Au secours, mon ange Gardienne! (Pv Annabelle, DM)

Le Lockdown l'écouta avec tout autant d'attention et sembla continuer de l'observer également. On ne voyait pas ses yeux, à cause du casque, mais on pouvait sentir l'intensité de son regard, ou presque. Il eut un léger grognement en entendant parler de Pipes, encore plus qu'il avait demandé expressément à ce que le mercenaire survive. Dans tous les cas, il ne dit pas un mot avant que la Gardienne aie finit, les poings maintenant serrés un peu.

- Il fallait que ce terroriste soit mêlé à cette histoire... S'il a laissé cet homme survivre pour qu'il passe un message, expressément, c'est qu'il connaît les destinataires, forcément. Qu'une balle ne lui aie rien fait, par contre... ça peut s'avérer problématique. Nous saurons que nous devrons utiliser l'électricité contre lui, dans tous les cas.

L'attention du Lockdown revint sur Zolvar, qu'il sembla contempler tout en réfléchissant longuement. Le "mercenaire" avec eux, lui, resta silencieux et tranquille. Il observait Annabelle de temps à autres, le Lockdown également, mais ne disait pas un mot.

Le transport continua sa route un petit moment, puis s'arrêta finalement. Ce furent d'autres brancardiers qui vinrent chercher le Mutalythe, cette fois, et qui le sortirent du transport. Ils étaient derrière l'aile médicale du complexe, loin de l'entrée principale, à l'abris des regards. Dès que Zolvar fut descendu, le Lockdown en fit de même, avec son accompagnateur, et avec Annabelle en plus, ils formèrent une vraie escorte à l'Inhumain. Le médecin n'était pas venu les accueillir, mais c'était selon les normes. Ils le verrait seulement une fois à la salle d'urgence, qui attendait le Mutalythe. D'ailleurs, on avait recouvert le visage de celui-ci, pour dissimuler ses traits, comme convenu.

Le groupe se déplaça rapidement dans les couloirs, dans un silence presque parfait, puis débouchèrent finalement sur une grande salle d'intervention. À peine furent-ils entré qu'on demanda aux trois "Défenseurs" de rester dans l'entrée et de s'asseoir. Le brancard fut emmené près d'une table, des infirmiers transférèrent Zolvar dessus, et finalement, sortant de derrière le rideau qui pouvait se fermer autour de la table d'examen, le médecin en sortit. Il portait déjà tout son équipement et semblait prêt à opérer. Le plus flagrant restait ses yeux, comme ceux d'un faucon, mais aussi la froideur qui en ressortait.

La gardienne était restée silencieuse pendant le reste du trajet, peu encline à essayer d’obtenir des réponses de la part du lockdown. Elle n’était qu’un élément qui… enfin… elle était là c’est tout. La gardienne était pour être honnête surprise d’avoir reçus l’autorisation de mener cette mission à terme. Elle observa elle aussi le mercenaire, toujours curieuse quant à la raison de sa présence. Déjà qu’on ait jugé bon de dépêcher un membre des forces spéciales pour les escorter, la présence d’un individu n’obéissant pas nécessairement à Meyers inquiétait la gardienne.

Ils arrivèrent au complexe et Annabelle remplis son rôle aussi scrupuleusement qu’elle le put. Elle ne lâcha pas le mutalhyte d’une semelle, entrant dans la salle d’opération et obéissant lorsqu’on lui intima de s’asseoir. Elle observa le docteur Hauras faire son entrée, un mélange de soulagement et d’incertitude sur son visage. Le médecin avait une réputation chez les défenseurs… et quelle réputation… Elle secoua la tête et se concentra, demeurant alerte. Zolvar était entre de bonnes mains à présent. Il ne restait plus qu’à s’assurer que rien ne déraperait. À trois ils devraient être à même de garantir sa sécurité, non ?

Hauras. Altéré dans la quarantaine, au regard de faucon, aux cheveux foncés et à l'air glacial. On faisait appel à lui pour les cas de patients fantômes, mais surtout pour les cas d'Altérés dangereux ou difficiles. Il avait été urgentologue longtemps, de ce qu'on en disait, mais c'était surtout sa notoriété d'être dans les petits papiers des meilleurs scientifiques qui en faisait quelqu'un. Ça et le fait que les Défenseurs les plus fiers à bras revenaient avec un égo endommagé quand ils passaient entre ses mains. Dans tous les cas, il faisait un excellent travail et respectait toujours la close de confidentialité.

Justement, le groupe s'installa sur les chaises, à l'entrée de la salle, et le médecin se tourna vers Zolvar. Il ferma le rideau autour de son patient, s'isolant avec lui, et sembla se mettre à désemballer son "cadeau" surprise. Du côté de la Gardienne, c'état tranquille: le mercenaire ne disait pas un mot, et le Lockdown, de son côté, était attentif. Par contre, le Défenseur monta ses mains à son casque et sembla l'activer, ce qui produisit un sifflement, comme si le casque était pressurisé. Il le retira ensuite, découvrant une tête chauve, à la peau basanée, mais à l'aspect de cuir. Le plus marquant restait l'absence de bouche et de nez, mais encore plus le fait que sa tête au grand complet était recouverte d'yeux, de toutes les couleurs. Des bleus, verts, mauves, rouges, brins, noirs, gris, pairs, et même certains oranges, dorés ou totalement blancs... Il devait en avoir une quarantaine qui lui recouvrait la tête, placés de manière symétrique. Les principaux, ceux normaux dans les faits, étaient doré et mauve.

Quelques yeux se fixèrent sur Annabelle, d'autres sur le mercenaire, et d'autres encore sur le rideau. Ceux derrière sa tête se fermèrent. Le mercenaire avec eux ne broncha pas, visiblement habitué à cette vue. Le Lockdown, lui, resta totalement silencieux, mais attentif.

Ce fut la voix d'Hauras qui brisa le silence, alors qu'on l'entendait grogner un peu d'agacement.

- Mademoiselle Steinhart? Venez ici, s'il-vous-plaît.

Il n'ajouta rien et attendit que la Gardienne s'exécute, le rideau toujours fermé.

Annabelle restait immobile sur sa chaise, ne jetant qu’un bref regard au Lockdown lorsqu’il retira son casque. Elle avait agi plus par politesse qu’autre chose : le spectacle était peu commun mais la dernière chose que la gardienne voulait était d’offenser le lockdown. Et puis… après la vision de l’altéré qu’ils avaient retiré de l’armure assistée, le lockdown était presque mignon a regarder.

La jeune femme faillit sursauter lorsque le médecin prononça son nom. Elle se leva doucement en laissant ses vêtements hivernaux derrière elle et s’approcha du rideau qu’elle écarta afin d’entrer dans le cercle d’opération.

"Oui ?"

Le Lockdown, soit par politesse ou habitude, n'avait pas réagis au regard d'Annabelle. Et puis, s'il avait réagis, est-ce que sa réaction aurait simplement parut? Il n'avait même pas de sourcil! Dans tous les cas, il ne dit pas un mot et se contenta de surveiller. D'ailleurs, quand la Gardienne se leva, quelques-uns de ses yeux la suivirent. Les autres se fixèrent sur la porte d'entrée de la salle, qui était fermée.

Derrière le rideau, Hauras avait installé le soluté de son patient et avait également retiré les couvertures qui le recouvrait. Quelques compresses chaudes reposaient sous ses bras pour le réchauffer. Il avait également une aide respiratoire d'installée, au cas où il s'affaiblirait. Le regard de l'Altéré se tourna néanmoins vers Annabelle, de son air éternellement froid et sérieux. On sentait l'agacement dans sa manière de regarder. Il referma le rideau derrière la Gardienne, puis ramena son attention sur son patient. S'armant même de ciseaux, il commença à couper les sutures, sans même que la présence de la jeune femme ne le dérange.

- J'ai lu les quelques rapports médicaux de monsieur Zayne, ci-présent. Dont ceux écrits par votre collègue d'unité, Matricule J-928, Joyce Reager. Y aurait-il quelque chose dont je devrais être au courant à propos de monsieur Zayne? Quelque chose de... problématique?

Lentement, une fois les sutures coupées, le médecin ouvrit le torse du Mutalythe pour être lui-même témoin de la boucherie. Son froncement de sourcil expliqua de lui-même comment il trouvait la scène: la cage thoracique avait été sciée au niveau du plexus solaire, la séparant en deux, en plus de sur les flancs, pour être capable d'enlever les côtes au complet. Les côtes s'était déplacés, d'ailleurs, par l'absence simple de sutures pour les retenir en place. C'était étonnant qu'aucun organe ne soit plus endommagés que ça.

- ...les barbares. Toujours fixer les os après les avoir déplacés. C'est simple, pourtant... Le pauvre. Svern? Je vais avoir besoin de toi.

Annabelle put entendre du bruit, de l'autre côté du rideau, puis le mercenaire vint les rejoindre. Il était encore silencieux et portait toujours son attirail au grand complet, mais maintenant, il semblait un peu plus raide. La Gardienne, elle, pouvait voir en live l'intérieur de la cage thoracique du pauvre Zolvar, et presque voir les sections de côtes bouger au rythme de ses respirations. Ce devait être très douloureux.

La jeune femme était entrée prudemment derrière le rideau… et figea un moment avant de continuer. Elle ne s’habituerais définitivement jamais à voir quelqu’un dans cet état. Le sang ne la dérangeait pas mais elle restait quelqu’un de très empathique (un de seuls traits de caractère qu’elle partageait avec son frère) et le désespoir qui émanait d’une telle scène la prenait à la gorge. Elle prit une grande inspiration à la question d’Hauras et répondit, résistant à son envie de détourner le regard de la boucherie.

"Monsieur Zayne possède certaines… capacités. Aucune explication connue, effets divers. Il les contrôle jusqu’à une certaine mesure, d’après ce que j’ai cru comprendre. Il aurait projeté la patrouilleuse Reager contre un mur sans même la toucher, dans un accès de confusion. Lors de notre… mésaventure, un peu plus tôt, je crois qu’il a réussi à… enfin, à soulever une armure assistée, encore une fois sans même y toucher. "

La jeune femme soupira, anticipant le regard froid d’Hauras. Elle savait comment tout ça sonnait. La jeune femme écarquilla un peu les yeux lorsque l’intérieur de Zolvar apparut, autant de fascination que d’horreur, mais déglutit et continua.

"Tant qu’il reste calme nous ne courons aucun danger… Mais… vous comprendrez qu’après ce qui s’est passé il se méfie un peu des médecins et des scientifiques. C’est pourquoi j’ai cru bon d’être présente. Pour lui fournir un ancrage. "

La jeune femme secoua la tête. C’était une boucherie… mais le fait de pouvoir y assister et constater les dégâts à un niveau aussi intime rajoutait une couche de rage envers les responsables. Une pensée commença à se créer dans son esprit et y prit fermement racine. Si Meyers montait une expédition punitive contre l’hécatombe elle demanderait d’en faire partie. Elle s’entrainerait autant que nécessaire… mais elle voulait être aux premières lignes.

Le médecin Altéré observa son interlocutrice quelques secondes alors qu'elle parlait, puis indiqua au mercenaire de se mettre au travail. Celui-ci enleva ses gants, doucement, pour découvrir des mains cybernétiques. Des doigts sortirent quelques petites pinces, qui saisirent quelques morceaux et les maintinrent en place. Hauras n'attendit pas et se mit à tout fixer, tout en jetant des regards à Annabelle alors qu'elle parlait. Il eut un simplement grognement à entendre ses premières paroles, puis roula des yeux ensuite.

- ...encore un. Je saurai me débrouiller. s'il ne me voit pas, il ne peut pas m'atteindre. Vous pouvez vous rasseoir. Je vais m'occuper de lui. Vous reviendrez quand il va se réveiller, s'il y a lieu. Merci.

N'attendant pas qu'Annabelle parte, Hauras continua sa tête: éponge un peu ici, fixe les côtes ensembles, injecte quelques produits, continu d'éponger là... Avec l'Aide du mercenaire, tout se faisait bien et sans accros, visiblement. Dans tous les cas, l'habitude du médecin pour des intervention du genre était un peu étrange, pour peu dire.

Le lockdown, de son côté, était encore et toujours sagement installé. Ses yeux surveillaient le périmètre au grand complet, constamment. On avait l'impression que rien ne pouvait lui échapper.

Annabelle resta figée sur place pendant quelques instants, incapable de bouger. « Encore un » ? Devait-elle comprendre que projeter des gens sur les murs par la simple force de sa pensée était une capacité relativement commune dans l’état maintenant ? La gardienne hocha la tête aux dernières paroles d’Hauras et sortis de la « salle » d’opération, non sans jeter un coup d’œil derrière elle. Décidément le mutalhyte n’aurait plus de secrets pour elle… il fallait avouer qu’elle avait hâte qu’il puisse passer un peu plus de temps réveillé par contre.

Elle retourna s’asseoir à sa place et observa les alentours. Elle essaya de noter toutes les portes, les entrées d’aération… tout ce qui pourrait constituer de près ou de loin une entrée. Elle se tourna vers le lockdown.

"Même si nous avons enclenché un protocole de patient fantôme, monsieur Zayne m’a confié que c’était lors d’un rendez-vous au complexe qu’il s’est fait kidnapé. Alors gardons… "

« … les yeux ouverts » termina-t-elle heureusement dans sa tête.

"… en tête que l’hécatombe sait peut-être qu’il est ici. "

La gardienne se tourna à nouveau vers les rideaux du bloc opératoire. Le pistolet à sa hanche avait un poids rassurant, tout comme le fait qu’elle connaissait le nombre précis de balles qu’il contenait. Elle aurait aimé avoir un tonfa ou une matraque en plus mais il faudrait qu’elle improvise si on en venait là. De toute façon ils étaient trois non ? Dont un lockdown lourdement armé. Que pourrait-il bien arriver ?

La gardienne repartit de son côté du rideau et rejoignit le Lockdown, qui fixa quelques-uns de ses yeux sur elle. Le rideau resta fermé, et les quelques bruits d'opération se firent entendre.

La pièce n'avait qu'une seule porte d'entrée, pas de fenêtre et une ventilation, placée au plafond face à eux. D'ailleurs, le Lockdown avec elle surveillait les points d'accès attentivement, tout en la regardant elle et le rideau. Quelques fois, les pupilles de quelques yeux étranges se dilataient, ou bougeaient de manière particulière, même.

- Nous avons prévu que quelqu'un voudrait probablement se rendre à lui, raison pour laquelle cette salle a deux points d'entrée, si on compte la ventilation. Il n'y a rien à craindre. Si quelqu'un vient, je vais le savoir. Personne n'est sensé venir, que ce soit simplement dans ce couloir. Qu'une personne du complexe soit impliquée est un fait très intéressant, par contre. Ce sera dûment transmis aux autorités concernées.

Le Lockdown resta droit, sans sourciller. De près de la sorte, et sans son casque, Annabelle pouvait avoir remarqué que la voix du Défenseur venait de son cou, et non de son visage.

L'opération se passait bien, du côté des soignants. Hauras savait exactement ce qu'il faisait. Avec l'aide du mercenaire en plus, tout s'exécutait donc rapidement. De ce fait, ils eurent tôt fait de fixer les côtes et de replacer les organes déplacés, puis de commencer à refermer le tout, assez rapidement.

Il commença par sentir les mouvements, dans son corps. Une impression désagréable. Quelques petits à-coups. Puis, une pincée de douleur ici. Une autre là. Finalement, il eut l'impression qu'on lui écrasait le torse, qu'il manquait d'air, et il ouvrit les yeux.

Sa première vision fut une visage, flou au début, mais avec un regard étrange. Surtout, un foutu masque blanc. Un sarrau blanc, comme son tortionnaire. Il sentit son coeur manquer un battement, puis des flammes se déverser dans ses veines. Un choc le traverser, le réveiller.

il ne fit que grogner. Pourtant, sa volonté, sa peur, dépassa les simples pensées. Il eut l'impression que la personne allait dire quelque chose, probablement par provocation, mais elle ne dit rien. Non, plutôt, elle s'envola. Il y eut un fracas sourd. une autre personne, près de lui, sembla surprise. Le tortionnaire venait d'heurter ne plafond. L'autre n'oserait pas le toucher, n'est-ce pas? Le danger écarté pour le moment, il grogna de nouveau et essaya de se redresser, sans en être capable. Trop faible. Bien conscient, oui... mais le corps ne voulait plus. Où était-il? Il ne reconnaissait pas les lieux. Rien autour. Où était Annabelle....?

La jeune femme hocha doucement la tête aux paroles du lockdown. Il faudrait qu’elle essaie de capter son nom au courant de la soirée… ça pourrait être utile.

"Sois quelqu’un du complexe sois quelqu’un ayant accès. Imaginez si… "

Elle se fit couper la parole par un bruit sourd. Elle n’eut que le temps de voir une forme blanche retomber derrière les rideaux avec fracas avant que les bruits de chaos n’emplissent l’atmosphère.

"Merde…"

La situation fut tout de suite très claire pour Annabelle, qui bondit de son siège pour foncer vers les rideaux qu’elle écarta rapidement.

"Zayne !"

Elle espérait que sa voix serait assez… mais elle en doutait. Elle jeta un regard vers Hauras pour s’assurer qu’elle avait la permission de procéder et s’avança doucement vers le mercenaire. Elle se plaça dans son champ de vision en approchant, juste pour être sûre de ne pas le faire sursauter.

"Tout va bien. Tu es dans le complexe, entourés d’amis. Le Docteur Hauras est en train de te soigner. Il est avec les défenseurs depuis des années, tu peux lui faire confiance. "

Elle était maintenant tout près… elle tendit doucement sa main et la déposa sur l’avant-bras du mercenaire.

"Tu peux les laisser terminer leurs points de suture ? S’il te plait ? "

Le lockdown écouta attentivement le début de réflexion de sa cadette, puis bondit sur ses pieds, un peu avant Annabelle. Il avait vraisemblablement vu le mouvement du pauvre docteur volant avant elle et s'était donc précipité pour aider Hauras.

De son côté, le médecin s'était fait projeté dans les airs. Son dos avait heurté le plafond, assez durement, et il était retombé au sol. Difficilement, il s'était remis debout, un peu secoué et avec une petite toux. Il ne dit rien à Annabelle, mais maugréa tout bas pour lui-même. Visiblement, il ne s'était pas attendu à une réaction aussi vive.

Les trois hommes s'éloignèrent un peu, le temps que la Gardienne fasse son travail. Le mercenaire était resté un peu figé, mais s'était éloigné lui aussi. Dans tous les cas, Annabelle eut la voie libre pour calmer le Mutalythe agité.

Le médecin hors de sa ligne de vue, il se calma un peu. Par contre, d'autres arrivèrent, et il se sentit se tendre un peu. Son corps ne pouvait pas en faire plus. Rapidement, par contre, il entendit la douce voix féminine d'Annabelle, et le feu dans ses veines s'en fut, comme éteint par le baume de sa présence.

Son regard à la fois doré et vert, lumineux dans tous les cas, se fixa sur la Gardienne, alors que sa peau reprenait une teinte totalement rouge. Il eut un soupir sonore, sifflant, puis papillota des yeux quelques instants. Il était crispé et tremblant, oui. Comme il avait eu peur, encore... peur qu'on leur aie joué un tour, qu'on les aie mené dans un traquenard... Mais tout allait bien. Ils étaient avec des amis. On l'avait presque refermé? Tant mieux... ça expliquait la pression, non? Le manque d'air? La douleur?

- ...je... suis désolé... j'ai eu... peur....

Ses paroles n'avaient été d'un murmure, mais assez fortes pour qu'Annabelle les entende. Il jeta un oeil atour, aux autres, et afficha une mine surprise à la vue du Lockdown. Son expression surprise, là maintenant, rappelait un peu celle d'un enfant qui voit quelque chose d'aberrant alors qu'il sort d'un gros épuisement.

La jeune femme serra un peu l’avant-bras du mercenaire et lui sourit.

"Ça va… crois-moi je t’aurais épargné ça mais ce n’est pas comme si on avait le choix. "

Elle poussa un petit soupir et suivit le regard du mercenaire.

"C’est un lockdown. Il est là avec monsieur Svern et moi pour assurer ta sécurité. Avec le docteur Hauras, nous sommes les seuls à connaître ta présence ici. "

Annabelle se tourna vers le docteur Hauras.

"Vous allez bien ? Est-ce que vous allez encore être obligé de l’anesthésier ? Si c’est le cas se serait peut-être une bonne idée que je reste à proximité non ?"

Les choses se calmèrent, et la tension retomba dans la pièce. Après avoir tapoté l'épaule d'Hauras, le Lockdown s'en fut à son poste, rapidement. Il devait tout de même surveiller les alentours et empêcher de potentiels attaquants d'entrer. Svern resta avec le médecin, devant encore l'assister un peu. Hauras, lui, grogna en faisant pivoter son buste un peu, mais ne sembla pas blessé non plus.

- ...ça va aller... maintenant que vous vous savez en sécurité, des accidents du genre risquent-ils de se reproduire? Si la réponse est oui, je vais vous endormir pour votre propre bien. Si la réponse est non, je vais simplement continuer de vous soigner.

Le médecin se remit en place près du mercenaire, mais du côté de son bras blessé. Il se réarma d'ailleurs du matériel de suture et fit signe à Svern de revenir se positionner, ce que le mercenaire fit sans broncher, et sans un son.

Le Mutalythe acquiesça tranquillement aux explications d'Annabelle et soupira longuement. La chose lui sembla désagréable, mais fit partir toute la tension dans son corps. Il se retrouva la tête molle, dodelinante, et le regard vague. On voyait qu'il était encore conscient, par contre, mais l'adrénaline venait de retomber.

Son regard se tourna vers le docteur, et il lui offrit un regard désolé. Il secoua négativement, et doucement, la tête pour indiquer que, non, des accidents du genre ne se reproduirait pas. Par contre, il prit doucement la main de la Gardienne et la tint assez solidement. Le regard désespéré qu'il lui lança à se moment transmit sa demande silencieuse de "reste près de moi" sans trop de difficulté. Il n'avait pas suivi le docteur du regard, cette fois, comme s'il lui avait donné la permission de continuer son travail.

La jeune femme serra doucement la main du mutalhyte en réponse et replaça son regard dans le sien.

"Ils ont presque terminé… je reste près de toi. "

Annabelle se plaça de manière à ne pas gêner le travail du mercenaire et du docteur Hauras, près de l’épaule de Zolvar. Elle regarda le lockdown quitter la zone d’opération, rassurée de savoir qu’il assurerait leurs arrières pendant qu’elle restait là.

La gardienne resta silencieuse, son regard se promenant entre l’entrée d’aération, les rideaux, le docteur Hauras et Zolvar. Son autre main s’était machinalement posée sur l’épaule du mercenaire.

Le bon docteur se remit donc au travail et termina de refermer son patient, avec l'aide de Svern. Ils opéraient en silence, rapidement et avec un précision toute professionnelle. Le buste de Zolvar fut donc refermé, correctement cette fois, désinfecté de nouveau, crème puis bandé, le tout en quelques instants. Les soignants se tournèrent ensuite vers son bras, et Hauraus eut un petit soupir. Sa rencontre avec le plafond l'avait secoué un peu plus qu'il voulait probablement le dire, et c'était visible dans son regard alors qu'il examinait le bras d'un air sévère.

- Monsieur Zayne, je vais geler votre bras. Vous ne sentirez plus rien, et c'est normal. Je vous demanderais de bouger le moins possible. Surtout, de ne pas essayer de bouger votre bras. Merci beaucoup.

Hauras retira ses gants, les jeta dans une poubelle à cet effet, puis installa un genre d'écran de tissu, pour que l'Inhumain ne voit pas ses actes. Surtout, pour qu'il ne voit pas son bras et ainsi éviter un état de panique. Il alla s'armer d'une solution, ensuite, qu'il mit dans une seringue, fit signe à Svern de venir près de lui, puis piqua à quelques endroits. du moment qu'il eut la confirmation que Zolvar ne sentait plus rien, il s'arma d'un scalpel et se mit au travail, silencieux.

Le reste de la pièce était silencieux. Le Lockdown ne faisait pas un son, de son côté, attentif. On n'entendait personne dans le couloir, comme quoi on l'avait réellement bloqué pour le temps du séjour de leur patient fantôme.

Son attention resta sur la Gardienne avec lui. Il détaillait ses traits, se perdait dans ses yeux pâles et fermait les siens de temps à autres. Oui, on l'avait gelé, mais la sensation restait désagréable par moments, surtout quand il sentait sa peau tirer, plus loin sur son corps.

Alors que le médecin lui donnait ses instructions, il acquiesça tranquillement. Comme il ne se sentait pas capable de parler... par contre, il comprenait. Il savait que les os s'étaient fait casser de manière violente, et probablement qu'ils n'étaient pas tous dans des positions idéales. Son attention revint rapidement sur Annabelle, et il attendit sagement.Il se savait blessé, mais il ne voulait pas nécessairement voir quelqu'un lui jouer dans le corps, encore.

Tout le long, il resta silencieux, mais attentif. Annabelle surveillait la pièce, comme si elle s'attendait à une embuscade. Peut-être avait-elle raison de le faire. Dans tous les cas, lui ne pourrait pas agir, alors il se contentait de rester immobile le temps que l'intervention soit terminée.

La gardienne avait simplement hoché la tête aux directives de Hauras. Bien qu’il ne s’adressait pas directement à elle il fallait qu’elle tienne le mercenaire immobile ou à tout le moins tranquille, non ? Elle se préparait donc à venir aider si jamais on avait besoins d’elle.

Annabelle continua de regarder les diverses entrées de la salle jusqu’à ce que son regard dérive sur Zolvar. Elle eut un petit sourire en se rendant compte que ce dernier l’observait déjà. Elle resta là un moment sans rien dire, à lui rendre son regard sans cesser de sourire. Elle détaillait elle aussi plus attentivement le visage du mutalhyte, chose qu’elle n’avait jamais encore pris le temps de faire, leurs précédentes rencontres étant un brin trop mouvementées pour qu’elle en ait le temps. Elle se demanda un bref instant quel était le besoins d’un masque au sein de l’état et pourquoi Zolvar en portait un. Il allait falloir lui demander quand il serait en état de répondre.

Entre Zayne qui n’était définitivement pas en état de parler et le docteur et le mercenaire très occupés de leur côté la jeune femme gardait elle aussi le silence en attendant que l’opération sois terminée. Suite à une grimace d’inconfort du mercenaire elle se mit à serrer doucement son épaule. « Ça va bien »… « tout va bientôt etre finis »… « tu vas être comme neuf »… toute ces phrases étaient dénuées de sens en ce moment et avaient déjà étés dites.

Tout ce qu’il restait à faire en ce moment était d’attendre que le docteur ait terminé son travail.

Justement, le travail du médecin, comparé à sa première intervention, fut assez court. Avec son patient gelé totalement dans sa zone de travail, chose qu'il n'avait pu faire dans la cage thoracique et le reste de cette zone à cause des organes vitaux, il pouvait travailler plus rapidement. Faire moins attention? Probablement pas. Hauras avait une réputation de bien faire son travail. D'opérer sous pression et d'en sortir avec les honneurs.

Suite à une heure et demi de travail, Hauras mit les dernières sutures et appliqua un peu de crème sur le bras, avant d'aller chercher des bandelettes de plâtre. Il prit une autre vingtaine de minutes pour lui plâtrer le bras, puis retira finalement son matériel. D'ailleurs, il enleva ses gants, libéra le mercenaire de l'écran pour empêcher de voir, et permit à Svern de retourner s'asseoir. S'armant d'une seringue, il vint se poster près de Zolvar, le regardant tout en enlevant le capuchon de sur l'aiguille.

- Vos soins sont terminés. Pour l'instant, du moins. Vous êtes sauf, monsieur Zayne. Je préconise repos, beaucoup d'eau également. Dans les faits, au lit pendant une semaine, en arrêt de travail pendant minimum un mois. Je vais personnellement passer où vous me l'indiquerez pour vous examiner, comme le complexe n'est pas un bon endroit pour vous. Sinon... ne vous servez pas de votre bras plâtré, je vous prie. Le plâtre ne doit pas être en contact avec l'eau. Si vous remarquez que votre cage thoracique enfle, envoyez quelqu'un vous chercher une bonne quantité de neige dehors et faites-vous en une compresse. S'il y a quelconque signe d'infection, que ce soit des douleurs, des démangeaisons, une rougeur, qu'importe ce que vous pouvez trouver d'anormal, vous devrez me le dire. Dans tous les cas...

Son aiguille maintenant libre, il souleva son propre chandail et se la planta dans le bas du dos, pour soupirer un peu et la retirer.

- Comme je disais, dans tous les cas, je devrais théoriquement vous garder ici pour la nuit. Si vous ne voulez mordicus pas rester ici, et bien, je suis désolé de vous dire que je vais suivre. Même si vous me sortez l'excuse du "j'habite dans une boite à peine assez grande pour moi seul". Bref... c'est votre choix, mais si vous partez, je vous suis. Des questions?

Le regard de faucon passa sur le Mutalythe, puis sur Annabelle, lui demandant son avis à elle aussi. Il tira ensuite le rideau, puis jeta un œil au Lockdown, pour ramener son attention sur eux, tranquillement.

Tout le long, il était resté calme et immobile. Son regard doré restait dans celui de la Gardienne. Ça semblait le rassurer dans le moment, et c'était suffisant.

De par son observation, Annabelle put remarquer que les traits du mercenaire, malgré qu'ils soient creusés par la malnutrition et l'épuisement, sont doux. Même, ses cheveux sales sont encore et toujours en batailles, mais ça semble habituel. On lit une certaine expérience dans son regard, comme quoi ce n'est pas un jeunot, mais il n'est pas excessivement vieux non plus. En temps normal, il doit d'ailleurs être en parfaite forme physique, quoiqu'avec les derniers événements, c'est normal qu'il soit amaigri. En somme, c'est un beau spécimen de sa race, qui pourrait probablement faire très mal s'il le voulait, mais là est le hic: s'il le voulait.

LE regard doré de l'Inhumain resta donc dans celui de la Gardienne, tout le long. Il était heureux de voir qu'elle s'en était bien tiré. Lui et son sens de la protection... il ne se serait pas pardonné si la jeune femme avait été sévèrement blessé par sa faute. Pire, si elle avait été tuée. Il eut un soupir, puis une grimace sous une manipulation désagréable, qu'Annabelle calma immédiatement.

L'application de la première bande de plâtre le fit sursauter un peu, par contre. Il commençait à regagner les sensations dans son bras, et le froid l'avait surpris. Il regarda Hauras faire quelques instants, puis ramena son attention sur la Gardienne, qui le détaillait. La chose ne le dérangeait pas réellement. Nombre de fois, on l'avait examiné du regard, à cause de sa stature imposante... et il ne s'en était jamais offusqué. Dans tous les cas, il la regarda qui le détaillait, puis fixa finalement quand Hauras se mit à parler. Ses sourcils se froncèrent un peu devant autant de directive, mais il ne se plaignit pas.

- ...pas de question... mais... je ne sais pas où aller...

Les paroles avaient été oh combien difficiles à dire... sa gorge lui brûlait à cause de ce simple effort. C'était là la preuve qu'il avait dépassé ses limites et qu'il n'était plus capable d'en donner. Il eut un soupir, puis une grimace, pour baisser la tête. Il ne voulait pas mettre sa famille en danger... s'il revenait chez lui, allait-il attirer ces fous furieux? Mettrait-il son père et sa même en danger? C'était quelque chose qu'il voulait éviter, à tout prix... où pourrait-il aller, alors?

Annabelle retira un bref instant son regard émeraude du mercenaire pour regarder Hauras. Elle secoua doucement la tête pour signifier sa compréhension totale des consignes. Les paroles de Zolvar la surprirent un peu mais les pièces de puzzle se mirent rapidement en place. Sa famille. La gardienne se gratta la tête un instant, pensive.

"J’habite à la caserne des défenseurs… l’endroit n’est ni discret ni approprié pour le repos. Par contre… "

Elle sembla chercher un instant dans sa mémoire et un petit sourire éclaira son visage.

"Mon frère m’a mentionné qu’il passerait quelques temps hors de chez lui, la dernière fois que nous nous sommes croisés… il n’habite pas très loin du complexe alors il serait facile de se rendre jusque-là sans trop attirer l’attention. Plus en cas d’urgence se sera plus facile d’avoir accès aux installations du complexe. "

Elle sembla penser à quelques détails, puis continua, plus pour Zolvar que pour les autres.

"Vous vous connaissez alors si je lui explique il n’y aura pas de problème. Je me doute que tu ne veux pas rester au complexe… connaissant Leo il n’a parlé de toi à personne, l’Hécatombe ne penseras pas à te chercher là. Ce serait un lieu neutre où tu pourrais rester au moins le temps de pouvoir te tenir debout. "

Elle sera un peu plus l’épaule du mutalhyte et regarda les autres personnes présentes afin de vérifier s’il s’agissait d’une bonne idée. Son regard s’arrêta sur Hauras.

"Si je me souviens bien il s’agit « d’une boite à peine assez grande pour lui », mais il devrait y avoir assez de place pour un matelas supplémentaire. "

Hauras eut l'air soulagé en entendant qu'il n'y avait pas de question, en plus de voir qu'on ne s'obstinait pas avec lui. Il eut même un léger sourire, presqu'inexistant, qui ajouta un peu d'émotivité sur son visage neutre. S'il était habituellement occupé avec des Défenseurs, il devait avoir l'habitude de patients avec un bon égo, qui s'amusaient à lui tenir tête. Avoir un peu de coopération le mettait de meilleure humeur.

- Dans le pire des cas, si votre frère finit par vouloir récupérer son logis, je suis certain que les Inhumains ne verraient aucune objection à prêter une chambre à l'un des leurs. Heureusement pour moi, était Altéré... ça simplifie les choses. Bref, le choix est vôtre, monsieur Zayne. Et puis, qu'importe la décision finale... je doute qu'Almoran vous laisse sans surveillance.

Le Lockdown se redressa un peu à la mention de son nom. Le mercenaire près de lui ne fit pas un son, de son côté, mais de par ses épaules qui tressautaient un peu, on put deviner un rire silencieux.

- Effectivement, je ne compte pas le laisser sans surveillance. Je vais m'assurer que personne n'attente à sa sécurité pendant quelques temps. Ça ne posera pas problèmes, par contre. Je sais me faire subtil.

Ne manquait plus que la décision de Zolvar, maintenant, pour connaître la prochaine étape à suivre.

Le Mutalythe écouta en silence les deux autres. Un certain malaise prit naissance en lui, plus la conversation avançait. Habiter chez Léo? Il aurait définitivement préféré avoir son avais avant toute chose... mais avait-il réellement le choix? Il ne serait pas capable d'aller chez les Inhumains ce soir, même si Greed se serait fait un plaisir de monter la garde à sa porte. Tu dois passer par-dessus quelque chose, Zolvar... ton corps défaillant ou ton malaise?

- ...chez Léo... mais... je vais lui devoir quelque chose...

Il eut un soupir puis observa les autres. Almoran... Il n'avait jamais entendu ce nom. Il le garderait dans un coin de sa mémoire. Dans tous les cas, il aurait aimé se faire inviter chez l'ingénieur autrement... comme pour simplement converser avec une bonne bière, peut-être.