Confronter ses démons (Pv Léo)

L’ingénieur hocha doucement la tête. Comme il s’en doutait le gardien ne voulait probablement pas l’embêter avec ses problèmes. Il parviendrait peut-être à en apprendre plus mais il ne se faisait pas d’illusions, surtout seul à seul avec lui. Il prit une première bouchée et resta un bref instant immobile pour savourer le goût de la nourriture. Son estomac lui cria un remerciement silencieux et il mangea quelques instants avec appétit avant de déposer sa fourchette.

"Je vais devoir aller au complexe scientifique demain, Ulrich est probablement partis à cette heure là. Si tu veux je peux encore rester quelques jours pour m'assurer que Thyrîn s'en sort bien, sinon je comptais retourner chez moi ce soir. "


Il prit une gorgée de sa tisanne et offrit un sourire qu'il voulait encourageant au cyborg.

"Je dois prendre quelques affaire, notamment pour faire avancer le travail sur l'alliage de tes connection neurologiques. Surtout avec le support d'Ulrich ce dossier avance rapidement, on devrait être prêt à tester le premier alliage dans moins d'une semaine. "

Il attendit de voir la réaction de son hôte. La dernière fois que Gabrielle et lui avaient abordé le sujet ils n'avaient pas eu de réaction claire de sa part...

Le Gardien l'observa alors que Léo parlait, tout en continuant de manger tranquillement. Son oeil encore humain, du même vert que celui de sa soeur, montrait qu'il y avait clairement quelque chose qui le préoccupait. Par contre, il n'en disait rien.

- ...si monsieur Stein a autant de difficulté à rester dehors que moi, je ne crois pas qu'il soit parti. En fait... Gaby me disait qu'il allait surveiller son travail avec le cyborg. Sinon... reste autant que tu le veux. La maison est un peu moins vide quand tu es là.

Il lui fit un sourire doux, malgré l'impression étrange qu'un sourire donnait avec sa mâchoire inférieur. À ses paroles sur l'alliage, il eut un soupir, mais ne sembla pas fâcher. Déçu, fatigué, à bout même... mais pas fâché et pas contre eux.

- ...en espérant que ça m'aide vraiment et que ça n'empire pas les choses...

Il se redressa, bien droit sur sa chaise, puis délaissa sans autre mesure son repas, le regard lunatique. Quelque chose lui trottait dans la tête, l'énervait au plus haut point, même. Il baissa les yeux, fixant la table, puis soupira, longuement et profondément.

- ...nous avons trouvé un corps dans la neige, aujourd'hui. Une femme de l'âge de Gaby. À cause d'une crise, encore, je n'ai même pas pu aider à dégager sa dépouille. J'ai été un poids pour mes coéquipiers... assez que je n'ai pas le droit de revenir en service, tant que le froid ne sera pas parti... Au moins, monsieur Thyrîn ne sera pas toujours seul ici... Mais n'empêche... c'est toute une claque dans la figure, allé et retour... J'ai remarqué que le froid empirait mes crises. Elles sont plus fréquentes, et plus douloureuses. Alors... s'il y a quoique ce soit, je vais être ici.

Parler lui avait vraisemblablement été pénible. Son regard se tourna vers la bouteille de vin que Léo lui avait emmené et l'observa longuement, comme dans une demi-hésitation.

- ...je me demande si ces Nomades boivent de l'alcool...

L’ingénieur écouta en silence, essayant d’offrir au mieux une oreille attentive et respectueuse au gardien. Il se doutait qu’un incident du genre était à l’origine de sa « dure journée », mais il ne se doutait pas qu’il s’agisse de quelque chose de cette ampleur. Déjà qu’il était très protecteur envers sa sœur… Si Lionel ressemblait un minimum à sa sœur une suspension, même d’ordre médicale, était une claque retentissante. Leo se pencha un peu en avant et alla chercher le regard de Lionel.

"Je suis désolé. Vraiment. Je vais faire un tour dans mon appartement et je reviendrais après alors."

L’ingénieur sourit, puis se leva et se dirigea vers la bouteille que le cyborg fixait. Un soleil noir était dessiné sur l’étiquette, accompagnant de manière très distinguée et subtile le verre sombre. Il fit tourner la bouteille un instant entre ses doigts avant d’attraper deux coupes et d’apporter le tout à la table.

"Tu n’es pas un cas isolé et on a déjà trouvé des solutions à des problèmes semblables. Les probabilités qu’un alliage que l’on va développer spécifiquement pour tes contraintes biologiques selon un procédé qui a déjà été mis à l’épreuve empire ton état sont minimes. Je travaille à partir des notes de monsieur Stein lui-même. Ce… ce n’est qu’une question de jours maintenant. "

L’ingénieur savait de quoi il parlait et il espérait que le gardien en avait conscience. Si leur premier test s’avérait concluant il disposait déjà de matériaux en quantité suffisante pour remplacer l’ensemble des connections de Lionel. L’ingénieur retourna s’asseoir et tendit la bouteille à Lionel avec un petit rire.

"Je ne sais pas comment leur organisme réagis à l’alcool, nous pourrons lui demander. Mais compte tenu que notre invité est enceinte je préfère ne pas prendre de chances "

Le regard du Gardien se planta dans le sien alors que Léo alla le chercher, l'observant sans vraiment d'énergie. La déprime et le coup de la nouvelle lui avaient coupé l'appétit, et il ne donnait plus du tout d'attention à son repas.

- ...ce n'est pas ta faute. Alors pas besoin d'excuse. J'aurais du être plus prudent... Mais je n'ai fait qu'à ma tête. Je ne me suis pas assez mis au chaud...

Le regard du cyborg suivit ensuite celui de Léo, puis fixa la bouteille. Il semblait avoir l'impression qu'il forçait la main à Léo et n'aimait pas vraiment ça... mais en même temps, il n'y fit rien. Il continua de le regarder, l'air las et épuisé.

- ...nous verrons dans quelques jours si ma malchance légendaire me suit encore... pardon d'être pessimiste. Habituellement... je le cache bien.

Il eut un petit sourire et mena ensuite une main à son front, de découragement. Oui, leur invité était enceinte... penser à lui offrir de l'alcool était une bien mauvaise idée.

- Nous demanderons à monsieur Saarth'alis quand il reviendra, alors... En attendant... je suppose que l'on peut partager un peu ensembles. Non?

Il avait retrouvé un semblant de bonne humeur, probablement forcée.

Leo eut petit rire et attrapa l’ouvre bouteille.

"J’imagine qu’on peut lui faire honneur ! Dans l’état où je suis il devrait bien en rester une coupe pour Saarth’alis quand il reviendra. "

Sa résistance à l’alcool étant déjà quasi inexistante, avec son état de fatigue le jeune homme se demandait vraiment si c’était là une bonne idée. Mais l’ingénieur fit sauter le bouchon et la douce odeur du vin rouge emplis l’atmosphère. Il prit un air distingué en servant son hôte en premier.

"Nous avons ici un vin très boisé, avec une finale fruité et ronde. Une spécialité de la région où j’ai grandi. Les vignobles sont rares près des murs à cause du manque de soleil mais ils donnent des résultats assez intéressants. "

Il lui sourit et fit tourner son vin dans sa coupe afin de l’Aérer un peu. Il ne buvait presque pas mais son père était un grand amateur d’alcool, il avait donc acquis une bonne base pour être en mesure de l’apprécier. Il leva sa coupe pour porter un toast.

"A une chance qui ne demande qu’à arriver et à un défenseur au moral très coriace. "

Lionel eut un petit sourire un peu plus franc et acquiesça. S'ils en gardaient pour le Nomade, alors il voulait bien en prendre un peu. Et puis, ça ne pourrait lui faire que du bien.

- Faisons lui honneur, alors... et puis, nous étions sensé le boire ensembles, alors...

Il écouta ensuite Léo alors qu'il lui présentait l'alcool, souriant un peu plus. Le Gardien semblait s'y connaître lui aussi en matière de vin. Il examina d'Ailleurs le contenu de sa coupe, attentivement, et le sentit également. Il leva sa coupe également, tout sourire, puis prit une petite gorgée pour terminer le toast.

- À une amitié qui, je l'espère, durera.

Il sembla beaucoup aimer le vin, qu'il fit rouler dans sa bouche un peu à sa deuxième gorgée. De nulle part arriva alors une Racaille en manque d'Affection, qui se lança sans avertissement sur les jambes du cyborg, le faisant sursauter... puis rire.

L’ingénieur continua de sourire, toujours avec sincérité. Au moins son ami sortait tranquillement de cet état défaitiste. Ça le reprendrait sûrement avant de dormir, mais au moins il allait être en mesure de penser à autre chose le temps d’une bonne coupe de vin.

"Il va vraiment falloir qu’un jour vous m’expliquiez où vous avez mis la main sur une canaille pareille… j’ai déjà vu des belettes écailleuses mais là c’est un concentré d’affection de de malice que tu as sur tes genoux. "

Il rigola et prit une gorgée de vin. Il préférait encore le thé… mais avec l’âge ce genre de « boisson d’adulte » devenait de plus en plus appréciable et ça inquiétait légèrement l’ingénieur. Était-ce à ce moment qu’on devenait un adulte ? lorsqu’on commençait à apprécier le vin ? Il secoua la tête et pouffa un peu.

"Il va vraiment falloir que je prenne de l’alcool plus souvent.  À ce rythme je ne m’y habituerais jamais."

Lionel prit quelques minutes pour se calmer, trop hilare de cette surprise inattendue. Il poussa ensuite la belette sur le dos et se mit à lui agacer le ventre du bout des doigts, vigoureusement, rendant la petite bête totalement folle. Elle mordillait les doigts métalliques et gratifiait la main de coups de pattes.

- Oh, et bien, c'étaient des voisins, dans le temps, qui avaient eu une portée. Je voulais un animal, alors je suis allé voir... Et il y avait cette petite chose, toute timide et tranquille. La maman avait eu une grosse portée, et petite Racaille ne mangeait pas à sa faim. Je l'ai recueilli, je l'ai soigné et nourris... et j'ai créé un monstre!

Faisant une pause de son jeu avec son amie turbulente, le Défenseur se permit quelques gorgées de vin. Il semblait vraiment aimer la petite bête et la regardait avec attendrissement. Ce genre de sourire lui allait réellement bien. On sentait que c'était là une émotion qui allait parfaitement bien avec sa nature douce et prévenante. Il ramena ensuite son attention sur Léo, puis gloussa un peu, visiblement amusé.

- Vous savez, vous n'êtes pas obligé de vous habituer non plus. Je connais beaucoup de gens qui n'ont jamais touché à l'alcool... et quelques-uns qui se font mettre dehors des bars parce qu'ils en prennent trop, aussi. L'important, c'est d'y aller avec une consommation qui vous convient et ne vous nuit pas. N'est-ce pas?

Il sourit plus franchement à Léo, prit la petite bête dans ses main et gratifia son petit ventre douillet de petits bécos bruyants. Racaille lui donna plusieurs coups de pattes et s'attaqua à son menton. Jamais, au grand jamais, la belette ne visait une partie encore humaine de son propriétaire.

Le jeune homme pouffa devant le spectacle, ne pouvant retenir son expression attendrie.

"Vous allez vraiment bien ensemble. Sérieusement elle a l’air de faire partie de la famille. "

Il prit lui aussi une petite gorgée de sa coupe, appréciant les petites notes subtiles qu’il était en mesure de déceler à chaque nouvelle gorgée.

"Oh c’est un peu particulier, parce qu’en vérité la plupart du temps j’adore le goût mais je déteste la sensation de l’alcool. Si j’étais chimiste je passerais sans doute ma vie à essayer de développer un moyen de retirer tout alcool de ces breuvages. Enfin… Les tanins et moi c’est une grande histoire d’amour, mais ils sont présents dans beaucoup de thés et je peux en boire beaucoup plus avant de devoir arrêter. "

Combien de fois s’était-il retrouvé dans une réunion étudiante, entourée de gens plus ou moins intoxiqués à siroter son thé alors que tout le monde lui offrait bière et vin ? Il avait toujours eu son plaisir d’une autre façon et riait discrètement de ses camarades le lendemain. Il secoua la tête discrètement et revint à son hôte.

"Si tu as besoins de sortir prochainement je pourrais essayer de concevoir un genre de source de chaleur portable… quelque chose que tu pourrais porter près des zones les plus vulnérables au froid. Si on utilise du butane ou quelque chose de semblable je devrais pouvoir le faire assez mince pour tenir dans une poche."

Il soupira et secoua la tête.

"Je ne peux pas croire que personne au complexe n’a pensé à ça… tu sais si une équipe travaille de concert avec les défenseurs pour trouver des solutions du genre ? Il me semble que les scientifiques se montrent assez frileux depuis que l’hiver gronde… "

Lionel gloussa et murmura un "merci" entre les bisoux sur le ventre de la belette. Il la libéra bien vite, par contre, et la remit sur ses jambes. Racaille s'y roula généreusement, se mettant à chasser autre chose: sa propre queue.

- Oh, je vois... j'ai entendu parler de quelques établissements, dans le secteur mercenaire, où ils faisaient des boissons non-alcoolisées. Semblerait qu'instincts animales et alcool ne fasse pas bon ménage. Je seconde ce fait, d'ailleurs.

Le Gardien eut un petit rire, puis observa Léo quelques instants. Il secoua doucement la tête et éloigna sa proposition d'un mouvement de main, puis vida sa coupe.

- ...oh, ne vous en faites pas. Je vais rester ici, m'occuper de notre invité, de la maison, faire la cuisine... j'aurais de quoi m'occuper. Gabrielle va être contente... Ça fait un bail que je n'ai pas eu le temps de faire la cuisine.

Il eut un autre sourire tendre, puis sembla avoir un coup de fatigue. Le Gardien avait eu, après tout, une grosse journée comme il l'avait précédemment dit.

- ...peut-être que c'est plus complexe que prévu... il doit y avoir une raison... non? Vous pourrez en parler à Ulrich quand vous le verrez... il doit le savoir, mine de rien...

Lionel bâilla ensuite un bon coup, puis déposa Racaille au sol, avant d'aller se masser les yeux.

Le jeune homme approuva, prenant une nouvelle gorgée de sa coupe. Elle était encore à moitié pleine… Il était difficile de consommer breuvage plus lentement mais il semblait vraiment apprécier ce qu’il buvait.

"J’irais faire un tour alors! C’est dommage mais l’alcool est l’un des solvants les plus efficaces au niveau des saveurs… c’est donc pour ça que le goût est si prononcé avec un peu de savoir-faire. Je suis curieux de savoir comment ils s’y sont pris. "

La perspective de passer a travers une pinte de bonne bière ou d’une coupe de vin sans terminer la soirée en roulant par terre était très attrayante pour l’ingénieur, qui s’enfila une autre rasade de vin. Il soupira.

"Je crois que je n’aurais pas le choix d’aller le voir rapidement alors. Dit-moi, tu sais quelle heure il est ? il est peut-être même encore au complexe en ce moment… "

Leo n’avait aucune envie de sortir, mais manifestement il n’avait pas vraiment le choix… Les dossiers dont Ulrich avait la réponse d’empilaient devant lui.

Le Gardien l'observa avec un sourire amicale. Il resta silencieux, par contre, le teint un peu plus blême. Il semblait de plus en plus épuisé, dans tous les cas. D'ailleurs, à la question de Léo, il se pencha pour voir dehors. Les personnes qui avaient des montres étaient excessivement rares, et lui n'avait pas eu cette chance.

- ..il doit être près de vingt heures. Par contre... si je puis me permettre, vous devriez mieux vous chausser. La neige est assez épaisse. Si vous voulez, je peux vous prêter mes bottes.

Il eut un autres sourire amicale. Il proposait ça par simple générosité, et parce qu'il voulait que Léo soit bien. Et puis, l'ingénieur n'était-il pas un des seuls amis de sa sœur?

L’ingénieur hocha doucement la tête.

"Si vous tenez à ce que je revienne, Gabrielle et toi, ce serait effectivement une bonne idée. C’est très gentil de ta part. "

Il termina lui aussi sa coupe et secoua la tête après cette gorgée plus intense qu’il ne l’avait estimée. La douce chaleur de l’alcool avait au moins comme avantage de le motiver un peu plus à affronter le froid. Il se sentait plus réveillé que tout à l’heure et le repas préparé par le gardien lui avait redonné des forces.

"De toute façons je reviendrais te les porter bien assez tôt. Après avoir parlé à Ulrich je ferais un tour par mon appartement mais je vais être de retours ici pour la nuit. Si c’est toujours acceptable bien sûr. "

Leo se leva tranquillement et alla porter ses couverts jusqu’à l’évier. Il fit couler un peu d’eau pour rincer le tout et se tourna ensuite vers le cyborg.

"Aller… je vais y aller maintenant avant que je n’ai besoins d’une lanterne pour me déplacer. Je vais te laisser te reposer aussi… tu as l’air épuisé. "

Le jeune homme lui offrit un sourire compatissant. Il espérait que Lionel parviendrait à reprendre des forces sans que ses problèmes d’incompatibilité ne viennent trouver son repos.

Le Gardien acquiesça, puis se leva, pour rapidement revenir avec les bottes en question, le tout assez rapidement pour ne pas manquer les paroles de Léo. Ça n'avait été qu'une question de secondes, même, pour qu'il aille chercher les bottes.

- Mais oui, c'est toujours acceptable. Je veux dire, je ne vous l'aurais pas proposé si je n'avais pas été d'accord.

Le Défenseur en fit de même et utilisa la pompe que chaque maison avait pour rincer ses couverts. L'État avait été chanceux: aucun citoyen n'avait encore manqué d'eau. Peut-être le sol était-il assez chaud pour que l'eau ne gèle pas, ou alors peut-être était-ce réellement un simple coup de chance.

- D'accord. Soyez prudent sur le chemin. Je n'aimerais pas entendre que malheur vous est arrivé. Pas besoin de cogner en entrant: si je suis couché, de toute manière, ça ne me réveillera pas.

Lionel lui offrit un sourire amicale, de son côté, et se permit même de le reconduire à la porte, tout en jetant un œil dans la chambre d'invité. Le Nomade semblait y dormir à point fermé, ce qui était en soit une bonne nouvelle: il reprenait des forces.

L’ingénieur hocha la tête et commença à s’habiller. Enfiler le manteau que lui avait offert Pipes lui fit un drôle d’effet… comme si la toile et la doublure de tissus avaient une drôle d’aura. Les bottes étaient un peu grandes mais il n’allait pas avoir à marcher à travers l’état non plus. Pour un aller jusqu’au complexe et un crochet vers son appartement ça devrait faire.

"J’en prends note. J’en profiterais pour apporter quelques livres, si tu es en manque de diversion. Je crois que j’ai un ou deux romans que tu apprécierais bien. "

Il offrit un grand sourire au gardien avant de mettre la main sur la poignée de porte. Le simple contact avec le métal froid fit vaciller son courage mais le jeune homme se reprit assez rapidement.

"Tu aurais besoins que je te rapporte quelque chose, à part des bonnes nouvelles ?"

Lionel s'appuya contre le mur et croisa les bras, tout en le regardant se préparer à sortir. Ses yeux étaient mi-clos, ou presque, mais il restait attentif. Il eut un sourire doux en entendant l'ingénieur qui lui parlait de ramener des romans et acquiesça lentement.

- Je serais heureux de voir quel genre de livre vous pourriez me ramener.

Le Gardien lui rendit le sourire, tendit l'oreille quelques secondes en entendant un bruissement, puis ramena son attention sur Léo. Il haussa ensuite les épaules, incertain de ce qu'il pourrait bien vouloir. Il eut un petit sourire de grand-frère, par contre, et se redressa un peu.

- Juste me dire comment va ma petite sœur, ce serait parfait. Si elle compte rentrer, aussi. Merci beaucoup, Léo. C'est très gentil. Soyez prudent, hm?

Lionel garda son sourire et l'observa alors que Léo s'apprêtait à partir. Dehors, le vent s'était calmé, mais le froid lui restait obstinément sur l'État.

Leo acquiesça lentement.

"Si tu es toujours réveillé lors de mon retour ça me fera plaisir. Sinon ce sera la première information que tu auras en te levant demain matin. "

Il ouvrit la porte et fit un pas à l’extérieur. Le froid le frappa d’un coup, comme une gifle. Heureusement qu’il était bien équipé, sinon il aurait tourné les talons. Juste avant de refermer la porte derrière lui, le jeune homme fit un clin d’œil à Lionel.

"Et… tu peux me tutoyer…"

Il n’attendit pas la réponse et ferma doucement la porte. Maintenant seul dans le froid de la nuit naissante, l’ingénieur se mit en route vers le quartier des sciences et de l’industrie.