(Terminé) La Gardienne de mon but. (Aïra et Annabelle)

Aïra put clairement sentir la main de la gardienne se raidir dans la sienne. Annabelle retira sa main et la posa sur son ceinturon. Une raideur très prononcée avait pris possession de son corps. Ça avait le mérite d’être clair. Ça avait aussi le mérite d’être incroyablement maladroit.

"Nous allons mettre deux choses au clair. La première est que personne ici ne doit savoir que je suis en communication avec le netralite. Sinon je me retrouve devant un tribunal martial."

Elle avait les dents serrées et le visage blême. Elle avait parlé très doucement, murmuré presque. Cette salle avait été choisie par Almoran pour son rapport aussi doutait-elle qu’il y ait le moindre appareil d’enregistrement caché. Mais parler de ça en plein cœur de la caserne… c’était tout bonnement du suicide. Elle soupira.

"La deuxième est que le nombre de personnes auquel je peux faire confiance concernant ce dossier est très limité. Pour que j’accorde du crédit aux paroles d’une parfaite étrangère il va me falloir mieux que des informations vagues et des sous-entendus. "

« donnes-moi quelque chose de concret, n’importe quoi pour me confirmer que c’est bien Eridani qui t’envoie ». Elle se doutait que la jeune femme face a elle avait un lien avec le culte de la force intérieure, mais avec les aléas du docteur Sokolov mieux valait être prudente.

Aïra leva sa main de libre en signe de retraite.

-Je n'ai rien dit sur ce qui m'amennait à personne. L'homme de tout à l'heure ne sait rien. Il ne m'avait même pas demander mon nom, c'est pour dire.

Elle soupira.

-Je suis une apprentie du Netralite. Je suis ses enseignements depuis mes 5 ans. Mais tout ceci, je sais pertinemment que je ne peux pas vous le prouver. Par contre, si je suis ici, si ce dernier m'a choisis pour vous venir en aide, c'est parce que je sais exactement par quoi votre ami est passé. Dans les moindres détails.

Elle lui lâcha la main lentement, la gardant en l'air, totalement en retrait.

-Je ne suis pas armée, je n'ai rien sur moi. Je ne vous veux absolument aucun mal.

Elle pointa ses vêtements. Une veste en laine molle et grise, un chemisier trop grand appartenant surement a un homme, un pentalon de nylon, trop grand et trop court et ses pieds, nus, qui, tout comme ses mains, étaient recouvert d'un noir corbeau, jusque sur les paumes.

- Me permettez-vous que je vous montre? Dit elle, sentant les crépitement danser d'exaltation sous sa peau, remontant jusque dans ses avant-bras.

Annabelle l'écouta attentivement et soupira.

"Nous sommes en plein millieu de la barraque des défenseurs. Le simple fait d'avoir cette conversation ici est une mauvaise idée..."

Elle se retourna et alla s'appuyer contre le dossier d'une chaise, restant a peu près debout.

"Je ne vous voit pas comme une menace... croyez moi j'ai fait face a pire. Mais comprenez que cet amis est chassé par beaucoup de personnes et que je dois être prudente. "

Elle se passa une main sur le visage, un sourcil relevé.

"Me montrer quoi ?"

-Ce pourquoi je peux aider votre ami. Ce pourquoi lui et moi sommes peut-être dans le même bateau.

Elle la fixait maintenant, d'un regard de jade pâle, laiteux, ternis d'une couche vitreuse qui ne laissait pas place au doute. Cette jeune femme était aveugle.

- Vous voyez ce stylo? Fit elle en pointant l'objet en question.

Elle tendit la main vers l'objet, situé à un bon mètre et demi d'elle. Elle ferma les yeux et inspira. Un instant plus tard, mollement, le stylo monta dans les airs et se dirigea vers sa main, assez rapidement. Elle le saisit et expira. Du revers de la main, elle s'essuya le nez, un mince fillet de sang s'en écoulait.

-Je vous en prie... fit elle en rouvrant les yeux. Si vous saviez depuis combien de temps j'attend de finalement trouver quelqu'un comme moi.

Elle sourit, presque candide, qu'une envie lui tournait en tête: aider.

La gardienne hésita et secoua la tête. Elle avait un semblant de confirmation que la jeune femme était bien ce qu’elle prétendait être. Mais les choses n’étaient pas si simples.

"Je regrette de vous dire que ce ne sera pas évident. Il est en ce moment en train de récupérer dans un appartement qui est placé sous la surveillance des lockdowns. Tant qu’il sera là il sera quasiment impossible de l’approcher sans que les défenseurs ne soient au courant. Et je ne crois pas que ça rendrait service a qui que ce soit."

Elle soupira, incapable de prendre une décision. D’un côté il était crucial que Zolvar ait accès à un moyen d’apprendre à contrôler ses habilités, mais d’un autre il fallait agir discrètement, dans l’ombre…

"La seule solution que je vois est d’attendre son rétablissement complet, quand il sera libre de retourner chez lui. Et même là il est possible qu’il reste sous observation pendant un moment…"

Aïra soupira de plus belle, soulagée que la Gardienne s'ouvre un peu plus à elle.

-Rien ne les oblige à savoir que je viens pour le voir lui. N'y à t'il personne dans cet appartement qui pourrait servir de... pardonnez moi l'expression mais ''servir d'excuse officielle'' pour justifier ma présence? De plus, nous faisons parti du même culte. En des temps difficiles et éprouvent comme il passe, il est important que notre foi demeure, même cloîtré en convalescence.

Elle se fit plus douce.

-Je m'excuse de paraître insistante... Le Netralite s'inquiète beaucoup pour lui... Et je dois vous avouer que... Pour avoir passez des moments identiques à ce qu'il vit en ce moment, je sais que tout ce dont on rêve, ce sont des réponses à nos questions et de quoi soulager un peu la douleur.

Elle ria jaune.

-Je sais bien que je suis présentement en train de demander à une femme de Loi de contourner cette dernière... et je ne dis pas que c'est bien. Mais pour le bien de cet homme, qui semble vous tenir à cœur, ne serait-ce pas un mal pour un bien?

Annabelle eut un sourire triste.

"Croyez-moi je fais tout ce que je peux pour que ce soit possible en ce moment. Si vous pouvez l'aider ce sera avec plaisir que je vous aiderais."

Elle se frotta le menton.

"Il a été relocalisé dans un appartement justement parce qu'il risquait de se faire capturer a nouveau si il était laissé dans un hopital public. Personne ne sait qu'il est là, a l'exception de moi, du docteur Hauras et d'Almoran, que vous avez rencontré. Dans une situation normale ce serait facile de trouver une excuse mais là... "

Elle soupira et secoua la tête.

"La seule solution a laquelle je pense serait que Zolvar lui même vous fasse demander. Ces "pouvoirs" ont étés observés par le personnel médical des défenseurs, après tout..."

Elle hocha la tête pour elle-même.

"La solution risque d'être plus simple que je ne le pensais. Mais pour que ça parraisse moins louche il faut impérativement que la requête vienne de Zolvar. Je lui en parlerais a mon retours."

Aïra hocha la tête â son tour.

-Oui, en effet, ce serait une idée. Une très bonne idée.

Elle parut réfléchir un instant.

-Si il accepte... euh... comment comptez-vous me convoquer? Une lettre ne sera pas très discrète sachant que quelqu'un devra me la lire...

Elle dit ceci en se passant la main devant les yeux, pour illustrer son propos.

-Je peux par contre revenir ici demain. Vous me ferez part de ce qu'il en est, si vous voulez. Si Monsieur Zolvar refuse, je n'insisterais pas plus, je vous le certifie.

Elle s'avança avec beaucoup d'aisance jusqu'au bureau et y reposa le stylo, exactement dans la même position qu'il était avant de s'envoler.

-Est-ce que cette proposition vous convient? Fit elle, souriante.

Elle sourit légèrement.

"Je me chargerais de faire le pigeon voyageur. Il suffira de convenir d'un point et d'une heure de rencontre. Demain, mais pas ici. Mieux vaut ne pas prendre de risques inutiles."

Elle réflichit un moment. La gardienne sembla sur le point de proposer un lieu de rendez-vous lorsqu'elle s'interrompit, se sentant un peu bête.

"Vous êtes en mesure de vous repérer, dans les différents quartiers ? "

Elle souri à son tour et montra ses pieds, dont la plante était toute aussi noire que le reste des tatouages.

-Avec ça, je peux aller n'importe où. Je me suis pratiquée et aie déjà effectué quelques repérages pour me situer dans la ville. Ça ne sera pas un problème.

Elle hésita.

-Disons que... grâce à ce talent... Je vois, d'une certaine façon.

Elle ria un peu, se sentant comme un vieux sage, chose qui ne lui était pas familière. Se donnait-elle des air mystérieux simplement pour se faire valoir? En tout les cas, ça avait l'air de fonctionner.

-Juste à m'indiquer clairement l'endroit et je serais là.

La patrouilleuse sembla perplexe, mais haussa les épaules. De tout ce qu’elle avait vu ces dernières semaines, l’idée qu’une altérée aveugle puisse se repérer dans la ville n’était pas la plus farfelue. Elle sembla jongler un instant entre plusieurs options.

"Juste à l’orée du secteur des sciences, entre la 40e et la 17e avenue, il y a un vieux bar, un peu miteux mais très discret. Le "Corner's Brew". Demain vers 20h."

Elle avait parlé lentement et clairement afin de laisser autant de chances que possible a Aïra d’enregistrer les informations.

"Ça va me laisser le temps de faire ce que j’ai a faire sans que ça n’attire trop l’attention. "

Elle hocha la tête, plus pour elle même qu'autre chose, avant de se lever. mieux valait qu'ils ne restent pas trop longtemps seuls dans le bureau, sinon ça aurait l'air louche...

Elle hocha la tête.

-C'est accepté. Je connais bien l'endroit.

Elle eu un sourire en coin, se rappellant une bien drôle de soirée.

-Je vous y retrouverais donc! Je... j'imagine qu'il faudrait que j'y aille, maintenant, avant que cet entretient devienne anormalement long. Je vous remercie, Gardienne.

Elle secoua la tête, tout d'un coup incroyablement fatiguée.

"C'est moi qui devrait vous remercier... si vous réussisssez a aider Zolvar j'aurais une dette envers vous."

Elle essaya de sourire. Un sourire faible mais franc. Tout ce qui se passait la dépassait, visiblement.

"A demain, alors. Mieux vaut que vous sortiez en premier, pour qu'on ne nous voit pas trop ensemble."

Elle acquieça et sortit du bureau. Elle se dirigea vers la sortie, mimant un peu de se chercher et salua Almoran de la main.

Elle sortit finalement de la Caserne et put respirer.

Allez, pensa t-elle. Un p'tit verre pour fêter ça?