Chasseuse ou Chassée ? (Pv DM et Annabelle)

Meyers eut un petit soupir et haussa les épaules aux paroles d'Annabelle. Il semblait se dire qu'ils ne perdaient rien à essayer, dans tous les cas. Evans, lui, sembla un peu troublé qu'une technique particulière soit développée à cet effet.

- Je propose de commencer l'interrogatoire, avec juste nous trois et lui dans la salle. Si vous approuvez, monsieur. Ensuite... nous aviserons.

Meyers réfléchit quelques minutes, puis acquiesça finalement. Retourner les questions, sans le concerné, ne servirait à rien. Il se leva donc, imité par Evans, et le trio retourna dans les couloir. Marcha jusqu'à la porte lourdement gardée et entrèrent.

Pipes était là, assis sur une chaise, les mains fixés à la table par autant de paires de menottes que ses poignets pouvaient accueillir. Son masque avait été mis dans un coin, son amnteau aussi, ne le laissant qu'en chandail et pantalon, le visage en vue. À cette image, d'ailleurs, Evans figea dans la porte. Meyers, lui, fonça les sourcils. Un médecin examinait les "blessures" du terroriste, tandisque deux Lockdowns le surveillaient de près.

- Messieux, laissez-nous. Sauf vous, docteur, si sa vie est en danger.

Le docteur regarda l'Élu Défenseur, puis haussa les épaules.

- ...je ne sais pas monsieur... je... j'ai des choses à faire examiner...

Les deux lockdowns et le médecin sortirent, les laissant avec Pipes. Celui-ci leva doucement la tête vers eux et la pencha de côté, ses yeux, s'il en avait encore, totalement invisibles sous sa visière.

- L'Élu en personne... Je suis flatté...

Annabelle ne put retenir un petit soupir en entrant dans la salle. Elle aurait aimé avoir plus d'informations a donner a l'élu et a son chef... mais rien d'autre ne lui vint que :

"Si il décide de s'enfuir, ce ne sont pas ces menottes qui vont le retenir, croyez-moi..."

Elle aurait espérée qu'après s'être présenté dans la section des lockdowns avec une paire de menotte brisée autours des poignets l'information aurait été assez claire...

Meyers s'installa, face au terroriste. Son regard passa sur les menottes, à la mention d'Annabelle, puis revint sur Pipes. Evans, lui, s'adossa contre la porte, pour être certain que rien ne passerait par là. Finalement, Pipes, de son côté, eux un petit rire.

- Elles ne me retiendront pas... mais elles vont faire du bruit. Ce qui est bien pensé en soi... Alors, Élu, que me vaut votre présence...?

Meyers garda un air totalement froid. Se retrouver, là maintenant, devant le terroriste semblait le mettre dans un état étrange. De près ou de loin, tous les Défenseurs avaient une raison d'haïr Pipes. Probablement était-ce pire pour l'Élu.

- Votre interrogatoire commence maintenant. Tout ce que vous dites sera retenu contre vous. Votre coopération jouera pour vous. Nous mener en bateau ne fera qu'allonger votre peine. Donc... Votre nom.

Pipes le regarda, puis eut un soupir en ramenant sa tête vers l'arrière. Dans le mouvement, on voyait très bien les os entre les plaques, faites elles-même dans un métal étrange... qui bougeait presque comme des muscles.

- ...ma peine. Vous n'avez aucune preuve m'incriminant directement des crimes dont vous m'imaginez responsable... Pour ce qui est de mon nom... Même si je vous en disais un, vous n'auriez aucune preuve que ne je mens pas. Cette information n'est donc pas utile pour vous...

Le terroriste eut un petit rire, puis replaça sa tête.

Annabelle récita calmement, de là ou elle se trouvait.

"Discours haineux, incitation a la violence, meurtre au premier degré, menaces, intrusion... et plus récemment attaque armée contre une représentente des forces de l'ordre et entrave a la justice. Vous voulez que je continue ? c'est tout ce pour quoi nous avons des preuves, des témoins et du matériel recevable au tribunal."

Elle planta son regard vers Pipes.

"Tant qu'à être venu ici autant jouer la carte de la coopération, vous ne pensez pas ?"

Pipes tourna la tête vers Annabelle, très lentement. Meyers, lui, eut un sourire satisfait devant cette belle énumération, qu'il n'avait même pas eu besoin de dire. Evans, lui, semblait prendre des notes mentales.

- Comme l'a si bien dit la patrouilleuse. Donc, votre nom?

Pipes eut un soupir aigre, sifflant, puis baissa la tête un peu. Ses mains se serrèrent un peu.

- Parfait... si vous préférez poser ces questions inutiles... Je m'appel Yfer Vross.

- Yfer Vross est mort depuis huit cent ans.

La réponse d'Evans avait été sèche, froide. Son regard l'était tout autant.

- Ais-je l'air vivant, pour vous? Comptez-vous chanceux, vous êtes les premiers à voir mon visage...

Annabelle intervint.

"C'est... le nom qu'a utilisé le "Marcheur d'Étoile" pour le désigner. D'abord involontairement puis très clairement insinué."

Elle soupira et se frotta les yeux.

"On a clairement affaire a une technologie biomécanique qui dépasse de loin les capacités de l'état. Avec l'entretiens nécessaire on sait que la durée de vie des cyborgs de l'état peut être prolongée avec assez d'entretiens... c'est plausible, Monsieur."

Elle désirait visiblement faire avancer la conversation de manière constructive.

Meyers fronça les sourcils. Evans, lui, sembla un peu confus, comme sonné par la possible situation. Les deux se jetèrent un regard, alors que Pipes soupirait longuement.

- Pourquoi êtes-vous convaincu que votre arrestation va attirer des membres importants de l'Hécatombe?

Le ton de Meyers avait été froid. Son regard s'était planté sur Pipes et ne bougeait plus de là.

- Ils n'attendent que ça. Que je ne sois plus dans le décor. Ils ont de l'influence partout. Chez les Défenseurs, ches les Scientifiques, chez les Marchands. Ils entrent et sortent de l'État comme bon leur semblent. Ils créent des monstres avec vos citoyens. Mais il y a une personne qu'ils ne voient pas venir, parce que même les Défenseurs, les Lockdowns, ne le voient pas bouger... et cette personne là sera la première à leur mettre une balle dans la tête s'ils font des problèmes.

Si cette personne disparaît... logique qu'ils prennent le contrôle de l'échecquier, non?

Annabelle haussa un sourcil.

"Êtes-vous en train d'insinuer que, a vous seul, vous repoussez les forces de l'Hécatombe depuis tout ce temps ?"

Elle croisa les bras, un peu sceptique. Pipes avait beau être plus qu'un humain, il n'en demeurait pas moins qu'un seul homme. L'Hécatombe était, pour le peu qu'ils en savaient, légion.

"Et si oui, pourquoi faire ce paris maintenant ? Après quoi attendiez vous pour mettre ce plan en place ?"

Elle refusait de croire qu'il n'attendait que de tomber sur la bonne défenseure pour rendre son arrestation crédible.

Pipes eut un rire franc, quelques secondes. Il eut le mouvement naturel de vouloir lever les mains, de manière dérisoire, mais les menottes l'arrêtèrent dans un son métallique. Son mouvement ne se fit donc pas et il sembla rouler des yeux, malgré qu'on ne les voit pas.

- Personne ne sait si je suis réellement seul... Aies-je autre chose que des contactes? autre chose que des ennemis? Et ce Marcheur d'Étoiles, hm, quelle est sa relation vis à vis de moi? L'Hécatombe ne sait pas, comme vous, Défenseurs, ne savez pas. Par les Étoiles, je ne sais pas moi-même! Dans tous les cas, je semble être la tête d,opération. Et quel est le meilleur moyen pour ralentir les troupes? Faire disparaître le meneur et frapper quand il nest pas là. Technique de guerre de base....

Les deux Défenseurs se regardèrent, puis jetèrent un regard à Annabelle. Cette fois, ce fut Evans qui parla.

- Comme la patrouilleuse l'a demandé: pourquoi maintenant?

Cette fois, pas de rire. Le sérieux retomba sur tout le monde et une certaine tension se fit sentir. Pipes les regarda chacun leur tour, bougeant un peu la tête pour le faire. Son corps semblait encore dégager une certaine chaleur, qui allait en augmentant, lentement. Le liquide noirâtre tachait ses vêtements, comme les signes de brûlures déformaient un peu le portrait général du terroriste.

- L'État a manqué de vivres et a perdu des gens à cause de la période de froid. Nous pourrions dire qu'il est affaibli. Les quelques membres de l'Hécatombe qui sont en infiltration à l'intérieur sont près d'avoir de magnifiques opportunités. Vous n'avez pas de nouvelles de la part de trois Élus depuis quelques semaines. Ulrich Stein est gravement malade. Les Puristes augmentent leurs assauts. Les chasseurs renégats sont de plus en plus nombreux. Des gens disparaissent de plus en plus dans nos rues, dévorés vivants ou tués. L'État est faible, désorganisé et chaotique. C'est le moment idéal pour frapper et ils vont le faire, croyez-moi.

La patrouilleuse hocha lentement la tête. La vérité était dure, mais Pipes disait vrai. Elle sembla jongler avec quelque chose pendant un instant puis décida que maintenant était probablement le meilleur moment pour le demander.

"Quand vous m'avez attiré pour me parler vous me disiez connaitre la cachette des puristes... était-ce vrai ? "

puis, avec un peu plus d'assurance:

"Bon. Donc maintenant nous savons qu'avec votre arrestation l'Hécatombe va bouger... mais où, quand, comment ? À quoi devons-nous nous attendre ? Savoir que quelque chose va se passer ne nous donne que très peu de moyens de l'empêcher. Nous sommes a la recherche des membres cachés et de leur repère depuis des années, je doute qu'il soit plus facile de les repérer maintenant."

Pipes se mit à rire à la question. Longuement, ramenant le sifflement désagréable au rythme de ses inspirations. On voyait sa cage thoracique se gonfler, sensiblement, à chaque fois. Les systèmes travaillaient beaucoup, empirant toujours la chaleur qu'il dégageait.

- Répondez à la question.

Le ton de Meyers était froid, tranchant. Cette réponse-là, il la voulait visiblement, de là à en devenir mauvais, même. Evans se raidit également et se redressa un peu. Sa peau tanguait entre le rouge et le bleu un peu.

- ...je réponds... je réponds... Oui, c'était vrai. Je sais derrière quel masque il se cache. Mais comprenez... mes contactes sont magnifiquement bons pour m'enmener des informations... sensibles... Pas des informations basiques, banales... Ainsi... je sais son nom, mais pas où il se trouve. Ezekhiel "Le Purificateur" Williamson... Enseignant dans une école primaire, je crois?

Evans devint livide. Il perdit tout son sang froid et ses épaules s'affaissèrent.

- ...c'est le professeur de la fille de ma voisine...

- Le professeur de beaucoup d'enfants. Des humains, des Néorithes, des Mutalythes... Pour ce qui est de l'autre question... Ah, ce devra attendre...

On cogna à la porte et Meyers se leva. Evans le laissa passer, puis sortir, visiblement troublé.

La jeune femme écouta attentivement, bouche bée... elle était tout aussi surprise de la réponse de Pipes que d'obtenir enfin cette information. La coopération du terroriste n'était manifestement pas quelque chose a laquelle elle s'était attendue.

C'était incroyablement tordu... le chef des purificateurs était enseignant. Surtout auprès des jeunes, les dégats qu'il était en mesure de faire dépassait de loin ce qu'une poignée de gens avec des cocktails molotov pouvaient accomplir. Il allait falloir passer au peigne fin chaque jeune ayant passé sous sa tutelle, juste au cas...

Elle interrompit ses pensées pour se tourner vers Evans.

"Monsieur ?"

Elle avait l'air inquiète. Elle était elle aussi chamboulée, bien sur, mais il s'agissait d'une inquiétude plus dirigée vers son supérieur.

Pipes n'ajouta rien et se cala un peu plus dans sa chaise. Son attention s'était tourné vers la porte fermée, derrière laquelle se trouvait Meyers, et quelqu'un d'autre. Il ne faisait plus un son, sinon ceux de son corps qu'il ne contrôlait pas. Ses mains, elles, parlaient pour lui: il bougeait les doigts, les frottant un peu les uns contre les autres, dans un mouvement probablement nerveux. Probablement qu'il gardait bien sa façade de personne calme et en contrôle.

Evans, lui, s'adossa contre la porte et mena une main à son front. Il n'en croyait pas ses oreilles et était excessivement troublé par tout ça. Cet homme, qui avait causé la mort de beaucoup de gens, était un professeur, en contacte avec des enfants à tous les jours...

- ...j-je vais m'en remettre, patrouilleuse... Restez attentive...

Le Mutalythe reprit difficilement son calme. La main sur son front passa sporadiquement sur son cou, là où on voyait les marques de brûlures, encore bien visibles.

Pipes se raidit alors et se redressa, se mettant debout. La chaise tomba sur le sol, derrière lui, et il fixa la porte semblant tendu, tout d'un coup.

- ...entendez mes mots: si ce docteur entre dans la salle, je ne coopèrerai plus. Du tout, jamais.

La jeune femme ne put offrir a Evans qu'un sourire empathique. C'était une réalisation... difficile a avaler. Et au delà du "tordu" auquel les gardiens étaient habitués.

A la réaction de Pipes, toutefois, Annabelle se tendit. Son esprit fonctionna a vive allure et une réalisation inquiétante lui parvint. Elle se garda toutefois une marge de manoeuvre, ne voulant pas sauter aux conclusions.

"Qui est-ce ? Pourquoi ?"

Evans sursauta à la réaction brusque du terroriste. Ses réflexes le mirent en position de combat, le regard de nouveau froid, attentif. Le terroriste, lui, resta là, sans changer de position, au maximum de ce que les menottes pouvaient lui donner.

- Pourquoi? Parce que ce ne seront pas les réponses qui vont l'intéresser. Non, il va se concentrer sur la mission de me mettre hors d'état de nuire. Et là, je ne pourrai plus répondre.

On cogna à la porte, pour annoncer qu'on entrait, et Evans la bloqua, lâchant un "Un instant. Il est agressif". Son attention se tourna vers Annabelle, puis sur Pipes, de nouveau.

- Son nom.

Pipes eut un grognement.

- Sokolov.

Ses craintes fondées, elle fondit sur Evans, la mâchoire serrée. Elle parla bas et rapidement.

"C'est un agent de l'hécatombe."

Elle secoua la tête.

"Désolé, il est "soupçonné" d'en être un... Si Meyers a lut mon rapport il ne le fera pas rentrer... J'ai des témoignages a l'appuis, il ne me manque que des preuves pour mener un mandat d'arrestation contre lui. Monsieur, a la base il n'a aucune raison d'être dans cette section, il est hors de question qu'il ait accès a Pipes."

Elle avait conscience d'outrepasser son rang, mais cette information était vitale. Si ses supérieurs prenaient la décision de le faire entrer alors ils la prendraient en parfaite connaissance de cause.

Le chef d'unité eut un sursaut quand la jeune femme lui fondit dessus. Il cessa de bouger, de respirer même, puis la regarda. Son air devint dépité alors que la Gardienne s'exprimait, et il sembla réfléchir à toute allure.

- ...pourquoi Sakoro l'aurait-il fait chercher, alors, s'il est soupçonné d'être un ennemi?

- Parce qu'il a les technique de l'Hécatombe pour m'extraire ce qu'il veut du crâne. Me mettre ce qu'il y veut également. Et ladite thèse qui soutient tout ça a été faite avant que les règles scientifiques soien réformées. Alors je réitère: si vous le faites entrer, je ne coopèrerai plus jamais.

Pipes avait parlé moins fort un peu. Il restait raide, mais décidé. À la porte, on cognna de nouveau, et la voix de MEyers retentit.

- Evans, à quoi tu joues?!

La jeune femme se mettait a réfléchir a vive allure. Elle parla très bas.

"Je peux bien aller expliquer tout ça a Meyers mais je n'ai pas l'autorité nécessaire. Soit il n'est pas au courant soit quelque chose de louche se trame. Dans tous les cas le simple fait qu'il existe un doute devrait exclure ce médecin de cette salle. C'est notre seule chance d'arrêter l'Hécatombe ET les puristes du même coup. On. Ne. Peut. Pas. Rater. Ce. Coup. Là."

Elle regardait Evans de manière presque implorante.

"Soit vous sortez de cette salle pour aller les confronter sois j'y vais. Mais il est hors de question que Sakoro entre ici. Ce serait une erreur monumentale."

Elle se tenait prête a agir, mais baissa quand même la tête.

"A moins... que... vous ne me donniez l'ordre de..."

Elle n'osait pas terminer sa phrase.

Evans la fixa, eut un soupir aux paroles de la Gardienne. Il semblait pris entre deux feux, mais aussi motivé qu'elle de faire arrêter tout ça. Il grogna, puis s'écarta de la porte, pour sortir.

- Restez avec lui. Je m'en occuppe...

Evans sortit de la pièce et referma la porte. Il ne parlait pas très fort, de manière à ce qu'on n'entende pas grand chose. Pipes, lui, eut un soupir agacé, mais bruyant. Il se réinstalla sur la chaise, presque lourdement, et baissa la tête pour être capable de la gratter du bout des doigts.

- ...il ne doit pas... pas maintenant... pas avant que ce soit fait...

Le terroriste eut un geignement presqu'anxieux. On voyait très bien que ça, il ne l'avait pas prévu.

La jeune femme regarda son supérieur sortir, non sans une once d'appréhension. Ce qu'elle aurait donné pour entendre ce qui se disait de l'autre côté de cette porte... il ne lui restait plus qu'à faire confiance a Evans.

Elle tourna son attention vers Pipes quand ce dernier se mit à parler.

"Monsieur Vross... Avant que quoi soit fait ? "

Elle vint s'asseoir en face de lui. Pour une raison qu'elle ne parvenait pas a s'expliquer son attitude avait changée envers le terroriste. Comme si elle découvrait que tout ce qui causait son animosité envers lui n'était que la pointe de l'iceberg. C'était le reste qui importait... Ses motivations et surtout ses connaissances. Combattre quelqu'un était une expérience très... personnelle. C'est en partie pourquoi elle faisait autant confiance a Evans. Elle savait que même en situation de stress il pouvait garder la tête froide.

Elle soupira.

"Nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir."

Pipes leva la tête, comme surpris de se faire interpellé de la sorte. Par ce nom, surtout, que peu de gens devaient utiliser. Il observa Annabelle, longuement, puis grognassa un peu. Le coup de bâton de la Gardienne avait entaillé une partie de l'os de la mâchoire, visiblement, mais n'avait pas plus endommagé que ça le visage. Sur la visière qui couvrait les yeux, par contre, on voyait bien l'endroit où Annabelle avait tiré. Ça avait fait une marque, oui... mais sans plus.

- ...je n'ai pas le droit de me faire corrompre avant que l'Hécatombe tombe... Après, je m'en moque... Après, si je meurs, peu importe... Mais l'Hécatombe doit tomber. Et je ne permetrai pas que ce... médecin givré me joue dans le crâne, pour cette raison...

Il roula des yeux, ce qui fit bouger sa tête un peu, puis se cala dans sa chaise en poussant un soupir.

La conversation, dehors, augmenta d'un cran. Annabelle put percevoir des "je ne me suis pas déplacer pour me faire insulter de la sorte", en plus d'autres paroles, entremêlées. Evans semblait prendre leur défense et empêcher le scientifique, maintenant docteur, d'entrer.

La jeune femme se raidit et se résolut a patienter, impuissante. Par protocole elle ne pouvait pas laisser le prisonnier seul dans la salle et elle ne ferait qu'ajouter a la confusion si elle sortait a l'extérieur. Avec l'élu des défenseurs et le chef d'unité des gardien, les paroles d'une simple patrouilleuse n'auraient de toute façon pas leur place. Elle avait fait ce qu'elle pouvait. Restait a savoir ce qu'elle ferait si Sokolov mettait quand même les pieds dans la cellule. Elle interrogea Pipes du regard.

"Je ne comprends toujours pas ce qu'il fait ici... je pensais que vous l'aviez mis hors d'état de nuire..."

Elle soupira.

"Et pourquoi Sakoro l'as-t-il envoyé cherché ? Si mon rapport sur l'incident de Zolvar a été lut l'information a dut être transmise non ? "

Elle eut un regard inquiet.

"A moins que l'Hécatombe ait aussi des agents dans les Lockdowns ?"

Le terroriste eut un rire doux, en premier, puis un soupir aigre. La chaleur près de lui devenait étouffante. Il en semblait conscient, mais s'en moquer également.

- ...ses recherches ont été faites avant la réforme... et les techniques suggérées fonctionneraient... Mais s'ils ont fait des recherches après votre rapport et qu'ils n'ont rien trouvé, ils n'ont pas de raisons de le considérer dangereux...

Pipes eut un doux rire et redressa la tête. POur la regarder, longuement. Il joua un peu avec les menottes et inspira longuement. L'expiration qui suivit poussa une bouffée de chaleur infernale sur la jeune femme.

- Toujours se demander qui est dans quel camp. Ne jamais faire aveuglément confiance... Voyez, Gardienne, vous commencez à comprendre le message que j'essaie de faire passer... Avez-vous des extincteurs dans les parages?

Les voix se turent dehors, et la porte s'ouvrit. Meyers entra, suivit de Sakoro. Evans, lui, n'y était pas, encore dehors, semblerait. Les deux hommes approchèrent mais ne dirent rien dans le moment.

La gardienne écouta, horrifiée. Elle essaya de se rappeler, par réflexe, a qui elle avait parlé, qui pouvait être un agens infiltré... c'était stupide... mais a vu de la situation, elle allait avoir tendance a analyser tout, a partir de maintenant. Trop de choses dépendaient de ce que Pipes lui disait.

Cette chaleur rendait annabelle inconfortable.

"On en a dans le corridor. Je... ça peut attendre une minute ou deux ?"

Elle sursauta légèrement lorsque la porte s'ouvrit. Elle guetta avec attention les deux hommes entrer, s'attendant a voir un troisième homme passer le pas de la porte. Elle faillit soupirer en voyant que ce n'était pas le cas. Elle regarda ses supérieurs et écouta attentivement.

Pipes eut un petit rire, amusé et découragé à la fois. Il fit bouger ses doigts, puis baissa la tête, pour soupirer, dans un son étrange et sifflant.

- ...je l'ignore. J'ai toujours eu accès à des systèmes de refroidissements avant... et avec le travail d'artiste que vous avez fait dans mon abdomen...

Le terroriste se tut, et les deux autres entrèrent. Sakoro était en armure complète. On ne voyait donc pas son expression. Meyers, lui, semblait irrité, fatigué et en colère à la fois. Son regard en devenait plus sévère.

- Bon... Monsieur Vross. J'ai eu les résultats d'analyse de mon médecin de confiance. LEs échantillons des liquides qu'on a prélevé sur vous, et des os, ont été daté de... très vieux. Plus de 800 ans. Ce qui concorde avec votre supposée identité. Nous avons repoussé l'implication du docteur Sokolov. Par contre, si vous décidez de ne pas être coopératif, doutes ou non sur ce médecin, je le fais revenir. ESt-ce bien clair?

Pipes baissa la tête, soupira de nouveau. La chaleur était infernale. Même, à son soupir, une petite fumée s'était échappée d'entre ses dents.

- Faire déplacer un homme blessé... monsieur l'Élu, je vous croyais plus sympathique...

- Si vous ne dites rien d'utile, taisez-vous.

Sakoro avait été froid et cinglant.