Écho d'une vie (Aïra, DM, Heimpher)

Le Netralite resta silencieux. Observateur, surtout. Les gens ne devaient pas être brusqués, surtout ceux aussi marqués qu'Heimpher.

Il se redressa un peu, mais ne bougea pas et ne parla pas.

Aïra posa sa tête sur le torse d'Heimpher, fermant les yeux et prennant de grandes respirations, l'insitant à faire comme elle.

-continue, Heimpher... jusqu'à ce que plus rien ne te revienne...

Elle l'avait murmuré, doucement.

Elle demeurait immobile, les yeux fermés. Sur ses joues, deux grosses larmes coulèrent lorsque le récit se termina.

Sa mère lui répètait souvent. "Tu es aussi empathique que ton père... C'est ce qui l'a perdu... fait attention."

Cette fois, elle ne voulait pas faire attention. Elle se foutait de faire attention. L'histoire d'Heimpher lui était passé au travers comme un courant électrique. Foudroyée, elle porta sa main à ses yeux, essyua ses larmes et dit d'une voix tremblante:

-C'est très bien Heim... Je suis fière de toi...

Elle ne put s'empêcher d'ajouter:

-et tellement désolée...

Elle leva sa main et la colla contre sa joue écailleuse.

Le Netralite écouta, silencieusement, mais attentivement. L'histoire d'Heimpher le troublait, mais il restait néanmoins neutre.

À la fin, il approcha un peu, pour gentiment prendre une main de l'Altéré. Il n'en avait pas demandé autant, mais il voyait qu'Heimpher avait eu besoin de faire sortir le méchant.

- Je vais vous aider. Vous en avez assez dit. Pour l'instant, du repos. Les émotions sont épuisantes. Nous commencerons demain.

Je me colle sur ma petite chose. Il a raison, je suis épuisé. Je me sens... vidé. À bout. Meh.

"...j'vais faire ça... heum... si vous voulez rester..."

Invitation lancée. J'ajoute rien. Je prend Aïra contre moi et je me couche sur le flanc. Je la tiens, comme une peluche. Elle me rassure...

Elle n'eu pas son mot à dire et se retrouva sur le côté, contre un Heimpher drainé émotionnellement.
Elle sourit à son mentor, fatiguée elle aussi.

-Merci, Netralite... Vraiment. Faites comme chez vous, ou si vous préfèrez partir, nous serons ici demain. Nous ne pouvons pas nous permettre de trop nombreuses sorties...

Elle lui sourit et se tourna, se faufillant vers le museau du pauvre altéré. Elle passa une main sur sa joue et l'embrassa, doucement, rassurante. Rassurante envers qui? Lui, l'écorché vif, ou elle, celle dont le coeur venait de chavirer pour cet étranger en besoin d'une vie meilleure.

Une nouvelle larme coula sur sa joue.

Oh, Heimpher... pensa t-elle. Tout sera bientôt fini.

Sa main resta sur sa joue et elle ferma les yeux, le front collé au sien.

Le Netralite se leva et s'inclina, bien bas. Il refusa gentiment l'invitation, par contre, d'un mouvement de tête.

- Peut-être accepterais-je votre générosité demain, mais je vais retourner vers les miens ce soir. Et puis, vous êtes entre de bonnes mains. Aïra est l'une des plus fidèle aux voies du culte. Elle saura vous aider. Reposez-vous. Je reviendrai demain.

Le cyborg tourna les talons et sortit, sans rien ajouter d'autre. Les deux autres se retrouvèrent seuls, avec les sons de l'eau et de l'orage dehors.

Il ne veut pas rester... son problème. Moi... je vais rester. Avec ma petite chauve-souris dans les bras. Elle m'embrasse et je lui rend le baiser. Longuement, pour me donner du courage un peu.

Je me cache le museau dans ses cheveux et je respire son odeur. J'aimerais être tout petit pour qu'elle me berce, contre son coeur.

"...merci..."

Elle ne répondit pas, se colla plus, ravallant les torrents de larmes qui restaient coincés dans sa gorge. Par ego, par compassion.

Elle s'endormit finalement.

Cette nuit là, elle rêva de son père. Seul, au milieu du salon, il l'attendait avec une tasse de thé. Il la vit et lui sourit.

- Tu es ravissante, ma fille. Digne de ce que espérions pour toi.

Elle tomba à genoux, revoyant ses traits, ses cheveux très roux, ses tâches de rousseur, son sourire et ses pomettes saillante. Elle voyait le ambre de ses yeux. Elle voyait les rides autours de ses yeux.

Elle voyait...

Elle voyait?!

Elle regarda ses mains, se releva, courut vers un miroir et...

Elle se réveilla en sursaut, l'orage était passé, tout comme...

Quelques heures? Quelques minutes? Elle ne savait pas trop.

Puis elle comprit.

Elle se releva en un bond, regarda autour d'elle, ses mains, eu un hoquet de surprise, se rua vers le point d'eau et s'immobilisa.

Elle se voyait.

Flou, un peu, sans couleur.

Mais elle se voyait, pour la première fois. Elle ne put retenir un sanglot, de joie, mais un sanglot tout de même.

Elle se retourna vers lui.

-Je m'excuse, je t'ai révei...

Resta interdite un temps puis, un sourire con sur le visage, elle s'avança. Elle ne dit toujours rien, s'agenouillant devant lui, ses yeux verts autrefois morts et laiteux maintenant vifs, clairs, pétillants, débarassés de leur brouillard. Elle détaillait chaque partie de son visage, chaques pointes, la courbe de sa carapace frontale, sur ses sourcils, descendant jusqu'à son museau, ses dents apparentes sur le côté, la pupille de ses yeux, dont seule la couleur manquait.
Sa voix, tremblante, se fit finalement entendre.

-Voir les silhouette est une chose. Mais... maintenant, je te vois. Je ne comprend rien... pourquoi maintenant...?

Elle sourit plus largement.

-Le monde se révelle à moi un peu plus de jour en jour, mes cappacités augmentent aussi, je le sent... Je commence réellement à croire que tu me porte chance, Heimpher...

Elle passa sa main sur son flanc et eu un petit rire impressionné.

-Et putain, tu es immense!

Elle rit doucement, encore un peu sous le choc.

Je me redresse encore un peu. Elle fait une de ces drôles de têtes... Je reste sur le flanc, mais je la surveille. Et c'est là que je les vois, pendant qu'elle avance: ses yeux sont verts... Woah.

Elle me détaille, elle dit qu'elle voit, que je lui porte chance. Elle touche mon flanc, doucement, qui se crispe un peu... et je rit avec elle. Bordel, y'était temps que tu comprenne! J'ai bouffé un rondelet de barman... Faut que je sois immense!

Je la ramène contre moi et je la serre en grondant doucement. Son don est fou.

" ...c'est juste maintenant qu'tu comprends que j'suis gros? Heh... J'te dis... J'pourrai plus dire que t'es une p'tite chauve-souris..."

Je la libère, doucement, et je me fous sur le dos. On serait théoriquement encore entrain de dormir si tu avais pas eu ton don fou qui augmente, petite chauve-souris...

Elle ricana.

-Va falloir me trouver un nouveau surnom...

Elle s'assied en tailleur.

-Tu vas bien...?

Elle le regardait calmement, une lueur d'inquiétude dans ses yeux.

Il y eut un *clank!* sonore alors que la trappe s'ouvrait, loin au-dessus d'eux. Des bruits lents et réguliers se firent entendre alors que le jeune ingénieur descendait le long de l’échelle jusqu’à ce qu’il atteigne finalement le sol. Il prit quelques instants sans se retourner, les mains sur les barreaux de l’échelle, le dos vouté par la fatigue. Même juste en écoutant sa respiration il était facile de constater que le jeune homme était en manque cruel de sommeil.

Il prit une grande inspiration, redressa ses épaules et se retourna avec un sourire un peu forcé sur le visage.

"Bonjour Heimpher… content de voir que tu es là. Il y a eu des développements de mon côté, je voulais savoir où tu…"

Le jeune homme resta là, béat, quand son cerveau termina finalement d’interpréter le tableau qui se dressait devant lui.

"Je… heum… je peux… euhm. "

Il gesticula vaguement en direction de l’échelle, signifiant de manière un peu brouillon que si Heimpher et sa compagne avaient besoins de plus de temps pour se réveiller, il pouvait attendre dehors…

Lui trouver un nouveau surmon. Ouais, ça serait une idée. Parce que là... elle voit. Et une chauve-souris, ça voit rien. Heh. Je pense... et je soupir. Je suis épuisé.

"Fatigué, mais j'vais bien..."

Le son se fait entendre. Le Netralite revient déjà? Je regarde... et un gros sourire se fiche sur mon visage. Léo...? Léo!

Je bondis sur mes pieds et je viens le prendre dans mes bras
je le serre en grondant de bonheur. Je le sens, je le lèche aussi, content.

"...j'pensais à toi... pis t'es là!!!"

Aïra se leva d'un bond. Sans animosité, simplement surprise de voir que celui descendant cette échelle n'était pas le Netralite.

Elle observa l'homme confu et ne put retenir un petit rire devant sa gène évidente. Elle ria un peu plus en voyant la réaction d'Heimpher.

-Il ne se passe clairement rien présentement, je ne vois pas pourquoi vous devriez repartir et manifestement, vous êtes le bienvenu.

Elle s'avança un peu, timidement.

-J'imagine que des présentations seraient dûes.

Leo se fit prendre par surprise, se débattant faiblement contre la poigne surpuissante de son "protéger". Quand la grosse langue malheureusement beaucoup trop familière commença a lui lécher le visage, il ne put empêcher quelques éclats de rire sincère. Il finit toutefois par se dégager, doucement.

"Allons allons Heimpher... si je sort dans la rue couvert de bave ça va attirer l'attention, non ? ça ne fait que quelques jours..."

il regarda ensuite attentivement la nouvelle venue. Il y avait quelque chose de... familier, dans le personnage, sans pourtant qu'il sache d'où ce sentiment venait. Il opina du chef.

"En effet... Je m'appelle Leo. Leo Steinhart."

Il attendit d'en savoir un peu plus avant d'élaborer. Son nom devrait être suffisant, pour le moment.

"Si vous êtes ici avec Heimpher... enfin. A l'extérieur de son estomac, j'en déduis que vous n'êtes ni avec l'Hécatombe, ni avec Pipes. Et comme vous connaissez cet endroit ce n'est ni ma soeur ni monsieur Stein."

Il regarda Heimpher avec un sourcil relevé, l'air de demander des explications.

Ça serait louche? Heh. Je continu de le lécher un peu, je le serre encore, et je le dépose. Je les regarde, un à un, et je les laisse faire leur blablas.

"Elle, elle m'a aidé à trouver l'Netralite. Une de ses suivantes... ma p'tite chauve-souris qui voit. Est fine. A veut m'aider. S'appelle Aïra."

Je regarde Aïra avec un grondement doux.

"Lui c'est le gars qui a accepté d'être mon alpha. L'premier qui m'a aidé... S'appel Léo."

Je gronde encore, doucement, et je retourne m'asseoir dans mon tas de tissus. Mon attention se fixe sur eux après. Je veux voir comment ils vont s'entendre.

Elle se détendit un peu plus et lui sourit de son sourire d'ébène. Elle s'avance, lui tend la main.

-En effet, je m'appelle Aïra Laarabat. Je suis l'apprentit du Netralite. Enchantée, Léo.

Elle rajouta.

-Ce que vous... tu? On peut se tutoyer? As fait pour Heim est impressionnant, vraiment.

L’apprentie du netralite… Aïra… chauve-souris ?

"Attendez un peu… je…"

Il prit quelques instants pour aligner ses pensées à travers le brouillard de fatigue.

"Tu as trouvé le Netralite ?"

Il y avait autant d’anticipation que d’enthousiasme dans la voix de l’ingénieur. Si il avait misé juste, le guide spirituel du culte de la force intérieur avait réellement le potentiel d’aider Heimpher, de lui permettre de vaincre le conditionnement qu’il avait reçus entre les mains de l’Hécatombe… mais il se pouvait qu’il se trompe aussi. En attendant sa réponse il détailla avec un peu plus d’attention la nouvelle venue. Elle était altérée, c’était visible… Pour faire quoi précisément Leo n’en avait aucune idée par contre. Cette attache au culte de la force intérieure, était-ce cela qu’il avait sentit ? Partageait-elle certaines… capacités, avec Zolvar ?

"Le tutoiement est possible oui… je vouvoie par défaut. "

Je reste assis, et mon sourire reste aussi. Ils se regardent et ils se parlent. Ils ont l'air de bien s'entendre. Je gronde doucement, encore, et j'attends que ça se calme. Autant dans ma tête que pour eux.

"Ouais. y'est parti y'a quelques heures... j'pense. Y'avait un orage quand y'est parti... Si tu reste assez, tu vas p't-être l'revoir. "

J'ai encore un grondement doux... qui se fait enterrer par le bruit de mon ventre. Heh. J'ai faim, semblerait. Je bouge pas, mais ça me fait rire un peu. Juste un peu.

"Tu passais faire quoi, Léo?"

Aïra rejoint Heimpher et s'asseya à ses côtés.

-Attend... Steinhart, soeur. Serais tu parent avec Annabelle Steinhart, la Gardienne?

Elle eu un sursaut en entendant l'estomac de son drôle de compagnon.

-oh. L'heure de la soupe approche.

Son estomac gronda aussi, très bruyament. Elle eu une moue gênée.

-Et pour moi aussi d'ailleur.

Leo fit basculer son sac pour pouvoir fouiller a l'intérieur et en sortir un grand morceau de viande crue, qu'il offrit a Heimpher.

"Je me doutait qu'avec mes consignes, tu aurais faim... j'ai pensé a toi. Mange, nous parlerons après."

Il regarda l'altérée, avec un air désolé

"Je ne savais malheureusement pas que nous allions avoir une visiteure... mais si Heimpher peut partager j'ai de quoi faire du feu."

Le jeune homme soupira, a la fois intrigué et amusé. Sa soeur avait manifestement oublié de lui mentionné un détail... a moins que quelque chose soit arrivé depuis leur dernière rencontre ?

"Oui bien sur, c'est ma soeur jumelle... mais pourquoi donc ? "

Avec ses consignes... heh. Je lui dirai pas pour hier... Merde, faut vraiment pas le lui dire. Il va tellement être fâché...

"J'vais partager. Au pire, y'a du poisson."

Mon tour d'être perdu. Je pose pas plus de questions et je reprend ma chauve-souris en peluche. Je suis tellement content... pleins de gens de confiance.