Chasseuse ou Chassée ? (Pv DM et Annabelle)

La gardienne se leva et s'inclina légèrement, soulagée.

"Monsieur, je... je comptais aller chercher un extincteur, juste au cas. Il semblerait que j'aie endommagé son système de refroidissement lors de sa capture. Si nous souhaitons le garder intact, il serait préférable de... enfin. De trouver un substitut."

Maintenant que Pipes était "hors de danger", elle pouvait sortir. Peut-être pourrait-elle même questionner Evans, si elle le croisait. Sinon elle reviendrait pour assister a la suite de l'interrogatoire.

Meyers tourna le regard vers elle, examina de nouveau le terroriste des yeux, puis acquiesça. C'était visible que Pipes en aurait besoin, et ce assez vite.

- Allez-y patrouilleuse. J'aimerais que vous ne quittiez pas la caserne, si possible.

Peut-être était-ce là une manière de dire qu'elle ne pourrait pas rester ensuite, peut-être l'Élu préférait être prévenant. Dans tous les cas, son ton n'avait pas été hostile, simplement neutre.

Pipes, lui, s'était tut. Sakoro semblait le surveiller étroitement, raide comme une barre.

La jeune femme s'inclina, tourna les talons et ouvrit la porte d'acier renforcée, laissant Pipes seul avec l'élu. Une fois hors de la salle d'interrogatoire elle s'autorisa sa première vrai respiration depuis un long moment. Elle n'avait pas réalisé a quel point elle était crispée en ce moment. Elle continua de vagabonder a travers ses pensées tout en marchant vers l'extincteur situé un peu plus loins dans le couloir. Elle gardait un oeil ouvert pour Evans et Sokolov, mais ne pouvait s'empêcher de penser aux implications de ce qu'elle venait d'apprendre. Était-ce l'état pour qui la fin justifie les moyens ? Ou y avait-il un traitre au sein des lockdowns ?

Quoi qu'il en soit elle avait maintenant en main de quoi refroidir les systèmes de Pipes, aussi revint-elle vers la salle.

L'extincteur de fumé était toujours au même endroit. De ce fait, la Gardienne ne le chercha pas du tout.

Pour son deuxième intérêt, elle vit du coin de l'oeil le chef d'unité dans l'embrasure d'une autre pièce. De ladite pièce provenait une voix, d'un homme outré, qui se faisait entendre sans cesse.

- Je vais porter plainte contre vous. Me faire déplacer pendant que j'ai une jambe dans le plâtre et m'accuser pour quelque chose qui a déjà été vérifié. Vous me découragez, Gardien. Grandement!

La jeune femme était sur le point de saisir l'extincteur quand la voix de Sokolov lui parvint jusqu'aux oreilles. Elle resta ainsi, une main en l'air, hésitante, avant de prendre l'extincteur. Elle fit trois pas et le fourra dans une des grandes poubelles du corridor. Il fallait qu'elle sache... qu'elle ait un visage, peu importe quoi. Elle doutait que ce n'était pas la bonne chose a faire, mais elle s'en moquait a l'instant.

Elle marcha lentement vers la porte, qu'elle poussa en faisant mine d'explorer la salle du regard, a la recherche de quelque chose.

"Vous avez un extincteur dans cette salle ? Je ne trouve plus celui du corridor..."

Elle en profita bien évidemment pour regarder dans la direction du scientifique, essayant de retenir autant de détails que possibles.

Evans se retourna un peu en entendant Annabelle arriver. Surtout, il jeta un oeil dans le couloir, comme pour regarder si l'extincteur n'y était vraiment pas. Puis, il secoua la tête.

- Il n'y en a pas ici, patrouilleuse. Près du bureau de Meyers, peut-être.

Dans la salle, un homme brun, aux cheveux ramenés vers l'arrière, mais un peu en bataille. Sur le côté droit de sa tête, une longue mèche blanche, qu'il avait également tenté de coiffer. Sokolov portait des lunettes, assez larges. Son regard était sérieux, perçant, froid un peu sous l'agacement. il semblait bien habillé, d'une veste sans manche noire par-dessus une chemise blanche. Sa jambe gauche, à partir du genoux, était dans le plâtre.

Le regard de l'urgentologue se fixa sur Annabelle, quelques instants. Il n'y eut aucune émotion marquante, sinon son agacement du moment. Il croisa les bras et soupira, longuement.

La gardienne regarda son chef d'unité, la mâchoire crispée.

"J'y vais de ce pas. Si vous avez besoins d'aide je retourne dans la salle."

Puis son regard se tourna vers le docteur, sa jambe plus particulièrement.

"Monsieur aurait-il besoins d'une canne pour l'aider a rentrer chez lui ? D'une chaise roulante peut-être ?"

Elle pointa le corridors. Il y avait peu de doute sur l'arrogance de la réplique, bien qu'elle soit dissimulée sous suffisamment de politesse pour passer comme acceptable.

"Je peux aller la chercher a l'instant, si besoins."

Evans se contenta d'acquiescer. Il ramena son attention sur Sokolov, qui sembla presqu'offusquer par les paroles d'Annabelle. Ça ne parrut pas dans son ton, par contre, qui resta un brin exaspéré, mais sans plus.

- Je vous ferai signe quand je serai sur mon départ, patrouilleuse. Ce n'est pas le cas pour li'instant.

Son regard s'était fait sévère. C'était un message claire, pourtant: mêle-toi de tes affaires. Son attention retourna sur Evans et il soupira en joignant ses mains.

- De toute manière, le chef d'unité ne veut pas me laisser retourner chez moi. Des "choses à vérifier", semble-t-il. Franchement...

La gardienne eut un petit sourire en sortant son calepin.

"Eh bien je tiens a vous rappeler que plus votre degré de coopération est élevé, plus la vérification sera rapide. C'est sur que plus vous A moins que vous n'ayez réellement quelque chose a cacher."

Elle griffona a toute vitesse et tendit un petit papier a Evans, sur lequel était écrit :

Laboratoire hécatombe trouvé dans quartier industriel
Détruit par le feu aucune preuve
Seul témoignage Zolvar Zayne
Et Ex Agent de L'Hécatombe Heimpher
Sokolov Possiblement lié attenta contre Stein
besoins d'un mandat pour enquêter.

Elle lui fit un regard entendu, puis tourna les talons.

"A bientôt Monsieur Sokolov. Chef d'unité Evans."

Elle quitta la salle et referma la porte derrière elle. Cet interrogatoire ne mènerais nul part. Sokolov couvrait trop bien ses traces pour qu'ils aient accumulé des preuves... mais avec un peu de chance le témoignage de Zayne serait assez pour ouvrir une enquête. Si en plus les confessions d'un ancien agens de l'hécatombe venaient a se rajouter...

Elle reprit l'extincteur de la poubelle et revint vers la salle d'interrogatoire.

Le regard de l'urgentologue passa d'agacé à couroucé. Il captait visiblement l'hostilité d'Annabelle et la lui rendait, subtilement au moins.

Evans, lui, prit le papier et le consulta rapidement. Il acquiesça doucement, puis le rangea dans ses poches.

- Patrouilleuse.

Annabelle sortit. Elle prit l'objet de sa convoitise, puis retourna à la salle d'interrogatoire. À l'intérieur, les échanges étaient fait à mi-voix, assez qu'on n'entendait rien de dehors. Quand elle entra, elle vit Sakoro près de la porte. Meyers était encore face au terroriste. Et Pipes produisait beaucoup de fumée.

- L'endroit indiqué dans le rapport de votre fils est juste un avant-poste. Leurs installations ne sont pas là... Figurez-vous donc que je ne sais pas où...

Pipes eut un petit rire, fatigué semblait-il.

La jeune femme entra et, après avoir salué de manière réglementaire Sakoro et Meyers, pointa l'extincteur vers Pipes et appuya sur la détente. Un nuage de blanc envahis l'espace ou le terroriste se tenait, le laissant refroidir dans un nuage de neige carbonique.

"Désolé, je ne voulais pas interrompre. Ça me semblait urgent pour qu'il soit possible de poursuivre l'entrevue... Vous disiez ?"

Les deux Lockdowns lui rendirent la salutation. Puis, Annabelle aspergea le terroriste, que redressa ensuite lentement la tête vers elle, l'air agacé.

- ...Vraiment? Maintenant que vous vous êtes amusée, Gardienne, faisons ça correctement...

Pipes se leva et immédiatement, Sakoro se mit sur la défensive. Le criminel fit signe à Annabelle d'approcher, les mains toujours prises dans les menottes.

- Maintenant... insérez le bout dans l'espace sous la cage thoracique. Et activez. Ça va mieux agir que simplement... en surface.

Pipes eut un petit rire. Il dégageait encore beaucoup de chaleur, peut-être un peu moins.

Annabelle s'approcha et obtempéra. L'activation de l'extincteur créa un nuage de gaz carbonique plus... localisé. Cette dernière s'échappait des divers interstices de la carapace métallique avec un visuel inquiétant, rapellant a la jeune femme une épave perdue dans la brume. Elle soupira.

"Tant que ça vous met hors de danger de surchauffe. Je vous avais dit de ne pas tant résister..."

Elle profita de la proximité pour lui glisser, très bas.

"J'y suis allé un peu fort... j'en suis désolée."

Elle avait laissé sa fureur et son ressentis sortir d'elle. Les instructions du terroriste étaient claires, mais... quand même. Elle avait visé comme dans un combat réel. Pas comme dans une arrestation.La jeune femme revint se poster contre le mur de la salle, laissant l'extincteur a la disposition de Pipes.

À l'injection de froid, Pipes eut un spasme, accompagné d'un grognement... étrange? Entre douleur et appréciation. Il se pencha un peu vers l'avant, d'ailleurs, puis toussa finalement un peu.

- ...ça fera le travail pendant un moment...

Comme toute réponse, le terroriste eut un rire, puis reprit place sur la chaise. Meyers semblait totalement épuisé, mais gardait une certaine contenance malgré tout. Sakoro, lui, ne lâchait pas Pipes du regard.

- Pour linstant, nous allons vous placer en cellule, ici, dans la caserne. Tous les Lockdowns sont au courant de votre présence. Je vous conseille fortement de ne pas tenter de vous enfuir. Lockdown Kago, je vous le laisse entre les mains.

Sakoro acquiesça, s'arma de menottes en câbles de métal, spécialement improvisées, puis se fit un plaisir de transférer les poignets de Pipes dans ces nouvelles restreintes.

- Patrouilleuse, ce sera tout pour le moment.

Meyers se leva et attendit Annabelle sur le bord de la porte, pour quitter la salle.

La patrouilleuse en question hocha la tête. Elle observa Pipes avec attention. Elle n'était pas confortable de le laisser seul entre les mains de Sakoro, pour une raison qu'elle ignorait, mais elle se rassura en se disant qu'il allait être tellement surveillé que même un agent de l'Hécatombe ne pourrait pas s'approcher.

"Très bien, monsieur."

Elle tourna les talons et se dirigea vers la sortie de la salle.

L'Élu Défenseur sortit de la pièce, puis regada la Gardienne, dans les yeux. Il avait un air très sévère.

- Entendons-nous que la capture de Pipes ne doit pas s'ébruiter. Je comptes sur vous, Patrouilleuse. Pour le reste, allez vous reposer. Et allez à l'infirmerie.

Meyers la regarda, soupira, puis partit simplement. Il semblait avoir beaucoup à faire... ce qui n'était pas surprenant.

La gardienne salua une nouvelle fois.

"Entendu."

Elle resta dans cette position jusqu'à ce que l'élu ait disparut derrière un pan de mur, puis se relaxa. Elle analysa un peu sa réponse, comme si elle prenait soudainement conscience des contusions qu'elle avait reçues lors de sa bataille contre Pipes. Ajoutons a cela qu'elle n'avait rien mangé depuis la veille et qu'elle commençait a manquer de sommeil et Annabelle voyait soudainement pourquoi Meyers lui avait... prodigué ces conseils.

Elle haussa les épaules et se dirigea d'abord vers l'infirmerie. Mieux valait être chiant et prudent que fringant et délinquant. Elle n'avait jamais sut si c'était une vrai expression, mais son père l'avait employé a quelques reprises pour expliquer son côté plus... méticulleux.

À l'infirmerie, on s'occupa de ses contusions. Selon le médecin, elles étaient assez importantes et la Gardienne avait été chanceuse de ne rien avoir de cassé. Anti-douleurs furent donnés, pansements furent faits et la Gardienne put retourner se reposer. C'était d'ailleurs les indications du médecin: beaucoup de repos et éviter les entraînements des muscles pectoraux et abdominaux le temps que la blessure parte.

La gardienne pris le contenant d'anti douleur prescrit et les recommandations du docteur et alla ranger soigneusement le tout dans le tiroir de son lit, dans le dortoir commun. Une grande quantité de bouteilles de pilules reposaient là, témoignage aussi triste que fort de la tendance de la gardienne a vouloir se passer des opioïdes prescrits.

Le seul conseil qu'elle suivit, celui là a la lettre, fut l'indication de prendre du repos.

Beaucoup de repos.