(Annabelle) Conflit d'intérêts.

Annabelle avait mis son fusil en épaule du moment que le cyborg s’était libéré. À cette distance il y avait statistiquement très peu de chance qu’il parvienne à échapper à une volée de balle. Jayx ou pas ce fut elle qui parla en premier. Sa voix tonnait, à peine étouffée par son casque.

"Avec le coup que tu viens de nous faire comprends que ça n’augure pas bien pour qu’on te crois. Je t’ai vu rôder autours depuis que je suis arrivé. Les derniers mots de Zayne ont été « par pitié ne le laissez pas entrer »."

Elle engagea le mode automatique d’un léger mouvement de doigt.

"Le simple fait de résister à une arrestation est passible d’une peine d’emprisonnement. Assaut sur un gardien est un chef d’accusation supplémentaire. Alors si vraiment tu veux seulement « savoir comment il va » je te suggère de pas trop bouger et de nous montrer tes papiers. Sinon je te conseille de courir vite parce qu’à cette distance on a aucune chance de te rater. "

Elle avait avisé le sabre sur le sol… il était maintenant beaucoup plus près d’Annabelle que du cyborg, mais ils avaient déjà étés surpris une fois. Elle commença donc à se déplacer lentement afin de se rapprocher de l’arme, essayant de garder le cyborg dans sa mire.

Les coups sur la porte l'avaient surpris. La Gardienne entra ensuite et vont le voir. Sa tête lui tournait tellement. La Gardienne? Elles étaient deux, non? Il sentait la chaleur revenir sous son nez et eut le réflexe de l'essuyer, sans vraiment être surpris d'y voir du sang.

- ...je ne me sens.... pas bien... Ma tête... va me faire mourir... Je ne comprend pas comment c'est arrivé... je n'ai pas reçu de coup....

La douleur cinglante le coupa net, et il hurla a en faire geler le sang, se saisissant la tête à deux mains. un autre courant d'air passa dans la maison, puissant celui-là, et quand il releva les yeux sur la Gardienne... il se rendit compte qu'elle était dans le mur d'en face. La panique le pris de nouveau. Il ne savait pas quoi faire... pourquoi?! Qu'est-ce que c'était, bon sang?! Venait-il de la frapper?! Il ne s'était pas senti bouger!!! Son corps tremblait et ses yeux à lui aussi brillaient maintenant.

- ...je suis désolé... je suis tellement désolé... je ne sais pas... je suis désolé....

Il tremblait un peu plus, en état de choc. il devrait définitivement faire vérifier son état... mais pas maintenant. Ce n'était pas le moment.

Toute l'équipe avait le cyborg en joue. Maintenant debout, on le voyait bien. Il avait encore une partie de la tête humaine, sinon, plus grand chose. Les Défenseurs, dans tous les cas, surveillaient chacun de ses mouvements.

- Je sais qu'il a peur. Il ne comprend pas ce qui se passe. Je sais que ce peut être dangereux, autant pour lui que pour les autres...

Justement, ils entendirent tous le mercenaire hurler, et le cyborg sembla se raidir. Il ne regarda même pas sa lame, comme s'il s'en moquait.

- Je ne vous donnerai pas mes papiers d'identification, parce que je n'en ai pas...

Jayx sembla encore plus alerte, agressif, même. Il fit signe à Amélie d'aller voir ce qui se passait à l'intérieur, mais ne baissa pas son arme.

- Pas de papiers, hein?! Et pourquoi ça? Rends-toi gentiment, et on ne sera pas obligé de tester ton métal.

Amélie se décala et se dépêcha d'entrer, de son côté. Le cyborg, lui, baissa la tête et serra les poings.

- Je suis désolé de cette situation...

Il leva une main, brusquement, comme s'il avait lancé quelque chose. Simmons appuya immédiatement sur la gachette... en même temps qu'un énorme tourbillon de neige se dressait devant eux. Entre eux et le cyborg. Le bruits des balles sur le métal se fit entendre, mais ils perdirent le suspect de vue.

- Merde! Simmons! Avec moi!

Les deux Gardiens chargèrent dans le tourbillon... mais ne semblèrent pas trouver grand chose.

Dans la maison, Joy était un peu sonnée. Maintenant dans le mur, elle ne comprenait pas ce qui s'était passé. Le mercenaire n'avait pourtant pas bouger... Il ne semblait pas aller mieux par contre. Une certaine crainte la pris, assez qu'elle sursauta quand l'Orchid échappa son verre sur le plancher. Entra alors Amélie, et les deux femmes se consultèrent.

- ...monsieur Zayne... calmez-vous. S'il-vous-plaît. Je vais bien. Je... vais vous donner des anti-douleurs. D'accord? Je vais m'approcher, doucement.

Joy s'approcha donc doucement du Mutalythe, allant s'agenouiller devant lui, et lui laissa voir tous ses mouvements. Elle s'arma d'une seringue auto-injectable, du kit de soin à sa ceinture, et attendit son accord, non pas sans jeter un oeil à sa compagne.

cyborg:

Annabelle Jura et vida, elle aussi, une partie de son chargeur. Elle arrêta bien vite par contre quand elle se rendit compte qu’elle n’avait plus aucune ligne de vue sur le suspect. L’avait-elle touché ? impossible à dire… Au lieu d’en avoir le cœur net elle se pencha pour ramasser l’arme du cyborg et se tourna vers la bâtisse abritant Zayne. Elle examina toutes les entrées potentielles : fenêtres, portes supplémentaires… Deux gardiens étaient déjà à l’intérieur et peu d’entrées supplémentaires étaient visible aussi Annabelle se planta-t-elle devant la porte d’entrée, arme en joue et un chargeur encore à demi plein.

Sois le sans-papier s’était enfuis et tenterais de revenir trouver Zayne à un autre moment, sois il tentait de les éloigner et ne lâcherait pas le morceau. Après ce qui venait de se passer le deuxième cas était le plus probable et a moins de pouvoir défoncer un mur ou voler… le cyborg devrait passer par la porte.

Difficilement, il calma ses tremblements. Des anti-douleurs? Ça lui ferait du bien, oui. Ça empêcherait sa tête d'exploser, ou mieux, son côté violent de prendre le dessus. La respiration rapide, il releva lentement sa manche, pour que la Gardienne fasse son injection. Quand ce fut fait, il ramena son bras contre lui et s'essuya le nez, encore. Le sang avait coulé sur sa poitrine, à grosse gouttes. Il sentait la chaleur dans ses vêtements. Quelle journée de fou, tout de même...

Sa tête commença à lui faire moins mal... et un étourdissement le pris. Il sembla confus. Encore sa tête qui lui jouait des tours? Tout devenait pourtant plus lent... plus lourd... moins...tout? Sa respiration se calma, la douleur sembla s'engourdir totalement... et une lutte pour rester éveillé débuta alors. Finalement, la douleur s'était envolée...! Depuis des heures qu'il attendait ce moment!

-...merci...

Les coups de feu ne le firent même pas broncher, dehors... Tout était trop calme, maintenant, dans son être pour qu'il s'en préoccupe.

Les deux Défenseurs partis à l'offensive revinrent bredouille. La chose semblait mettre Jayx de très mauvaise humeur, mais le renard se calmait comme il le pouvait. Tous deux vinrent rejoindre Annabelle, Simmons surveillant leurs arrières.

- Bordel de merde... On va emmener monsieur Zayne à l'avant-poste le plus près. C'est trop bizarre comme situation. Hors de question de le laisser chez un civile. L'avant-poste le plus près est à cinq minutes de marche. Simmons, va aider Joy à l'emmener. Annabelle et moi, on vous couvre. Amélie va fermer la marche.

Simmons acquiesça et entra. De ce fait, il vit l'état du mercenaire, consulta la médic du regard, qui lui fit un visage d'excuse, puis dut monter le mercenaire sur son dos. Zolvar n'était définitivement plus en état de marcher. Joy prit le fusil de précision du mercenaire, et Amélie s'excusa à l'Orchid, en le remerçiant de ses services. Avant que les autres reviennent, Jayx se tourna vers Annabelle, l'air nerveux.

- Je n'ai pas halluciné, hein? Il a vraiment fait un putain de tourbillon de vent? Je suis pas fou?

Les autres sortirent, Simmons avec le mercenaire sur le dos, et le renard sembla encore plus à cran.

- Mais bordel! Il pouvait marcher aux dernières nouvelles? Qu'est-ce qui se passe?

Le regard noisette se fixa immédiatement sur la médic, qui se raidit.

- J'ai dû lui administrer un calmant! Il m'a balancé dans le mur, Sergent! Sans même me toucher!!! Maintenant, on doit bouger. Dans son état, le froid va le gagner rapidement. Nous avec.

La tension entre les Gardiens baissa d'un cran, et le groupe se mit en route. Annabelle et Jayx devant. Amélie fermant la marche. Simmons et Joy au milieu, avec Zolvar.

Annabelle n’avait pipé mot, se contendant de remercier chaleureusement leur hôte et de s’excuser pour le dérangement avant d’exécuter les ordres de Jayx. Elle se mit devant la troupe, changea le magazine de son arme d’assaut et passa plus fermement le katana du cyborg dans sa ceinture. Elle ne savait pas pourquoi mais quelque chose lui disait qu’il valait mieux éviter de laisser l’arme fétiche du fugitif à sa disposition directe. Ça et un examen plus prolongé pourrait peut-être leur apprendre quelque chose sur le mystérieux individu aux yeux brillants.

Trop de choses étranges se passaient en même temps et elle tentait de mettre de l’ordre dans tout ça. Elle se rappela l’impression qu’elle avait à l’intérieur, avec Zayne… le courant d’air même si la porte était fermée. Son œil presque brillant. Le cyborg était au cœur de tout ça, que ce soit volontaire ou non le mercenaire et lui partageaient un lien. Peut-être même littéralement : son état semblait s’être calmé depuis qu’il s’était éloigné de lui. Peut-être que l’inconnu essayait vraiment de bien faire mais par ses actions et ses réactions Zayne ne semblait pas en meilleur état.

Ils étaient en marche maintenant… s’ils revoyaient le cyborg se serait bientôt : c’est maintenant qu’ils étaient vulnérables.

En deux temps, trois mouvements, un autre Défenseur était entré et l'avait monté sur son épaule. Sa seule réaction avait été un grognement, mais sans plus. Il se sentait tellement... faible. Peut-être allait-il s'endormir là? Dormir... ce serait plus une perte de conscience.

Il écouta d'une oreille discrète la conversation des Défenseurs, grogna de nouveau, repéra son fusil de précision, puis se raidit finalement quand le froid l'happa. Ils étaient dehors... Pourquoi étaient-ils dehors?

- ...où... allons-nous...? Je... j'ai mes papiers...

Il n'ajouta rien. Probablement que seul le Gardien qui le portait l'avait entendu, de toute manière.

Ohlz, sous les excuses, se contenta d'acquiescer et de fermer derrière eux. Le pauvre marchand passerait une partie de sa nuit à nettoyer le sang sur le sol.

Le groupe de Défenseur avança tout de même rapidement. La présence d'une personne à protéger les faisait braver la tempête, de manière assez efficace. À un moment, entendant les paroles du mercenaire, Simmons eut un petit rire semi-amusé.

- J'ai jamais vu de mercenaire aussi attaché aux règles... Sergent, il veut me donner ses papiers.

Jayx n'Eut aucun regard en arrière, attentif aux environs, mais soupira longuement, d'un léger amusement lui aussi.

- Le gars doit être un Loyal, comme de rien. Il nous les donnera une fois à l'Avant-poste. Pour le moment, on avance. On y est presque.

Le groupe continua donc d'avancer. C'était le silence total, mis à part le vent et les quelques grognements du Mutalythe. Ils avançaient vite et se rapprochaient de la sécurité.

Encore, aucun signe du cyborg.

Le bâtiment tant espéré se fit finalement voir. Quelques autres Gardiens semblaient prêts. Probablement qu'ils avaient vu les fusées, dans la nuit. Ils étaient armés et attendaient leurs confrères, qu'ils se dépêchèrent de sécuriser dès qu'ils arrivèrent.

Annabelle n’eut qu’un léger sourire à la remarque de Simmons. Zayne lui semblait quelqu’un de bien… mais toute cette histoire méritait des éclaircissements. Que ce soit pour la sécurité du mercenaire, ou la leur.

La patrouilleuse avait elle aussi gardé son arme épaulée tout au long de leur trajet, occupée à scruter les environs pour s’assurer qu’ils ne se feraient pas sauter dessus. Une fois le bâtiment en vue elle redoubla de vigilance mais elle avait déjà le cœur plus léger. Des gardiens les attendaient et ils seraient bientôt à l’abris du froid et du fugitif. Ils auraient aussi accès à tous le nécessaire pour traiter le mercenaire… sommairement, du moins. Une fois les portes passée la jeune femme remis son arme en bandoulière et remis le cran de sureté. Jayx assurerait les détails techniques… mais pendant qu’elle y avait encore accès elle se dirigea vers le mercenaire.

"Monsieur Zayne ? C’est Steinhart, la patrouilleuse qui vous a trouvé, vous m’entendez ? Nous sommes maintenant au poste de défenseur H-21, au coins de la cinquième et douzième. Nous nous sommes rapprochés de chez vous mais vous n’êtes pas en état de rentrer maintenant : nous allons vous faire passer un examen médical et attendre que le temps se calme un peu. D’accord ?"

Elle doutait que le mercenaire sois en mesure de répondre de manière très élaborée, mais au moins elle espérait qu’il soit en mesure d’entendre ce qu’elle disait.

Le mercenaire se laissa donc porter. Lui, un Loyal? Comme il l'aurait voulu... mais il n'avait pas encore un assez beau pedigree. Il s'en ferait un, éventuellement...

Ils arrivèrent à l'avant-poste, et on le déposa gentiment quelque part. Une chaise, dans l'entrée? Oui, c'était parfait... Il pourrait faire un petit somme avant de retourner chez lui. La première Gardienne vint alors vers lui, et il leva mollement la tête pour la regarder. Ses yeux avaient peine à rester ouverts... mais plus il la regardait, et plus il était certain que ses présomptions étaient vraies.

- ...j'entends... je suis fatigué... mais j'entends... Les examens sont-ils nécessaires...? j'aimerais éviter... si possible... Je... connaissez-vous un Léo?

La question lui avait échappé. Il grogna un peu et s'assit plus droit, lui sembla-t-il, puis se massa maladroitement les yeux. Toute cette histoire était totalement folle...

- ...je suis désolé... pour toute cette... merde... vraiment désolé...

Dans un éclair de génie un peu ridicule, le Mutalythe fouilla lâchement dans ses poches et tendit ses identifications à Annabelle, doucement. Il y avait là son permis de mercenariat, qui comprenait le port d'arme, et ses identités civiles. Tout était parfaitement en ordre. Ses yeux, eux, brillaient encore un peu.

Le groupe entra donc dans l'avant-poste. Simmons déposa doucement le mercenaire, sur une chaise à l'entrée, et resta près de lui. Joy également resta dans les parages, mais assez loin également: elle parlait avec le médecin de service, lui expliquant les symptômes du mercenaire. Amélie, elle, se rendit directement dans la zone médicale. Elle avait reçu un bon coup et devait logiquement se faire examiner. Jayx, comme Annabelle l'avait prévu, se rendit aux côtés du responsable de l'Avant-poste pour lui faire un rapport. Les Défenseurs de la place étaient comme des abeilles dans une ruche, se promenant à gauche et à droite. On récupéra l'arme de Zolvar et la plaça de côté, dans tous les cas.

Annabelle secoua doucement la tête. Elle retira son casque, ce qui permit au mercenaire de voir qu’elle affichait un sourire qui se voulait rassurant.

"Vous n’avez pas à vous excuser… On fait notre travail et vous ne vouliez sans doute pas… enfin."

Elle perdit ensuite son sourire, ne sachant pas trop comment prendre la question de Zayne. Simple coïncidence, probablement… Elle prit les papiers de Zayne et les regarda en détails en lui répondant.

"Je… oui. Mon frère s’appelle Leo. Mais il est ingénieur, il travaille encore au complexe scientifique. Je doute qu’on parle de la même personne.  "

L’idée même que son rat de bibliothèque de frère ait put croiser le mercenaire lui paraissait absurde, aussi n’attendit-elle pas la réponse de Zolvar.

"Si vous voulez m’excuser, je reviens tout de suite. "

Elle alla porter les papiers de Zayne à son sergent, lui glissant que tout était en ordre avant de retourner vers le mercenaire. Elle dégagea le sabre de sa ceinture et le tint un moment devant lui avant de parler.

"Pouvez-vous nous donner plus d’information sur celui qui vous pourchassait ? Il a résisté à une tentative d’arrestation et attaqué un gardien avant de s’enfuir. Il s’agis de sérieux chefs d’accusation qui nous incitent à penser que cet individu peut s’avérer dangereux. Vous sembliez terrorisé. Vous le connaissez ?"

Elle planta ses yeux dans ceux du mercenaire, attentive à sa réaction.

La Gardienne parlait. Beaucoup. Il avait une légère difficulté à suivre... mais en même temps, son engourdissement s'envolait. Son corps combattait les calmants et il perdaient de leur effet. Être de sa race avait ça de bien... et de moins bien: les produits ne fonctionnaient pas aussi longtemps sur eux. Anti-douleurs y compris.

- ...c'est une bonne personne...

Le mercenaire n'ajouta rien sur la question "Léo" pour le moment. Dans tous les cas, les affaires familiales ne le concernaient pas... mais il devait dire, la soeur de l'ingénieur était assez jolie. Un léger sourire stupide s'afficha sur son visage alors que la Gardienne s'éloignait, sourire qui s'estompa rapidement alors qu'elle lui montrait le katana. Le Netralite... devait-il parler? Le cyborg savait dans quoi il s'embarquait. Il aurait simplement du partir... et même là, il ignorait s'il allait retourner au lieu de culte...

- ...je suis conscient des chefs d'accusation... Selon l'article 43-B et le 21-A... Je...

Il eut un soupir et un moment d'hésitation, tout en se massant les tempes quelques instants. Le bleu revenait, encore, à la charge, avec toute l'agressivité qu'il portait pour le chef de culte.

- ...je fais partie du culte de la Force Intérieure... surtout pour des buts de méditation... et... j'étais allé méditer, justement... J'ai eu un malaise... je... il est venu me rejoindre...
et j'ai perdu connaissance... dans ses bras? Quand je suis revenu à moi... je suis parti... dans la tempête... Il me disait de ne pas sortir... je... C'est le Netralite... le chef du culte... Il n'a jamais rien fait de mal avant... à ma connaissance...

Un autre soupir lui échappa et il observa Annabelle, de ses yeux dorés, légèrement lumineux. Son expression n'avait pas vraiment changée, sinon qu'il s'était concentré pour se rappeler de tous les détails.

Jayx prit les papiers et les examina, semblant assez surpris en voyant qu'ils avaient affaire à un Inhumain. Il continua son rapport, par contre, et ajouta les identifications du mercenaire au dossier.

Alors qu'Annabelle et Zolvar parlaient, le docteur s'était rapproché, avec Joy. C'était un homme dans la cinquantaine, aux allures sérieuses et cheveux gris, mais pas sans une petite barbe bien taillée et des pattes d'oie autour des yeux. Personne n'intervenait dans la conversation entre les deux, voyant qu'Annabelle essayait d'avoir des répondes. Simmons, lui, en entendant parler de culte, s'était visiblement raidit.

La gardienne avait haussé un sourcil en entendant le commentaire du mercenaire sur son frère, mais sans plus. Zayne était-il en plus relié à l’histoire qu’elle avait entendue plus tôt sur Leo ? La coïncidence serait invraisemblable… mais mieux valait ne pas l’écarter. Quoi qu’il en soit ils avaient des éléments plus importants à aborder avant son lien avec son frangin. Elle sortit son carnet de note et commença à gribouiller, lentement et par intervalle afin de déranger le moins possible son interlocuteur. Elle ne savait strictement rien à propos de ce culte dont il parlait... ce serait à clarifier bientôt.

"Vous aviez ces… malaises avant de perdre connaissance ? Ou vous avez l’impression que c’est en vous réveillant que quelque chose n’allait pas ? "

Elle hésita un peu, puis décida de poser la question directement. Zayne ne lui semblait pas être un bon menteur et dans l’état où il était elle doutait très fortement qu’il soit en mesure de dissimuler ses sentiments.

"Vous avez l’impression que c’est ce… Netralite qui vous as fait quelque chose ? "

Le cyborg n’avait aucunement nié sa responsabilité… De plus il semblait avoir une idée très précise de ce que ressentait en ce moment le mercenaire. Peut-être que lui-même en savait un peu plus?

Le mercenaire resta tranquille. Il avait vu le Gardien qui l'avait porté se raidir... mais le culte de la Force Intérieure ne faisait rien d'aussi violent que celui des puristes. Ils méditaient et restaient dans leur coin... non?

- ...oui. Ils ont commencés un peu après le début de ma méditation... Mais... quand il est arrivé... j'avais une drôle d'impression... En me réveillant, tout ma parut tellement pire... Je...
j'ai même moins de contrôle sur... mes facettes... Surtout celle agressive...

Il eut un soupir, baissa les yeux et se massa les tempes. Franchement? Il l'ignorait... Il ne savait pas. Il avait peur de la réponse. Le seul endroit où il se sentait bien, sinon chez lui, qui se retrouvait être un danger...

- ...j'ai l'impression qu'il sait ce qui se passe... et qu'il ne veut rien dire. Qu'il a une quelconque influence sur ce qui m'arrive... Il avait réellement l'air inquiet... mais je ne comprend pas pourquoi il m'a poursuivi... armé.

Il n'y avait aucun mensonge dans ses paroles. Pourquoi mentirait-il aux Défenseurs?

Annabelle nota le tout soigneusement. Elle n’avait aucun doute sur la sincérité du mercenaire. Les mutalhytes n’était pas réputés pour être capable de dissimuler grand-chose de toute façon, à bien y penser.

Le tout devenait très complexe, de même que le rôle du cyborg dans toute cette histoire. Elle continua de parler calmement, ne souhaitant pas non plus faire replonger Zayne dans l’état de confusion où elle l’avait vu plus tôt. Elle S’assura aussi que le médecin de service gardait une oreille attentive : le tout pouvait être d’une grande importance pour le traitement médical du mercenaire.

"Vous savez quand ces symptômes ont commencé précisément ? suite à une activité, un contrat ?"

C’était une piste à explorer : peut-être que si le Netralite n’était pas responsable de ce qui lui arrivait en tirait-il du moins avantage ?

"Et vous connaissez bien ce cyborg ? C’est le chef de votre culte, est-ce que vous l’aviez déjà croisé avant ?"

Elle explorait maintenant les motivations potentielles. Avaient-ils une longue histoire ? se connaissaient-ils a peine?

Le Mutalythe restait calme. Il reprenait le contrôle, en plus de se sentir... mieux. Simplement mieux. Sa tête lui tournait moins... Il ne restait que le morceau "fermer le clapais de sa facette bleue", maintenant. Il resta donc concentré sur les questions de la Gardienne, non sans jeter un regard aux autres. Autant de gens qui l'observaient et l'écoutaient...

-...aujourd'hui, exactement dix-huit minutes après le début de ma méditation. Jamais avant ce genre de chose ne m'est arrivé... Je n'ai pas non plus eu d'impression étrange avant, que ce soit piqûre inexpliquée, sensation louche après avoir pris un verre dans un bar, coupure à un endroit possiblement dangereux... Rien.

Son regard se fixa de nouveau sur Steinhart, ses yeux brillaient encore un peu, mais de manière presque subtile, maintenant.

- ...je ne connais pas son nom. Il ne l'a dit à personne... Par contre, ça fait plus de deux ans que je le croise, sur les lieux de méditation, et il n'a jamais été... méchant? Il a toujours été là pour les gens qui venaient le voir. Il a empêché plusieurs citoyens de paniquer suite aux événements du 800ième. Il est une oreille attentive et un bon conseiller... Je ne comprend pas pourquoi...

il eut encore un soupir, puis sentit le coup de fatigue le prendre. Son second souffle venait de s'envoler. Comme il avait hâte d'aller dormir...

Annabelle continua de gribouiller, essayant de filtrer les pensées parasites alors qu’elle écoutait le mercenaire.

"Sur… enfin, sur quoi méditiez-vous ? Si ce n’est pas trop indiscret. Le Netralite était-il avec vous lors de votre méditation ?"

Les pistes étaient toutes très minces. La seule conclusion complète jusqu’à maintenant était qu’en méditant Zayne avait débloqué une sorte de pouvoir intérieur mystique dont le contrôle lui échappait. Le chef de culte, détenteur à peu s’en faut du même genre de « pouvoir » aurait tenté de le calmer et de lui apprendre à le contrôler. Zayne aurait pris peur et se serait enfuis, le maître de culte sur les talons. Mais, bien sûr, ils étaient dans la vrai vie et aussi attrayante que sois cette hypothèse la gardienne n’y croyait pas une seconde. Quoi que… ce tourbillon de vent, Joy qui avait dit avoir été propulsée dans le mur sans contact de la part du mercenaire… tout ceci sentait sois la science très avancée sois quelque chose d’autre et de tout aussi mystérieux.

La question sembla surprendre le Mutalythe. Sur quoi il méditait? Pourquoi était-ce important pour l'enquête? Il ne comprenait visiblement pas... et il n'avait surtout pas envie de répondre. Elle n'avait pas à savoir. Ce n'était pas ses affaires.

- ...je méditais sur mon stress des dernières semaines. Trouver une cause, et une solution. Un moyen de le canaliser... Il n'était pas avec moi au début. Il s'est joint à moi quand il a vu que j'avais un malaise... Pour me calmer. Il a bien réussi... jusqu'à la perte de conscience...

Il eut un soupir, puis regarda l'autre médecin, qui l'observait depuis le début. Plus vite cette vérification serait faite, et plus vite il pourrait retourner chez lui. Il ne lui fit pas signe pour autant et ramena plutôt son attention sur Steinhart, qui se trouvait encore devant lui.

La jeune femme hocha la tête, lentement. La réponse de Zayne précisait certains aspects de l’incident et en laissaient d’autres dans le noir… Mais peut-être que le tout permettait aussi de trier ce qui était important de ce qui ne l’était pas. Elle n’aimait pas insister de la sorte auprès du Mutalythe mais elle se voyait mal, en faisant son rapport, glisser qu’elle avait retenu certaines de ses questions pour ne pas « embêter » le citoyen.

"Je n’ai que deux dernières question et après je vous enverrais avec le médecin pour un examen médical, d’accord ? Comment a-t-il réussi à vous… calmer ? Et vous souvenez-vous précisément de ce qui s’est passé quand vous vous êtes réveillé ?"

Annabelle baignait dans le néant et n’avait maintenant plus aucune idée de ce qui pouvait bien s’être passé pour qu’ils arrivent à un tel foutoir. Elle espérait seulement avoir quelques pistes de réponse pour éviter que tout cela ne se reproduise.

La question, encore, sembla le rendre confus. Dans les faits, c'étaient plus les raisons derrières les questions qu'il ne captait pas totalement. Oui, probablement que la Gardienne avait besoin de ces détails pour faire son rapport complet. Dans le moment, il ne voyait pas l'intérêt de savoir comment il l'avait calmé. Ça s'était fait, et c'était tout, non? Il soupira, se massa les tempes, fit rouler ses épaules un peu, puis répondit finalement. Comme il avait hâte de retourner chez lui, s'écraser dans un coin et oublier que le monde existait...

- ...en appliquant des pressions sur mes tunnels carpiens et mes avant-bras. Sans plus.
Aucune injection, aucune médication... simplement un... "massage". Quand je me suis éveillé... j'étais dans une salle différente... de méditation encore... mes effets personnels étaient là... Rien ne manquait... Je me sentais mal... J'ai pris mes choses.... je me suis traîné jusqu'à la sortie... Il m'a dit d'attendre, que c'était dangereux dehors... Je suis parti... Je me suis fatigué... j'ai fait une pause...
et vous m'avez trouvé. C'est le mieux que je peux dire... Est-ce assez précis?

Et le premier prix pour garder sa patience revient à: Zolvar! Bravo, tout en finesse! Il se massa de nouveau les tempes, la fatigue le frappant un peu plus. Il avait hâte de partir, et c'était flagrant.

La jeune femme hocha doucement la tête avant de griffonner quelque chose sur une autre feuille de son calepin.

"Ça fera l’affaire. Je vous remercie de votre coopération et de votre patience monsieur Zayne. Je… je vous laisse mon numéro de matricule. Si vous vous souvenez de quoi que ce soit d’autre ou si vous êtes en besoins d’assistance suite à ce qui vous est arrivé vous pouvez m’envoyer un messager."

Elle déchira la feuille sur laquelle était maintenant inscrit le numéro en question et la tendit au mercenaire avant de fermer définitivement son calepin. Elle se battait pour ne pas avoir l’air déçue. Elle n’avait rien appris de solide sur toute cette histoire… et surtout, elle sentait bien que son interlocuteur avait été honnête. Elle fit un bref signe au médecin pour lui signifier qu’elle avait terminée.

"Il ne reste plus que la formalité de l’examen médical et on vous raccompagne chez vous par après. À moins que vous pensez que notre ami le Netralite n’ai l’intention de vous y attendre auquel cas on va pouvoir vous offrir un lit à la caserne des défenseurs. "

Elle pensait avoir sentis l’épuisement de Zolvar, mais elle espérait quand même qu’il opterait pour une nuit en sécurité à l’intérieur de la caserne. Elle lui offrit un dernier sourire avant de reculer un peu.

"Ah… et si vous croisez mon frère à nouveau dites-lui bien de faire attention à lui et d’arrêter de jouer aux héros. À moins qu’il ne veuille que sa sœur débarque chez lui. "

Elle tourna ensuite les talons et se rapprocha de Jayx pour lui faire part de ce qu’elle venait d’apprendre… c’est-à-dire pas grand-chose. Une fois son rapport terminé, elle se permit de conclure avec ses propres pensées.

"J’ai sincèrement aucune idée de ce qui viens de se passer et manifestement notre ami mercenaire non plus. T’as déjà entendu parler de ce culte, toi ? Ce… Netralite me semble être un personnage assez particulier. "

un certain soulagement se fit voir dans le regard doré du Mutalythe, qui baissa les yeux. Fini les questions pour aujourd'hui. Il fut un peu surpris, par contre, de se faire donner le matricule d'Annabelle, mais le prit tout de même. C'est d'une main tremblante de fatigue qu'il glissa le papier dans l'une de ses poches, sans s'en formaliser davantage.

- ...je ne crois pas qu'il m'y attende. Il ne sait pas où je vis, aux dernières nouvelles... et puis, si je ne reviens pas cette nuit, ma famille va être inquiète.

Les dernières paroles sur Léo lui arrachèrent un sourire amusé. Jouer au héro? Il avait simplement été au mauvais endroit, au mauvais moment, et avait fait de son mieux dans tout ce bordel. Il acquiesça tout de même, sans rien ajouter, et se tourna vers le médecin, l'air épuisé. Il avait hâte que tout ça soit terminé. Il avait besoin de penser, tranquille chez lui, et de se sentir en sécurité. Nulle part serait plus susceptible de lui emmener ce sentiment que chez lui.