Nouvelle chance (Annabelle, Aïra)

Son rétablissement se passait bien. C'était déjà une excellente chose. Bientôt, il allait pouvoir retourner chez lui. Peut-être pas directement chez lui... mais au moins laisser son appartement à Léo.

Leur routine avait, par contre, été légèrement troublée. Une bonne journée, Annabelle était revenue avec une étrange nouvelle. Une histoire de demoiselle, envoyée par le Netralite, pour l'aider. La chose lui avait parut étrange, mais après une longue discussion, la Gardienne l'avait convaincu: il avait besoin d'aide avec ses capacités s'il ne voulait pas risquer de blesser quelqu'un.

Il avait fait la demande de la voir, alors, cette Aïra. Il n'avait pas besoin de prétexte, mais pour la paperasse, il avait dit au Lockdown qu'il la connaissait et qu'elle l'aiderait. La chose était passée au conseil, et aujourd'hui était le grand jour.

Le Mutalythe s'était installé à la cuisine, avec la Gardienne. Hauras s'était absenté et Almoran n'était pas sensé se présenter. Ne suffisait qu'Aïra maintenant... et il était nerveux. C'était visible.

La gardienne lui mit une main sur l’épaule. Doucement, pour ne pas le faire sursauter.

"Elle n’est pas dangereuse Zolvar. Et contrairement à Eridani je suis à peu près sûr que sa présence ne causera pas de… disons de boulversement. "

Elle apposa ses lèvres pour laisser un baiser sur sa tête.

"Avoir accès a quelqu’un pouvant t’aider a maitriser tes pouvoirs vaut bien de prendre le risque tu ne trouves pas ?"

Elle arriva sur le palier. Un peu nerveuse, elle triturait encore ses cheveux.

C'est pas si grave, calme toi. Se disait elle.

Elle cogna à la porte, trois coups francs, distincts, et attendit.

La main sur son épaule fut rapidement recouverte de la sienne. Juste ce petit geste sembla le détendre. Annabelle avait raison. Avoir quelqu'un pour lui apprendre serait le mieux. Ce serait beaucoup moins dangereux pour tout le monde. Le baiser sur sa tête lui arracha un sourire, en même temps qu'il acquiesçait.

Puis... la tension. Là, dans le fond de sa tête. Ses yeux se mirent à briller et il sentit la douleur naître dans le fond de sa tête. Une migraine, loin d'être à son pire, qui lui faisait la douce promesse d'empirer s'il faisait une bêtise.

Le mercenaire mena une main à sa tête, doucement, et se mit à masser ses yeux.

- ...je crois qu'elle est là...

Toc. Toc. Toc. Il sursauta un peu, puis fixa la porte. Tout son corps venait de se tendre.

Annabelle regarda le mercenaire avec une moue inquiète.

"Zolvar, ça... ça va ? "

Elle avait vut le douce lueur présente dans ses yeux et ça l'inquiétait. Pas pour sa propre sécurité non, mais pour la santé de Zolvar. Elle avait vu de première main ce que la proximité avec le Netralite lui faisait.

"Je vais ouvrir la porte, d'accord ?"

La gardienne attendit l'approbation, puis se dirigea vers la porte pour ouvrir à la visiteure.

Aïra souria, gênée à la femme qui lui ouvrit la porte.

-Je suis donc au bon endroit. Fantastique.

Elle la suivit sans un mot, jusqu'à la pièce ou la présence apparaissait très clairement dans le brouillard de sa vision.

Elle sourit timidement, tendant sa main dont la paume et les doigts étaient tatoués de noir, tout comme son sourire, d'ailleur. Ces dents noires, autant que son bas de visage qui faisaient sursauter plus d'un.

-Vous devez être Monsieur Zayne. Je m'appelle Aïra Laarabat.

Elle hésita et rajouta.

-Si vous saviez comme je suis heureuse de rencontrer enfin quelqu'un comme moi...

Le mercenaire acquiesça d'un mouvement de tête. Ça allait... mais c'était désagréable. Dans tous les cas, l'inconfort et le malaise étaient moins intenses qu'avec le Netralite... et ce serait déjà un début.

Son attention se fixa sur la porte alors qu'Annabelle l'ouvrait. Dans le pire des cas, son ange gardienne l'aiderait. Mais... arrête de penser au pire, boyscout. Tout va bien aller. La jeune femme entra donc et son mal de tête empira. Elle avait une apparence si particulière... mais il la sentait. Cette aura, spéciale et pétillante, qui faisait naître des frissons le long de ses bras et de sa colonne vertébrale.

Il serra la main d'Aïra, très doucement. Sa large main enveloppait presque celle de la jeune Altérée. Des mains d'Artistes, que son père aurait dit. Il aurait eu raison.

- ...effectivement... vous m'excuserez... j'ai encore des migraines...

Juste comme il disait ces mots, il sentit le sang lui couler du nez. Il reprit bien vite sa main et offrit un sourire compréhensif à Aïra. Lui aussi était rassuré de voir quelqu'un d'autre comme lui, mais il aurait fait sans la douleur...

Annabelle regarda son amant, puis la nouvelle venue, un sourcil relevé. Elle était soulagée que Zolvar ne se sente pas insécure, mais cette... réaction l'inquiétait.

"Est-ce que tu va saigner du nez ainsi a chaque fois que quelqu'un du culte de la force intérieure va être dans la même pièce ?"

Aïra sourit et recula de quelques pas.

-Au commencement, nous sommes à fleur de peau, nos sens ne comprennent plus et les pouvoirs se manifestent dans le chaos le plus total. Quelles ont été les autres symptômes et manifestation étranges jusqu'à présent?

Elle ne se fit pas prier et se plaça à même le sol, en tailleur.

Le mercenaire profita de la question d'Annabelle pour s'armer d'un mouchoir, et ainsi éponger son nez avant de tacher quoique ce soit. Il prit d'ailleurs le temps de bien l'éponger, avant de réfléchir à la question d'Aïra. Tous ces maux s'étaient stabilisés alors qu'elle s'était immobilisée, à une distance raisonnable.

- ...maux de tête... étourdissements... migraines... saignements de nez... Je... bouge certaines choses sans réellement le vouloir... Du moment que le Netralite est près... je... j'ai d'énormes malaises...

Il se tut, mais questionna Annabelle du regard. Oubliait-il quelque chose? Il ne savait pas. Tout ça était confus dans son esprit, avec les souvenirs entremêlés de ses derniers traumatismes.

Annabelle hocha doucement la tête, approbatrice. C'était... curieusement normal comme entretiens jusqu'à maintenant. Presque comme une visite chez le médecin. Elle ne savait pas a quoi elle s'était attendue, a bien y penser...

"Et en ce moment tu te sens comment ?"

Il y avait une note d'inquiétude dans sa voix, mais elle se doutait bien de la réponse. Pour avoir vu l'état dans lequel le Netralite le mettait, c'était définitivement moins pire avec Aïra.

Spoiler:

Elle sourit.

-Le Netrslite dégage beaucoup plus d'énergie que moi. Vous devriez vite vous adapter a ma présence, les symptomes devraient disparaitre. El fait, quelques méthodes de méditation et de relaxation peuvent aider.

Elle se plaça droite, assise en tailleur, et respira longuement, lentement. Puis elle se leva et enchaîna quelques mouvements lents, comme du Taï Chi.

-Vous pouvez m'accompagner, si vous voulez. C'est un peu dur au début mais cela soulage.

Elle continua.

Comment il se sentait? C'était... relatif. Les symptômes reliés à ses pouvoirs n'avaient pas changés... et ses blessures étaient encore sensibles.

- ...le mal de tête est encore là, je suis un peu fatigué, mais je vais bien.

Le Mutalythe offrit un sourire doux à Annabelle, puis écouta attentivement Aïra. Méditation, il connaissait déjà. Le Taï Chi... c'était nouveau. Il eut un soupir amusé et s'épongea le nez doucement.

- J'aimerais... mais mon médecin ne serait pas d'accord. Je ne dois pas faire de mouvements qui bougent trop mon buste.

Il n'imaginait même pas la colère d'Hauras s'il le voyait faire des mouvements du genre...

Aïra continua, souriant de sa méprise.

-Oh, pardonnez moi, je n'ai pas la meilleure des vues et votre silhouette me semblait correcte.

Elle revint finalement en position de départ et sortit une petite bille de métal de sa poche. Elle la posa sur le sol devant elle.

-Au demeurant, la méditation peut être suffisante. Le but est simple, ce don est une nouvelle énergie qui circule en vous et votre corps tente de le rejeter. Il faut détendre le corps et l'esprit pour que l'énergie nouvelle se mêle à l'ancienne. Apprendre à vous familiariser avec, avec les sensations qu'elle vous donne, afin de finalement pouvoir la canaliser, la diriger, qu'elle réponde à votre désir.

Elle pointa la bille du doigt et celle-ci s'éleva dans les airs, suivant le bout de l'index de loin. Elle fit faire quelques tours et la laissa choir sur le plancher.

-Essayez de vous détendre, de prendre la douleur pour la passer au suivant, la laisser circuler en vous. Les maux ne sont que la première étape, celle de la bataille du corps. Il faut accepter pour mieux avancer.

Elle lui sourit.

-Essayez, Zolvar...

Le Mercenaire eut un petit gloussement. Ses blessures n'étaient pas réellement visibles, sauf son bras, et encore là... Il n'y avait pas de fautes, dans tous lea cas.

- Je crois comprendre.

Il observa ensuite Aïra faire. L'écouta attentivement également. Ses deux yeux dorés se fermèrent et il prit de profondes inspirations. Ses autres facettes se concentrèrent avec lui. Faire passer la douleur en premier. L'accepter au point où elle ne dérange plus. Il avait appris à ne pas trop se formaliser de la douleur, depuis ce qu'il avait subi. Ça lui rappelait qu'il était vivant.

Le vide se fit dans sa tête. Il avait l'habitude, c'était évident. Il suivait le CFI depuis un moment déjà. Depuis bien avant son entrée chez les mercenaires. Il s'y connaissait un peu.

Une impression étrange le traversa, lentement, mais sans plus. Il ne voulait pas non plus bouger la bille pour le moment. Juste commencer par apprivoiser la sensation.

Les yeux de jade laiteux le fixaient. Elle pouvait la voir. L'énergie en lui, elle la voyait tranquillement se dompter, se calmer. Lentement, elle fit lever la bille et la dirigea vers Zolvar. Mollement, la boule de métal volait, puis prit place, à quelques centimètres du visage du Mutalythe.

Aïra attendit, prête. Lorsqu'elle le verrait assez en confiance, il sera temps d'aiguiser ses réflexes.

-Excellent, je vois que vous saisissez bien ce que je veux dire... Dit elle calmement.

Inspiration. L'impression étrange augmenta, doucement. Dans le bout de ses doigts, en premier, puis le long de ses mains. Expiration. La sensation redescendit, lentement. Inspiration... un certain courant électrique le traversa, comme si l'impression devenait folle un peu. Sa respiration s'accéléra. Il avait l'impression qu'il ne tenait pas bien tout ça. Que s'il perdait de sa concentration un peu... Son nez se remit à couler, intensément. L'impression se mit à être douloureuse, dans tous ses membres, et il grogna.

La voix d'Aïra résonna, il sursauta... et les deux femmes se firent pousser, fortement, par une vague invisible. Rien d'assez fort pour les envoyer au sol, mais assez pour les bousculer. Lui, il se mit à tousser et à chercher son air. Son crâne allait fendre en deux... et ses blessure lui faisaient mal, tout d'un coup.

Elle rattrapa la bille et se rapprocha.

-Respire, Zolvar. Respire. Tout va bien... Tu dois te concentrer.

Elle ne se risqua pas à lui toucher l'épaule.

Respirer. Le mercenaire faisait de son mieux pour exécuter cette action pourtant si naturelle. Son visage était déformé par un rictus de douleur, indicatif clair se sa souffrance.

Il se força tout de même à respirer. Lentement, mais sûrement. Il prit son temps et, quelques minutes après, il hoquetait finalement quelques respirations laborieuses.

- ...j-je vais bien... ça va aller... Laissez-moi juste... quelques instants...

Essayait-il de rassurer ses accompagnatrices, ou alors lui-même? Il l'ignorait, franchement. Son teint avait pâli, dans tous les cas, et son bras intacte faisait pression sur son abdomen, doucement.

Aïra parut soulagée. Elle s'éloigna un peu.

-Vu l'intensité des symptomes, je ne peux pas faire grand chose de plus pour le moment... Mais la méditation comme je vous ai montré et ceci peuvent aider.

Elle montra la bille de métal.

- Prennez le temps de vous remettre sur pied et vous entrainer, dans le domaine du raisonnable, avec les méthodes que je vous ai apprises. Que diriez vous que je revienne dans quelques jours, pour prendre de vos nouvelles?

Elle sourit.

Le regard doré du mercenaire se fixa sur la jeune Altérée et il eut un soupir. De déception, probablement? De fatigue, surtout. Hauras lui avait dit de ne pas trop pousser la note, mais il n'aurait pas cru qu'une simple méditation, qu'un exercice pendant lequel il était immobile, le draînerait de la sorte.

- ...sans mes blessures, ce serait beaucoup moins grave, je crois. Je vais suivre vos conseils.

Ses sourcils se froncèrent alors qu'il pensait. Pourrait-elle revenir? il consulta Annabelle du regard, qui sembla d'accord. Tant qu'ils suivaient leurs plans de "rencontre organisées", tout serait parfait. Ils feraient attention, seraient prudents, et personne n'allait s'attirer de problèmes.

- ...j'apprécierais. Je suis quelqu'un qui apprend rapidement, alors peut-être que ma condition se sera améliorer, d'ici là.

Il eut un sourire doux. Sa respiration se faisait plus facile et la douleur repartait, lentement. Il en avait trop demandé et ferait attention, la prochaine fois. Gentil Zolvar, ne nous fait pas mal à nous aussi, d'accord?

Elle se leva et se dirigea vers la porte. Elle s'arrêta à mi chemin.

-Je reviendrais donc dans quelques jours. Faites attention à vous d'ici là, n'en faites pas trop. Mais je vois que vous êtes entre bonne main.

Elle sourit à Annabelle.

-J'ai constaté qu'en effet vous êtes un apprentit assidu. J'ai été plus que ravie de vous rencontrer, Zolvar.

Elle lui fit un sourire doux avant de l'éclipser respectueusement, dans le calme.

Annabelle hocha lentement la tête. Toute cette rencontre lui avait appris beaucoup, tout en la laissant en proie a de nombreuses questions... Dans tous les cas il y aurait une suite. Si Zolvar pouvait "s'habituer" a ses nouvelles capacités, ce serait une chose de moins a gérer.