarda autour. Un endroit fermé et discret. Ce serait faisable. Avec l'aide de la jeune femme, il souleva leur suspect et se mit en marche, le traînant visiblement vers l'Avant-poste le plus près. Ce serait la chose la plus logique à faire. Ils seraient capable d'avoir un local pour l'interrogatoire et seraient à la vue des curieux.

Justement, quelques curieux observaient encore la scène. On murmurait autour et chuchotait en observant les deux Défenseurs. Assister à une arrestation était toujours un gros sujet de conversation. En voir une effectuée par au moins un Lockdown était encore plus quelque chose.

- Retournez à vos occupations, citoyens. Pour votre sécurité. Circulez.

Le Lockdown avait haussé la voix un peu, qui s'était fait plus froide. Leur suspect sembla légèrement effrayé de ce fait et se remit à se débattre de plus bel, agité.

Annabelle mit une main ferme sur l’épaule du suspect et le força à avancer. Peu importe ce qu’il tenterait de faire il risquait d’avoir du mal avec deux gardiens le retenant fermement.

Il semblait confus plus qu’autre chose… effrayé. La manière dont il agissait confirmait les doutes de la gardienne qu’ils venaient de mettre la main sur autre chose qu’un membre de l’hécatombe. Pourquoi trainait-il près de l’appartement ? était-il après Zolvar ? ou bien… voulait-il investiguer l’appartement de son frère ? Cette hypothèse serait à discuter avec Almoran en privé ou avec son frangin autours d’un verre de quelque chose de fort.

La gardienne avait rangé son arme et commençait maintenant à ressentir les effets du froid. Mieux valait faire vite sinon elle commencerait l’interrogatoire enrhumée. Elle pressa donc le pas, aidant le lockdown a repousser les curieux trop près d’eux.

Les deux Défenseurs avancèrent assez rapidement. Almoran ne voulait pas perdre son temps, visiblement. Tout en avançant, il retira une peau, qui rembourait son armure, et la glissa sur les épaules de la jeune femme. Il n'en dit rien, par contre et continua d'avancer.

L'Avant-poste se fit voir assez rapidement. Dès qu'ils furent près, des Gardiens éloignèrent les civiles. Quelques regards intrigués se tournèrent vers le trio, mais personne ne posa de questions.

- Je réquisitionne une salle pour interrogation. Je ne veux pas être dérangé sous aucun prétexte.

Sans aucune autre parole, Almoran entra dans une pièce, y poussa gentiment leur suspect attaché, puis la ferma derrière eux. L'étrange personne, elle, suivit tout le long, puis trébucha une fois dans la pièce. Malgré ses blessures, il resta debout, semblant encore et toujours très nerveux.

Annabelle Entra dans la pièce a la suite d’Almoran et regarda très rapidement pour être sur que rien ne pouvait dégénérer. Une table avec un anneau pour fixer les menottes, deux chaises… rien d’autre. Comme toute les salles d’interrogatoire. Elle soupira et retira la peau que le lockdown lui avait prêtée. La jeune femme, voyant que la figure demeurait immobile, se dirigea vers l’une des chaises et la tira lentement en le regardant.

"Asseyez-vous. "

Elle laissa le temps au suspect de se mettre à l’aise et continua de l’observer. L’armure la fascinait. Comme si les plaques étaient flexibles… et ces dessins lumineux, qu’étaient-ils ? de l’électronique ? c’était la première fois qu’elle voyait quelque chose du genre. Ses yeux finirent sur les blessures aux jambes... si l'interrogatoire durait trop longtemps il faudrait faire venir un médecin...

"Pourquoi avez-vous essayé de vous enfuir ? "

Première question. Ne pas voir les traits de son interlocuteur l’agaçait au plus haut point. Si il ne se montrait pas coopératif la prochaine étape serait au moins de lui enlever son casque.

Almoran décida, de son côté, de s'adosser contre la porte. Peut-être était-il le supérieur en ce moment, mais il ne semblait pas être pressé de prendre ce rôle. Peut-être était-il curieux de voir de quoi la jeune femme était capable? Dans tous les cas, il déposa une main sur le manche de son épée, mais ne bougea pas.

L'étranger, lui, resta immobile les premiers instants. Annabelle bougea, et il se raidit un peu. La chaise lui étant indiqué, le suspect s'en approcha, la tira un peu plus vers le fond de la salle et s'assit finalement. Son armure était presqu'intacte, sauf là où il avait des blessures. Sinon, elle semblait en bon état. Même, il y avait quelques gravures dessus, assez jolies, mais discrètes. Les lignes lumineuses, elles, n'étaient plus là.

La question se fit posé et le suspect ne répondit pas tout de suite. Il joua avec ses mains un peu, sembla soupirer, puis baragouiner sans que personne ne puisse le comprendre. Il finit par simplement faire un "non" de la tête… ce qui n'était pas réellement une réponse.

La jeune femme resta plantée fermement, sans bouger, a guetter chaque mouvement de la part de leur « invité forcé ». Il semblait réellement ne pas comprendre ce qui était en train de lui arriver. Un mercenaire de la trempe de ceux auquel elle avait eu à faire n’aurait pas détourné le regard et l’aurait bravé aussi longtemps que nécessaire. Elle claqua des doigts pour obtenir l’attention de son interlocuteur.

"Enlevez votre casque. "

Elle attendit un instant puis, prise d’un doute, désigna son interlocuteur et mima le geste de retirer le casque avec ses mains. Si il ne comprenait pas et refusait de le faire soi-même, la gardienne allait elle-même se déplacer pour retirer le couvre-chef du suspect.

Encore, l'étrange personnage sembla prendre quelques secondes avant de réagir. Puis, très lentement, il retira son casque. Que fut la surprise de la Gardienne en se rendant compte qu'il portait des genre de lunettes teintées, un respirateur et un masque, sous le casque! L'étranger déposa tout de même son casque sur ses jambes et observa autour, lentement. Son regard revint cependant sur les Défenseurs, assez rapidement.

Almoran sembla encore plus confus à la vue de cet étrange spectacle. Déjà, le respirateur et la forme du visage faisaient tache…

- Ce n'est pas un Altéré conventionnel… Ou un Altéré, simplement… est-ce que…?

Le Lockdown secoua la tête, légèrement perturbé.

Annabelle resta sous le choc pendant un moment, ne sachant absolument pas comment réagir. Quelque chose ne tournait pas rond… Elle tenta de garder un air professionnel mais quelque chose dans sa posture changea et il était évident qu’elle était prise au dépourvu. Peu importe ce qui se trouvait assis face à elle, « il » devait en avoir eut conscience. Elle toussa un peu et tenta de reprendre pied.

"Ce… "

Elle regarda un instant Almoran, avec beaucoup de confusion. Elle avait beau avoir eu des soupçons rien ne l’avait préparé a ça. Elle tourna de nouveau son regard vers l’inconnu. Il était temps de confirmer sa peut principale.

"Est-ce que… est-ce que vous nous comprenez ? "

Elle tenta de mimer son idée en même temps, faisant aller sa main de sa bouche vers sa tête et ses oreilles. Tout son questionnement devait paraitre dans son langage corporel, de toute façon. Ce n’était pas évident… Quoi qu’il en soit elle était maintenant sur et certaine qu’il ne s’agissait pas d’un agent de l’hécatombe.

L'étranger les observa, grognassa un peu de douleur et se replaça pour être plus confortable. D'une main, il compressa doucement une blessure, question d'arrêter l'écoulement de sang. À la question d'Annabelle, il mima un "plus ou moins" de sa main libre.

Almoran resta encore légèrement figé, puis secoua de nouveau la tête. Il s'avança un peu, pour se mettre au niveau d'Annabelle, puis déposa une main sur son épaule.

- Je vais devoir vous demander de partir. C'est hors de votre juridiction, maintenant. Je vais vous tenir au courant des développement. Retournez rassurer monsieur Zayne.

Le Lockdown sortit de la salle quelques secondes, demanda aux autres Gardiens de surveiller la salle, puis y revint rapidement. L'étranger, lui, sembla devenir nerveux tout d'un coup.

Annabelle vint pour protester mais referma rapidement sa bouche et baissa la tête. Elle salua Almoran et sorti de la salle sans un mot, mais ne put s’empêcher de jeter un regard derrière elle avant de refermer la porte derrière elle.

Les questions se bousculaient dans sa tête alors qu’elle laissait derrière elle ce qu’elle soupçonnait d’être autre chose qu’un altéré. Qu’est-ce que tout ça voulait dire ? Ce curieux personnage avait-il été attiré par Zayne ? Ou était-ce l’appartement de Leo qui avait éveiller autant de curiosité pour leur captif ? Ces questions resteraient sans réponse encore un bon moment, manifestement. Elle poussa un grand soupir en poussant les portes de l’avant-poste défenseur et se mis en marche vers l’appartement de son frère. Hauras et Zayne devaient avoir entendu les coups de feu, peut-être même les avoir vu, Almoran et elle, poursuivre l’intrus. Elle doutait toutefois de pouvoir apporter une quelconque explication sur ce qui venait de se passer.

La gardienne parcouru donc les ruelles de Sicherheit jusqu’au bâtiment à étage, en serrant contre elle la peau que le Lockdown lui avait donné. Elle examina un instant le lieu de la lutte, pensive, avant de pousser la porte de d’entrer dans l’immeuble. Elle avait hâte de se mettre au chaud, mais moins hâte de se retrouver enfermée sans réponse a ses questions.

Le silence règnait dans le bloc appartement. Des coups de feu avaient de quoi rendre les citoyens subtiles.

Quand la porte de l'appartement s'ouvrit, la Gardienne se retrouva visée par un pistolet lourd, tenu par le docteur. Il s'était mis à couvert dans le câdre de la porte, celle menant à Zayne, et surveillait visiblement.

Il avait essayé de calmer le mercenaire, mais la chose avait été compliquée, malgré son professionalisme.

Compliquée était un doux euphémisme. Dès que l'état d'alerte avait été lancée dans l'appartement, le mercenaire s'était réveillé. C'était dans un mélange de crainte, de confusion et d'impuissance qu'il avait entrevu Annabelle sortir comme une fusée de l'appartement. Puis avaient retentis les coups de feu, qui l'avaient non-seulement mis en état d'alerte, mais aussi en stress intense.

Le docteur n'avait pas eu le choix de lui donner un compte-rendu aux minutes, en plus d'un couteau de défense. La peau du pauvre Mutalythe ne cessait de changer de couleur, et plutôt que d'être étendu dans le lit, il était plutôt assis sur le bord du matelas, à surveiller la fenêtre. Alias, les arrières du docteur.

Dès que la porte s'était de nouveau ouverte, beaucoup trop tard à son goût, une cague d'inquiétude presque malsaine l'avait happé et lui avait coupé le souffle. Il attendait, là, sur le bord du lit, à savoir s'il allait se faire cueilli ou non par les fous qui l'avaient ouverts. Aucune parole pour le rassurer ne l'aiderait maintenant: il voulait seulement savoir ce qui se passait, mais surtout, si c'était Annabelle qui venait de passer la porte.

Annabelle figea un instant en voyant le canon du pistolet pointé vers elle. Elle leva lentement les mains en l’air avec un petit sourire.

"Je crois que vous pouvez relaxer maintenant messieurs…"

Son sourire s’effaça rapidement et elle referma la porte derrière elle en prenant soins de la verrouiller et la barrer. Elle retira la peau qu’Almoran lui avait laissée et la déposa sur une des chaises de la cuisine avant de se tourner vers ses deux colocataires.

"Les bonnes nouvelles c’est que ce n’était pas un membre de l’hécatombe… nous en sommes à peu près sur. Nous l’avons capturé et il est en ce moment même en train de se faire interroger dans un avant-poste."

Elle ouvrit la bouche un moment mais la referma rapidement. Mieux valait répondre aux questions que divulguer trop d’informations.

"… Almoran s’occupe de lui. La mauvaise nouvelle maintenant c’est que nous ignorons totalement de quoi… euh… de qui il s’agit. Ni ce qu’il venait faire ici. "

Elle soupira et alla se prendre un grand verre d’eau dans la cuisine. Elle était encore un peu secouée.

"Je… je ne crois pas qu’il faille s’inquiéter."