Au rapport (Zephyr)

La journée avait été tranquille, un peu nuageuse. Le temps était assez doux, laissant aux gens l'opportunité de passer plus de temps dehors. Surtout, il n'y avait plus la problématique de devoir mettre vingt couches d'épaisseur pour rester en santé.

Le jeune messager renégat connaissait la routine. Dès que quelque chose devait être rapporté, que ce soit messages ou informations intéressantes, il avait deux choix: retourner au camp de base, ou alors aller au point de rencontre standard, pour parler à un possible superviseur.

Les rencontres étaient toujours de nuit, à des heures précises. Entre deus patrouilles, comme ils disaient. Zephyr ne savait pas trop sur qui il tomberait, mais c'était dans l'habituel. Parfois, c'état Thobias qui était là, d'autres fois, c'était un autre superviseur de terrain. Et d'autres fois, encore, c'Était une personne qu'il ne connaissait pas.

Leur petit coin secret était dans le parc de laplace publique. Derrière un groupe d'arbres et arbustes très fournis, c'était un endroit parfait. Éloigné des chemins et à l'abris des regards. Il n'y avait pas signe de présence, mais ça aussi, c,Était habituel: ce serait stupide de rester visible, non?

Zephyr marcha d'un pas confiant, l'adrénaline de sa soirée de passions n'étant pas encore disparue entièrement. Il tenait les recherches de Salomé More.

La jeune scientifique allait remarquer leur absence, sans l'ombre d'un doute. Elle allait être furieuse. Mais Zephyr considérait qu'il y avait du potentiel dans son travail. Et chaque avantage, même si seulement hypotétique, était valorisé.
L'altéré s'arrêta une fois sur place au point de rencontre et attendit.
Le contact se montrera quand il voudra.

Tout de même, Zephyr restait aux aguets pour n'importe quel signe inhabituel, comme il le fait toujours.

Le jeune homme attendit quelques instants, sans réellement savoir si ce n'était que quelques minutes ou plutôt une vingtaine. Puis, du bruit se fit entendre. Pas de la direction des chemins empruntés, mais plutôt de celle des passages, entre les arbres, qu'un superviseur emprunterait.

Une femme se présenta devant lui. Habillée comme une personne de l'État, certe, mais avec une cybernétique qu'on ne voyait que chez les gens à la maison. Zephyr n'en avait pas entendu parler, de cette superviseure là, mais elle était pourtant devant lui. Ses yeux brillèrent d'une lueure bleuté dans la pénombre, et elle eut un rire doux, d'une voix mélodieuse, agréable.

- Et bien... si je m'étais attendue à voir le fils de Krieger ce soir. Bonsoir, Zephyr. Comment puis-je t'aider, mon cher?

Elle lui fit un sourire doux, suave, tout en venant s'adosser contre le tronc d'un arbre, d'une posture décontractée. Elle l'examinait pourtant d'un oeil attentif.

Zephyr ne la connaissait pas. Elle était importante. Clairement. Mais pourquoi et comment? Aucune idée.

Il savait par contre que personne n'aimait les questions superflues. Zephyr savait ce qu'il devait savoir.

Il la salua donc avec un respect silencieux, puis présenta le paquet de feuilles de notes de Sally, proprement embalées.

"J'ai rencontré une scientifique cet après-midi, par pur hazard. Salomé More. Elle travaillait sur un nouveau prototype cybernétique. Plus pratique et abordable. J'ai pensé que ses recherches seraient mieux placées entre nos mains que celles de l'État" Zephyr expliqua sans prendre de détour.
Il était nerveux. C'était difficile de prévoir la réaction d'une personne inconnue. Pas qu'il ait fait quoi que ce soit de mal. Mais il ne s'attendait pas exactement à rencontrer un supérieur.
Il se sentait pris au dépourvu. Et il détestait la sensation.

La demoiselle le regarda, attentivement encore, et le détailla. Surtout, elle prenait une attention toute particulière à ses yeux. Elle gardait son sourire, par contre, de manière professionnelle.

Quand il lui tendit les documents, la demoiselle les prit, tout en écoutant attentivement. Son sourire s'élargit, montrant des dents bien réelles, contrairement à son visage en général.

- Belle trouvaille... Salomé More. Qu'as-tu pu apprendre sur cette scientifique, dis-moi?

Sa supérieure lui offrit un sourire taquin, puis se mit à observer les documents, les survolant nonchalament.

Zephyr souris, une émotion de satisfaction peinturant son expression par avant neutre. "Jeune femme. Fin vingtaine, je dirais. Humaine, cheveux roses. Courte sur pattes. Elle a un fils de trois ans; Aaron. Elle a la garde partagée avec le père de l'enfant. Nom du père inconnu. Elle habite seule lorsque son fils n'est pas présent. De nature timide."

Il réfléchit un moment, penchant sa tête de côté. "À moins que vous désirez également savoir comment elle est au lit, c'est tout ce que j'ai pour l'instant" ajouta-t-il, avec un léger rire.

Sa supérieure continua de regarder les plans dérobés, souriant toujours. Elle écouta les paroles de Zephyr, puis eut un gloussement à sa dernière remarque.

- Je ne crois pas que tu aies besoin de me faire part de ce genre de détail. ils intéresseraient plus d'autres superviseurs. Pas moi. Ce sont mes agents qui m'intéressent... pas les membres de l'État.

Elle eut un sourire mystérieux à ces derniers mots, puis rangea les documents dans son manteau. Son air devint plus sérieux, par contre, et elle croisa les bras.

- De ce fait... Krieger et Thobias aimeraient que tu garde un oeil sur le secteur des sciences. Nous avons quelques... agents perdus, disons, dans le coin. Needles s'est déplacé dans l'État et est dans ce secteur, en compagnie d'Heimpher, le chasseur. Tous deux se sont éloignés de notre chemin, mais j'ose croire qu'ils pourraient être ramenés sur la bonne voie. Sonya s'est fait tuée, en essayant de récupérer Needles, d'ailleurs... Silas est en surveillance dans ce coin, tu pourras faire affaire avec lui. Socrate est porté disparu...

Elle eut un soupir, visiblement agacée par tout ce qui se passait.

- Dans tous les cas, tu ne dois en aucun cas entrer en contacte avec notre espion de ce secteur. Sokolov est sous haute surveillance des Défenseurs. Nous ne voulons pas leur donner raison, n'est-ce pas?

Un sourire taquin revint sur son visage.