(Annabelle) Conflit d'intérêts.

Annabelle hocha simplement la tête aux paroles du mercenaire. Il avait l’air perdu dans ses pensées, probablement encore occupé comme elle à digérer la nouvelle. Après les paroles du renard, Annabelle éclata de rire. À un point tel qu’il lui fut difficile d’arrêter.

"Ohhhh Jayx… haaa… hum… Merde. Tu métrais deux hyperactifs ensemble dans une salle … haha ! En leur disant de rester calme pendant une semaine complète ? Tu veux que Sicherheit parte en fumée ou quoi ?! "

Elle offrit un sourire amusé au mercenaire.

"J’apprécierais énormément la compagnie de Monsieur Zayne tout au long de cette semaine, mais je crois qu’on ne ferait que se motiver mutuellement à aller contre les indications de notre cher docteur Dallas. "

Elle laissa le rire mourir et retrouva un semblant de sérieux.

"Je veux bien venir souper si tu y tiens mais je serait curieuse que tu définisses d'avantage ce que tu entends par « trucs de fille ». Tu parles à quelqu’un originaire du secteur de l’agriculture qui a choisis de devenir défenseure. Je n’ai probablement pas la même idée de ce que ça implique que tes renardes… "

C’était ainsi qu’elle surnommait les conquêtes de l’altéré. Qu’elles soient humaines ou non, toutes celles qui finissaient dans les bras du renard devenaient des renardes.

Encore un fois, les paroles d'un Gardien le firent rougirent un peu. Le rendirent timide. Annabelle en première, puis maintenant son chef d'équipe. Qu'avaient-ils donc tous à dire des sottises de la sorte? Pourquoi passeraient-ils la semaine ensembles? Ils ne se connaissaient pas! Oui, d'accord, ils semblaient tout deux aimer travailler, mais ce n'était pas simplement sur ce genre de petit détail qu'on basait une relation, qu'elle soit amicale ou autre... Il fallait plus, et ils n'étaient définitivement pas arrivé à ce stade. Clairement pas. Il eut un soupir, l'idée que c'était là un comportement totalement humain que de supposer des choses aussi étranges, puis se calma lentement. Son côté rationnel venait de revenir, au grand damne de sa facette verte.

- ...ce serait une bien mauvaise idée... Moi qui tient difficilement en place seul...

Voilà, c'était dit, et rien n'avait été blessant pour qui que ce soit. Il resta ensuite silencieux, l'expression sérieuse, presque blasée même. Il était fatigué, autant physiquement qu'émotionnellement... Il se contenterait de les écouter pour le moment. De toute manière, il n'avait rien d'intéressant à dire.

Le rire de sa compagne arracha un sourire au renard épuisé, qui gloussa de son côté. La réponse du mercenaire, en plus de celle d'Annabelle, le firent rigoler un peu. Il roula des yeux, d'une manière exagérée humoristique, puis soupira longuement, encore d'amusement.

- Oh là, je cherche juste une solution pour que la semaine ne soit pas infernale, moi!Non mais...

L'Altéré avait maugréer, encore une fois de manière exagérée. Ensuite vint la remarque sur ses "renardes" et il se mit à ricaner, pas trop fort tout de même, visiblement très amusé.

- Mes "renardes" sont le genre de créature qui, pour activité dites de fille, se regroupent entre femelles et parlent de tout et de rien. Tu sais, du genre de sur lequel de leur coéquipier elles ont un oeil, elles parlent des derniers habillements Néorites, elles boivent du thé en se racontant des rumeurs, font des soirées "emmitouflées dans les couvertures à raconter des livres qu'elles ont lu", elles se mettent belles pour sortir au Central et attirer les regards... Ce genre là. Non? Un peu trop pimbêche pour toi, hum?

Le renard se remit à rire, puis bâilla longuement. Il fit un petit clin d'oeil à Zolvar, l'incluant de ce fait dans sa mission "d'agacer Annabelle". Tant qu'avoir rien à faire jusqu'au lendemain! C'étaient les gens normaux qui avaient besoin de sommeil, après tout!!

Annabelle se gratta un peu le menton, semblant en profonde réflexion.

"Bavarder de ses derniers coups de foudre, soirées emmitouflées, parler des dernières rumeurs… de ce que je comprends on partage quand même régulièrement des soirées de renardes Jayx. Je dois y voir un signe ?"

Elle restait à peu près sérieuse, mais un sourire était clairement visible au coins de ses lèvres. Elle cherchait plus à mettre en doute la masculinité de son chef qu’à flirter, mais il connaissait bien son humour alors elle ne s’en faisait pas. Au contraire du pauvre mutalhyte qui semblait totalement perdu. Elle secoua doucement la tête.

"Je me vois à peu près autant parler de la pluie et du beau temps en admirant nos robes et nos jupes respectives que je me verrais peindre mon fusils d’assaut en rose. Je suis capable de le faire mais ça ne veut aucunement dire que j’y prendrais plaisir."

Elle soupira avant de prendre une nouvelle gorgée de café. Elle fixa intensément le mercenaire.

"Ceci était dit je crois vraiment que j’aimerais aller prendre un café avec vous durant cette semaine de repos. Toute blague à part j’aimerais bien vous connaitre un peu plus. "

Aucun sous-entendu n’était présent cette fois-ci. Le sourire était simplement chaleureux et les yeux de la gardienne pétillaient de curiosité. Elle avait ce sentiment irrepressible qu’elle ferait bien de garder le mercenaire dans son cercle de connaissance rapprochées… peut-être viendrait-il un jour où elle aurait besoins d’aide; et ce jour elle saurait qui contacter.

La conversation changea de ton... et cette fois, la confusion fut totale sur son visage. Il était comme figé, avec l'air de se demander s'il entendait vraiment tout ça, tout en ayant un sourcil levé. Pourquoi assistait-il à tout ça, déjà? Ah, oui, à cause de cette journée catastrophique... À la remarque sur le fusil rose, par contre, il eut un léger sourire. Ne connaissait-il pas une mercenaire de son groupe qui avait une arme de cette couleur? Oui, lui semblait-il. Il en connaissait une. Altérée... féline, du nom de Natasha. Le jeu de mot dans le nom même de sa collègue de travail lui fit ramena un air confus, encore, puis il se figea brusquement quand le regard de la Gardienne revint sur elle. Il avait cette impression inconfortable qu'on pouvait capter ses pensées et que tout le monde dans la pièce le jugeait...

- ...je... o-oui, bien sûr... si vous voulez... je veux dire... élargir ses connaissances est toujours recommandable... Avoir des contactes peut être un élément clé dans une opération... périlleuse...

Il soupira et baissa les yeux. Oui, Zolvar, passe pour un imbécile. La journée avait été très éprouvante... Il devait se laisser une chance. Il toussa un peu, murmura un "désolé", puis s'affaira à finalement manger son repas, qu'il avait ignoré depuis le début.

Le chef d'équipe se remit à rire aux allusions de sa compagne, sans s'en gêner. On lui avait toujours dit que son penchant à aimer les rumeurs et autres ragots était définitivement féminin. Il s'excusait toujours en disant que c'était son hypocrisie de renard qui l'avait rendu ainsi. De toute manière, peu de gens se rappelaient de qui il était avant sa transformation.

- Que veux-tu que je te dise! Je suis curieux! Maladivement curieux! Mais c'est drôle que tu m'en parle, parce que je ne suis jamais invité à ce genre de soirée... je me demande pourquoi...

Il fit une grimace à la Gardienne, puis acquiesça d'un air hautain en entendant la suite, comme quoi elle "pouvait" mais n'"aimerait pas". L'échange qui suivit ensuite entre le mercenaire et la Défenseure lui fit avoir ce petit sourire, qu'il affichait toujours quand justement son côté curieux prenait le dessus. Il avait cet air taquin, avec les oreilles qui s'agitent légèrement, ramenées vers l'arrière, et la queue qui se balance de manière erratique. Son regard criait le "MIGNON" qu'il se retenait d'hurler en les voyant aller. Il haussa un sourcil en direction de son amie, se disant maintenant qu'elle semblait en pincer pour ces pauvres Mutalythes...

Le gardienne tourna légèrement la tête afin de jeter un regard à Jayx. Il ne s’agissait pas du tout de ce à quoi il pensait… mais compte tenu des sujets de conversation qu’elle prévoyait avoir lors de cette rencontre peut-être valait-il mieux qu’il croit qu’elle voulait organiser un rendez-vous galant. Elle lui balança donc un coup de coude léger.

"Voilà la réponse à « pourquoi » tu n’es jamais invité, espèce de commère. "

Voir le mutalhyte manger lui rappela tout d’un coup qu’elle mourrait elle aussi de faim, aussi se permit-elle quelques bouchées de sa soupe avant de continuer.

"Il ne manque plus qu’une date et un lieu. Je propose un café, pour commencer : Le Gecko. Disons dans une semaine ? Pour célébrer la fin de notre période de repos ?"

Elle avait jeté cette idée dans le but de dédramatiser un peu le tout. Après tout… elle allait peut-être se trouver un hobby qui l’occuperait assez pendant cette semaine de repos?

Occupé de manger son repas, le mercenaire n'afficha qu'un mince sourire, dissimulé par son bol, aux paroles des deux Défenseurs. Les journées ne devaient pas être ennuyantes dans cette équipe bien précise... Il se surprit à penser qu'il serait peut-être resté, avec une équipe aussi amusante, dans le temps. Son choix avait été fait, par contre, et il était trop tard pour revenir en arrière. Il aimait son travail de mercenaire et toutes les opportunités qui s'offraient à lui.

De nouveau tiré de ses réflexions par la Gardienne, Zolvar haussa de nouveau un sourcil. Il avait suspendu son mouvement et avait donc sa cuillère face à son visage alors qu'il tournait la tête vers Annabelle.

- Le Gecko... je crois savoir où ça se trouve, oui. Disons à dans une semaine, alors, en espérant que nous allons être aptes à nous y rendre...

Il jeta un regard de biais à l'Altéré, qui lui semblait horriblement épuisé, puis eut un sourire plus franc. On lui disait toujours que ses sourires étaient doux, peut importe s'il était d'humeur taquine ou simplement gentille. Peu importe s'il les forçait ou non.

- À moins, bien entendu, que votre supérieur décide de vous inviter à souper cette journée précise, auquel cas je ne m'interposerais pas. Vous semblez proches, je ne voudrais pas saboter une aussi belle relation.

Blaguait-il? Peut-être. Son visage n'en disait rien. Il était oh combien expert pour rester neutre. N'était-ce pas là une faculté que tous les gens de sa race avaient? Oui, totalement.

Le renard fit mine d'être froissé et de bouder à la réponse d'Annabelle. Il se permit même de grommeler, murmurant des "gna gna gna", comme pour argumenter. Il ne fit rien d'autre, par contre, et se contenta d'écouter. Visiblement, savoir le lieu de cette rencontre et la date l'intéressait beaucoup. Fouineur comme il l'était... Il rigola donc tout bas, dans son coin, montant probablement une foule de scénario où il jouait à l'espion, puis offrit un visage totalement confus au Mutalythe en l'entendant ensuite. Un autre sourire, avec une petite touche de malice humoristique, découvrit ses crocs, lentement.

- Ah, mais non. Je ne ferais pas exprès. En plus, on a juste une relation professionnelle et amicale. Donc, pas de risques! Elle est toute disponible, hehe! D'ailleurs, je vous la laisse! Mais attention, elle a tout un caractère!

Le renard éclata de rire, bien heureux de sa répartie. La fatigue affectait peut-être son jugement sur ce qui était drôle ou non. Dans tous les cas, il trouvait sa remarque très amusante!

La gardienne soupira un peu plus fort que nécessaire en regardant le renard. Elle voulait être en colère… mais n’y arrivait tout simplement pas, comme le léger sourire qui refusait de quitter son visage en témoignait. Il était tout simplement impossible d’être fâché contre Jayx. Le pire était qu’il le savait et qu’il en profitait allègrement. Elle se redressa bien droite et regarda pensivement le mutalhyte. Ils voulaient se mettre à deux contre elle hein… Ils ne savaient pas à qui ils avaient à faire ! Elle se tourna vers Jayx.

"De toute manière c’est exactement ce que tu aimes chez moi non ?"

Elle afficha son plus beau sourire et se tourna vers Zayne.

"Ne lui donnez surtout pas d’idées… parce que si je suis invité, vous l’êtes aussi, monsieur Zayne. Et… vous ne voulez pas passer une soirée complète dans la tanière du renard. Tenon-nous en au gecko pour le moment, à moins que vous ne vouliez absolument la présence d’une des pires commères de Sicherheit lors de notre rencontre."

Elle attendit de voir le dénouement. S’ils étaient vraiment en coalition le résultat risquait d’être intéressant.

Le mercenaire regarda leur petite joute verbale sans plus s'en mêler. Il ne savait pas trop pourquoi, d'ailleurs, il s'était laissé entraîné dans tout ça. Il écouta donc les deux Gardiens, soupira un peu quand Jayx lui annonça que la Défenseure était libre, puis afficha un air surpris alors qu'Annabelle se tournait vers lui. Il leva lentement les mains, en signe de neutralité, puis croisa les bras, sans les déposer contre son corps, par contre.

- Oh, je n'irai pas à un souper entre deux Défenseurs... Sans vouloir vous froisser, je préfère encore passer mes soirées en famille. Je vous laisse donc avec cette commère... et vous souhaite de vous en sortir.

Il afficha un petit sourire doux, puis massa ses tempes. Lui qui croyait qu'avec de la nourriture sa migraine partirait, il s'était lourdement trompé. Il soupira et prit quelques gorgées d'eau, pour déposer le verre vide ensuite.

Le renard se mit à rire encore plus en voyant Annabelle qui essayait de se fâcher, sans y arriver. À ses paroles, il lui fit une petite grimace, puis s'étira.

- C'est tellement ça que si j'Avais été félin, ça m'aurait fait ronronner!

Entendant ensuite Zolvar, il lui fit une grimace à lui aussi, puis bâilla un bon coup. Le renard, malgré son humour, semblait épuisé.

- ...bon, ce n'est pas que je ne vous aime pas, mais je vais aller au pieu. Dormez bien! Et soyez sages!

Avant de partir, il s'empara des assiettes et autres vaisselles vides, puis s'en fut, sans demander son reste. Le renard devait retrouver son lit au plus vite!

La gardienne regarda le renard quitter la pièce en secouant la tête. Elle espérait que la soirée avait été plus douce sur lui que sur elle, mais ne se faisait pas d’illusion : en tant que responsable il subissait beaucoup plus de pression que n’importe quel membre de l’équipe. Le simple fait qu’il soit en mesure d’assumer ce rôle malgré son tempérament volage en disait long sur sa ténacité. La Gardienne se tourna vers le mercenaire.

"Je suis désolée que vous ayez été embarqué dans tout ça. Jayx ne sais pas toujours quand s’arrêter et je suis loin d’être la meilleure personne pour tempérer son penchant pour la plaisanterie. Je l’attise plus qu’autre chose en fait. "

Elle haussa les épaules et lui offrit un sourire désolé avant de prendre une couverture et de s’emmitoufler. Le sommeil et le mal de tête revenait tranquillement la trouver elle aussi après toute cette agitation. Elle haussa toutefois un sourcil en se souvenant d’un détail.

"Dites-moi, monsieur Zayne… est-ce que vous pourriez me parler un peu du culte de la force intérieure ? J’ai grandi dans Sicherheit et pourtant c’est la première fois que j’en entends parler. En quoi ça consiste ?"

Elle sembla inquiète, remarquant tout d’un coup la fatigue de son compagnon.

"Si vous n’êtes pas trop fatigué, bien sûr… "

Les yeux dorés du mercenaire suivirent le renard, puis se tournèrent vers sa voisine de lit quand celle-ci lui adressa ses excuses. Il haussa un sourcil, éloigna les excuses d'un mouvement de main, puis s'étira. Il n'avait pas perdu son habitude de faire rouler ses épaules. Combien de fois par jour effectuait-il ce mouvement précis, qui était maintenant un vrai tic nerveux? Des centaines, peut-être. Il ne les comptait pas vraiment.

- NE vous excusez pas. Je suis heureux de voir que vous avez une bonne camaraderie dans votre unité. Si j'en avais eu une de ce genre, dans le temps, peut-être serais-je resté Défenseur...

Il lui fit également un petit sourire, doux, et la regarda s'emmitoufler. À la question, il sembla confus, soupira... puis baissa la tête. Avec tout ce qu'elle avait traversé aujourd'hui pour lui venir en aide, il lui devait bien ça...

- ...ce ne sera pas trop pour moi que de vous expliquer. Le culte est, avant tout, un endroit où les membres se sentent en sécurité, écouté et bien entouré. Nous allons sur les lieux pour méditer, nous recueillir et nous recentrer sur nous-même. Les derniers événements avec les Puristes en ont rendu beaucoup nerveux... et nous avons trouvé un refuge en cet endroit bien précis. Pour ce qui est de son école de pensé, et bien... le culte encourage chaque individu à croire en sa propre force. Il dit que nous avons tous une petite flamme, profondément enfouie en notre être, qui nous donnera la force d'avancer et de surmonter les obstacles. C'est par beaucoup de méditation et d'entraînement que l'on peut atteindre un état de paix avec notre être. C'est beaucoup plus un psychologie axée sur le développement de notre confiance en soi et l'acceptation de nos défaux qu'un réel culte, tant qu'à moi... Par contre, n'entre pas qui le veut... Le Netralite surveille les entrées et juge de qui serait une nuisance ou non pour les autres membres... Je... je ne comprend simplement pas son acharnement de ce soir...

Il eut un profond soupir et décida de s'emmitoufler lui-aussi. Comme il avait hâte de retourner à la maison et de se dire que tout ça n'avait été qu'un rêve...

Annabelle avait écouté avec attention, ne quittant le mercenaire du regard qu’une fois pour rajuster un peu sa couverture. Ainsi emmitouflée elle paraissait beaucoup plus jeune, surtout avec ses yeux reflétant la fatigue accumulée au cours de la soirée mouvementée. La patrouilleuse sans peur était allée se coucher, laissant place à une jeune femme fatiguée qui aurait probablement tout donné pour un pyjama et un chocolat chaud. Cette dernière rigola un peu.

"Wow… Ça sonne effectivement moins menaçant maintenant que vous le dites. J’avoue qu’entre votre Netralite qui invoquait des tempêtes de neige et vous qui avez catapulté Joy sur… "

Elle s’arrêta, ne désirant aucunement rappeler des souvenirs désagréable au mutalhyte.

"Enfin. Avec tout ça on dirait vraiment que notre ami le cyborg essayait vraiment de vous aider ce soir."

Elle attendit de voir quelle serait la réaction du mercenaire. Elle ne tenait pas à tout lui dire, mais au moins à semer une piste de réflexion qui pourrait faciliter la suite des choses.

La jeune femme qui se montrait sous un jour plus fragile près de lui ramena immédiatement ses instincts de protection. Lui qui avait toujours été du genre à protéger les gens, surtout les femmes en particulier. Son père, un grand romantique, l'avait élevé comme ça.

Les événements de la soirée lui furent ramener à la figure, et son air s'assombrit immédiatement. Il se sentait mal pour ce qu'il avait fait, de les avoir mis en danger... et de ne pas avoir compris. Il ne savait pas du tout ce qui lui était arrivé, en plus de ne pas savoir pourquoi. Sa facette colérique lui criait que c'était la faute du chef de culte... mais il savait bien que ce n'était pas le cas. Son insécurité voulait simplement trouver une excuse, un coupable, autre que lui. Il en portait vraisemblablement déjà assez sur ses épaules.

- ...je ne comprend pas ce qui s'est passé... je m'en excuse... pour ce que j'ai fait à votre collègue de travail... et de vous avoir mêlé à tout ça... je suis désolé...

Trop tard, les souvenirs lui était revenus dans la gorge et l'étouffaient presque. Il soupira longuement, puis devint lunatique. Oui, il avait essayer de l'aider. La douleur et la peur l'avaient fait se braquer. Toutes les fois où les puristes l'avaient fait brûler l'avaient marqué. Les attaques dont il avait été témoin, toutes celles dont il entendait parler, la rancune et l'agressivité des Inhumains envers leurs race de naissance... Tout ça le pesait. En plus qu'il était devenu incertain sur sa propre race, et ses propres capacités...

- Peut-être a-t-il voulu m'aider... je ne sais pas...

Il soupira et fixa de nouveau le plafond, l'air lunatique.

Annabelle soupira et se leva de son lit, toujours emmitouflée dans sa couverture. Pour ce genre de discussion, l’espace entre eux lui paraissait tout d’un coup très grand. Elle vint simplement s’asseoir sur le bout du lit du mercenaire, face à lui. Si elle l’avait connu un peu mieux elle lui aurait mis une main sur l’épaule mais elle ne voulait en aucun cas s’imposer sur le mutalhyte.

"De ce que j’en sais Joy n’a rien. Et je me suis impliquée toute seule. Si je n’étais pas prête à passer au travers de soirées comme celle-ci je ne serais pas devenue gardienne. "

Elle lui offrit un petit sourire. Il ne servait à rien de lui dire d’arrêter de s’inquiéter : il le ferait quand même. Et dans une certaine mesure c’est cette empathie qui faisait du mercenaire ce qu’il était non ?

"Le Netralite… n’as pas cessé de dire qu’il voulait vous aider. Il n’a en aucun cas posé de geste agressif ou tenté de vous nuire. Il ne se serait pas rendu à nous si ce n’était pas son intention… et… je crois qu’il s’est finalement échappé parce qu’il a réalisé qu’il serait plus utile en tant que mentor qu’enfermé en prison. "

Annabelle replaça ses cheveux. Ils étaient détachés en ce moment, spectacle rare pour quiconque connaissait la défenseure.

"Je crois qu’il va essayer d’entrer en contact avec vous éventuellement, quand vous serez seul. Lorsque ce moment arrivera je vous conseille très fortement de l’écouter : il est peut-être le seul qui sache précisément ce qui vous arrive. "

Elle laissa ses paroles résonner, laissant au mercenaire le temps de les assimiler

Le mercenaire sembla surpris de la voir faire. Les humains avaient de ces comportements qu'il ne comprenait pas... Avec un inconnu, jamais un Mutalythe se serait avancé de la sorte, sauf après avoir eu la permission. Ils auraient crains de déranger la personne. Mais les humains... ils étaient si spontanés! Et ce fait le rendait tellement confus...

- ...je maintiens que si j'étais resté à l'abris, rien de tout ça ne se serait produit...

Son sourire le rendit un peu timide. Il ne savait pas vraiment comment agir. C'était maladif avec lui: du moment qu'il était avec une femme, surtout une jolie demoiselle, il perdait ses moyens. Il haussa un sourcil, par contre, aux paroles d'Annabelle. Où voulait-elle en venir? Pourquoi encourageait-elle tout ça? Pourquoi voulait-elle qu'ils communiquent? Elle avait raison sur certains points, par contre... mais si le cyborg avait de mauvaises intentions, au fond? La nervosité reprenait ses droits sur son corps, et il eut l'impression que son mal de crâne revenait en force.

- ...je ne comprend pas pourquoi vous me dites tout ça. Vous êtes sensé être une Gardienne, protéger les gens... Pourquoi encourager quelqu'un à retourner vers un hors-la-loi, qui vous a d'ailleurs causé des blessures? Je ne comprend pas. Vous êtes sensé l'arrêter, et pourtant,vous me conseillez de me remettre en contacte avec lui...

Le Mutalythe la regarda avec un regard de total incompréhension. C'étaient les faits: il n'était pas capable de trouver la logique dans tout ça... et ses instincts lui disaient que c'était une mauvaise idée.

Annabelle haussa les épaules. Il voulait fonctionner par logique hein.. Eh bien allons-y.

"Je suis censé protéger Sicherheit et assurer le bien être de ses citoyens. En ce moment en m’assurant que vous serez capable de contrôler peu importe ce qui se passe avec vous je remplis ces deux fonctions. "

Elle avait été ferme et franche. Pour quelqu’un qui la connaissait à peine ça pouvait être déstabilisant alors elle tenta d’adoucir un peu son intervention suivante.

"Personne ne sait ce qui vous arrives en ce moment sauf le Netralite. C’est un fait. Il était prêt à sacrifier sa vie simplement pour vous apporter quelques conseils sur comment aborder votre condition c’est aussi un fait. "

Elle soupira. Elle-même se questionnait encore beaucoup sur le choix qu’elle avait fait mais quelque chose continuait de lui dire qu’elle avait fait le bon.  

"Nous étions obligés de l’arrêter à cause du protocole. Et une fois son idée faite il n'a même pas essayé de résister. Si son but avait été de faire du mal il aurait eu de multiples occasions de le faire et je crois sincèrement que nous n’aurions pas été en mesure de faire grand-chose pour l’arrêter. C’est le genre de comportement qui envoie un message clair et m’incite à me poser des questions sur les intentions de ceux qui les adoptent. Pas vous ?"

Elle pencha la tête sur le côté. Elle ne voulait pas pousser son camarade à réfléchir trop intensément… mais elle voulait essayer de toucher à la bonne corde pour commencer une piste de réflexion.

Les yeux dorés du mercenaire se fixèrent dans les siens. Un soupçon de vert y passa, puis de bleu. Il n'avait fait de mal à personne, c'était vrai. Son "meneur" s'était contenté d'éloigner les défenseurs, et de mettre Steinhart K.O. Il aurait pu la tuer, ça il s'en doutait. N'importe quel cyborg pouvait cacher tant de choses, tant d'armes... que c'en soient des vraies ou alors simplement des améliorations, comme une force supérieure. Il baissa la tête quelques secondes, sans sembler le moindrement déstabiliser par la fermeté et la franchise de la patrouilleuse. Il restait un Mutalythe, après tout: si son émotion présente n'était pas intense, on ne la remarquerait pas.

Un détail le faisait tiquer, par contre. "Il était prêt à sacrifier sa vie." Qu'est-ce que ça voulait dire? On n'abattait pas un homme parce qu'il avait repoussé des Défenseurs. On ne tuait pas quelqu'un pour si peu. Qu'est-ce que ça voulait dire, alors?

- ...que voulez-vous dire? "Il était prêt à sacrifier sa vie". On ne tue pas un homme parce qu'il a repoussé du pied une Défenseure. Qu'est-ce que ça signifie?

Son attention restait accroché à ce détail, qui venait l'énerver au plus haut point. Il ne voulait pas que quelqu'un meurt pour lui... meurt par sa faute. Parce qu'il n'avait pas été assez logique, ou assez rapide...

- ...je lui laisserai une chance si je le revois, alors... Tant qu'il ne s'approche pas des miens... Je ne veux pas qu'il vienne trop près de ma famille...

Il eut un soupir, encore, puis se massa les tempes. Tout allait bien aller. C'était fini, pour l'instant, et s'en préoccuper l'empêcherait de se reposer. Il avait tant à faire dans les prochains jours, malgré les directives du médecin...

Annabelle hocha doucement la tête.

"Lorsque je lui ai dit qu’il allait probablement se rendre directement en prison il m’a expliqué qu’il n’en sortirait pas, qu’il était recherché par des personnes souhaitant le voir disparaitre et qu’une fois en prison il ne pourrait plus leur échapper… "

Elle détourna le regard un bref instant.

"Nous… avons déjà eu des accidents semblables par le passé. Ce n’est donc pas une pensée fantaisiste de sa part. Mais selon ses mots c’était le prix à payer pour les actions qu’il avait posées ce soir, il y était donc résigné. "

Elle n’avait qu’un pas à faire pour révéler l’ensemble de ce qui s’était passé… mais elle n’y était pas encore prête. Pas entre les quatre mur d’un avant-poste de défenseurs.

"C’est à force de lui poser des questions qu’il a eu l’air de réaliser qu’il y avait une autre option… autre que celle de marcher à l’abattoir. Je crois que c’est ce qui l’a décidé. "

Elle sourit et se frotta la tempe. Au moins il n’avait pas choisi une méthode plus radicale pour la mettre K-O. Un détail lui revint.

"Ah oui... il a mentionné que sa présence allait probablement occasionner vos maux de têtes, au moins le temps que vous vous habituiez. Je n'ai pas saisit exactement pourquoi mais il semblairait que ça ait un lien avec quelque chose que vous partagez..."

Le mercenaire l'écouta encore avec attention, les sourcils froncés. Tant de réponses, qui faisaient naître tout autant de questions dans son esprit... Quelque chose se tramait, visiblement, et il n'aimait pas ça. Il n'aimait pas être au milieu de ce qui lui paraissait être un cyclone étrange. On ne sait jamais quand la catastrophe va se déplacer et quand on va être happer par les dommages collatéraux...

- ...quelqu'un veut le faire disparaître... Si c'est parce qu'il a cette... étrange capacité...

Ses yeux s'agrandirent. Si on voulait le Netralite mort pour ce qu'il était capable de faire... allait-on le pourchasser lui aussi? Son métier était déjà dangereux... les occasions pour le descendre seraient oh combien nombreuses. Une certaine crainte l'envahit, et il se surprit à respirer dans une sifflement, les dents serrées. Son mal de tête augmentait, et c'était visible de par son expression. Quand est-ce que ce cauchemar s'arrêterait-il?

- ...je vais... pouvoir le sentir arriver... sans jeu de mots...

Il grogna un peu et se massa les tempes, dans une tentative inutile de faire partir la douleur. Son nez laissa échapper une fine coulisse rouge, d'ailleurs, qu'il ne sembla pas remarquer.

- ...vous devriez vous reposer... Une commotion cérébrale est difficile à soigner.
Le cerveau utilise 80% de l'énergie du corps pour se soigner... et laisse le reste pour les activités courantes...

Il grimaça, l'air de se trouver stupide. Pourquoi disait-il tout ça? Probablement parce que lui aussi était totalement épuisé.

La gardienne hocha doucement la tête.

"Vous avez raison… On n’a pas le repos facile mais il y a des fois où c’est plus que nécessaire. "

Elle jongla un instant avec l’envie de simplement se coucher là, dans le lit du mutalhyte… mais elle se repris bien vite en se disant qu’elle avait assez chamboulé le pauvre mercenaire pour ce soir. Ça le traumatiserait, le pauvre ! Avant de se lever, elle fouilla dans sa poche et en sorti un mouchoir qu’elle tendit à Zayne avec un sourire.

"Gardez-le. Je ne sais pas si c’est moi qui vous fait cet effet mais vous risquez l’hémorragie là. "

Elle eut un petit rire, qui se transforma bien vite en bâillement. Elle se leva ensuite et alla se recoucher dans son propre lit. Il avait été difficile d’émerger de son sommeil tout à l’heure et le simple fait de remplir le rapport et d’avoir parlé avec le mercenaire l’avait achevée.

"Je ne sais pas si vous allez encore être là quand je vais me réveiller… mais n’oubliez pas hein ? au Gecko dans une semaine, jour pour jour. "

Elle lui envoya un clin d’œil et s’étendit de tout son long sur son matelas.

Le mercenaire acquiesça lentement aux premières paroles de la Gardienne, puis sembla trouver son hésitation carrément étrange. Il se fit ensuite tendre le mouchoir, haussa un sourcil... puis l'évita du regard, vraiment très malaisé. Il prit tout de même le mouchoir et s'épongea le nez, tout en continuant de l'éviter du regard.

- Merci... Au Gecko, dans une semaine... Reposez-vous bien, mademoiselle Steinhart.

De son côté, il s'installa simplement sur le dos et croisa les mains sur son abdomen. On lui avait toujours dit qu'il était étrangement immobile quand il dormait... et c'était vrai. Il ne bougeait pas, ou très peu. En cette nuit, par contre, il grinça un peu des dents et fronça les sourcils. Il ne dormit que quelques heures, quatre tout au plus, et quand il fut debout... il ramassa ses choses, consulta le médecin sans faire trop de bruit, puis s'en fut sans autre dérangement. Il avait hâte de retourner chez lui, avec les siens.