(Terminé) Convalescence (Annabelle, Zolvar)

L'Altéré faucon roula des yeux d'amusement, lui, de son côté. Ça lui faisait totalement perdre sa crédibilité, mais dans le moment, il semblait s'en moquer éperdument. Il se contenta donc d'acquiescer tranquillement, sans se presser, pis observa le mercenaire à son tour. L'Examina, même… surtout en remarquant un petit "je ne sais quoi" dans son regard.

Le ton officielle de la Gardienne ne manqua pas d'Attirer l'attention du docteur, qui haussa un sourcil en captant celui coquin qu'employait maintenant la jeune femme.

- Voyons, faites. Je suis amplement capable de surveiller mon patient. De le protéger des courants d'air, aussi. Allez. Tenez, je vais en profiter pour vérifier quelques petits détails…

Le médecin s'arma de son calepin, sans demander autre chose. Il semblait tout de même très attentif aux mouvements autour de lui, malgré tout.

Le Mutalythe sortit brusquement de sa bulle. Le ton particulier de la Gardienne l'avait quelque peu interpellé. Il écouta en silence, puis haussa un sourcil, en direction d'Hauras. Qu'avait-elle derrière la tête? Dans un sens, il était curieux. Dans l'autre, il n'était pas certain de vouloir être inquisiteur au point de demander.

- Sois prudente...

Il n'avait pas besoin de plus. Après tout, elle était tout aussi consciente des dangers potentiels que lui. Son bol se retrouva finalement vide et il se surprit à bâiller. La fatigue reprenait ses droits sur son corps encore en guérison. Il espérait rester éveillé assez longtemps pour voir Annabelle revenir...

Annabelle sourit doucement en commençant a s'habiller.

"Je vais marcher deux ou trois coins de rue et revenir... je pense que je devrais m'en sortir."

Une sortie sans manteau était assez pour aujourd'hui. La gardienne pris donc le temps d'enfiler des vêtements plus appropriés pour le froid qui sévissait toujours avant de se diriger vers la porte. elle se tourna vers Hauras.

"vous soyez prudents... il est farouche ce petit."

Elle lança un clin d'oeil au mercenaire avant de se glisser hors de l'appartement sans laisser le temps a qui que ce soit de répliquer.

Un mélange de surprise et d'incompréhension fut la dernière chose que la Gardienne vit sur le visage du médecin. Il avait à peine eu le temps de lever les yeux de son carnet que la jeune femme avait filé. Le mercenaire, lui, était encore là, lui… Ce fut donc à lui qu'Hauras jeta un regard confus, sans le prolonger. Il eut un petit soupir, puis un sourire amusé ensuite.

- Farouche… ce serait un meilleur descriptif pour mademoiselle Annabelle, je crois bien. Bon… aux vues de la situation totalement normale d'amitié entre protecteur et protégé, j'affirme qu'il est de mon devoir de m'assurer que la structure du lit est capable de soutenir plus qu'une personne.

Le médecin cligna des yeux quelques secondes, l'absurdité de ses paroles venant de le frapper, là maintenant, puis il se mit à rire.

- Ce que je veux dire: votre corps n'a pas besoin du choc que causerait la rupture du lit. Donc… je vais avoir besoin de votre aide, Zolvar. À des fins médicales seulement.

Tranquillement, l'Altéré se dirigea vers la chambre. Il commença par se glisser sous le lit, pour vérifier la structure.

Le mercenaire fixa la porte, amusé, incertain et... surpris? Lui, farouche? Il ne pesait pas, non. En même temps, quelques parties de lui chuchotaient que la jeune femme avait dit tout ça pour le taquiner seulement, ce qui était plus que probable.

Les paroles d'Hauras, qui suivirent ensuite, le firent figer d'incertitude. Le médecin avait compris aussi vite? auraient-ils vraiment besoin de... tester le lit? Il fit de gros yeux quelques instants. De quelle manière voulait-il le tester, exactement? Il roula des yeux pour lui-même puis se leva doucement. Si Annabelle avait vraiment assez de zèle, ce dont il ne doutait pas, pour venir le rejoindre pendant la nuit, il devrait être en sécurité, non?

Le Mutalythe vint donc rejoindre le doc. Plutôt, il haussa un sourcil à la vue des jambes du médecin qui dépassaient de sous le lit.

- ...comment testerons-nous ça, docteur?

Le médecin, sous le lit, n'avait rien remarqué des questionnements de Zolvar. D'ailleurs, quand il sortit de sa cachette, il sembla satisfait. La question fit apparaître un sourire espiègle sur le visage d'Hauras, qui lui indiqua le lit d'un mouvement de main.

- Simplement. Étendez-vous. Écartez les jambes. Je m'occupe du reste. Naturellement, je vais devoir m'assurer que le lit puisse endurer un certain... mouvement. Ah, rappelez-moi de donner quelques conseils à mademoiselle Steinhart sur les positions à éviter... je refuse que vos blessures empirent parce qu'elle a de mauvaises...

Il se tut, brusquement, et se râcla la gorge en offrant un regard désolé au mercenaire. Ce n'étaient pas ses affaires, même s'il voulait s'assurer du bien être de son patient.

Zolvar resta interdit. Se coucher sur le dos et écarter les...? Ensuite vinrent les paroles du docteur et il se surprit à devenir plus foncé sous la gêne. Le rouge lui montait au visage, lui réchauffait les pommettes, et il se retrouvait indécis.

Tout ça était pour de bonnes intentions, il n'en doutait pas. Et puis... il avait cette impression qu'Annabelle était assez cavalière pour décider quand elle inaugurerait ce nouvel étalon, sans nécessairement l'avertir d'avance... il se retrouva un peu plus malaisé, puis traîna les pieds jusqu'au lit, où il obtempéra au médecin.

Il était raide comme une barre, se sentait totalement ridicule... mais s'il devait endurer un ce petit inconvénient pour l'Amour, pourquoi pas?

Le contrôle de soi dont le médecin dût faire preuve pour ne pas empirer la gêne du mercenaire fut légendaire. Il resta neutre, retint du mieux son sourire compatissant, puis, alors que Zolvar était bien immobile sur le lit, il y grimpa aussi.

L'espace pour deux ne serait pas optimale. Clairement pas. Même s'il était assez longiligne, il avait peu d'espace. Il s'était mis à genoux entre les jambes du mercenaire, bien campé sur le matelas, et observait attentivement. Peu de place supposerait que l'accompagnatrice de son patient devrait donc mettre plus de son poids contre lui... Il fronça les sourcils, se pencha un peu et posa ses mains sur les épaules de Zolvar. Il aurait essayé d'atteindre la tête de lit, mais avec la place que le mercenaire prenait, il en était incapable.

D'un air totalement concentré, il se mit à donner de petits élans sur les épaules de Zolvar, question de tester la structure. Il n'y avait rien de personnel pour lui, en ce moment: on aurait dit, plutôt, par son regard, qu'il testait simplement un meuble... ce qui était le cas.

Le lit se mit à craquer un peu... mais tout semblait bien. Pour le moment, du moins.

Il y eut un léger toussotement et les deux hommes purent voir, bien accotée sur le cadre de la porte de la chambre, une Annabelle manifestement aussi confuse qu’amusée. Elle tenait une main devant sa bouche, ce qui ne suffisait pas à camoufler un immense sourire. A peu près une douzaine de choses semblaient lui passer par la tête et un choix terrible semblait s’offrir à elle.

"Vous avez oublié de barricader la porte derrière moi, je… je venais juste m’assurer que rien ne clochait. "

Elle réprimait avec grand peine un sourire, essayant de garder un visage professionnel.

"Vous… voulez que je repasse dans une demi-heure ?"

Étendu sur le lit, et raide comme une barre, le Mutalythe s'était attendu à autre chose, totalement. Il avait naïvement cru qu'Hauras aurait examiné le lit autrement, pendant qu'il y était... Mais pas à ça.

Du moment que le médecin avait grimpé avec lui, il s'était encore plus raidit. Une gêne et une surprise indescriptibles s'étaient emparées de lui et avaient fait pâlir son teint rougeâtre. Un peu de foncé s'était glissé sur son visage, par contre, signe tangible de son état mental.

Ledit état mental n'était pas mieux. Il se posait énormément de questions, mais celle qui revenait le plus restait un "quoi!?" choqué, voir scandalisé. Quand l'Altéré s'était ensuite penché sur lui et avait posé ses mains sur ses épaules, le mercenaire avait simplement cessé de respirer. Toute cette tension faisait naître en lui une certaine douleur... mais il était incapable de l'exprimer... comme n'importe quelle émotion présentement, d'ailleurs.

Coup de grâce dans toute cette situation oh combien humiliante: la voix d'Annabelle se fit entendre. Les yeux du mercenaire devinrent ronds, dans une expression presque statique, exagérée. On pouvait lire de la panique, de l'humiliation, de la gêne, du regret et une certaine agressivité sur son visage. Dans tous les cas, il n'osa pas regarder Annabelle. Il n'avait pas encore respiré et il avait encore moins envie de le faire.

Ses yeux se mirent à briller, en une fraction de seconde, et ça prit autant peu de temps pour Hauras à se faire pousser en bas du lit, sans que le Mutalythe aie levé le petit doigt. Du moment que le médecin fut hors du chemin, par contre, le pauvre Zolvar agrippa la couverture et la remonta par-dessus sa tête. Ça ne le rendrait pas invisible, mais au moins... il n'aurait pas à affronter le regard d'Annabelle de cette manière.

La voix de la Gardienne fit tourner la tête au docteur, qui ne sembla en rien gêné. C'était pour le bien de Zolvar qu'il faisait ce test. Et puis, ils ne faisaient rien de mal. Non?

- Non, ce ne sera pas nécessaire. Dans les faits, je suis plus léger que vous avec mes Altérations aviaires, alors ce serait peut-être mieux si vous preniez ma-

Le docteur se fit subitement poussé par une force invisible et tomba en bas du lit dans un "aaaah!" presqu'humoristique. Sur le dos, maintenant, et totalement confus, il cligna des yeux quelques instants avant de finalement comprendre... puis de grognasser un peu.

- Pardon, monsieur Zayne, de la gêne occasionnée...

Il se remit assis et fit rouler ses épaules, puis fixa Annabelle.

- ...voyant vos rapprochements des derniers temps, je voulais m'assurer que la structure du lit pourrait vous soutenir tous les deux. Que ce soit pour repos ou autre. Son corps n'a pas besoin du choc que causerait un bris.

Le médecin se leva, jeta un regard légèrement désolé au Mutalythe, maintenant enseveli sous la couverture, puis croisa les bras.

- Il y a bien d'autres conseils que j'aurais à vous donner, mais ça resterait dans le domaine gênant et personnel.

Il avait fallu manifestement toute sa volonté a la jeune femme pour ne pas rire à la réaction première de Zolvar, mais ce ne fut pas suffisant pour ce qui arriva par la suite. En voyant l’altéré aviaire prendre son envol un grand éclat de rire cristallin emplis l’atmosphère. Elle l’étouffa rapidement dans sa main, mais continua de rire en silence, trop occupée à retrouver son souffle sans trop faire de bruit pour porter assistance au bon docteur.

"Je… ouf… haha! je… "

Elle repris constance sans toutefois perdre son sourire. Elle regarda en direction du lit pour voir que le pauvre Zayne s’était caché sous les couvertures. Il devait être tellement mignon en ce moment, à changer de couleur comme un caméléon en crise existentielle. Elle secoua la tête, attendrie et un peu rouge en se l’imaginant.

"Je ne suis pas certaine de ce que qui me fait le plus rire... Que vous doutiez de la solidité du lit de mon frère, ingénieur métallurgique, ou que vous ayez peur que je brise Zolvar en deux. "

Elle regarda le docteur d’un regard faussement offensé.

"Je ne suis pas SI lourde pourtant… et je ne crois pas avoir déjà envoyé aucun de mes partenaires à l’infirmerie… oh… attendez…"

Annabelle sembla réfléchir un moment et leva d’abord un doigt, se ravisa et en leva un deuxième.

"Je ne suis pas Si lourde pourtant et je n’ai envoyé que deux de mes partenaires à l’infirmerie. Je crois que vos craintes sont infondées, docteur. Considérez-moi offensée. "

Elle ne faisait rien pour aider la gêne sous laquelle le mutalhyte devant crouler en ce moment mais la tentation était trop forte.

Caméléon en crise existentielle. C'était peu dire. Le mercenaire s'était caché sous la couverture, tel un enfant convaincu qu'il pourrait se cacher des monstres dans son placard. Il restait accroché au tissu comme à sa vie, la peau en constant changement de pigment. Sa facette agressive en voulait à Hauras de l'avoir humilié de la sorte. Celle douce trouvait toute cette histoire très drôle. Lui, il était mort de honte. Et la blanche... personne n'avait mal, alors elle était légèrement indifférente à tout ça.

Les précisions sur les anciens partenaires d'Annabelle ne firent que le raidit davantage. Ça lui rappelait, dans un petit murmure au fond de son esprit, qu'il n'avait jamais vraiment été en couple avant. Sa nature timide et tranquille ne l'avait pas rendu populaire, malgré son physique. Et puis... quand on l'approchait, le manque d'expérience finissait de chasser les intéressées...

Il eut un soupir, grinça des dents et décida de rester obstinément caché. Oooooh qu'il n'avait pas envie d'avoir encore plus honte!

Hauras croisa les bras, de manière plus ou moins désinvolte. Plutôt, les quelques petites précisions circonstancielles ne semblaient pas le convaincre outre mesure. Il laissa tout de même la Gardienne parler, puis se permit un petit sourire énigmatique.

- Que votre frère soit métallurgiste ou non, il est de mon devoir de m'assurer que mon patient soit en sécurité. Hors, dans ce cas ci, l'intégralité de la structure du lit était à vérifier. Pour ce qui est de votre force…

Il toisa rapidement Annabelle du regard, puis sourit un peu plus franchement.

- Mademoiselle Steinhart a tout de même lutté avec le chef d'unité des Gardiens. surtout, j'ai appris à ne jamais sous-estimé un femme.

L'Altéré s'inclina doucement, puis sortit de la pièce. Il n'avait rien de plus à faire et avait fait assez honte à son patient.

Annabelle resta là, à la fois amusée et découragée. En fait… plus amusée que découragée, manifestement, puisque le sourire qui avait pris possession de son visage quelques minutes plus tôt refusait obstinément de quitter son visage. Lorsque le docteur eut quitté la pièce, sous le regard vigilant de la gardienne, cette dernière se retourna vers le lit et elle secoua doucement la tête.

La gardienne franchit la distance qui la séparait du matelas, souleva doucement un pan de la couverture et sans laisser le temps au mercenaire de protester, vint le rejoindre sous les couvertures. Difficile de dire si c’était la gêne du mercenaire qui en était la cause, mais la température était élevée, dans ce cocon de chaleur a la douce ambiance de regret. Son corps trouva le rien et rapidement elle se retrouva blottie contre lui. Son visage était visible s’il tournait la tête, un peu de lumière passant sous le Cotton. Elle souriait doucement.

"Tu sais qu’il voulait bien faire… n’est-ce pas ?"

Les pas de quelqu'un qui sortait ne lui échappèrent pas. Il ne sut pas exactement qui il aurait aimé entendre sortir, et dans tous les cas, n'eut pas le temps d'y réfléchir. La Gardienne se glissa sous la couverture et se blottit contre lui. Un frisson presqu'électrique traversa son corps à ce moment, qui sew raidit instinctivement. Oserait-il tourner la tête pour la regarder? La réponse à cette question: pas dans les premiers moments.

La chaleur augmentait tout de même, maintenant à deux sous le cotton, et il finit par tourner les yeux sur elle. Son sourire doux et ses yeux encore un peu taquins le raidirent un peu. S'il avait pu rougir encore plus, il l'aurait fait. Son expression criait sa timidité et sa honte, sa gêne presqu'étouffante dans le moment.

- ...p-probablement... je... hm... j-je... ne sais p-pas...

Il prit une profonde inspiration et serra les dents. Il ne savait pas comment ressentir, et surtout, exprimer toutes les émotions fortes qui s'étaient emparées de lui. C'était la première fois dans sa vie qu'il se sentait autant... humilié? Oui, c'était le mot exacte.

Annabelle ne bougea pas, voulant laisser a Zolvar le temps de s'habituer a son contact. Il allait avoir besoins de temps, le pauvre... les contacts physiques ne semblaient vraiment pas être son fort. Elle rigola un peu.

"Disons que ça manquait un peu de... enfin. Que le timming était mauvais, tout simplement"

Elle appuya doucement sa tête contre son torse.

"On y va a ton rythme, Zayne... je crois que je t'ai assez brusquer pour aujourd'hui."

Elle resta là, savourant la douce chaleur qui se dégageait du mercenaire, le contact de sa peau sous ses doigts. Elle allait devoir partir oui, mais en attendant elle pouvait bien savourer un peu... non ?

Le Mutalythe eut un soupir pour lui-même. De tact, de bon sens... ça aurait été les mots que lui aurait utilisée. Mais... Annabelle devait avoir raison. Peut-être était-il trop... susceptible? Peut-être. Ce devait être ça.

La tête contre son torse le fit se tendre un peu. La Gardienne put sentir les muscles de son corps se raidir, sans aucun doute. Son coeur, lui, se mit à battre un peu plus fort. La nervosité et la gêne laissait lentement place à une impression de papillons dans son ventre. Il devenait conscient de la proximité de la Gardienne... assez que toute la peau avec laquelle Annabelle était en contacte devenait verte, assez rapidement.

Doucement, sa main longea le bras de la demoiselle à se côté, puis recouvrit celle d'Annabelle. Il la serra doucement, puis la caressa du pouce, tout aussi doucement. Autant utiliser sa main indemne...

- ...je suis désolé... je vais apprendre à être moins... délicat? Heh... nous nous étions dit que nous userions de tutoiements, non? Zolvar, c'est suffisant... Zayne, c'est mon père...

Il offrit un petit sourire, timide mais taquin, à Annabelle. Ses yeux étudiaient ses traits, lentement maintenant.

La jeune femme rit doucement, sans changer de position. Il était étrange, après les récents événements, de la voir ainsi, la mâchoire détendue et le visage serein. Cette espèce de dureté, cet air sérieux qui lui donnait habituellement l’air beaucoup plus âgée n’était pas là. Alors qu’elle fermait les yeux pour respirer un grand coup, elle paraissait enfin avoir le même âge que Leo. Ils étaient jumeaux, après tout.

"Désolé… Chez les défenseurs, l’appellation par le nom de famille prime. Appelons-ça un réflexe. "

Elle devait encore s’habituer à se faire appeler « mademoiselle Steinhart » partout où elle allait. Elle releva doucement la tête pour regarder le mercenaire, sans toutefois s’ôter de son torse.

"Tu sais, ça fait partie de toi, d’être délicat. C’est une des choses que j’aime chez toi, en fait… Si tu savais à quel point ça fait changement des dernières « aventures » que j’ai eu. Mon but n’est pas de te changer non plus. "

Elle haussa les épaules, sans cesser de sourire.

"Je suis patiente, ne t’en fait pas. "

Ce visage serein passa sur son inquiétude comme une brise chaude sur une peau fraîche: de manière totalement agréable, qui faisait frissonner. Il aimait voir les gens près de lui aller bien. Il aimait partager ce genre de petit moment, de joie ou simplement d'appréciation. Que ce soit avec quelqu'un pour qui il ressentait ce si particulier sentiment... était simplement spécial. Un moment à chérir, malgré tout.

- ...j'ai été Défenseur, je te rappel. Je connais les protocoles.

Ses yeux prenaient une teinte bleutés, s'harmonisant avec le vert qui prenait possession de son corps. Il eut un petit sourire, accompagné d'un gloussement, alors que son regard épiait chaque petite étincelle dans celui de la Gardienne.

- Je ne sais pas si je dois me sentir honoré ou alors sous la pression de mon côté perfectionniste...

Faisait changement de ses dernières aventures. À quel point la barre était-elle haute? Qu'attendait-elle de lui? Probablement rien. Mais... sa facette bleue ne pouvait s'empêcher d'avoir un sens de la... compétition? Vouloir faire mieux, se prouver meilleur que les autres avant lui. C'était totalement absurde... et, dans le moment, ça le faisait bien rire.

- Nous savons, au moins, que le lit est solide... Heh. Maintenant, je suis inquiet. Docteur Hauras semblait avoir beaucoup trop d'expérience pour faire ce genre de... test. Surtout avec des cobayes imposants.

La dose d'humour finirait d'étouffer sa gêne et le sentiment d'humiliation qui hantaient encore le fond de sa tête.

Elle éclata de rire, une quantité impressionnante d’images passant à travers son esprit beaucoup trop fertile a ce genre de choses.

"Hoooon arrête. Monsieur Hauras est simplement très consciencieux du bien-être de ses patients… "

Elle fit semblant de réfléchir quelques instants.

"Ou alors « madame Hauras » a la même carrure que toi… "

Le rire de la douce Gardienne contre lui fut contagieux et il l'accompagna avec joie. Peut-être n'avait-il pas les mêmes images qu'Annabelle en tête, mais celles qui traversaient son esprit le faisaient bien rire. Une femme de sa carrure qui serrait un pauvre Hauras comme une peluche. Wow.

- Si elle a réellement ma carrure, j'espère qu'elle est délicate. Les oiseaux sont... fragiles.

Il calma son rire, puis plongea son regard dans le sien. Il se replaça ensuite, pour être un peu plus collé sur elle, et laissa un sourire serein flotter sur son visage.

- ...restons comme ça un moment, si tu le veux bien.

Une petite fatigue le prenait, encouragée par la chaleur et la sécurité qui émannait d'Annabelle. Si c'était elle sa Morphée, il retournerait dans ses bras avec plaisir.

Annabelle, pour toute réponse, hocha doucement la tête. Elle n'avait pas l'habitude de se sentir ainsi en sécurité, grâce a quelqu'un. Elle était la patrouilleuse Steinhart, après tout. Indépendante, irréprochable, tenace... Elle avait toujours été dans le rôle de celle qui prends soins des autres, les protègent peu importe contre quoi. Mais ainsi dans les bras du mercenaire un peu de la pression qui venait avec ce rôle qu'elle s'imposait a elle même depuis tant d'années s'envolait.

Ainsi près de Zolvar, elle respirait mieux.

La gardienne ne dit plus rien, profitant elle aussi de la douce chaleur qui émmanait du mercenaire et qui l'enveloppait dans un cocon de fatigue.