Disgrace et rédemption (Aïra et DM)

Elle zigzagait dans les ruelles déserte. 4h30 du matin, la ville encore grise dans la paleur du presque crépuscule, les sons de ses pas que de quelques rares passant. Elle sillonait la ville, de retour de chez elle après une soirée avec sa mère et un type fort sympathique. L'Inhumain qui la protégait semblait effectuer son travail avec minutie.

Elle longea le mur de la vieille usine, trottant les genoux fléchis, surveillant ses arrières. Personne en vue, parfait. Aujourd'hui se passerait quelque chose de spécial.

Elle allait tenter de le sauver. Lui. L'homme, le monstre qu'elle avait faillit tuer.

Elle grimaça au son de l'écoutille, se glissa dans le sas et referma derriere elle.

Elle sauta par terre et se dirigea vers leur campement de fortune.

Ledit monstre avait été tranquille, depuis quelques jours. Il insistait inlassablement sur le fait qu'il devait donner des nouvelles aux siens, sous risque qu'Heimpher soit chassé. Mise à part ça... il n'avait rien fait ou rien dit.

Cette nuit, le Netralite n'était pas là. Il avait emmené Heimpher avec lui, quelque part, pour lui montrer d'autres environnements de méditations. Pour l'aider à se rappeler.

Needles était donc sous la surveillance de leur protecteur Inhumain. Le mercenaire était un Altéré renard, qui essayait tant bien que mal de prendre un rôle sérieux. Son adn renard en disait autrement, et il retenait ce côté joueur difficilement. Il avait tout de même l'ouîe fine, trop parfois, et un odorat encore plus affûté.

En cette nuit, il était en bas, en boule, et dormait, avant qu'Aïra n'entre. Là, il s'était redressé et surveillait.

Elle s'avança un sourire serein aux lèvres.

-Bon matin Doc. Bien dormi?

Elle fouilla dans un sac, sortit une pomme bien rouge et lui en lança une autre.

-Vous pouvez pas ne pas manger indéfiniment.

Elle se retourna mais leva l'index et se revira de nouveau et pointa sa machoire.

-S'cusez, au fait, pour la... machoire... et... le reste... mais vous savez, le coeur à ses raisons que la raison ignore!

Elle se retourna et se changea, sans aucune vergogne.

-oh... c'est vrai...

Elle termina et s'avança vers lui. Elle prit la pomme, un petit couteau, coupa un morceau et lui tendit proche de la bouche avec le couteau.

À la vue d'Aïra, le renard se remit en boule, mais garda les oreilles droites. Il surveillait tout de même, malgré tout. Needles, lui, dormait à cette heure. À la salutation, il grognassa un peu et ouvrit un oeil. Il eut un grognement en recevant la pomme et se mit assis, l'air las, épuisé.

- ...ne jemeia s'excuser... pour quelque chose qu'on a eu plaisir à faire...

Le regard du médecin passa sur la pomme, puis sur l'Inhumain, mais revint bien vite sur Aïra. Il détaillait encore et toujours les dessins noirs qui décoraient son visage, ses mains et ses pieds. Ça n'avait donc pas été une fausse amnière de l'approcher: il semblait réellement les admirer.

Elle se changea, et il la détailla de plus bel. Quand elle approcha, il souffla sa mèche blanche loin de son visage et la regarda par en dessous un peu, la tête un peu baissée.

Il prit le morceau de pomme et mâcha comme il le pouvait. Par contre, son regard s'était fixé dans le sien.

- ...il est magnifique... n'est-ce pas...?

Elle resta de marbre mais eu un demi sourire.

-Je me fous de l'apparence des gens. Ils est sourtout quelqu'un d'une immense bonté. Ce dont vous et les votres semblez bien profiter...

Elle lui coupa un autre morceau.

-Ça fait longtemps que l'altération vous passionne comme ça?

Needles eut un petit rire, doux cette fois, et continua de la fixer, de l'observer même. Il prit l'autre mangea l'autre morceau de pomme avant de répondre, baissant ensuite la tête un peu.

- ...je sais que vous le trouvez magnifique... ça se voit... quelqu'un de magnifique... ne l'est pas nécessairement que de corps... Heh...

Il sembla se perdre dans sa tête, quelques instants, marmonna quelque chose dans une autre langue ensuite, puis soupira.

- ...la médecine me passionne... faire que les Altérés soient biens... ce n'est qu'un plus... Ça fait... depuis toujours.

Son attention se tourna sur le renard, et il marmonna, tout bas, un "...il ne mange pas assez de poisson, ça paraît dans son pelage...".

Elle le regarda et suivit son regard un bref instant.

-Eh. J'le paye pas pour prendre soin de son poil. Mais z'avez raison.

Elle lui redonna une tranche.

-Donc, z'avez toujours fait ça? C'est quoi, vous aimiez pas oppérer selon les règles alors vous vous êtes lancé à vot' compte?

Elle ricanna.

Needles gloussa tout bas, chassa de nouveau la mèche de son visage, puis sembla songeur. Répondre à la question lui prit beaucoup de temps. Pendant ces instants de silence, il avait le regard fixe, les sourcils qui se fronçaient parfois. Sa respiration restait calme, par contre. Puis, après deux longues minutes, il se mit à rire, de sa voix criarde et désagréable.

- ...les règles sont relatives aux lieux... au gens qui y vivent... Les règles vont changer d'une maison à l'autre... PAs de souliers chez un Orchid... pas de visages dévoilés chez un Néorite...

Il eut un autre gloussement et mangea, encore, la tranche qu'on lui offrait.

- ...si je ne donne pas mon rapport... ils vont le chasser...

Elle le regarda, souriante, un éclat malsain dans les yeux.

-Oh, mais qu'ils s'essayent... je les attend... personne ne me l'enlève... personne.

Le couteau dansa au dessus de sa main tandis qu'elle fixait les yeux du ciborg.

-Qui ils? Vos potes? Qu'est c'qu'ils en ont à faire de Heim? Puis, votre rapport, ça impliquerait que vous partiez... et on est pas prêts à vous laisser filer...

Needles eut un soupir sifflant, roula les yeux, puis se mit sur le flanc. Sa mèche blanche retomba devant ses yeux, mais il s'en moqua éperdumment.

- ...je n'ai pas d'amis... j'ai des supérieurs... j'ai des subalternes... mais je n'ai pas d'amis... Ils en ont à faire qu'il connait des noms. Des choses... et où se trouve notre petit coin d'opération...

Il eut un gloussement, fatigué celui-là, puis soupira longuement. Même, il se mit à frotter sa joue contre le sol, produisant un son métallique désagréable.

Elle le regarda faire un instant et soupira. Elle partit chercher une couverture, la plia et la mis sous sa tête.

-Tenez, ce s'ra plus confortable ainsi, j'pense.

Elle se rassit en face de lui et l'observa.

-Pas d'amis?... ce doit pas être la joie comme vie... Et vous aimeriez pas en avoir?

Needles la laissa l'installer mieux, même s'il ne semblait pas réellement le vouloir, ou en avoir de besoin. Il la regarda quelques instants, puis soupira longuement, d'une respiration sifflante.

- ...je ne vois pas l'utilité... les gens jugent... les gens prennent et jettent... les gens ne comprennent pas... Les gens méprisent la différence... personne ne comprendrait mon art... personne n'aimerait ma compagnie... je suis un passionné... d'une passion peu commune... Vous allez tous me traiter de fou... Vous le pensez déjà vous-même... Et la seule personne que j'aime... ne veut pas de moi...

Le médecin eut un soupir plaintif. Il se mit sur le dos, la mèche toujours sur le visage.

- ...la lumière est bénédiction pour les plantes... pour les gens, qui voient leur route dans les ténèbres... La lumière montre la voie... mais la lumière est malédiction... pour les créatures nocturnes... les papillons qui cherchent la sécurité... les insectes qui s'y brûlent... elle éclaire tout autant le beau que le laid... alors, dites-moi, qu'est-ce que la lumière?

Il eut un gloussement, frotta son dos contre le sol un peu, puis eut un grognement d'agacement. Ses mains attachées l'énervaient au plus haut point.

Elle le regarda puis se coucha aussi sur le dos.

-Vous savez, pour une aveugle, la lumière fut le seul univers que j'ai eu pendant longtemps. Nous percevons son changement, leur teinte, leur intensité... la lumière, c'est un guide. La lumière c'est plus qu'une chose visible, c'est le son d'un froissement de feuille, le claquement de mains d'une chanteuse, l'odeur des citrons, le touché de l'herbe.

Elle tourna les yeux vers lui.

-La lumière, c'est la vie, l'amour, l'espoir et le renouveau perpetuel.

Elle lui sourit, un peu

Needles eut un rire, tout bas, et soupira de nouveau. Découragé, peut-être, ou simplement las, on ne savait pas encore ce qui avait causé ce soupir. Son attention resta sur le plafond et il passa sa langue sur ses "lèvres" métalliques.

- ...certaines choses ne peuvent vivre dans la lumière... Quand la lumière est faite sur unc rime, il n'y a pas d'amour... La lumière... c'est un concept bien étrange... Ma place n'est pas dans la lumière... ma place est dans l'ombre...

Il eut un grognement, puis secoua la tête un peu. Ses sourcils s'étaient froncés et son regard était devenu sévère.

- ...Krieger sait le nom d'Heimpher... Krieger est un homme dangereux... Et si Krieger envoie des tueurs... Heimpher ne fera pas le poids...

Il eut un petit rire, un peu hystérique, qui se changea en lamentations plaintives ensuite.

- ...enlevez-moi ça, misère...

Elle l'observa et son coeur se serra. Pour ce qu'il disait et pour ce qu'il annonçait pour Heimpher. Elle grimaça.

-Peut pas... on sait pas ce que vous pourriez faire... qu'est ce qui me dit que vous n'essayerait rien...?

Elle soupira.

-J'veux qu'il vive, ok? Longtemps. Mais ce que vous lui avez fait, c'est pas bien... je peux pas savoir si vous être avec ou contre nous... j'aimerais vous aider, mais je n'ai aucune certitudes que vous voulez nous aider nous.

Une autre lamentation lui échappa, et il donna quelques petits coups de tête sur le sol. Ça donnait l'impression d'un enfant qui boude. Il gigota un peu sur le sol, puis grogna, de frustration probablement.

- ...je suis de mon côté... pas du leur, pas du vôtre... DU MIEN! Et de mon côté... la vie d'Heimpher compte! ...j'aime sa présence... ses grondements... je n'ai pas peur de lui... je n'ai pas peur avec lui... En plus... il a une petite femelle maintenant... ce serait dommage de gâcher ça...

Il se tut... puis eut un cri de rage, qui fit sursauter l'Altéré renard.

Elle se rassit et tendit une main vers le renard, lui faisant signe de ne pas s'en faire. Elle empoigna Needles par le col et le rassit.

-Hey! Tout doux! Z'avez été élevé par des ours ou quoi?!

Elle prit un ton maternel.

-J'essaye de comprendre, doc. J'essaye de vous aider tout en aidant Heimpher. Nous avons les mêmes sentiments pour lui vous et moi, manifestement. Je veux comprendre et surtout des solutions. Des solutions pour que nous travaillons ensemble afin qu'il se finisse pas au bout de la lame de l'un de vos suppérieur. Alors, de mon côté ou non, vous vous calmez, vous cessez de vous comporter comme un mioche mal élevéde 4 ajs et demi et vous y mettez un peu du votre.

Elle le lacha et se rassit devant lui en se massant l'arrête du nez.

-C'est pas de tout repos, hein... bon. Si j'vous détache les mains, est ce que on va pouvoir avoir une conversation sensée et intelligente qui va nous menner à un plan d'action pour sortir Heimpher de la merde?

À se faire saisir par le collet, Needles se figea. Simplement, instinctivement, les yeux ronds. Il la fixait, sans respirer maintenant, immobile. Le ton maternel ne changea rien, et quand elle le lâcha, il retomba mollement.

Il ne répondit pas pendant un long moment. Encore, les yeux ronds, il ne bougeait plus. Sa respiration était quasi-nulle, mais on entendait un petit son. Des marmonnements, murmurés, soupirés même, presqu'inaudibles.

- ...je ne le ferai plus... vous ne m'obligerai pas... à le refaire...

Le renard s'était rapidement calmé. Il observait la scène, et dans un soupir, il se recoucha, encore.

- ...totalement fêlé celui-là...

Elle regarda l'altéré et leva les yeux au ciel. Elle tourna à nouveau son attention sur Needles. Quel contrat de merde avait elle accepté encore?

Elle se tourna vers l'altéré.

-Hey, focus, j'vais faire un truc con et faudrait pas que ça nous chie dans la face.

Elle se pencha sur Needles et defit ses liens.

-Voilà. Il suffit de demander gentilment. T'obliger à quoi? À discuter? Ça a jamais fait mal, non? Surtout si c'est pour Heimpher. Je trouve que c'est une putain de bonne cause.

Elle soupira.

-Comment les empêchons t-on de chasser Heimpher?

Le emrcenaire sembla surpris et se mit rapidement assis, prêt à bondir. Il n'approuvait certainement pas l'idée, mais au moins, il se tenait prêt.

Needles, lui, ne bougea toujours pas. Il restait les yeux rond, le souffle court, la respiration difficile. Un peu comme Heimpher, il n'avait pas l'air là mentalement. Assez qu'il ne répondit aucunement aux questions d'Aïra. Même détaché, il resta au sol. Il ne dit rien. Il ne fit rien. Puis, il sembla se détendre un peu. Minimement, même.

Son regard se tourna, de nouveau, sur Aïra. Lentement, très lentement. Son expression était neutre, même si son regard était toujours aussi hagard.

- ...ils sont partis?

L'Inhumain eut un soupir et resta prêt, le pelage gonflé.

Elle fronça les sourcils.

-Q-qui sont partit, Needles?

Elle se tenait sur ses gardes mais la curiosité l'emporta un peu. Elle se tint assise, pas trop proche, mais son regard se fixait sur le cinglé.

Needles regarda autour, très lentement. Il n'osait pas faire de mouvements brusques. Une fois qu'il comprit que la voie était libre, il se mit très lentement assis. Son attention passa sur Aïra, puis il frotta son poignet, doucement.

- ...je... ne sais pas... de... de quoi parlions-nous?

Il sembla penser, quelques minutes, puis se mit à glousser. Son gloussement se changea en rire, hystérique un peu, mais il ne fit pas de mouvements.

- ...j'ai une idée... une fabuleuse idée... Pour aider Heimpher...!

Elle le regarda, fixement, prête à bondir.

Qu'avait-elle fait là...?

Elle se racla la gorge.

-Et... qu'elle est elle?

Needles la regarda, sembla avoir un sourire, de ce que sa mâchoire le lui permettait, puis alla justement se masser la jonction entre le métal et la mâchoire. Il gloussa de nouveau, mais ne fit aucun mouvement brusque.

- ...il avait comme mission de ramener... l'Élu des Sciences... Je crois que pour être capable de l'approcher... il aurait eu besoin d'une infiltration... en bonne et due forme... Il aurait eu besoin d'aide, notre Heimpher... Donc, étant son médecin... je dois être sous silence radio... Le temos de l'infiltration... POur l'aider sans lui nuire...

Personne ne me cherche... grosse proie à la clé pour eux... pas de questions!

Needles se mit à rire, de nouveau, puis passa une main dans ses cheveux, qu'il se mit à coiffer comme il le pouvait.

Elle réfléchit un instant et dit, le visage sérieux.

-Ça pourrait marcher, oui... Mais ne vont t-il pas s'impatienter, au bout d'un moment...?

Elle le regarda un instant, tentant de détecter le fond de sa pensé. Tentait-il de l'embobiner?