Où te caches-tu? (Aïra)

C'était supposé être simple. Se tenir dans un coin, attendre un peu, et trouver. Une question d'une journée ou deux. Mais là... ça fait des jours. Trop longtemps. Et je trouve rien. Pas de piste, pas de personne qui lui ressemblent, pas de conversations pour me mettre la puce à l'oreille, juste rien. Comme si ma proie existait carrément pas. En temps normal, je m'en serais foutu. J'aurais tourné mon attention sur une autre proie, autre chose. Mais cette fois-ci... Léo m'a dit qu'il pourrait m'aider, si je le trouvais. C'est pas juste une histoire de chasse d'humains, pour le plaisir. Même, depuis que je cherche ce cyborg... j'en ai pas chassé, encore. Malgré les ordres qui résonnent dans mon crâne comme des coups de feu. C'est certain que quelqu'un de l'Hécatombe va entendre parler que je fais pas ma job... et j'ai pas hâte à ce moment là.

Je me suis installé près d'un parc, où des gens viennent avec leurs petits. Des humains, qui font gronder mon ventre, des non-humains aussi. Tous là, qui partent et qui viennent, sans voir le danger. Sans me voir moi. Le dos contre le mur, je me suis installé dans une ruelle, qui me donne une bonne vue sur l'avenue principale. J'observe, je cherche, je sens et j'écoute. Je retiens mes instincts qui veulent bondir sur tous les humains que je vois. Un petit couple, là, qui se murmures des mots doux dans les oreilles. Je pourrais les bouffer les deux, et ils seraient ensemble jusqu'à la fin... Non, bordel! J'ai dt à Léo que je ferais rien de méchant! Mais Thobias m'a dit de m'empiffrer d'humains... maudite tête conne.

Je gronde, profondément, et je soupir.

"...putain de journée de merde..."

Aïra adorait les journées comme celle-ci. Le vent soufflait, le sol était frais, l'air humait le parfum de la ville.

Elle aimait les sons des ruelles, ceux des parcs animés, des enfants qui jouent. Elle aimait le son de ses pieds sur le sol. Plack plack plack plack.

Elle marchait depuis un bon moment, prennant un malin plaisir à se perdre et se repérer, grâce à ce don qui l'obsedait de plus en plus. Elle voyait. Enfin, voir, c'était un bien grand mot. Mais le fait d'avoir définitivement mis sa longue canne au placard l'emplissait de joie.

C'était peut-être ça qui rendait la journée si radieuse, en fait. Car, à bien y penser, la météo, elle s'en foutait.

Au détour d'une ruelle, elle se mis à réfléchir. À moins faire attention à son entourage.

FPLEK

C'était le son que fit son visage en heurtant une masse qui n'avait rien d'un mur de ruelle. Elle tomba sur son séan, en un "eh merde!" retentissant.

Toujours pas. J'ai un autre soupir. Un petit humain cours, dans le parc, poursuivi par son papa. Trop occupé à regarder l'adulte, il prend une débarque. Je ris presque. Petite chose tellement malhabile... Un mouvement se fait voir sur ma gauche, et je tourne les yeux. Une femme. Bizarre, en plus. Je sens l'air. Altérée. Heh. Aucun intérêt.

Du mouvement, à droite. C'est peut-être lui? Je tourne la tête et je regarde. Non. Deux autres humains, rien d'intéressant.

Et bam. Quelque chose me rentre dedans et me fait sursauter. Assez pour que j'aille un grondement bestial. Et là, à terre, qui se prend pour un tapis, la fille bizarre. À quoi tu joues, toi, hein? T'as un voeu de mort?

" Hey, r'garde dont où tu vas! Putain de merde..."

Gentil, gros con. Montre à Léo qu'il peut te faire confiance...

"...heh. Ça va...?"

Au moins, j'essaye. Bon.

Elle se frotait le nez. Pas de saignement, au moins. Non, il était seulement allez faire un tour dans crane avant de ressortir. Juste un peu douloureux. Rien de bien grave.

Pauvre con, pensa t-elle.

-Ça va comme une aveugle qui vient de se prendre une montagne de cuir blindé en pleine poire. Et comme précédement mentionné, non, je n'peux pas regarder où je vais.

Elle agita sa main devant ses yeux, illustrant son propos, puis réalisa que part la taille du spécimen qu'elle avait heurté et son tempérament semblant collérique, mieux vallait ne pas trop jouer au jeu de "qui crie le plus fort".

-Pardon, ça fait juste vraiment mal. Je savais pas qu'un nez pouvait être rétractable... Y'a pas de mal, j'essaye juste une nouvelle technique de déplacement.

...est-ce qu'elle est vraiment entrain de me crier dessus-celle-là? Vraiment? Tu me cherche, et c'est pas le bon jour pour ça. Bordel... rappel-toi. Léo veut que tu changes. Que tu deviennes bien. Relaxe. En plus... bah, elle voit rien. J'Avais pas vu ses yeux, mais c'est vrai qu'ils sont bizarres. Je gronde quand même, agacé.

"J'penserai à ramolir ma carapace la prochaine fois que j'tomberai sur une aveugle qui danse le balais en pleine rue... Heh. La technique marche comment, à date?"

Probablement mal, hein? Vu que tu m'as rentré dedans, à la grosseur que je fais... Je me remet à renifler et je me penche un peu vers elle. Mon gros souffle chaud la frôle et elle l'entend parfaitement bien, mon reniflement. Quelque chose dans son odeur picotte un peu. Je sais pas quoi. Hm.

Elle ria un peu, chatouillé par le souffle bestial de son interlocuteur. Ses dents noires se perdaient un peu dans l'oscurité. Elle se releva tranquillement en se dépoussièrant.

-Pour le moment, pas si mal, compte tenu que vous êtes le premier dans qui je rentre. Je dois même avouer que je m'en sors mieux que ce que j'avais prédit. Bien que la sensation...

Elle ne finit pas sa phrase, se grattant un peu la paume des mains, noires aussi, comme ses marques. Les crépitements l'aidaient, traçant un détail approximatif de l'espace dans sa tête, mais leur sensation demeurait dérangeante à la longue. Elle n'y était pas habituée.

Des dents noires? Vraiment? Hm. J'avais l'impression qu'elle avait des dessins plus qu'autre chose... mais on ne tatoue pas des dents. Heh. Drôle de petite femelle. Je continu de la renifler, même si elle se met debout. Ses altérations ont pas l'air si flagrantes que ça... pas autant que moi. Et c'est là que je me pose LA question conne: est-ce qu'elle goûte comme une humaine?

J'ai pas le temps de penser que ma langue va déjà frôler sa joue. Pas de supplément de bave. La même texture que celle d'un gros chien, semblerait. Je retourne le goût dans ma gueule, curieux.

"La sensation? A fait quoi, la sensation?"

T'es pas un genre de chauve-souris toi, hein?

Elle resta immobile un instant. Totalement sur le cul, comme on dit.

- Euh... Vous... Tu... viens de me lécher...?

Elle se tourna vers le son de la voix, une expression à mis chemin entre le dégoût et l'hillarité sur le visage. Tant pis pour le vouvoiement.

-Serais-tu en train de me goûter?

Elle tendit sa main un peu plus haut, doucement.

-Pas de panique, je veux juste voir à quoi tu ressembles. Je vois pas, tu le sais, donc... Disons que je vois avec mes mains.

Elle comprit qu'il était relativement grand et se hissa sur la pointe des pieds, ses orteils nus en équilibre sur le sol humide et sâle.

Sa face... Ahah! Elle est trellement drôle. Tellement expressive. Entre "beurk" et "hihi". Comment je réponds à moi, ça, hein? Ça me donne envie d'être con. D'être joueur. Trop joueur. De m'amuser un peu à ses dépends. La gêne des gens prudes, c'est tellement drôle.

"Ouais. J'viens de te goûter. Bah quoi, tu m'as presque rentré dans la fourche. Je peux faire quelque chose de déplacé aussi. J't'ai liché. On est quittes."

Sa peau a un goût... sucré? Bizarre. Un peu sucré. C'est subtile... mais intéressant. Pas humain, ça c'est maintenant totalement clair. Elle tend la main et je me penche un peu pour l'aider. Ses doigts frôlent mon menton, de carapace et rugueux un peu. Ma mâchoire est large et puissante.

"Voir que j'paniquerais. T'es tout ptite. Fais juste attention aux écailles... ou au monstre, si tes mains glissent plus bas..."

J'ai un gros rire, qui vibre dans ma poitrine. Mon regard reste quand même attentif. Juste au cas où le petit cyborg arrêterait d'être timide...

Elle ne put retenir un grand rire à la limite du rire gras.
Il est marrant, lui. Pensa t'elle.

-Eh bien, dis donc, un peu plus et ils te rendaient aussi laid que moi! Fit elle avec un clin d'oeil, grand iris de jade laiteux vitrifiés par la cécité.

-Je plaisante. Fit elle, comme on rassure un vieil ami. T'es vraiment grand, je vais pas commencer à jouer la racaille. De toute manière, une racaille aveugle, je penses bien que je serais la seule.

Elle se reculla un peu.

-Au point où nous sommes rendus, autant se présenter, non? Je m'appelle Aïra.

Aussi laid que toi? Heh. Tu es toute petite et mignonne. Moi... je suis énorme et fait pour être effrayant. Tu es drôle, toi.

" Laide? J'te troiuve croquable. Pas laide."

Une racaille aveugle, ça finit surtout en casse-crôute. Meh. J'ai faim. Elle n'est pas sur le menu. MAis... personne m'a interdit de grignotter de l'Altérée. Surtout si elle est consentante et qu'elle aime ça. Maudit que je suis con. Gros pervers...

"On m'appelle pas. J'suis Heimpher. Ou l'gros. ou le monstre. À discrétion."

Je me penche encore un peu... et je la lèche. Encore, sur le front. Une léchouille un peu baveuse. Heh. Sérieusement, tu es sucrée.

"Meh. Tu goûte sucré. Cé bizarre. Faut j'arrête, j'vais vouloir t'licher partout."

Elle ria de bon coeur en s'essuyant le front.

-Va falloir me payer un verre avant, mon grand. Dit-elle à la blague. Je suis pas farouche mais je ne me laisse pas avoir au premier contact dans une ruelle sombre.

Elle porta son poignet `sa bouche et y passa le bout de la langue.

-Tout ce que je goûte, c'est la poussière... tu dois avoir le goût plus développé que le mien, j'imagine.

Elle posa une main sur sa hanche et frotta son pied par terre.

-Pour répondre à ta question de tout à l'heure, la sensation, c'est un peu comme... disons...

Elle hésita, comment vulgariser ça?

-Un peu comme une... chauve souris qui se déplace?

Hm. Te payer une verre, hein? Tu es ce genre là, petite femelle? Est-ce que ça me calmerait, un peu d'action? Peut-être. Peut-être pas. J'en sais rien. Elle se lèche ensuite, et là, je me mets à rire. Bordel...

"Mon grand... Heh. On m'appel pas souvent d'même. Mais ouais, j'ai l'odorat et l'goût vachement précis. Trop. J'Suis un chasseur, en même temps."

D'humains, de Puristes, mais ça, tu dois pas le savoir. Du tout. Pas encore, en fait. Peut-être jamais. Bordel... ma tête déconne encore. Rien en vue autour, juste des familles emmerdantes avec leur amour et des gens sans importance.

"Les chauves-souris font des ptits bruits. Ils se servent du son pour se repérer. Pas toi. tu bouger pas comme une chauve-souris. J'en ai vu, des Altérés chauves-souris... Tu m'fais plus penser à une araignée. Avecs les poils sur les pattes qui sentent les vibrations, les mouvements de l'air. Mouais. Ça, c'est mieux."

J'ai un autre rire... et je la saisis à la taille, pour la monter assez haut, au niveau de mes yeux. On est aussi haut l'un que l'autre, maintenant. Et si elle est vraiment une chauve-souris, elle paniquera pas, dans les airs, non?

-Wow, doucement, doucement... dit-elle, sans pour autant paniquer mais avec un léger stress dans la voix. Ses pieds loin du sol, elle n'aimait pas trop.

Elle se cramponna un peu à la patte de la bête. Elle sentait bien que, vu son gabarit réduit, si il voulait, il la briserait en deux. Elle n'était pas bien épaisse, mais demeurait tout de même en bonne forme, pour une allumette.

-En effet, ta description me semble meilleure. Comme une araignée. Mais avec un petit truc en plus, disons.

Après tout, un peu de vantardise, ça ne pouvait pas faire de mal. Il ne lui faisait pas peur. Par comme un chasseur et sa proie, en tout cas. Puis, sa mère le disait toujours, pensant à son feu géant mari: Les plus gros et grands sont souvent les plus gentils.

Bon, mama vit dans un monde à part. Pensa t-elle.

Doucement? Je te prends sans mes bras, je pourrais te bouffer, et tu me dis juste doucement? Clairement, t'es une drôle de petit chauve-souris...

"Un ptit plus? Dis un secret et j't'en dis un."

Elle me donne vachement envie de jouer... je gronde doucement, amusé et un peu énervé. Je me sens... tannant.

"Comment on s'sent, pas miniscule?"

Eh bah dis donc, Aïra, je ne savais pas que tu donnais dans de tels calibre. Se dit elle en elle-même, ce qui la fit sourire.

Il fallait dire que le dernier (et le seul, d’ailleurs) serait partit en courant devant une telle montagne. Mais bon, le seul n'étant pas repoussé par l'aspect effrayant de ses tatouages, elle n'allait pas cracher dessus. Il ne fut d’ailleurs pas si mal que ça avant de se transformer en gros connard...

Elle ricana et ré avança les mains vers la figure de l'homme-lézard.

-On ne se sent pas si mal et j'accepte la proposition.

Elle détourna le regard et vit, si l'on pouvait appeler cela voir, une petite poubelle en ferraille proche. Le couvercle trônait, à moitié dessus.

-Tu commence ou je commence, mon grand?

Elle ravance ses metite mains vers ma face et je la laisse faire. Ma carapace est solide... et ma blessure me fait plus vraiment mal.

Cette petite femelle là est drôle. Elle me fait bien rire. En plus, elle goûte sucré. Heh. Qui commence? Tu commence.

" Les mamselles en premier."

Je n'ajoute rien, mais je me mets à renifler sa tête. Mon museau s'enfouis presque dans ses cheveux pendant que je farfouille du nez et de mon odorat.

Elle le laissa faire, à la fois amusée et intriguée. Les grosses bêtes, faut savoir les amadouer, ce n'est pas bien complexe. Elle rit un peu alors que le museau lui chatouille la nuque.

-Tu vois cette poubelle là-bas? Fit elle en pointant exactement dans la bonne direction. Regarde bien le couvercle...

Elle se concentra et garda son bras tendu vers la poubelle. Son nez se mit un peu à saigner et elle fronça les sourcils. Le couvercle se souleva dans les airs, fit deux ou trois tour et retomba sur le sol, doucement.

Elle expira et toussa un peu, s'essuyant le nez avec la main.

-À ton tour maintenant.

Elle lui fit un sourire taquin.

Je continu de farfouiller dans ses cheveux. L'odeur est agréable. Leur texture est soyeuse. De ce que j'en sens. N'empêche, elle me dit de regarder la poubelle, et je le fais. Tu penses faire quoi, là? Un tour de magie? Elle tend le bras... et l'odeur du sang remplit l'air. Ma gueule se remplit de salive...

Et le foutu couvercle bouge. IL. BOUGE.

Je la dépose. Très lentement. Et je fixe le couvercle. Un grondement prend naissance, profondément dans mon corps. C'était quoi, ça? On a des Altérés zarbis chez moi... mais à ce point là? Putain de merde... Mes isntincts ne savent pas quoi faire. Entre la peur, l'incertitude... et une once d'excitation devant l'inconnu.

"...tu saignes..."

C'est la seule chose que je trouve à dire, dans un grondement encore. Je suis raide. Ma respiration et mon coeur ralentissent. Si elle a fait ça avec le couvercle... elle pourrait me faire quoi, à moi, si je l'attaque?

Ses instincts ne firent qu'un tour et elle ne laissa pas la peur l'envahir. Elle garda son calme et sourit, douce.

-Je sais... Je sais que ça fait peur la première fois... Moi-même ça me fait peur, Heimpher...

Elle avait prononcé son nom calmement, comme une mère rassurant son enfant.

-Mais je ne fais pas de mal. À personne. Ne t'en fais pas pour le sang, c'est déjà fini. Par contre, on avait un deal. Je te dis un secret, tu m'en dis un. Voici donc mon secret.

Elle ne reculait pas, gardait le dos droit, les fourmillements se faisaient intense dans ses mains et ses jambes, prêts. Juste au cas où.

Mais ce serait dommage, pensait elle. Il est pas si bestial qu'il n'y parait. Comme un chiot qui n'a pas le bon maître. Il n'a pas besoin d'un maître, juste d'un ami.
Ses yeux fixent l'homme animal, les sourcils arqués, une mèche entre eux.

Ça fait peur... ça t'a fait peur? Tu te fous de moi? Quoiqu'en même temps... moi aussi j'avais peur, la première fois que j'ai vu comment je fonctionnais. Mon premier combat contre mes instincts. La première fois que j'ai tué. Une partie encore rationnelle dans ma tête était terrifiée parce que je faisais. Mais le rationnel en moi est mort... avec l'électrocution.

" ...ouais... un deal. Heh..."

Inspire. Expire. Avec des dons freaks ou non, elle pourrait pas te faire mal. Tu as survécu à des éventrements. Elle est minuscule.

"...la saloperie avec laquelle on m'a fait gardait ses ptits pendant des heures dans son ventre pour les protéger. J'peux faire pareil."

Ça en dit pas trop. C'est juste correcte. Mon tour de lui faire avoir une grosse réaction. Dans le pire, si elle comprend trop de trucs... je le lui montrerai. Une démonstration en première ligne.

Elle sourit.

-C'est une façon originale de protéger ses amis, en effet. Ou de les bouffer.

Elle le regarda plus intensément.

-Tu as faim, mon grand, pas vrai? Je vais te dire, je sens que tu as faim, mais surtout, que tu es tout seul... et, au fond... personne aime être tout seul.

Elle soupire.

-Je sais pas ce que tu es, honnêtement, je vois bien aussi que tu laisse planer le mystère et c'est correct. Je cherche pas à comprendre. Pour être encore honnête, je penses que je cherche aussi à ne pas être toute seule.

Elle resta silencieuse.

-Tu veux m'bouffer, c'est ça mon grand?

Cette petite affaire parle... et je comprend plus rien. Bordel... à quoi tu joues? T,es qui, toi? Putain, encore cette question là! Je l'ai déjà vu elle aussi? Non... mes instincts disent rien, contrairement à Léo. Je l'ai pas déjà rencontré. Ça se peut pas. Tu veux quoi? Mourir? Faire la fine? Me défier? Tu as quelque chose à te prouver? À quoi tu joues?!

Je gronde. Je me redresse, de toute ma hauteur, et je gronde. Je ne comprend pas. MA tête ne comprend pas. Où est la logique derrière ça? Pourquoi tu fais ça? Pourquoi tu me demande ça? Les proies se sauvent. Elles restent pas là à attendre de mourir. La souris part devant le serpent! T'es pas totalement une souris, et je suis pas vraiment un serpent. Belle ironie.

" ...t'es suicidaire ou quoi? De quoi tu jase? C'est quoi, on s'est déjà vu pis j't'ai oublié aussi? Ou tu as une auter manière de penser au "bouffer" qu'moi..."

Je gronde encore, puis je secoue la tête. Attaquer? Partir? Comprendre? J'ai l'impression qu'elle me parle comme à un attardé... Merde! Merde!!!

Elle attendit un peu, calme. Elle devait se l'avouer, elle était un peu fière de son effet. Elle l'aimait bien lui. Vraiment. Elle garda son calme mais se fit plus amicale.

-Bon, j'ai compris, je te parlerais plus comme si tu avais 5 ans, Heim. Tu permet que j't'appelle Heim? J'voulais plaisanter, c'est tout, mon grand. Évidement que j'veux pas mourir...

Elle laissa un peu de suspense.

-J'aimerais au moins qu'on aille prendre un verre avant. Enfin, si tu le veux toujours, bien sûr. Aussi, non, on s'est jamais vu. Enfin, toi, peut-être, mais moi... j'vois pas grand chose.

Elle sourit, fière de sa blague.

...elle sait lire dans ma tête aussi ou quoi? Je la fixe. Je l'évalue. Et je ne sais pas quoi faire. Elle veut aller prendre un verre quand même? On ne s'est jamais rencontré? Calme toi, bordel, gros con... regarde sa petite face. Elle se fout de ta gueule. Clairement. PRobablement. Elle se dit Je vais faire peur au gros truc, ça va être drôle...

"...fac tu veux m'saouler pour que j'te bouffe après...? J'comprend tout correctement moi lala?"

Je soupir et je gronde après. Heh. Ok. On va jouer. Parfait. Mais pas ici. Trop de monde. Trop de risques de se faire remarquer.

J'approche, dans un silence total. (Subtilité 4 vs 6ième Sens 1) Puis... je la saisis, la monte en poche de patate et je me met à marcher. Elle est tellement mince que j'aurais de la place pour une deuxième fille de son genre sur l'épaule. Heh. Le pire... c'est que je connais pas de places pour boire un verre, ici. Même... est-ce que j'ai déjà bu de l'alcool...?