Réunion familiale (MJ, Zolvar, Annabelle, Leo)

L'appartement de Leo résonnait au rythme des grognements d'efforts d'Annabelle. A cause du froid, beaucoup plus intense ses derniers temps, elle n'avait pas été en mesure de sortir faire son jogging habituel aussi s'était-elle aménagé un petit coin pour faire des exercices. Jogging sur place, burpees, pompes... tout y passait et assez intensément. Elle avait besoins de bouger dans un contexte d'isolation comme celui où elle continuait de vivre depuis plusieurs semaines maintenant, sinon son esprit allait lâcher. Une fois sa routine terminée elle remit tous les meubles a leurs places et s'affala sur une chaise pour profiter d'une bonne gorgée d'eau. Elle portait des pantalons de sports et une camisole, juste assez pour que ce soit déçent dans une appartement qu'elle partageait avec deux hommes, après tout.

Elle regarda un moment en direction de la chambre. Zolvar dormait encore mais sa guérison se faisait bien et il commençait a être plus actif a présent. Tout exercice trop intense était encore hors de question mais d'une certaine manière c'était le travail de physiothérapie qui commençait. Elle sourit, perdue dans ses pensées quand elle entendit frapper a la porte. Elle releva la tête, visiblement surprise. Almoran avait une manière très spécifique de frapper et ce n'était pas celle-là.

Elle pris son arme et marcha lentement vers la porte d'entrée. Après un bref regard dans l'oeil de boeuf, toutefois, elle soupira et abaissa son pistolet.

"Attends un peu... je t'ouvre..."

Elle entreprit de retirer la barre qui bloquait la porte et de dévérouiller le tout. Elle ouvrit la porte et s'écarta de l'entrée pour permettre a son frère d'entrer.

"Viens, entre."

Elle alla se servir un nouveau verre d'eau et regarda son frère de haut en bas.

"Qu'est-ce qui t'amène?"

Le jeune homme resta un moment dans l’entrebâillement, incertain. Se faire inviter à entrer dans son propre appartement par sa sœur qui donnait l’impression de sortir d’un marathon lui faisait drôle, comme s’il s’était trompé d’adresse. Il entra dans l’appartement en grelottant et retira son manteau pour le placer là où il le faisait habituellement… et stoppa son mouvement en constatant que trois manteau y étaient déjà accrochés. Il sembla réellement désemparé pendant un bref instant, chamboulé dans sa routine, avant qu’il ne décide finalement de l’accrocher sur le dossier d’une des chaises. Il n’allait pas être là pour très longtemps, après tout…

L’ingénieur avait une sale mine, mais compte tenu des circonstances il se portait merveilleusement bien. Il avait de bonnes cernes, était échevelé et semblait avoir besoins d’un bon bain chaud. Il affichait un bon sourire toutefois et son regard était alerte.

"Je suis venu aux nouvelles, savoir comment notre connaissance commune se porte. Disons que je m’inquiétait un peu pour lui. "

Il soupira et se passa une main dans le visage. Mieux valait éviter de trop trainer, avec Annabelle. Elle avait sans doute deviné que ce n’était pas la seule raison de sa visite, de toute façon.

"Je me disais qu’on pourrait parler un peu aussi… il s’est passé pas mal de choses de mon côté et on dirait que toi aussi. "

Il désigna du menton le fil de fer installé aux fenêtres, soudain un peu inquiet.

La Gardienne alla ouvrir et le jeune ingénieur entra. De son côté, Hauras se tenait silencieux, assis à la table de la cuisine. Il observait maintenant la scène, ayant délaissé son calepin habituel, préférant observer le propriétaire de l'appartement.

Le médecin était tellement immobile que si Léo n'y prêta pas attention, il ne le remarqua pas immédiatement. L'Altéré, par contre, avait tout remarqué de l'allure de l'ingénieur et avait froncé les sourcils. Son regard d'oiseau de chasse le détaillait avec une froideur surprenante. Il tourna la tête quelques instants et observa dans la chambre, constata que Zolvar dormait encore profondément, puis ramena son attention sur le frère et la soeur.

Maintenant confortablement appuyée contre le comptoir, verre d’eau a la main, la gardienne pris le temps d’examiner son frangin. Elle haussa un sourcil et pencha la tête sur le côté alors qu’il parlait. Beaucoup de choses ?

"C’est le moins qu’on puisse dire… t’as l’air d’avoir perdu un match de lutte avec un buffle sauteur."

Elle soupira et se tourna pour mettre de l’eau à chauffer. Le pauvre n’était pas prêt de s’arrêter de grelotter… Si Hauras finissait pas se joindre à la discussion peut-être qu’une tasse de thé pourrait l’intéresser lui aussi ? Elle continua de parler, toujours de dos à son frère.

"Zolvar va bien, compte tenu des circonstances. Il récupère lentement mais sûrement. Il devrait être en mesure de se déplacer par lui-même bientôt. Il aurait encore besoins d’un suivit et de repos avant de reprendre le travail, mais ça veut dire qu’il pourra retourner chez lui. "

La gardienne ne put empêcher une pointe de déception de se glisser dans sa voix alors qu’elle prononçait ses derniers mots. Mais bon. Expliquer toute la situation a Leo sous le regard d’Hauras sonnait comme un plan pour la mettre mal à l’aise aussi enchaina-t-elle.

"Je… je suis resté aussi vague que possible dans la lettre que je t’ai écrite, au cas où le courrier se ferait intercepter. Mais… comme c’est ton appartement que nous squattons je pense que c’est la moindre des choses que tu connaisses les grandes lignes. "

Elle regarda le docteur.

"A moins qu’il y ait objection ?"

Leo pouffa de rire aux paroles d’Annabelle. La réalité n’était pas très loin, à bien y penser… Il indiqua vaguement à sa sœur l’armoire au-dessus du poêle, où les boites de thé attendaient son retour, manifestement fort peu entamées par les occupants présents. On put clairement voir un poids quitter les épaules du jeune homme.

"Ça me soulage d’entendre ça… quand tu m’as écrit pour me dire qu’il avait besoins d’un endroit où rester j’avais juste assez de détails pour m’imaginer le pire. Quoi que… d’après ce que tu me dis je ne devais pas être très loin. Qu’est-ce qui lui es arrivé ?"

Leo tourna le regard en même temps que sa sœur pour enfin remarquer la présence de l’altéré, au fond de la pièce. N’importe qui aurait probablement sursauté mais Leo se contenta de figer un bref instant, comme si son cerveau avait besoins de temps pour processer ce qui était en train de se passer.

"Je… heum… bonjour ? Vous êtes ? "

Leo se leva de son siège, polis, et tendit la main au troisième occupant de son logis.

Tranquillement, Hauras avait écouté la conversation, de loin toujours. Peut-être était-ce par politesse qu'il laissait frère et soeur ensembles, mais il restait dans son coin et silencieux. Comme le reste de l'appartement, d'ailleurs. Le bloc était tranquille, et c'était une bonne chose pour le rétablissement de Zolvar.

L'attention se tourna sur lui, par contre, et le docteur observa Léo quelques instants. Si ce qu'il avait entendu était vrai, le jeune homme était membre de l'équipe d'Ulrich. Il saurait garder sa langue.

- Aucune objection. J'ai l'intime conviction que votre frère sait ce qu'est une clause de confidentialité.

Sous l'approche polie du jeune homme, son aîné se mit debout et vint lui serrer la main, fermement. À cause des conditions un peu moins formelles de travail, l'Altéré taillait moins souvent ses griffes d'oiseau, ce qui était assez visible.

- Docteur Hauras, médecin accrédité des Défenseurs. Je suis ici sous la demande des Lockdowns, pour prendre soin de monsieur Zayne. D'ailleurs, merci de nous accueillir.

Suite à la poignée de main, le docteur s'adossa contre le mur, non loin d'eux, juste au cas où on aurait encore besoin de lui.

Le sommeil profond du mercenaire se changea progressivement en léger. Il flotta encore dans le sommeil quelques instants, puis se réveilla brusquement. Il avait l'impression que ses oreilles lui jouaient des tours... était-ce la voix de Léo qu'il avait entendu? Ou n'était-ce qu'un rêve?

Lentement, il ouvrit les yeux et tendit l'oreille. Non, c'était vraiment Léo... qui rencontrait et se présentait au docteur Hauras. Le Mutalythe eut un sourire. Comme il était content d'entendre sa voix... il avait l'impression qu'il avait rencontré Léo des années auparavant.

Il resta dans le lit, immobile et silencieux. Il prendrait la peine de sortir du brouillard matinal avant d'aller le saluer.

Annabelle regarda avec un petit sourire la rencontre des deux têtes pensantes. Ces deux là risquaient de bien s’entendre… Une fois l’autorisation du médecin acquise, elle prit une bonne inspiration et se lança.

"Ça va être long… mais je vais essayer de résumer autant que possible. Je… je crois que tu avais croisé Zayne peu de temps avant qu’il ne disparaisse. Il te racontera les pourquoi du comment mais il s’est fait… kidnappé, alors qu’il était au complexe scientifique. Un groupe nommé « l’hécatombe » lui as mis la main dessus et ils se sont mis en tête d’expérimenter sur lui pour savoir quelle était la fameuse « cinquième couleur » des Mutalhytes. Ils… ils l’ont ouvert. Le docteur Hauras ici pourra te donner les détails si tu le souhaites mais ils l’ont traité comme un morceau de viande. "

Elle prit une grande inspiration. Le temps avait beau avoir passé la vision de Zolvar étendu dans le bâtiment abandonné n’avait pas encore totalement disparue. Elle prit une gorgée d’eau et continua.

"Il a réussi à s’enfuir… ils ont envoyé des hommes à sa poursuite mais je suis tombé sur Zolvar juste au moment où il se faisait rattraper. Ça… ça a été sanglant et ils n’ont pas lâché le morceau facilement. On a mis hors d’état de nuire deux des trois hommes et… Pipes est arrivé. Il a tué le troisième, est venu récupérer quelque chose se trouvant dans l’un des hommes et est repartis. Il… il disait que c’était dans son intérêt que Zolvar et moi survivions. "

Devait-elle parler du Netralite a Leo ? Peut-être… mais pas maintenant. Pas avec Hauras dans les parages. Après tout c’était encore un secret bien gardé qu’elle l’avait laisser s’enfuir après leur première altercation.

"Le reste est assez banal : j’ai amené Zolvar a l’avant-poste défenseur le plus près, on l’a pris en charge et comme le rapt avait été fait dans le complexe la décision a été prise de le tenir loin de l’hôpital le temps qu’il récupère. De peur que l’Hécatombe ne veuille lui remettre la main dessus. C’est pour ça que j’ai proposé ton appartement."

Elle soupira.

"Je suis stationné ici pour veiller sur lui et assister le docteur Hauras. Un lockdown surveille également le bloc a distance pour s’assurer qu’on reste discret. On… on a eu une visite étrange il y a quelques jours mais… ce n’était pas l’hécatombe. Le trouble fête a été capturé et Les lockdowns ont pris le relais. "

Elle termina son verre d’eau, retira l’eau bouillante du feu et prépara une théière de tisane qu’il déposa sur la table. Elle regarda le docteur Hauras.

"J’oublie quelque chose ?"

Le jeune homme écouta attentivement les paroles de sa sœur, se crispant un peu plus à chacune de ses paroles. L’hécatombe ? Dans le complexe ? Pipes était impliqué ?

"Dans quoi tu t’es retrouvé mêlée…"

Le jeune homme était blanc comme un drap. Les implications de ce qu’il venait d’apprendre étaient nombreuses… Et ce qu’il avait appris d’Heimpher n’aidait en rien à le rassurer. Il eut un frisson… il se retint de parler avant d’entendre le docteur, toutefois… il voulait être sûr d’avoir toutes les informations avant d’avancer quoi que ce soit. Mais pour l’œil expert du docteur il était évident que le jeune homme était tendu.

De nouveau, le docteur écouta en silence, sagement. Il remarquait tout, ce vilain docteur, des émotions qui passaient furtivement dans les yeux d'Annabelle jusqu'à Léo qui s'était tendu.

- Je ne crois pas, non. Le reste, il en parlera lui-même, s'il le veut.

Hauras fixa son attention exclusivement sur Léo. Le jeune homme lui semblait beaucoup nerveux et ça le rendait alerte.

Entendre le réçit de tout ce qui lui était arrivé fut comme un dûr coup de réalité en pleine figure du mercenaire. Dans l'instant, il se rappela toutes les tortures, la lutte... et il sentit l'air lui manquer.

Assez brusquement, il se redressa, non sans un grognement de douleur, puis se mit à tousser. Il tenta de se calmer, tout en chuchotant des "chuuuut Zolvar, chuuuut".

Annabelle regarda son frère avec un sourcil relevé un instant, sans trop savoir comment interpréter ce qu'il venait de dire. Un brin d'inquiétude fit son chemin dans l'esprit de la gardienne et teinta son regard.

"Leo... qu'est-ce que..."

Elle tira lentement une des chaises de la table et vint s'asseoir face a son frère.

"Je t'ai dit ce qui s'est passé de mon côté... Tu avais des choses a me dire ?"

Elle était attentive et manifestement inquiète. Son frère était d'un naturel calme et posé. Ce n'était pas son genre d'agir comme ça.

Leo soupira et se passa une main dans le visage. Il y avait tellement d’information qu’il avait besoins de divulguer… Il se servit une tasse de tisane et enroula ses mains autours de la tasse pour chercher un peu de chaleur et de réconfort.

"Tout d’abord… je veux mettre clair que je ne parle pas à la Gardienne, mais a la sœur. Je… beaucoup de choses… que je m’apprête à dire ne pourrons pas être utilisés par les Gardiens et doivent rester entre des mains discrètes. "

Il savait déjà que sa sœur accepterait mais il se tourna vers Hauras. Le docteur avait manifestement confiance en lui pour une raison qu’il était facile de deviner. Les informations, manifestement, circulaient rapidement au sein du complexe. La confiance serait donc mutuelle.

"Je… j’ai rencontré certains membres de l’Hécatombe. Un dénommé Heimpher, un altéré créé pour être un chasseur. Il… "

L’ingénieur soupire et prends une gorgée de sa tasse. Les révélations arrivaient plus rapidement qu’il ne le croyait.

"Il avait été envoyé dans l’état pour semer la terreur dans les rues, chasser des puristes… faire en sorte que les gens ne se sentent pas en sécurité. Il m’a mis la main dessus une première fois mais j’ai réussi à lui échapper. Il m’a retracé quelques jours plus tard et m’a kidnappé et amené dans son antre. Il… c’était difficile de savoir ce qu’il voulait précisément mais avant qu’il puisse faire quoi que ce soit un autre membre de l’Hécatombe est arrivé. Un certain Jaygoh, qui avait reçus l’ordre de ses supérieurs qu’on me relâche. Probablement à cause de ma relation avec Monsieur Stein. Ils se sont disputés et… Heimpher s’est retourné contre Jaygoh. Il l’a mis hors d’état de nuire mais il a été sérieusement blessé dans le processus. Je l’ai soigné et aidé par la suite. Sa place auprès de l’hécatombe était compromise alors j’ai voulu… lui permettre de changer de vie, s’il le souhaitait. On a ficelé Jaygoh comme une saucisse et on l’a livré aux défenseurs. Heimpher a eu la paix une journée avant que la tête de l’Hécatombe, un cyborg nommé Thobias, ne vienne le récupérer en personne. Il n’a pas eu le choix de le suivre. "

Il soupire et prends une grande gorgée de thé.

"Ils… ont leur cartier général à l’extérieur des murs de la ville. De ce que je sais un groupe d’amis a eu des démêlées avec eux aussi. "

Maintenant venait la partie complexe…

"Et je soupçonne la présence d’un agent infiltré au sein même du complexe scientifique. Après ce qui est arrivé a Zolvar, ça confirme mes craintes. Un certain Sokolov. Ce serait lui qui aurait altéré Heimpher et beaucoup d’autres membres de l’Hécatombe. Je… je le soupçonne aussi d’être responsable de l’attentat contre Monsieur Stein et après ce que vous me dites je suis sur qu'il a quelque chose a voir avec ce qui est arrivé à Zolvar. "

Il se tut. Il savait que beaucoup de questions allaient fuser, notamment sur ses sources… mais il espérait s’en sauver aussi longtemps que possible. Il regardait également Hauras. Probablement qu’il connaissait le nom. Il était docteur après tout non ? Sokolov n’était pas Urgentologue en ce moment ?

Le docteur avait écouté toutes les paroles, sans dire un mot. Il était du genre très subtile... et au fond, la conversation le concernait plus ou moins. Son rôle l'avait à maintes fois mis dans le secret et il ne comptait pas le briser de sitôt.

Entendant Zolvar, par contre, il se dirigea rapidement vers la chambre. Ce ne fut pas long qu'il arriva à ses côtés et qu'il déposa une main dans son dos, pour tranquillement le rassurer.

- Ça va... doucement... Prenez de grandes inspirations... calmement. Tout va bien. Vous êtes en sécurité...

Les paroles des autres ne lui échappèrent pas, par contre, et il répondit de la chambre.

- Le docteur Sokolov, oui. un urgentologue, très bon dans son domaine. Ancien scientifique de l'aile Génétique. Il a changé de carrière par lui-même de ce que j'en sais... et je n'ai jamais entendu dire qu'il avait eu des frictions avec monsieur Stein...

Son attention revint totalement sur Zolvar, qu'il encouragea au calme à grands coups de frictions rassurantes dans le dos.

De son côté, il n'écoutait plus rien de la conversation entre le frère et la soeur. Il était concentré sur son état, mais surtout, sur le besoin de se calmer. Il devait se calmer.

La venur d'Hauras eut un effet bénéfique, immédiatement. Le mercenaire suivit le rythme des frictions dans son dos, et très lentement, il calma sa respiration. Il eut tout de même quelques hoquets, qu'il essaya de calmer également, mais ne se pressa pas non plus. Sokolov... Le nom ne lui disait rien. Ce n'était pas l'un des médecins qu'il avait contacté. Peut-être... un homme grisonnant, à la barbe bien taillée et aux yeux bleus. Il était resté en retrait, quand tout le monde avait essayé de l'empêcher de se sauver...

- ...yeux bleus... barbe taillée en bouc... grisonnant... bien habillé... l'air froid et sérieux... dans... les 5 pieds et onze et dans les cent quatre-vingt livres...?

Il se tut. Il espérait avoir tors. Ooooh qu'il espérait se tromper.

Annabelle avait écouté son frère, les yeux de plus en plus écarquillés. Dans quoi s'était-il retrouvé mêlé, lui! Elle n'arrivait pas a en croire ses oreilles...

"Attends, attends un instant!"

Elle s'était versé une tasse de tisanne, plus par réflexe qu'autre chose. Elle perdait lentement sa chaleur sans que la gardienne ne lui prête la moindre attention

"Tu dis que tu as rencontré le chef de l'Hécatombe ?! Ici dans l'état ? "

Ça n'augurait rien de bon... et plus son frangin parlait moins elle était rassurée. Les renégats pouvaient donc aller et venir a leur convenance de l'extérieur des murs jusqu'à l'intérieur et vice-versa. Ce n'était pas bon mais ça expliquait pourquoi les renforts étaient arrivés si rapidement.

"Tu... tu as gardé contact avec ce "Heimpher" ? Je... avec ce que tu me dis les lockdowns ont maintenant deux membres de l'hécatombe en leur possession."

Le départ du docteur Hauras lui fit hausser un sourcil et c'est alors qu'elle entendit les bruits en provenances de la chambre. Ils venaient de réveiller Zayne, manifestement. Elle retint sa respiration en l'entendant parler. La suite des choses dépendrait a savoir si oui ou non Son frère avait raison sur ce dénomé Sokolov.

Leo soupira en regardant sa soeur.

"Ouis. Il est venu chercher Heimpher en personne. Je lui fait pleinement confiance mais... je n'ai pas eut de nouvelles de lui depuis qu'il est partis. Je ne sais pas ce qui lui est arrivé."

Il vit le docteur se lever et constata lui aussi le réveil du mercenaire. Il eut un pincement au coeur en l'entendant tousser. A croire ce que Heimpher lui avait raconté il ne doutait pas un seul instant qu'il avait traversé l'enfer entre les mains des scientifiques de l'Hécatombe... c'était a croire que ses craintes étaient finalement justifiées. Il avait énoncé le désir de connaissance et d'expérimentation comme une explication potentielle quand au désir de garder cette mystérieuse cinquième couleur secrète, non ? Oh qu'il aurait aimé avoir tord... Il se leva doucement pour regarder a travers le cadre de porte. Il n'avait pas une vue claire sur son lit mais il voyait Hauras et devinait la forme de Zolvar. La description de Zolvar lui glaça le sang. Il se rapellait d'une photo qu'il avait vu... la seule réelle information qu'il se souvenait quant au mystérieux scientifique. Une photo d'un homme au regard sérieux avec un bouc. Il avait vut juste... si Zayne savait qui était Sokolov ça laissait peu de place au doute.

Hauras continua de calmer son patient, en prenant tout son temps. Il continuait de lui frictionner le dos, voyant que ça aidait le Mutalythe.

- Là... voilà... doucement...

Il soupira pour lui-même, puis se figea à entendre la description de Zolvar. Même, sa chemise sembla se soulever un peu; ses plumes, sous sa chemise, venaient de s'hérisser et donnaient cette impression. Il eut ensuite un sifflement agressif, semblable à celui d'un oiseau de proie, puis baissa la tête.

- ...c'est la description pile poil du doceur Sokolov, oui. Mer-Mouette.

Le médecin délaissa rapidement sa crainte et se remit à frictionner le dos de Zolvar. Après tout, ils avaint une Gardienne, ici. Déterminer la démarche à suivre serait son travail, désormais.

Friction par friction, le mercenaire se calma. Garder son calme fut une toute autre histoire quand il apprit l'implication de l'un des scientifiques de l'État. Serait-il encore en sécurité à Sicherheit? Et sa famille? Ils... ils savaient où sa famille se trouvait. Ses malades pourraient atteindre les siens.

Encore, il essaya de se calmer. Trouve des choses utiles, Zolvar. Arrête de ne penser qu''à toi. Penses à des indices.

- ...ils ont dit savoir où était ma famille... ils ont accès à beaucoup d'informations... au registre civile, au minimum... Je... j'ai vu Sokolov... il y aurait moyen de le faire avouer... si on l'approche en affirmant que l'on sait déjà tout... non?

À moins qu'il soit prêt à mourir. Comme tous les autres renégats...

La gardienne resta un moment immobile, à fixer tour à tour son frère et Zolvar. C’étaient beaucoup de nouvelles informations… Et ce qui se dessinait à l’avant n’était pas une balade dans le parc. Elle poussa un grand soupir avant de se passer une main dans le visage.

"On ne va pas pouvoir affirmer qu’on « sait déjà tout » si on ne sait pas déjà tout… justement. S’il est encore en cavale c’est qu’il est intelligent, probablement bien entouré et surtout très prudent. Si nos altercations avec l’Hécatombe nous ont appris quoi que ce soit c’est qu’ils sont bien équipés et bien organisés. "

Elle soupira.

"L’avantage : il est public… on connait son nom et il est « citoyen » de Sicherheit. On… on va devoir monter un dossier. Trouver des preuves solides ou à tout le moins des éléments suffisamment intriguant pour que les Lockdowns puissent voir l’intérêt de demander un mandat d’enquête. "

Elle prit machinalement sa tasse et fit la grimace après une petite gorgée de son breuvage maintenant froid. Rien à faire. Elle n’aimait pas le thé…

"On ne peut pas utiliser tes « intuitions » pour ou celles de Stein comme piste. Zolvar par contre…"

Annabelle prit une grande inspiration

"Je suis désolé de devoir te demander ça… mais… tu es en mesure de te rappeler s’il a été… actif dans ce qui t’es arrivé ? Je veux dire… il t’a parlé ? A tout le moins, il paraissait supporter ceux qui t’ont kidnappé ?"

Elle ouvrit grand les oreilles. C’était le genre de travail plus approprié a un enquêteur mais elle étudiait pour gravir les échelons, non ?

Léo vint pour parler mais se tut. Sa sœur avait raison et c’était exactement la raison pour laquelle l’élu du secteur des sciences n’avait pas directement porté d’accusations contre l’urgentologue.

"Sokolov était l’adversaire d’Ulrich au poste d’élu du secteur des sciences et de l’industrie. Ils étaient presque 50/50 lors des derniers votes… Sokolov est un généticien hors pair mais a la morale douteuse. C’est la raison pour laquelle Stein l’aurait « dégradé ». Pour éviter qu’il ne poursuive ses travaux. "

Il soupira.

"De ce que j’en sais il est responsable des altérations de plusieurs membres de l’Hécatombe. Heimpher me disait que c’était lui qui créait les « meilleurs chasseurs »."

C’était inquiétant. Encore plus de savoir qu’il était en ce moment même en liberté, avec comme seule contrainte de ne pas se faire prendre la main dans le sac.

De son côté, le docteur Hauras resta silencieux. Il continuait de firctionner le dos du mercenaire, avec plus de douceur maintenant. Parler des expériences traumatisantes était l'un des moyens de s'en détacher. De se rendre compte qu'ils étaient derrière. Dans tous les cas, son rôle n'était pas d'intervenir dans la conversation, maintenant, mais d'aider son patient...

Subitement, on cogna à la porte, de la manière particulière qui annonçait la venue d'Almoran. Hauras jeta un coup d'oeil à la Gardienne, essayant de déterminer qui irait ouvrir. Il serait mieux pour lui de rester avec le mercenaire...

Le mercenaire baissa la tête, presque piteusement. Bien entendu, ça aurait été trop simple... Il aurait aimé pouvoir régler toute cette histoire plus facilement, mais la chose lui semblait inaccessible pour le moment. Il écouta tout de même les paroles de la Gardienne, puis de Léo, pour ensuite penser. Il devait se rappeler... faire de son mieux, être utile... Mais rien ne lui revenait en tête.

-...le seul moment où je l'ai vu, c'est quand j'ai fuis. Les autres essayaient de me retenir... et lui restait en retrait... dans le genre de cuisine... de ce que je me rappel, il ne m'a pas touché... mais il était clairement une figure d'autorité... un chef de projet...

Le Mutalythe eut un frisson, puis se figea l'espace de quelques secondes quand il entendit cogner à la porte. Ce ne fut pas long qu'il reconnu la manière de cogner d'Almoran, et il se calma immédiatement.

Annabelle se redressa elle aussi en entendant cogner à la porte et regarda son frère. Elle fit un bref mouvement pour lui indiquer de se taire et surtout, de tenir mort ce qu’il était en train de dire. Les lockdowns avaient beau ne pas être des sauvages ils avaient des ordres très spécifiques… et il était presque certain que Leo terminerait dans une cellule à se faire interroger si Almoran apprenait qu’il avait un contact dans l’Hécatombe.

Son frère était déjà suffisamment embourbé dans toute cette histoire… mieux valait éviter qu’il ne s’y retrouve jusqu’au cou

Elle se leva sans réelle presse (plus pour démontrer à Leo qu’il n’y avait rien à craindre qu’autre chose) et alla ouvrir la porte de l’appartement. Elle salua l’altéré, respectueusement et s’écarta afin de le laisser entrer. Mieux valait parler de l’éléphant dans la pièce sans attendre qu’il ne pose des questions…

"Lockdown, voici mon frère, Leo, le propriétaire de l’appartement. Il passait pour récupérer certains effets personnels et prendre des nouvelles de monsieur Zayne."

Une partie d’elle eut presque envie de rire en appelant Zolvar ainsi… mais il y avait quand même un certain décorum à conserver, après tout.

Le jeune homme capta avec un brin d’inquiétude le signal de sa sœur et compris instantanément pourquoi lorsqu’elle ouvrit la porte. Par le ciel il ne s’était pas attendu à ça… Ce… ce n’était pas bon.

Il se força à se calmer et se leva à l’entrée du Lockdown, s’inclinant légèrement.

"Enchanté. Monsieur… ?"

Leo paraissait calme mais son cœur battait la chamade. Annabelle était extrêmement sociale et savait comment parler, détourner, gérer… bref, elle excellait dans tout ce a quoi Leo était un vrai boulet. Il espérait seulement, en ce moment, ne pas se mettre le pieds dans le bouche si profondément qu’il aurait de la difficulté a l’en sortir…