Confronter ses démons (Pv Léo)

L’ingénieur observa le manège des deux inconnus, résistant avec peine à la tentation de prendre des notes. Ça sentait la biomécanique, mais d’un type et surtout d’un degré que Leo n’avait encore jamais vu.

Il répondit à la question du nouveau venu sans même avoir besoins de réfléchir.

"Si vous avez besoins que je garde le silence je le garderais. Je ne crois pas avoir encore trahis un secret ni la confiance de quelqu’un. "

Il s’arrêta un moment, pour toiser de haut en bas son interlocuteur.

"De toute manière du moment que vous aurez un doute sur ma sincérité il vous serait facile de… remédier à la situation. "

Il eut un petit rire, la simple idée de tenter quoi que ce soit contre le colosse lui apparaissant comme une idée ridicule. L’ingénieur n’était plus nerveux. Il n’était plus en quête d’information. Il voulait simplement savoir ce qu’il pouvait faire pour aider.

"De quoi avez-vous besoins?"

L'inconnu sembla le toiser lui aussi, restant bien calme. Dans les faits, il avait quelques mouvemers qui trahissait une certaine nervosité dans ses doigts, mais n'en faisait rien. Il n'eut aucun rire aux paroles de Léo, ne semblant pas trouver ce genre de parole très divertissante.

- ...dans les faits, nous avons besoin d'aide. Nous n'avons pas beaucoup de matériel médical, et ça nous pèse énormément. Je sais que vous be mentez pas, donc...

Il eut un soupir et secoua la tête, puis sembla reprendre sa contenance. Tout ça le mettait visiblement à fleur de peau, pour des raisons nébuleuses. Zold'mahr, lui, avait remis son armure et semblait prêt à partir.

- Notre médecin a franchement les mains pleines... Nous sommes blessés. Nous manquons de vivres. Et maintenant le froid... Les miens ne font pas vraimebt confiance aux vôtres, mais l'un d'entre vous nous a prouvé votre bonne foi... Que pourriez-vous faire pour nous?

Dans le moment, malgré sa grande stature, le mastodonte semblait se sentir incroyablement petit. Zold'mahr, lui, écoutait en silence.

Leo hocha la tête doucement, faisant fonctionner son esprit. Il fallait des solutions concrètes.

"Si vous voulez de l’aide discrète, sans être obligé d’entrer en contact avec votre peuple… eh bien… Je peux vous fournir un peu de provisions. Vous apporter de la nourriture ou du matériel dans l’immédiat serait délicat à cause de l’état d’urgence qui règne à cause de la neige. Mais une fois le tout calmé je pourrais mettre au point un système de cache, de points de cueillette… Ce ne serait pas énorme mais au moins vous n’aurez pas besoins de chercher ou de voler ce dont vous avez besoins. Si vous avez de quoi marchander je peux aussi faire les achats pour vous. "

L’ingénieur se gratta le menton. Il était clair qu’il n’aurait pas nécessairement de compte rendu précis de la situation aussi fallait-il qu’il propose toutes les options qui s’offraient à lui.

"Si vous avez besoins d’aide immédiate ou de bras supplémentaires, je connais au moins deux personnes qui seraient en mesure de prêter main forte : une scientifique comme moi qui pourrait aider médicalement, du moins sommairement et un défenseur qui pourrait également aider. Je leur confierais ma vie, ils sont dignes de confiance. Si je peux passer chez moi je peux aussi revenir avec une trousse de premiers soins plus garnie. "

Leo soupira, essayant de faire le tour de ce qui était réalisable et non.

"A plus long terme, ou si vous désirez établir contact avec nous, je peux vous mettre en communication avec l’élu du secteur scientifique : Ulrich Stein. C’est un homme droit et honorable, très ouvert et qui a le bras long. Je ne doute pas qu’il tente de vous aider... mais si vous tenez à rester discret je ne sais pas à quel point cette solution est appropriée. "

L’ingénieur attendit la réaction de son interlocuteur. Il espérait avoir suggéré au moins une piste d’action pouvant être utile aux inconnus.

Le mastodonte l'écouta attentivement. Quelques options lui plaisaient moins que d'autres, visiblement, comme celle de s'annoncer, par exemple, qui semblait simplement le rebuter. Il resta donc réflectif et se mit à parler dans sa langue, avec Zold'mahr, tranquillement. Ils cherchaient à deux des options réalisables, ou peut-être autre chose. Finalement, celui qui parlait français se tourna de nouveau vers Léo.

- ...nous aurions beaucoup besoin de vivres, alors je suppose que des points de cueillette seraient une bonne idée. Nous n'avons rien de votre monnaie, alors je ne peux pas débourser, malheureusement... Par contre, nous sommes un peuple d'honneur et de parole, alors je pourrais toujours vous rendre service en retour...

Il sembla hésiter, longuement, mais un tapotement de la part de Zold'mahr, avec une autre bouffée d'odeur sucrée, sembla le décider.

- ...il y a une chose que j'ose demander... Auriez-vous un endroit sécuritaire pour accueillir l'un des miens? L'individus est malade... mais surtout... et bien, avec le froid, nous craignons pour la vie de son enfant à venir...

Il eut un soupir et fixa Léo. L'espace de quelques secondes, deux cibles lumineuses, mauves, apparurent au niveau de ses yeux, malgré le casque.

- ...je suis prêt à marchander ce genre de service, bien entendu.

L’ingénieur hocha la tête.

"Je viens tout juste de recevoir une augmentation… je crois maintenant que je sais ce que je vais en faire! Comme je dis je ne serais pas en mesure de nourrir une armée, mais je devrais être en mesure de vous apporter de la nourriture régulièrement et des fournitures plus spécifiques au besoin. "

À la deuxième requête Leo resta un moment sans rien dire, le menton dans la main. Son esprit tournait à toute allure.

"Quand doit-elle être « évacuée » et pour combien de temps? Si on parle de ce soir elle peut venir chez moi. Ce n’est pas grand mais je ne reçois jamais de visite votre ami(e) sera au chaud. Si elle doit rester plus longtemps par contre ça ne suffira pas… les amis dont je vous ai parlé peuvent peut-être l’héberger à plus long terme. "

L’ingénieur soupira. La maison d’Artemis aurait été parfaite mais la nature plutôt associable et imprévisible de l’altérée l’empêchait d’envisager cette option. Enfin… il ne restait plus qu’à espérer que Gabrielle ne péterait pas une crise de nerf en rencontrant l’inconnue, si les choses en venaient là.

"Pas besoins de marchander… Je vous ai « offert » mon aide."

Leo avait dit cela simplement, sans aucune fausse modestie ou grands airs. Pour lui prêter main forte lorsque l’on en avait la possibilité était une obligation, un devoir… l’inaction devant une situation de ce genre était inimaginable. L’ingénieur se pencha pour ramasser son manteau et regarda un coup par la fenêtre.

"Si certaines choses doivent être faites dès maintenant je conseille de ne pas trop tarder. Le jour ne va pas tarder à pointer… "

L'inconnu sembla un peu surpris, perdu même, en entendant que Léo savait sur quoi investir son revenu. Il glissa quelques mots dans sa langue à son comparse, qui lui répondit assez rapidement, et eut un autre petit soupir, légèrement amusé, celui-là.

- ...pour le membre de notre peuple qui doit être évacué... le plus tôt sera le mieux. Le froid n'est pas bon pour nous, sur plusieurs aspects assez complexes... et avec nos blessures et notre manque de nourriture, un virus peut arriver bien vite. La dernière chose que nous voulons, c'est de perdre l'enfant parce que nous avons été imprudents...

Il réfléchit ensuite, consulta son compagnon dans sa langue musicale, puis se tourna de nouveau vers Léo. Il ne semblait pas trop quoi faire, dans ce genre de situation, aussi décida-t-il de régler les choses en parlant plutôt qu'en stagnant.

- ...je m'engage tout de même à vous rendre service si vous en avez le besoin, éventuellement... Le plus pressant est donc de ramener la trousse que vous avez donné à Zold'mahr. Il pourra le faire lui-même, maintenant que la tempête s'est calmée. Sinon... mettre notre futur parent en sécurité, au chaud. Vos... amis sont-ils fiables? Je sais que beaucoup auraient peur de nous... Alors seraient-ils favorables à nous aider?

Zold'mahr s'arma d'ailleurs de la trousse et se dirigea vers la porte, silencieusement. Il sembla sentir l'air, pour s'assurer que la voie était libre, avant toute chose. L'autre resta devant Léo, vers lequel il tendit d'ailleurs une main.

- ...je me nome Saarth'alis. Je suis un peu le... porte parole des miens. Vous donner mon nom est la moindre des choses...

Leo s’inclina légèrement. Les noms avaient un certain pouvoir et divulguer le sien était toujours une sorte de marque de confiance.

"Je me nomme Leo. Heureux de vous rencontrer. Comme je vous l’ai mentionné je confierais ma vie à ceux dont je vous ai parlé. L’une est une scientifique comme moi, un peu plus facile à chambouler mais avec un cœur d’or. Le second est l’un des défenseurs avec le code moral le plus strict qu’il m’ait été donné de rencontrer. Ils m’ont déjà aidé grandement par le passé et je leur ai rendu la faveur… Ils pourront vous aider."

Leo soupira. Il espérait ne pas se tromper. Gabrielle et Lionel n’allaient peut-être pas être très content… en fait si il amenait directement L’inconnu chez eux il allait leur forcer un peu la main. Mais il restait la possibilité que, un peu comme Leo, Ils soient tous deux heureux de faire partie de cette… exclusivité? Après tout aucune loi n’avait été émise par rapport aux inconnus non? Personne ne savait ce qu’ils étaient ni ce qu’ils voulaient. Donc Lionel ne dérogerait à aucun de ses devoirs civiques. Du moins il l’espérait. Dans tous les cas la situation semblait pressante aussi n’avaient-ils pas vraiment le choix. S’ils refusaient il restait toujours l’option de son propre appartement. Il dormirait sur le sol, tout simplement.

"Allons chercher votre amie avant que le jour ne pointe. Si vous voulez m’accompagner pour rencontrer Gabrielle et Lionel, vous assurer que tous se passes bien, vous êtes évidemment la bienvenue."

Saarth'alis sembla considérer la question, longuement, puis soupira doucement. Il regarda son compagnon alors qu'il sortait de la cabane, pas du tout inquiet pour lui, puis ramena son attention sur Léo.

- Je... suppose que oui, nous pourrions faire affaire avec eux. Je préférerais les rencontrer. De toute manière, dans son état... Je ne peux pas le laisser se déplacer seul.

Il sembla faire quelques petits calculs rapide, puis soupira doucement. Quelque chose ne lui plaisait pas, mais il hésitait à en parler.

- Nous devrons aller le chercher maintenant, alors. Sinon... nous serons en pleine foule sur le chemin du retour, et c'est à éviter.

Il sembla observer Léo de nouveau, puis baissa la tête, tout en faisant rouler ses épaules.

- Êtes-vous rapide, monsieur Léo?

À la question Leo ne put s’empêcher de grincer des dents. Surtout avec cette neige il risquait de ne pas être en mesure de suivre le colosse très longtemps. Mais… ce n’était pas comme si il avait le choix. Il était bien arrivé jusqu’à la cabane non? Qu’est-ce que quelques kilomètres de plus ou de moins allaient changer.

"Je suis un rat de bibliothèque mais je sais courir. Je promets de ne pas vous ralentir. "

Ce que ses muscles seraient incapables de fournir, sa volonté pourvoirait. Du moins… il l’espérait. Il rassembla ses affaires et étira un peu ses jambes endolories par le sol dur et froid, se préparant à la route qui l’attendait avec appréhension.

Saarth'alis l'observa quelques secondes, puis acquiesça d'un mouvement de tête doux. Il avança vers la porte, qu'il entrouvrit, et sembla jeter un oeil dehors. Malgré la neige, les gens de l'État se remettraient au travail bien assez vite, et il leur fallait chaque minute.

- Dans tous les cas, si votre orgueil ne vous empêche pas de le faire... je suis en mesure de vous aider. Bref...

Il attendit que Léo soit prêt, le surveillant du coin de l'oeil, et dès qu'il eut le signe de l'humain, il sortit.

Dehors, la neige s'était accumulée, mais le temps était beaucoup moins froid. La course en serait moins désagréable, mais pas moins difficile. Il y avait un bon pied de neige, malgré tout, ce qui n'aiderait pas les deux voyageurs. On voyait, d'ailleurs, les traces de Zold'mahr, mais rien d'autre. Les gens de l'État n'étaient pas encore sortis, contrairement au soleil qui se levait lentement à l'horizon.

L’ingénieur sortis avec regret de l’abri de fortune. Il lui sembla que la chaleur qu’il avait péniblement accumulé lors de l’attende s’était envolée d’un seul coup, malgré le manteau de qualité qu’il portait. Mais ce n’était pas le temps de rechigner : il lui fallait se concentrer.

Saarth’alis était chanceux car de toutes les disciplines sportives, la course était l’une des seules dans laquelle Leo démontrait une once de talent. Cela ne voulait en rien dire qu’il était un bon coureur… simplement qu’il courait mieux qu’il ne jouait à la balle ou qu’il ne se battait. L’avancée était pénible et il ne fallut que quelques minutes au pauvre Leo pour être hors d’haleine, mais il tenait bon. Ce n’était pas tellement par orgueil plus que par soucis de ne pas être un poids. Leo suivit donc son guide sans dévier, sur deux jambes chambranlantes mais déterminées.

Contrairement à l'humain, l'Inconnu semblait, pour sa part, un expert en courses d'endurance. Malgré le fait qu'il portait une armure, en plus de la neige et de ses semelles visiblement peu adhérentes, il avait vite, sans se fatiguer. Et il avait raison de le faire.

Le soleil se levait déjà, et s'ils ne voulaient pas revenir sous les yeux de beaucoup de citoyens, ils devaient faire vite. La neige rendait leur progression plus complexe, mais le froid cinglant de la tempête laissait place à un plus doux d'un temps sans vent. L'air n'était pas trop sec, et le ciel dégagé, ce qui avait pour résultat de laisser la neige refléter chaque petit rayon de soleil.

Le duo avança donc, autant sur les rouges que dans les champs. À un intervalle court, mais régulier, Saarth'alis lui jetait un oeil, semblant remarquer son épuisement. Même, il finit par s'arrêter et regarder Léo. Beaucoup de fumée, causé par son souffle chaud, s'échappait de son casque, preuve qu'il devait avoir des voies respiratoires imposantes. Un peu de givre s'était formé sur le métal, malgré tout.

- ...permettez? Nous devons faire vite, et je vois qie vos jambes vous incommodent. Vous me guiderez pour le chemin vers vos compagnons. Pour l'heure... reposez-vous.

Il semblait tout de même attendre l'accord de Léo, prêt à le transporter.

Leo était à bout de souffle et il voyait bien que s’il se faisait demander ce genre de chose c’était qu’il ralentissait. Ne trouvant pas assez d’air pour exprimer une réponse claire, il se contenta de hocher la tête mollement et de se rapprocher de l’inconnu

Voyant qu'il acceptait, ce ne fut pas long que Saarth'alis mit un genoux à terre, malgré la neige, et se mit en position, en vue de le monter sur son dos. Du moment que l'ingénieur le fit, il lui agrippa une jambe, solidement, pour l'empêcher de tomber, s'assura qu'il se tenait bien autour de son cou, puis se mit en chemin.

L'humain put alors voir à quel point il l'avait ralentit. Ignorant la neige, l'Inconnu courrait rapidement, faisait quelques bonds pour passer des obstacles... il avait augmenté la cadence considérablement, s'assurant toujours que Léo tenait bon. En travers de son manteau, Léo pouvait sentir le souffle chaud de l'Inconnu, assez important comparé à un humain.

Finalement, suite à une trentaine de minutes de course intense, Saarth'alis ralentit, puis s'arrêta. Il s'abaissa pour faire descendre Léo, puis observa les alentours. Ils étaient près du mur de l'État, toujours dans le secteur de l'agriculture. L'attention de l'Inconnu était fixée sur le mur, et il faisait rouler ses épaules, prêt à bouger.

-Mettez-vous à couvert. Je vais le chercher, et je reviens. Des vôtres patrouillent sur le mur... Je vais revenir. Cela vous convient-il?

Son regard se tourna vers Léo, et encore, l'on put voir les lignes mauves sous son armure, dans une fresque complète aux allures agressives.

Leo n’avait pas protesté et s’était fermement agrippé à l’inconnu. Son souffle revenait lentement mais sûrement une fois la surprise de l’augmentation de la cadence passée. Une fois de retours sur le sol Leo se contenta de répondre à voix basse.

"L’important est que vous n’attiriez pas l’attention… et j’ai l’impression que vous y arriverez mieux sans moi."

L’ingénieur faisait tout de même un peu pitié. Il avait tellement cultivé son esprit qu’il se rendait maintenant compte à quel point son corps était faible comparé à d’autres. Le pauvre était totalement hors de son élément.

Saarth'alis acquiesça aux paroles de Léo, prit le temps de souffler, puis observa les alentours. Quelques arbres, assez hauts, étaient près du mur, sinon rien. Il se dirigea donc vers les arbres et se mit à y grimper habilement, mais surtout rapidement. Il put atteindre une hauteur de six mètres avant que les branches ne soient trop fragiles pour lui, mais ça ne sembla pas l'empêcher de continuer: se prenant un élan, il fit in bond vertigineux, s'agrippa au sommet du rempart, attendit un peu, puis s'hissa. À ce moment, il disparut de la vue de Léo.

Le jeune homme se retrouva donc seul dans le froid. Au moins, le soleil levant lui offrait une certaine lumière, lui permettant de voir autour. Comme, par exemple, le Défenseur Guérillas qui patrouillait tranquillement sur le mur, et qui était arrivé un peu trop tard pour voir l'inconnu. Au sol, il y avait les arbres, à quelques mètres sur la gauche de Léo, accompgnés de buissons. Sur la droite, près du mur, se trouvait un bâtiment d'entretient, pour entreposer les matériaux de réparation pour ledit mur. Derrière, il y avait un champ, qui pouvait être une bonne cachette.

Dans tous les cas, le Défenseur continua de faire sa ronde, tranquillement, et sortit du champ de vision de Léo. Le jeune homme dut attendre une bonne vingtaine de minutes avant de finalement entendre du bruit, provenant des mêmes arbres.

L’ingénieur avait attendu sagement, presque sans bouger, que l’inconnu revienne. Le fait que des défenseurs patrouillent en ce moment n’était pas pour faciliter la tâche à l’improbable duo, bientôt trio. Si ils se faisaient repérer il était probable que le tout ne se termine pas bien… peu importe pour qui.

Leo passa donc une bonne vingtaine de minute à passer et repasser dans sa tête tous les scénarios catastrophes et des plans rapides pour chacun d’entre eux… Puis à préparer ce qu’il allait dire à Gabrielle et Lionel en arrivant chez eux.

Lorsqu’il entendit un bruit, annonciateur du retour de Saarth’alis, le jeune homme se redressa prestemment, prêt à repartir. Le soleil se levait déjà… il fallait faire vite.

Le bruit, entendu par le jeune ingénieur, annonça effectivement le retour de l'inconnu. La silhouette du colosse se fit de nouveau voir, rapidement. Il tenait une silhouette, enroulée dans un genre de restant de couverture, parfois déchirée et tachée de bleu, qui semblait un peu plus grande que Léo.

Saarth'alis s'approcha donc de lui, rapidement, et se mit à couvert, ne voulant pas se faire repérer. Son compagnon, dont on ne voyait que le visage, tremblottait dans ses bras. Il ne semblait pas porter d'armure, lui. Son viseur, qui cachait ses yeux, était craquelé, assez qu'on voyait parfaitemebt l'un de ses yeux, en forme de cible et de couleur rouge, qui fouillait les environs.

- ...j'ai mon compagnon. Maintenant, suffit que vous me guidiez.

Saarth'alis baissa la tête et parla tout bas, dans sa langue, sur un ton doux, voir presque paternel. L'autre acquiesça en silence, puis fixa Léo. On ne pouvait deviner son expression, mais il ne lâchait pas l'humain des yeux.

Le jeune homme hocha la tête

"Ils habitent une maison dans le secteur des habitations. Je… c’est par là. "

L’ingénieur soupira, puis rassembla son courage avant de se mettre en route. Ses jambes étaient encore lourdes mais son souffle était de retours aussi avançait-il à un pas plus rapide. Le nouvel inconnu semblait vraiment dans un sale état… il espérait que Gabrielle disposait au moins d’une trousse de premier soins chez elle sinon la suite risquait de s’annoncer difficile.

Leo mena donc le duo à travers le secteur de l’agriculture jusqu’à la jonction avec le secteur des habitations. Il évitait les grandes allées (les premières à être englouties par la marée de travailleurs matinaux) et les zones trop éclairées afin qu’ils aient au moins une chance de passer inaperçus. Le soleil était levé (bien que l’heure soit encore très matinale) depuis un petit moment quand ils arrivèrent finalement devant la porte de la petite maison. Frère et sœur semblaient encore dormir. Leo rattrapa son souffle autant qu’il le put. La rue était déserte mais mieux ne valait pas trainer ainsi sur la galerie. Il se tourna vers ses deux compagnons.

"Je… je vais les réveiller. Vous pouvez aller sur le côté de la maison, vous attirerez moins l’attention en attendant. Si je ne suis pas venu vous chercher d’ici cinq minutes, frappez à la porte."

Il doutait que ce soit encourageant comme paroles… mais il s’imaginait mal ouvrir la porte, entrer avec les deux inconnus à sa suite et après fournir des explications. Il attendit la confirmation de Saarth’alis avant de se tourner vers la porte et de frapper quelques coups assez vigoureux.

Saarth'alis ne sembla pas vraiment comprendre ses premières indications, mais le suivit tout de même. Tout le long, il garda le rythme et se fit le plus silencieux possible, ne disant rien du trajet.

Le trio improbable eut de la chance dans son avancée: grâce aux connaissances du secteur qu'avait l'ingénieur, ils purent passer sans se faire remarquer. Ils entendirent, par contre, les sons de la vie qui revenait dans l'État. Aucun citoyen ne les vit, donc, ni de Défenseur.

Le trio arriva devant la coquette maison, où les occupants semblaient dormir encore, comme Léo l'avait préalablement remarqué. Les deux Inconnus se regardèrent alors que Léo leur donna les indications, et ils allèrent se cacher sur le côté de la maison, comme convenu, l'un portant toujours l'autre.

Du côté de la maison, ce ne fut pas très long avant que Léo n'entende quelque chose. Ça commença par un grattement, puis quelques paroles. Finalement, la porte s'ouvrit, découvrant un Lionel à l'air ensommeillé.

- ...Léo? Quelque chose ne va pas...?

Un air inquiet prit place sur son visage, rapidement.

Leo fut presque soulagé que ce soit Lionel qui ouvre la porte. Il avait moins tendance à paniquer que sa sœur, non? Aussi seraient-ils peut-être en sécurité à l’intérieur plus rapidement. Le jeune homme s’inclina légèrement et rapidement. Il avait peut-être retrouvé son souffle, mais il était encore évident que la nuit n’avait pas été de tout repos.

"Bonjour Lionel. Je… oui, enfin… Voilà, j’aurais besoins… ou plutôt un ami a besoins d’un abri, d’un asile… Je…"

Leo déglutit. Il avait beau avoir préparé son discours, les mots étaient comme de la pâte à modeler dans sa bouche. Il inspira un grand coup et se lança.

"Je n’ai pas la possibilité de l’accueillir dans mon appartement. Il souffre beaucoup du froid et s’il ne se met pas au chaud et ne reçoit pas des soins rapidement il pourrait mourir. Lui et son enfant."

La partie délicate était maintenant arrivée. L’ingénieur se mordit un moment les lèvres avant de continuer.

"Ce n’est rien d’illégal… mais il faudrait quand même garder sa présence aussi discrète que possible. Il s’agit d’un immense service que je vous demande et je ne veux pas vous l’imposer. Est-ce que je… nous… pouvons entrer? Je vous expliquerais plus en détails à l’intérieur. "

Voilà. L’ingénieur se tenait prêt à faire signe aux inconnus dès qu’il aurait l’approbation du cyborg.

Le Défenseur sembla confus, en premier, puis un peu inquiet. Les paroles de Léo ne faisait que peu de sens dans son esprit visiblement logique, mais il ne jugeait pas non plus. Il avait les sourcils froncés et semblait songeur.

- ...donc, tu as un ami qui ne va pas bien, qui n'a pas de maison à t'entendre parler... et qui a un enfant. Il y a des abris, mis en place, pour ce genre de situation, non? Je veux dire, les Gardiens ont fait une annonce, quand le froid est arrivé.

Les sourcils encore froncés, Lionel analysait la situation. Une idée lui traversa la tête, visiblement, et ses yeux s'agrandirent.

- ...à moins que ce ne soit quelqu'un qui ne puisse pas y aller. Léo, rassure-moi... tu ne veux pas nous faire abriter quelqu'un d'hors la loi, n'est-ce pas?

Cette fois, son air était sévère. Son processus réflexif était fait, empiré par le sommeil, et il ne semblait pas content du résultat.

Quelques bruissements se firent entendre, provenant du côté de la maison. Lionel sembla s'éveiller, complètement, tout d'un coup en entendant le bruit.

L’ingénieur secoua la tête. Le temps pressait.

"Non Lionel : je viens de te le dire ce n’est rien d’illégal. Sinon je ne serais pas venu dans la maison d’un défenseur, franchement… Mais comme tu l’as souligné ils ne peuvent pas se rendre dans les abris parce qu’ils ne sont pas… citoyens de l’état. Je… ils sont…"

Leo n’eut pas le temps de terminer sa phrase que les mouvements se firent entendre au côté de la maison. Le jeune homme planta instantanément son regard dans celui du cyborg. Il n’arrivait pas souvent au jeune ingénieur de hausser le ton, mais sa voix haussa de quelques décibels et se raffermis. Dans sa bouche cela faisait un drôle d’effet.

"Lionel. Ce sont des inconnus. Ils ne sont pas dangereux. Ils ne sont pas pourchassés. Ils n’ont pas enfreint la loi. Ils ne peuvent pas se rendre dans les abris. Ils ont besoins d’aide. Il faut garder le tout discret. Est-ce que je peux compter sur toi? Sur ton ouverture d’esprit?"

Leo regarda du côté de la maison et soupira.

"M’autorises-tu à te les présenter? Tout sera plus clair et si tu me promets de garder le tout pour toi tu pourras prendre ta décision après. Sinon je trouverais autre chose. Le temps presse. "

Le jeune homme avait mis son pied à terre et à cause de son naturel si fragile et hésitant l’effet était saisissant.

Les premières explications de Léo ne semblèrent pas convaincre le Gardien. Celles qui suivirent, par contre, lui firent entrouvrir la bouche de surprise et agrandir les yeux. Il eut également un spasme désagréable, comme si ses implants lui faisaient une raté, puis il secoua la tête presque férocement.

- ...des inconnus?! Oh merde... Heu. Oui, d'accord, fais-les entrer. Le temps qu'on s'explique...

il passa une main dans ses cheveux, un peu décontenancé par cette nouvelle, puis entra quelques secondes dans la maison, pour ressortir prestement, confus. Il ne semblait pas trop savoir comment réagir et tremblait un peu.

- ...des couvertures? Des couvertures. Emmènes-les au salon. Je vais chercher des couvertures. Gabrielle va tellement avoir une crise cardiaque...

Le cyborg entra finalement, puis sembla se dire que la chambre d'amis était une meilleure idée. Racaille, elle, essaya de sortir de la maison, dont la porte était encore entrouverte, mais rebroussa rapidement chemin en se mettant une patte dans la neige.

Les bruissements, eux, se faisaient toujours entendre, assez subtiles, mais audibles également.

Leo soupira, sans réussir à chasser tout a fait son inquiétude. Il embarquait ses amis dans une situation assez particulière et bien qu’il n’existe a priori aucun risque, c’était quand même un sacré chamboulement pour le duo Gabi-Lionel. L’ingénieur secoua la tête. Les explications viendraient… pour le moment il y avait plus important. Il marcha rapidement jusque sur le côté de la maison, essayant de repérer Saarth’alis et son protégé.

"Vous pouvez venir, une chambre au chaud et des couvertures vous attendent. Ils… ils vont avoir besoins d’un peu d’explication mais je crois que ça devrais bien se passer. "