Confronter ses démons (Pv Léo)

Lionel resta à la tâche d'organiser la chambre pour ces invités insoupçonnés et ne sortit pas de la maison. On l'entendait farfouiller un peu, comme s'il était incertain de la démarche à suivre.

De leur côté, les inconnus s'étaient mis à couvert derrière les plantes entourant la maison. Saarth'alis semblait assailli par le froid, accroupis dans la neige et toujours en armure. Il tenait son compagnon à l'abris de son corprs et semblait le réchauffer de son expiration. L'autre, toujours dans la couverture, l'avait resserrée autour de lui, silencieusement. Entendant finalement Léo revenir, son interlocuteur se redressa lentement et le regarda. C'était juste si le givre ne lui cachait pas la vue totalement.

- ...merci. Nous leur en fournirons sans problèmes... quand je ne serai pas là, par contre, la communication risque d'être difficile... Bref... Je vous laisse passer en premier.

Il suivit avec quelques paroles dans sa langue, adressé à son protégé, qui lui répondit presque dans un murmure. Saarth'alis se mit à la suite de Léo ensuite, et le silence se fit dans le duo. Dans la maison, la chambre semblait prête.

Leo hocha la tête.

"Il va falloir profiter de votre présence pour mettre en place une manière de communiquer avec votre ami. Comme il vous comprend il sera peut-être plus facile de lui expliquer comment demander telle ou telle chose… Mais pour le moment allons-nous mettre à l’abri."

L’ingénieur regarda autours pour s’assurer que personne ne se trouvait dans la rue, puis guida les deux inconnus jusqu’à l’intérieur. Après autant de temps passé à l’extérieur se retrouver dans une maison tempérée et à l’abri du vent lui fit un drôle d’effet. Il se déchaussa pour éviter de mettre de la neige partout et guida Saarth’alis jusqu’à la chambre d’ami.

"Vous pouvez l’étendre là. Les draps sont propres et le lit est confortable. À quand remonte son dernier repas? Je vais aller voir si je ne peux pas trouver quelque chose à manger. Il y a des choses qu’on devrait savoir? Côté alimentation? "

Leo attendit la réponse puis essaya d’attraper Lionel au travers de sa chorégraphie confuse pour tout préparer.

"Lionel… je crois qu’avant toute chose il serait important que tu rencontres celui que vous allez héberger. Voici Saarth’alis. Son peuple est mal en point et j’ai accepté de les aider dans la mesure du possible. Le point le plus urgent était celui-ci : il attends un enfant et a cause du froid ils avaient peur de le perdre."

Le plus important était fait. L’ingénieur resta un peu afin de voir comment le contact se déroulerait… mais il allait aussi falloir prévenir Gabrielle. Si elle tombait face à face avec Saarth’alis, pour citer lionel, elle allait faire une crise cardiaque.

Saarth'alis sembla l'écouter attentivement, malgré le froid et le poids qui commençaient à le peser. Il s'assura lui aussi que personne ne les voyait, puis se rendant compte que la voie était libre, il le suivit silencieusement.

- ...je vais faire tout mon possible pour trouver un moyen de communication entre vous. Avec de l'encre et du papier... je devrais être capable de faire quelque chose.

De son côté, l'inconnu n'enleva pas ses bottes, qui semblaient faire partie intégrante de l'armure, mais se retrouver à l'abris du vent lui fit visiblement du bien, assez pour le faire longuement soupirer. Il n'avança pas directement dans la maison, ferma la porte avant, puis suivit Léo. Une fois à la chambre, il déposa très doucement son protégé dans le lit, l’emmitoufla avec les couvertures, puis se permit de se détendre.

- ...à deux jours. Nous nous alimentons une fois par semaine. Habituellement, des fruits, du jus ou des céréales nous donnent ce dont nous avons besoin côté nutritionnel. Bref... c'est assez simple.

Le protégé, dans le lit, observa autour et sentit même les couvertures, curieux. Ses mouvements prouvaient une certaine nervosité, par contre, et son compagnon le remarqua. Ils se mirent à parler tout bas, laissant Léo aller s'adresser au propriétaire.

Justement, Lionel était encore dans son ballet de confusion et de presse. Le Défenseur s'arrêta entre deux mouvements, tenant une théière pleine et deux tasses. Il n'avait pas encore vu les Inconnus, et la chose semblait le rendre un peu nerveux, mais se trouvait maintenant dans la porte.

- ...je me disais qu'avec un peu de thé... une première rencontre serait plus agréable.

Il n'ajouta rien et observa la personne que l'ingénieur lui présentait, encore un peu nerveux. La taille de l'Inconnu, ainsi que l'armure, semblaient le rendre légèrement méfiant. Il restait le plus ouvert d'esprit qu'il le pouvait, par contre.


- Bonjour... je m'appel Lionel. Heum... s'il y a quoique ce soit, vous pouvez me le dire. Je vais faire mon possible pour vous assister. voudriez-vous du thé?

Les deux Inconnus se consultèrent du regard, puis Saarth'alis s'avança légèrement vers le Défenseur. Une certaine tension sembla s'installer entre les deux, puis finalement, Saarth'alis s'inclina bien bas. La tension s'envola entre les deux hommes, visiblement, et Lionel respira un peu mieux.

- Merci beaucoup de nous accueillir chez vous. La situation est... difficile pour les miens, surtout pour mon compagnon ci-présent... et... merci... merci beaucoup. S'il y a quoique ce soit que je puisse faire.... n'hésitez pas.

Les deux s'observèrent, semblant chacun un peu gêné dans la situation. Lionel se reprit rapidement, par contre, et avec son professionnalisme habituel, offrit le thé à tout le monde. La situation maintenant désamorcée, le futur papa sembla se détendre lui-aussi, assez pour prendre la tasse de thé que lui offrait le Défenseur.

Leo soupira discrètement. Cette étape était, dans son esprit, la plus cruciale. Gabrielle accordait une confiance aveugle à Lionel, si ce dernier était plus à l’aise avec la situation la suite des choses serait plus facile. Il sirota une gorgée de thé, se délectant de sa chaleur un bref instant avant de reposer sa tasse. Il avait encore du travail à faire.

"Je crois que je ferais mieux d’aller prévenir Gabrielle, histoire d’éviter une commotion. Pendant ce temps j’imagine qu’il serait intéressant que Saarth’alis commence à expliquer la situation. J’en connais déjà les grandes lignes."

L’ingénieur s’inclina légèrement avant de sortir de la chambre et commença à monter les escaliers. Il serait surpris que Gabrielle dorme encore avec tout le bruit que son frère et lui avaient dut faire, mais il faisait quand même attention pour ne pas faire trop de bruits. Il s’approcha enfin de la porte de la chambre de sa camarade et frappa doucement à la porte.

"Gabrielle? Tu es réveillée? "

Le Défenseur semblait se sentir mieux, et leurs invités également. Peut-être n'étaient-ils pas totalement à l'aise, par contre, parce qu'aucun des deux ne toucha à son breuvage. Ils semblaient se contenter de se réchauffer les mains pour le moment.

Entendant alors Léo, Lionel acquiesça tranquillement, puis se tourna vers les deux Inconnus. Saarth'alis se mit alors à lui expliquer les mêmes faits qu'à Léo, et ce fut sur ces paroles que l'Ingénieur monta en haut.

La porte de la jeune femme était fermée et aucun son ne se faisait entendre. Par contre, après que Léo eut frappé, il put entendre reculer, comme si Gabrielle s'était reculé de contre la porte.

- ...o-oui. Qu'est-ce qui se passe? Pourquoi il y a autant de bruit? Pourquoi es-tu ici aussi tôt ce matin?

La jeune ingénieure semblait confuse. D'ailleurs, ouvrant la porte, ce fut définitivement de la confusion que Léo put voir sur son visage.

Leo prit une grande respiration et tenta d'avoir l'air rassurant.

"J'ai eut une petite urgence : des amis avaient absolument besoins d'un toit pour s'abriter du froid et de la neige et ils ne pouvaient pas se rendre aux abris, j'ai donc pensé à les amener ici. Ton frère est en bas avec eux, ils boivent du thé et expliquent la situation. "

Dis comme ça la situation avait l'air presque normale... Leo poussa donc un grand soupir avant de passer a la suite des choses.

"Il... il y a un petit truc que tu dois savoir sur eux... Ils sont très gentils mais... bon... ce sont des inconnus, voilà."

Avant que Gabrielle puisse placer un mot Leo s'empressa de préciser.

"L'un d'eux parle français. Leur peuple n'est pas agressif et est sérieusement mal en point. Ils ont besoins d'aide et c'est là une occasion formidable d'effectuer un premier contact positif entre Sicherheit et eux."

L'ingénieur attendit de voir la réaction de Gabrielle, espérant qu'elle montrerait plus de sang froid que ce à quoi il s'attendait.

La jeune femme le fixait en attendant des réponses, tout en tendant également l'oreille pour entendrece qui se disait en bas. La façon étrange de parler de Saarth'alis semblait déjà la rendre un peu confuse de base. Ce que Léo lui annonça, par contre, la laissa totalement immobile.

Elle avait les yeux ronds et le teint qui pâlissait à vue d'oeil. Sinon ces deux détails, elle semblait ne pas trop mal le prendre. Dans tous les cas, elle était immobile, à fixer l'ingénieur et à se demander si elle avait bien entendu.

- ...des Inconnus chez moi...?

Ses jambes semblèrent de ramollir et elle s'appuya sur le cadre de sa porte, cherchant un peu son air. Elle était maintenant blanche comme une feuille de papier.

Leo fut pris d’une légère panique mais tenta de rester calme. Il tendit la main vers l’épaule de Gabrielle et tenta d’aller chercher son regard.

"Gabrielle… ils ne sont pas différent des mutalytes, des altérés ou des Néorythes. C’est une race dont on ne connaît pas grand-chose, oui, mais ils ne sont ni agressifs ni belliqueux. Ce n’est pas quelque chose dans le gabarit d’Hexus qui t’attends en bas, ne t’en fais pas. "

Il espérait pouvoir mettre ce détail dans la tête de son amie. Il espérait qu’il n’en viendrait pas à regretter sa décision d’avoir amené Saarth’alis et son ami chez l’ingénieure.

"J’ai sauvé l’un d’entre eux du froid il y a quelques heures. Leur peuple est en train de mourir de faim, de froid et il y a beaucoup de blessés parmi eux. J’ai offert d’aider dans la mesure du possible. "

Il secoua un peu l’épaule de son amie, essayant de ramener un peu d’enthousiasme dans son ton de voix.

"Gabrielle… c’est notre chance d’offrir un contact favorable entre un peuple entier et Sicherheit. Je crois sincèrement que s’ils apprennent qu’ils peuvent faire confiance à certains d’entre nous nous pouvons beaucoup apprendre d’eux et vice-versa. Celui qui est en bas attends un enfant et c’était pour eux une priorité de le mettre à l’abris du froid. Je ne pouvais pas l’accueillir dans mon appartement je l’ai donc apporté ici en supposant que ton frère et toi seriez capable de les aider… "

L’ingénieur soupira encore légèrement. La situation était délicate et il espérait choisir les bons mots et présenter la situation sous un angle qui apaiserait Gabrielle.

"Ton frère est en bas avec eux, ils prennent le thé… veux-tu venir les rencontrer ? Si tu me dis qu’ils ne sont pas la bienvenue chez toi je trouverais un autre abri, tout simplement. "

Le mouvement de son compagnon attira l'attention de Gabrielle, qui le regarda. Savoir que les Inconnus n'étaient pas aussi horribles qu'Hexus sembla la rassurer un minimum, déjà en commençant. Elle ne reprit pas immédiatement des couleurs, mais au moins, elle n'avait plus l'air d'être sur le point de s'évanouir.

Les nouvelles qui suivirent sur le peuple d'extérieur semblèrent la choquer. Elle n'en croyait pas ses oreilles, comme si elle était incapable de concevoir que quelqu'un puisse être autant mal en point dans l'État. Il y avait certes de la pauvreté dans Sicherheit... mais pas beaucoup, très peu, même.

- ...pourquoi sont-ils en si mauvaise posture...?

La jeune femme battit ensuite des paupières, assez rapidement, fixant devant elle, aux paroles qui suivirent. Le message se rendait lentement dans son cerveau. Ils avaient une chance incroyable: eux, en offrant de l'aide et en effectuant un premier contact pacifique... et les Inconnus, en ayant une chance de survie de plus. Un asile dans l'État.

- ...si Lionel prend la peine de leur parler... oui, je veux bien aller les voir...

La jeune femme sorti donc et se dirigea vers le rez-de-chaussé, où la conversation continuait doucement.

En bas, la conversation entre le Défenseur et l'inconnu continuait de plus bel, dans un demi silence.

- Vous n'êtes pas notre premier contact, non... Nous avons croisé un groupe en dehors de votre ville. Barricades, infrastructures de guerre... Beaucoup d'armes. Des cyborgs, pour la plupart. L'odeur de sang et de métal, là-bas, est horrible... Nous avons essayés de leur demander de l'aide, dans un petit groupe de trois. Deux se sont fait toucher, un abattre, même... J'en suis revenu indemne, mais celui qui n'est pas mort... Nous avons du l'amputer d'un bras.

Un moment de silence suivit, et ce fut au tour de Lionel de se faire entendre.

- un groupe renégat... Je suis désolé que vous soyez tombé sur ces criminels. Mes condoléances pour votre compagnon... Mais dites-moi, combien êtes-vous? Je veux dire, pour autant vous déplacer, vous ne devez pas être nombreux...

Leo suivit son amie après avoir essuyer une légère goûte de sueur. Il était loin d’être habile avec les mots aussi ce qu’il venait de faire relevait-il de l’exploit pour lui. Il la suivit jusqu’à la chambre d’amis, où il cogna à la porte pour annoncer leur venue avant de faire les présentations.

"Gabrielle, je te présente Saarth'alis. C'est... disons l'un des portes-paroles de son peuple. Du moins en ce moment. Saarth’alis, voici Gabrielle, la sœur de Lionnel."

Les bribes de la conversation n’avaient pas échappé à Léo, qui se posait manifestement les mêmes questions. Une fois les présentations faites, il se contenta donc de reprendre sa tasse de thé, maintenant tiède, et de s’appuyer contre le cadre de porte afin de suivre la conversation.

La jeune femme se retrouva en bas avec Léo, et fut témoin elle aussi de la conversation en cours. Se glissant dans la pièce avec son compagnon, elle sembla figer devant l'imposante stature de Saarth'alis. Elle le fixait avec de grands yeux et pâlissait de nouveau, à vue d'oeil. Par contre, elle ne semblait pas sur le point de perdre connaissance cette fois.

Le duo d'ingénieur entra, Léo fit sa présentation, et l'Inconnu s'inclina poliment devant la jeune femme, tout en ramenant un bras contre son corps. Il ramena son attention sur le Défenseur ensuite, semblant hésitant à parler. Gabrielle en profita pour murmurer à Léo avant que la conversation ne recommence.

- ...il est énorme...

Elle n'ajouta rien et écouta sagement, restant près de Léo. Saarth'alis, lui, répondit finalement à la question.

- Nous sommes sept. Des compagnons et compagnes qui se connaissent bien et qui se font totalement confiance. Oui, nous sommes en mesure de voyager léger et de ne pas trop nous faire remarquer. Les animaux sauvages nous posent problème, parfois... L'un des nôtre s'est fait attaqué par une créature osseuse. Des gens de votre ville l'ont recueilli. Nous l'avons récupéré par la suite. Bref... nous ne sommes pas beaucoup.

Lionel sembla assez surpris de la révélation, comme si le chiffre lui paraissait anormalement bas. Un peuple de sept personnes? Ça lui semblait totalement ridicule, à première vue.

- Sept... Sans vouloir paraître méprisant, ça me semble bien peu pour un peuple entier...

L'inconnu secoua doucement la tête en soupirant. Encore, ni lui ni le futur père n'avait touché au thé.

- Nous sommes un petit groupe, certes. Par contre... nous ne venons pas d'ici. Le reste des nôtres est... ailleurs. Nous devions explorer. Dans tous les cas, rien ne nous avait préparé à la situation présente.

L'étonnement était encore la seule expression sur le visage du Défenseur, et aussi sur celui de sa soeur. Tous deux venaient de réaliser qu'au-delà de l'État se trouvait autre chose, probablement.

Leo se pencha pour murmurer en retours.

"Un gentil géant. Il n’y a rien à craindre."

Leo écouta aussi très attentivement tout ce que Saarth’alis révélait. Il ne pouvait s’empêcher de penser à la carte qu’il avait recopiée dans la boutique d’Hexus. Il existait manifestement bel et bien d’autres civilisations comme Sicherheit à l’extérieur des murs. Pourquoi, en plus de 800 ans, n’y avait-il eu aucun contact ? Cela semblait encore plus absurde à Leo que tout le reste. Mais un détail semblait échapper au jeune homme.

"Donc vous êtes un groupe d’explorateurs. Vous n’êtes pas obligés de nous dire d’où vous venez… mais peut-être qu’il serait important de connaitre la raison de votre voyage. Je… je veux dire, vous étiez simplement à la recherche de nouvelles terres, ou c’est un besoin bien particulier qui vous poussait hors de votre foyer ? "

Êtes-vous pourchassés ? Cherchez-vous à coloniser ? Êtes-vous ici spécifiquement à Sicherheit pour une raison ? Telles étaient les questions que Leo n’osait pas dire à haute voix de peur de froisser leurs invités. Sa discussion avec Pipes projetait une petite ombre sur toute cette histoire. Qu’un nouveau peuple fasse son apparition dans un moment comme celui-là… c’était un hasard trop gros. Tout autant pour poser la question qu’amoindrir l’impact de la dernière, Leo continua, toujours doucement.

"Et… sans vouloir être indiscret, qui vous a fournis asile au sein de l’état? Peut-être pourrions-nous aller le voir pour obtenir de l’aide?"

La question allait bien évidemment aussi répondre à « et pourquoi n’êtes-vous pas allé le voir directement au lieu de compter sur l’aide d’un parfais inconnu ? ».

Gabrielle acquiesça, reprenant des couleurs un peu. Elle rougissait, probablement par gêne devant le colosse en armure. Dans tous les cas, elle se tut et écouta, comme les autres, la réponses de Saarth'alis.

l'Inconnu, lui, sembla encore légèrement hésitant dans les questions que lui posait Léo. Il semblait ne pas savoir comment répondre... ou s'il devait simplement le faire. Il soupira longuement, puis décida de simplement s'asseoir en indien, à terre.

- Nous sommes des explorateurs, oui. Nous cherchions d'autres civilisations, des endroits intéressants, des ressources... c'était surtout à titre de curiosité plutôt que pour une entreprise extraordinaire... Nous ne voulions pas autre chose. Notre peuple n'a pas besoin d'explorateurs. Il va tout aussi bien sans nous.

Le mastodonte eut un soupir presque triste, de par sa sonorité, puis réfléchit quelques secondes.

- L'un des nôtre était parti à la recherche de matériel médical. En s'approchant de vos murs, il s'est fait attaquer par une créature. Il l'a combattu et abattu, mais a également perdu un bras dans le combat. Un groupe de vos protecteurs s'est alors présenté sur les lieux. Ils l'ont immobilisé, drogué et ramené pour lui prodiguer des soins. Il n'a pas eu le choix de se laisser faire. Ils ont essayé de communiquer avec lui. Il comprend quelques mots de votre langage, mais très peu. Ça a été difficile. Il a compris, par contre, que s'il se faisait voir par des scientifiques... il serait emmené et probablement disséqué. Nous l'avons récupéré le jour d'après. Vos protecteurs ont encore son bras et son arme. Je ne sais pas si nous pourrions lui demander de l'aide directement... je veux dire, ils étaient un groupe. Une femme au nom de saveur, un cyborg... le médecin de cet avant-poste serait plus en mesure de nous assister.

Écoutant le récit de Saarth'alis, Lionel soupira longuement, l'air légèrement contrarié. Peu importe de qui parlait le gentil géant, il ne semblait pas heureux de l'entendre.

- Vous êtes tombé sur un groupe Défenseur Guérillas. J'avais entendu parler d'une drôle d'histoire, mais à savoir que c'était vous... Je vais faire tout mon possible pour que votre compagnon récupère ce qui lui appartient de droit -

Le visage du Défenseur se tordit dans un rictus de douleur, le faisant stopper net dans ses paroles. Affolée, sa soeur se précipita dans la cuisine, pour aller lui chercher de l'eau fraîche. Peut-être était-ce à cause du stress, mais la douleur qui prenait parfois Lionel était revenue de plus bel.

Leo hocha doucement la tête, prenant le temps d’assimiler toute l’information qui lui était livrée. Un peuple bien ancré… avec assez de ressources pour envoyer des explorateurs juste pour être en mesure de faire une carte du monde aussi détaillée que possible. Une autre Sicherheit. Tout cela était pour le moins étrange à envisager pour quelqu’un s’étant fait dire et redire depuis sa tendre enfance qu’en dehors des murs la vie civilisée était impossible.

Le fait que Pipes ne soit pas rentré en contact direct avec les inconnus était aussi une sorte de soulagement. Mais… L’ingénieur refusait de croire qu’il n’était au courant de rien, ni qu’il n’ait une once d’implication dans tout cela.

Lorsque la crise de Lionel commença, le jeune homme avait eu le même réflexe que Gabrielle : se lever pour aller à la cuisine. S’était fait prendre de vitesse toutefois il savait ce qu’il lui restait à faire : changer les idées au cyborg, essayer de lui fournir des ancrages.

"Lionel je… le travail sur l’alliage avance. On a la bénédiction d’Ulrich en personne pour essayer de trouver une solution. D’ici quelques jours, une semaine au maximum, on devrait être prêt à faire des tests si tu te sens prêt. "

Il se tourna brièvement vers les deux inconnus.

"Ces implants cybernétiques sont mal adaptés… son corps réagis parfois comme ça. Ce n’est rien de dangereux mais c’est… enfin… très incommodant. "


L'ingénieur essaya de trouver un autre sujet de conversation, histoire d'amener l'attention du défenseur ailleurs.

"Mais... j'y pense... comment se fait-il que certains d'entre-vous connaissent notre langue? je veux dire... avez-vous déjà eu des contacts avec Sicherheit?"

Du moment que Lionel avait commencé sa crise, en plus que Gabrielle aie quitté, l'Inconnu avait bondit sur ses pieds. Ce n'était définitivement pas par peur, mais plutôt pour se tenir prêt à agir, de ce que les autres pouvaient deviner de son langage physique.

De son côté, le cyborg avait instinctivement cherché un appuis. Il s'était retrouvé contre le mur, un peu penché vers l'avant, en plus d'avoir l'air très gêné par la situation. Le Défenseur écouta donc Léo comme il le pouvait, les dents serrés et la douleur déformant ses traits. Il eut, d'ailleurs, un soupir difficile.

- ...faire des tests... vous avez plus important à faire... que de traîner mes problèmes... Il fallait que ça arrive maintenant...

Lionel n'osa pas regarder qui que ce soit, encore et toujours mal à l'aise. Se faisant expliquer la situation, par contre, les deux inconnus se consultèrent du regard. Le futur papa se redressa un peu et s'installa sur le bord du lit, le regard attentif.

- Si vous permettez, nous pouvons aider un minimum. Ce n'est pas dangereux, je le jure.

Incertain, Lionel ne répondit pas immédiatement, de manière à ce que Léo posa sa question sans dérangements. Les deux inconnus se regardèrent de nouveau, et Saarth'alis eut un soupir.

- Non, c'est la première fois que nous avons des contactes avec... *Il eut visiblement un mauvais 10 secondes à essayer de prononcer Sicherheit, puis décida de laisser tomber* ...votre ville. Par contre, j'ai personnellement déjà eu des contactes avec des humains. Je connais le français, l'anglais et l'espagnol.

Son attention revint vers le Défenseur, et il approcha très doucement, pour finalement venir l'aider à se tenir debout. Comme la dernière fois, on pouvait deviner l'intense douleur qui prenait le cyborg, qui ne disait simplement plus rien. Saarth'alis le rapprocha légèrement près de son confrère, doucement, puis des dessins lumineux apparurent sur sa peau, visibles en travers de ses vêtements. Une impression étrange envahit alors la pièce, à la fois de détente et de calme. Dans un aspect plus concret, la douleur du Défenseur sembla carrément s'engourdir, ainsi que celle de Léo s'il en avait une quelconque.

Gabrielle entra à se moment et figea quelques secondes dans l'entrée de la pièce, l'air confuse. Elle sentait l'air, qui avait pris une odeur légèrement sucrée, avec un air de totale incompréhension.

"Ce… cette odeur… euh… Lionel? Ça… ça va ?"

Leo resta un instant ébahis, l’odeur lui rappelant instantanément celle qu’il avait cru remarquer dans la cabane avec Zold’hmar. Les effets étaient prodigieux et encore une fois la fatigue qui menaçait de l’emporté fut repousser comme après une bonne sieste et une tasse de thé. Leo était tellement fasciné qu’il en avait à peine remarquer le retour de Gabrielle.

"Je… pardonnez ma curiosité mais… c’est biologique ? Je veux dire, hormonal ? Phéromones ? "

Leo soupira, soudain conscient que ce n’était peut-être pas le bon moment pour poser des questions de ce genre.

Le Défenseur eut un sourire un peu stupide à la question de Léo. Engourdis, surtout. Avec l'aide de l'Inconnu, il se retrouva assis sur le bord du lit et surveillé par le futur papa. Gabrielle, elle, de contenta d'entrer très lentement et de déposer le verre d'eau aur la table de chevet.

Une fois Lionel bien installé, mais surtout détendu, Saarth'alis ramena son attention sur Léo. La fatigue commençait visiblement à le peser, de son côté. Son ton ne changea toutefois pas et il acquiesça lentement.

- Phéromones. Avec certaines combinaisons... nous pouvons influencer les organismes autour. Dans ce cas-ci... déclencher la production d'endorphine. Nous n'utilisons jamais ce genre de chose pour mal faire, notez-le bien.

Doucement, l'ingénieure passa près du mastodonte et se rendit à son frère, pour doucement le serrer. Celui-ci se laissa faire, se sentant visiblement mieux. La jeune femme, elle, semblait curieuse et fascinée.

- ...dans tous les cas, ça a fait effet.

Leo hocha doucement la tête, fasciné. Il se souvenait de ses cours de biologie que les humains utilisaient ce genre de signaux en permanence, mais de manière inconsciente, incontrôlable… de voir ainsi le pouvoir de ces signaux hormonaux produits de manière volontaire était impressionnant. Toutefois il était facile de voir que ses visiteurs étaient de plus en plus fatigué et que répondre ainsi à une myriade de question n’aiderait pas leur cause. Il fallait profiter de la présence de Saarth’alis pour mettre au point un système de communication.

"Je… Lionel, Gabrielle, maintenant que vous avez fait connaissance avec mes… nouveaux amis, j’aimerais confirmer avec vous que vous acceptez d’héberger… euhm… "

L’ingénieur se tourna vers le mastodonte, visiblement un peu mal à l’aise.

"Quel est son nom, déjà? "

Le frère et la soeur se consultèrent du regard devant l'importante question de Léo. Il y eut une observation des deux Inconnus de la part de Gabrielle, qui semblait encore un peu intimidée par eux. Elle ramena ensuite son regard sur son frère, et tous deux acquiescèrent.

- Si Lionel les a fait entrer, c'est qu'il n'est pas inquiet... et j'ai confiance en son jugement. Oui, il peut rester. On va prendre soin du futur papa...

Le dire de cette manière sembla rendre la jeune femme confuse. La chose ne changea pas son jugement, par contre, et elle garda son sourire. Saarth'alis, de son côté, jeta un oeil à son companon, lui glissa quelques mots dans sa langue, puis ramena son attention sur les autres.

- Premièrement, nous tenons à vous remercier de votre aide. C'est très apprécié... Il s'appel Thyrîn. Je vais lui apprendre la base de votre langage, avant de partir. Pourrais-je... vous emprunter un coin de la chambre, le tempsnde dormir un peu? Je ne serai pas dérangeant.

Lionel eut un sourire un peu plus large et acquiesça lentement. L'odeur sucrée faisait encore effet, visiblement, et il n'avait pas mal.

- Sans problème... Votre race a-t-elle un nom...?

Le Défenseur se leva, avec l'aide de sa soeur, et le duo se dirigea vers la porte, pour permettre à leurs invités de se reposer. Saarth'alis baissa légèrement la tête, semblant soulagé d'avoir un "oui".

- Nous sommes des Nomades. C'est la traduction la plus précise que je connais dans votre langue. Merci beaucoup. Infiniment.

L’ingénieur hocha doucement la tête, enregistrant l’information et la notant quelque part dans son esprit… esprit qui commençait lui aussi à être embrouillé par la fatigue. Malgré l’effet prodigieux des phéromones des Nomades, la nuit blanche et les séances de course dans la neige folle commençaient à prendre lentement mais sûrement leur dut sur Leo. Il étouffa un bâillement et entreprit de sortir de la chambre afin de laisser Saarth’alis et Thyrîn se reposer.

"Je… je crois que je vous emprunterais aussi un bout de fauteuil ou une chaise le temps de fermer les yeux quelques minutes. Je… je me suis retrouvé coincé dans le secteur de l’agriculture cette nuit et c’est là que je les ai rencontrés. Je… n’ai pas beaucoup dormis. "

Le teint pâle de Leo rappelait légèrement celui qu’il avait lors de sa dernière visite impromptue. À bien y penser beaucoup de choses s’étaient déroulées ces dernières heures et certaines trottaient encore de manière menaçante dans les recoins de son esprit. Il allait lui falloir une bonne nuit de sommeil pour décanter tout ça. Malgré la fatigue l’ingénieur esquissa un sourire franc.

"Et… Gabrielle ? Lionel ? Merci d’avoir gardé un esprit ouvert. Je suis vraiment arrivé ici comme une bombe et je…. Enfin. J’ai pris une chance et je suis content de voir que je ne me suis pas trompé sur vous deux. "

Il haussa les épaules, visiblement à court d’idée pour exprimer d’avantage sa gratitude.

Les deux propriétaires de la maison sortirent de la pièce, question de laisser les Nomades se reposer. Ce ne fut pas long qu'on entendit le son des plaques d'armure qu'on dépose au sol, mais aucune parole. La nuit avait visiblement été difficile pour tout le monde.

Les deux se consultèret ensuite du regard, et Lionel acquiesça doucement, un air encore second sur le visage. Il reprenait une certaine acuité, par contre.

- ...je pars travailler dans moins d'une heure. Tu peux prendre mon lit pendant que je ne suis pas là. Sinon, notre sofa est confortable...

Gabrielle eut un petit sourire aux paroles de son frère, semblant admirative, même. Aux remerciements de l'ingénieur, par contre, ils eurent tous deux un sourire franc. Cette famille aimait définitivement se rendre utile.

- Ça nous fait plaisir. Il ne faut pas t'en faire, ok? Frérot, je vais aller te faire une tisane. Léo... lit ou sofa?

Elle avait posé la question avec un petit sourire taquin, visiblement moins nerveuse devant cette histoire d'inconnu.

Leo sourit, secouant doucement la tête.

"Je vais prendre le sofa."

Dans l’état où il était, entre sa balade dans les égouts et la course nocturne, il n’aurait même pas osé considérer dormir dans le lit de Lionel sans avoir pris une bonne douche auparavant… et il n’avait simplement pas l’énergie pour le faire en ce moment. L’intention était appréciée toutefois. Il jeta un regard inquiet à Gabrielle, se rappelant soudain d’un détail.

"Je… à cause de la température et tout tu crois que Stein va m’en tenir rigueur si je ne rentre pas travailler ? Je vais être dangereux dans l’atelier tant que je n’aurais pas eu un semblant de repos…"

L’ingénieur avait l’air piteux, comme si le fait de manquer une journée de travail était quelque chose de très sérieux pour lui.

Les deux acquiescèrent tranquillement à la décision de Léo. D'ailleurs, Lionel se dirigea tranquillement vers la cuisine, alors que Gabrielle restait avec son ami. Elle lui sourit, puis perdit son sourire en l'entendant.

- ...je ne crois pas, non. Je ne serais pas surprise que beaucoup de gens ne viennent pas travailler. Je... lui glisserai un mot à ce sujet. Je veux dire, je te connais un minimum, alors je peux lui glisser les excuses que tu lui aurais toi-même dit...

Elle ne sembla pas très certaine de son coup... timide, même? Son visage avait indéniablement rougis. Elle secoua la tête pour éloigner tout ça, alla rapidement chercher couverture et oreiller, puis les installa sur le sofa. Elle voulait que Léo soit bien, un minimum, au moins.

Pendant que Gabrielle se promenait, Léo eut toute une surprise: petite Racaille se lança sur ses jambes et décida de mordiller le rebord de son pantalon, doucement.

L’ingénieur avait hoché la tête doucement. Parfois mieux valait garder les choses simples… et il n’avait pas non plus l’énergie de réfléchir à un meilleur plan. Une fois le divan prêt il s’assit lentement et laissa aller un soupir malgré lui. Ses jambes étaient en compote, sa poitrine était encore un peu endolorie de la séance de course et bien que le froid ait définitivement quitté son corps il sentait encore ses sinus en train de lui dire que toute cette expérience avait été une très mauvaise idée.

L’attaque surprise de Racaille le fit sursauter le jeune homme au point d’en perdre toute dignité… mais heureusement pour lui il ne fit pas de bruit. Revenant lentement au calme il tendit la main afin de gratter distraitement la belette écailleuse. Voir ainsi une créature demeurant merveilleusement insouciante de tout ce qui se passait lui faisait un bien fou… comme si une petite voix lui murmurait que la vie continuait quand même.

L’ingénieur s’étendit de tout son long et commença à fermer les yeux. Il était grand temps qu’il se repose un peu, maintenant…

La jeune blonde revint donc avec couvertures et oreiller pour son ami, qu'elle lui offrit avec un sourire compatissant. Elle voyait bien la fatigue de son collègue de travail.

- ...ne sois pas surpris s'il n'y a personne quand tu te réveilles. Lionel va aller travailler, et moi... bah si on veut que tes excuses se rendent, quelqu'un doit y aller! Alors... s'il y a quelque chose, on peut compter sur toi? Dans tous les cas, tu as Racaille...

Elle attendit à peine la réponse et s'éclipsa. La journée serait probablement longue pour l'ingénieure, mais elle n'en laisserait rien paraître.

La belette écaillée se laissa flatter, joyeusement, et quand l'ingénieur s'étendit finalement, elle vint se coucher contre son flanc, en boule. Cette petite chose aimait visiblement la proximité... et dormir, définitivement.

Les sons s'en furent, éventuellement. Tous avaient quittés, sauf les Nomades, qui étaient totalement silencieux. Rien ne troubla le sommeil de Léo, qui en avait besoin, dans tous les cas.