Au secours, mon ange Gardienne! (Pv Annabelle, DM)

Son arme perdue, le cyborg jura dans un grognement. Son premier réflexe fut, bien entendu, de vouloir la récupérer, mais Annabelle se positionnant devant lui, il ne le fit finalement pas. Son regard synthétique tentait de se fixer sur un objectif. Maintenant à deux contre un, avec son arme contre lui, il semblait plus hésitant. Le tir se fit alors entendre, siffla tout près d'Annabelle et toucha au niveau de l'abdomen du cyborg. Malgré le métal, le projectile s'enfonça, arrachant un grognement de douleur à leur ennemi, puis un filet rouge s'extirpa du point d'entrée.

Le tourbillon de neige augmenta alors subitement, de manière violente, puis happa le cyborg... qui se fit carrément, et sans cérémonie, plaquer dans le mur de la bâtisse salvatrice. En pleine figure, là, dans la pierre, et avec une vélocité surprenante. Le cjoc sembla sonner l'Assistant, qui se retrouva sur le dos en grognant. L'un de ses yeux produisait de petites flammèches.

La gardienne s’apprêtait à prendre un élan et balancer sa barre de fer sur la tempe du cyborg pour terminer définitivement le combat quand il s’envola de lui-même contre le mur et retomba mollement, K-O. Elle resta un moment figé, sans comprendre ce qui venait de se passer. C’est alors qu’elle remarqua les volutes de neiges qui finissaient de retomber. Une impression de déjà vu la saisit, mais elle devait faire vite. Elle courut vers le cyborg et une fois à distance déchaîna une pluie de coup de barre de fer sur les jambes cybernétiques. Elle n’avait rien pour l’attacher solidement et ne pouvait se résoudre à le tuer, mais il fallait s’assurer qu’il ne les suivrait pas. Elle laissa toute sa rage sortir, la peur et la frustration… et continua de frapper jusqu’à ce qu’elle se soit calmée.

Une fois les membres mécaniques en charpie la gardienne se releva, haletante et courut vers le mercenaire.

"Zayne ! Tu vas bien ?!"

Elle s’était presque jetée près lui. Tout ce qu’elle avait eu le temps de voir durant le combat était le sang qui continuait de tacher la neige. Elle était horriblement inquiète, ne semblant aucunement prêter attention à sa propre blessure qui saignait abondamment.

Son tir avait touché, malgré qu'il soit passé tout près de la Gardienne. Il s'en retrouva soulagé, mais lâcha rapidement l'arme. Il n'était plus capable de la tenir. C'est dans une demi-conscience qu'il vit Annabelle aller déchaîner ses coups, sans vraiment comprendre qu'elle le faisait. Il la voyait simplement faire, sans enregistrer les faits.

Il ne se rendit pas non plus compte de sa présence jusqu'à ce qu'elle se précipite sur lui. Là, il tenta de se remettre droit, ce qui fut difficile, enleva un gant et le déposa sur la blessure de la gardienne pour stopper son saignement. Comme il voulait lui dire que ça irait, qu'il se lèverait et qu'ils se remettraient en chemin... mais il était simplement incapable de parler. Alors qu'il essaya de se mettre debout, son corps ne fit qie se pencher vers l'avant, misérablement, et il se retrouva appuyé contre la Défenseure. ...douce chaleur... en plus, elle sentait bon...

Le cyborg, encore sonné et au sol, ne retrouva pas ses sens assez rapidement pour se soustraire à l'avalanche de coup de la Gardienne. Ses jambes se retrouvèrent inutilisables, en petites miettes et laissant filtrer d'autre rouge. La chose arracha également quelques grognements de douleur à leur attaquant, qui tenta simplement de se mettre sur le ventre. Il ne semblait plus être une menace pour l'instant.

Un bruit se fit alors entendre, comme le son de quelque chose de lourd qui atterrit dans la neige. La silhouette, totalement habillée contre le froid, n'était pas reconnaissable de loin. Le katana, par contre, et les yeux bleus brillants l'étaient entre mille. Le Netralite se pencha sur son semblable, déposa une main sur sa tête, et un puissant arc électrique s'en échappa. Dans un bruit horrible et quelques convulsions, l'assistant s'immobilisa pour de bon. Probablement qu'il n'était pas mort, mais il n'irait définitivement nulle part. L'attention du cher de culte se tourna ensuite sur le duo, et il décrocha un sac de sur son dos, qu'il montra à Annabelle.

- Il y a de quoi vous soigner. Emmenez-le à l'intérieur. Je ne peux pas m'en approcher.

Le Netralite n'ajouta rien et se dirigea vers la bâtisse, de laquelle il défonça la porte de quelques coups d'épaules.

Annabelle avait gémi légèrement quand le mercenaire avait posé une main sur sa coupure, réalisant alors à quel point elle était profonde. Elle allait devoir faire une compresse et aurait probablement besoins de points de suture… Mais elle n’eut pas le temps d’y penser davantage : l’état du mercenaire était critique et c’était de lui dont elle devait s’occuper. Ses compétences en premiers soins étaient tellement limitées… au moins elle pourrait peut-être changer les pansements, resserrer le tout pour stopper le saignement ? mais avec quoi ? Comment ?

Le mutalhyte s’écroula vers l’avant et elle le rattrapa solidement. Juste au moment où une bonne dose de désespoir s’emparait de la gardienne le netralite fit son entrée. Était-elle surprise ? Non, pas spécialement. Soulagée ? Définitivement. Elle venait tout juste de tourner un regard suppliant vers ce dernier quand il lui présenta le sac et un plan d’action. Elle hocha doucement la tête et doucement, autant pour sa propre blessure que toutes celles de Zayne, entreprit de soulever le colosse de terre. Il était lourd, mais la gardienne avait déjà soulevé pire. Elle calla son épaule contre le torse du mercenaire et s’aidant de son propre poids le hissa, encore une fois aussi doucement qu’elle le put. Son bras hurlait de douleur mais elle ne fit que serrer les dents.

Elle se dirigea donc vers l’intérieur du bâtiment, laissant le temps au Netralite d’entrer pour être sûr qu’ils ne s’approchent pas trop. Une fois à l’intérieur elle essaya de trouver une surface plate pour déposer le mercenaire. Il fallait faire vite… ce simple contact avait couvert la gardienne de sang… Elle prit donc le sac et entreprit de sortir ce qu’il fallait pour soigner son ami. Si seulement elle avait une idée de ce qu’elle faisait… Elle commença à enlever les vêtements du mercenaire.

"Si vous pouviez m’assister ou au moins me guider je crois que ce serait une bonne idée… je sais changer un pansement et cautériser mais là ça dépasse mes compétences. "

Une partie d’elle voulait simplement tout arrêter pour demande au Netralite « Il va s’en sortir ? ». Mais elle connaissait la réponse à cette question. Elle se reposerait une fois le mercenaire hors de danger.

Elle était là, et elle venait de se rendre compte de sa blessure. Au moins, c'était un début. Les choses qui suivirent le laissèrent un peu confus. Visiblement, il perdait des morceaux. Son esprit était bercé entre absences et souffrance. Il sut que quelque chose se produisait, juste parce qu'on l'hissait pour le déplacer. Dans une maigre considération, aussi présente que sa lucidité, il tenta d'aider la Gardienne comme il le pouvait. La surface plate se retrouva à être le sol et il resta sagement. On le voyait qui partait dans l'inconscience, quelques intants, puis qui revenait, brusquement. Qui cherchait à savoir ce qui se passait, se calmait et retournait dans le vide, puis revenait de nouveau. C'était un spectacle particulier à voir. Malgré tout, il déposa doucement sa grosse main de son bras valide sur ce qu'il pouvait toucher d'Annabelle: il voulait faire voir à la Gardienne qu'il était encore là, au moins un petit peu.

Annabelle ne put trouver que le plancher froid pour accueillir le blessé. Les tables étaient toutes encombrées et sales, alors y mettre quelqu'un avec des plaies ouvertes était une très mauvaise idée. Du moment qu'elle entra, le Netralite les contourna et ferma la porte comme il le pouvait, puis se positionna pour observer. Les vêtements du mercenaire en moins, le duo put découvrir la longue marque de scie chirurgicale le long de son buste, le bras presque broyé et toutes les autres coupures. Là où Zolvar avait été assez musclé, on voyait maintenant ses côtes, un peu plus. Il avait passé deux longues semaines sans se nourrir décemment, et c'était visible. Dans le sac se trouvaient bandages, gazes, onguents désinfectants, ciseaux, fil chirurgicale avec son aiguille, un brûleur, une couverture, beaucoup de tissu pour éponger le sang et quelques pochettes, contenant liquides et autres petits ingrédients, probablement pour faire un soluté. Il n'y avait pas d'anti-douleur, par contre, mais des gants.

Sous sa demande, le cyborg sembla incertain. Il examina le mercenaire, soupira, puis vint s'installer tout près, malgré la migraine que ça causerait au Mutalythe. De toute manière, dans son état, ça ne changerait pas grand chose.

- Je m'y connais assez bien, en matière de soin. Si vous pouviez m'aider un peu, par contre... La plaie à traiter immédiatement est celle sur le buste.

Le cyborg enfila les gants, coupa les bandages imbibés de sang, puis se mit à la tâche de tout éponger au mieux. Il coupa les points du haut, qui commençaient à lâcher, désinfecta, puis les refit. Il avait une main très précise, stable aussi, mais surtout, il semblait avoir un sang froid hors du commun. Son regard bleu brillant semblait sérieux, en ce moment, sévère même.

Les sourcils d’Annabelle s’étaient froncés un peu plus à chaque morceau de vêtement retiré. Une fois l’ensemble des blessures de Zayne révélée une rage sourde serrait la mâchoire de la jeune femme. Comment pouvait-on permettre qu’un habitant de Sicherheit soit traité de cette façon ? Elle espérait que Zolvar soit en mesure de se souvenir d’un maximum de détails, parce que quiconque mettait autant d’effort à récupérer un prisonnier cachait quelque chose qu’il valait la peine d’exposer au grand jour.

La gardienne avait cédé sa place avec grand plaisir au cyborg. Elle se montra une assistante proactive et précise : Elle n’avait pas peur du sang et se montrait elle aussi dotée d’un sang-froid à toute épreuve. C’étaient les connaissances qui lui manquaient et la présence de quelqu’un sachant exactement quoi faire la sécurisait beaucoup. Elle épongea donc le sang, passa le fil, stérilisa et changea les bandages au rythme imposé par le Netralite jusqu’à ce que l’état du mercenaire soit stabilité.

Elle profita d’une pause pour sortir à l’extérieur ramasser le fusil du cyborg et le rapporter à l’intérieur. Zayne avait dit qu’ils étaient plusieurs non ? S’il valait la peine de faire appel à un tel tueur à gage pour le récupérer elle doutait qu’ils s’arrêtent là. Mieux valait être préparés. Elle resta silencieuse jusqu’à la fin des opérations. Ce n’est que là qu’elle se permit de demander, timidement.

"Il est hors de danger ?"

Il y avait de la tension dans sa voix.

"Je suis heureuse de vous revoir en un morceau mais je n’espérais pas un timing aussi impeccable. Vous savez qu’il est porté disparu depuis au moins deux semaines ?"

Elle avait essayé de retirer toute trace de reproche de sa voix mais n’y était pas tout à fait parvenue. C’était exactement pour ça qu’elle l’avait laissé partir non ? pour garder un œil sur Zayne ?

Le mercenaire s'était laissé dévêtir, assez indifférent à ce genre de traitement dans son état actuel. Sous les bandages et les vêtements, sa peau changeait lentement entre le rouge et le bleu, dans des taches étranges, anormales. Peut-être était-ce le manque de sang, ou peut-être était-ce autre chose.

Toujours est-il qu'il se laissa faire. De toute manière, ses moments de conscience étaient habités par la migraine sourde que la présence du Netralite causait chez lui. Il en avait néanmoins quelques-uns, pendant lesquels il tâtait autour, pour trouver la présence de la Gardienne. Les coutures et autres manipulations ne semblaient pas lui faire grand chose. Qu'on lui en soit témoin, il avait eu nettement pire.

Après toute leur intervention, il resta les yeux fermés, les doigts frôlant la jambe d'Annabelle. Il savait qu'elle était. Il était dans un demi-sommeil, mais au moins savait-il que sa salvation était toute réelle. Et puis, entre deux vides, il était capable de les entendre parler.

Le duo improbable travailla de concert pour aider le Mutalythe devant lui. Ils y passèrent au moins une heure, malgré la rapidité du cyborg. Le Netralite était du genre silencieux, habitué de se concentrer et de faire son travail. Il avait beaucoup apprécier l'aide d'Annabelle et le laissait voir. Par contre, il ne parlait pas.

La finalisation des soins se fit avec une poche de soluté improvisée, de là les produits restant dans le sac, que le Netralite accrocha sur lui pour le garder en hauteur. Il de mit ensuite à lentement caresser les cheveux du mercenaire, les replaçant dans la coiffure qu'ils avaiet toujours habituellement. À la question d'Annabelle, le Netralite acquiesça lentement... puis soupira longuement.

- ...l'État est grand. Malheureusement, on lui a mis la main dessus sans que j'en sois conscient. Si je l'avais su...

Le cyborg eut un autre soupir et jeta un oeil au fusil, tout près d'eux. Il l'étudia quelques instants, puis ramena son attention sur Zolvar.

- J'ai senti quelques choses, il y a quelques heures. Quelque chose de désespéré. Je me suis dirigé vers cette chose. Et je vous ai trouvé. J'ai beau être un chef spirituel aux allures de mystique, mais mes capacités sont limitées. Au moins, maintenant, le voilà hors de danger. Il a besoin de repos. Si quelqu'un d'autre vient, je serai votre bouclier. Mais avant... vous avez également besoin de soins.

Son regard s'était tourné vers Annabelle, de son bleu hypnotisant. Il ne semblait pas spécialement fier de lui, mais au moins soulagé un peu.

Annabelle soupira et se passa une main sur le visage. Il avait raison : elle ne savait pas à quoi elle s’était attendu mais elle en avait clairement exigé trop d’un homme poursuivit de tous les côtés. Il était là et il venait probablement de leur sauver la peau à tous les deux, c’était le principal.

Elle avait posé sa main sur celle du mercenaire afin de répondre à son contact. Il n’était peut-être pas conscient mais au moins il était toujours là et c’était une des choses qui lui avait permis de rester concentrée durant toute la durée de l’opération. Quand elle vit toutefois qu’elle était en train de répandre de son sang sur la peau changeante de Zayne elle secoua la tête et retira sa main pour pouvoir présenter son bras au Netralite. Son autre main trouva toutefois celle du mercenaire et la serra doucement.

"Ce n’est pas grand-chose ça ne devrait pas prendre très longtemps… "

Elle se prépara mentalement. Elle avait cette capacité d’endurer les petites douleurs sur une très longue période de temps avec une bonne préparation psychologique.

"Dites-moi, vous avez un nom ? Ça devient un peu trop intime comme contexte pour continuer par votre titre non ?"

Elle sembla soudainement se souvenir d’un détail.

"Je… qu’est-ce que vous avez fait au cyborg dehors au juste ? Je veux dire, il est juste hors d’état ou vous l’avez… "

Le mot se perdit dans la foule de possibilité. Leurs poursuivants seraient-il capable de les retrouver à cause du tas de ferraille dehors ?

Le mercenaire restait tranquille. Il perdit la main de la Gardienne, qui revint bien vite. Ses doigts serrèrent la main, mollement. Il était encore là... et il n'était pas mort. La réalité le frappa, la réalisation surtout. Il était vivant. Lui qui s'était pensé mort pour de bon... Il respirait. Il entrouvrit les yeux, qui se retrouvèrent tout de même brouillés: de grosses larmes en coulaient et l'empêchait de voir clair. Il pourrait revoir ses parents... et finalement aller prendre ce foutu café avec Annabelle.

Le Netralite observa Annabelle quelques instants, puis se mit au travail tranquillement, tout en l'écoutant. Il y avait quelque chose de paternel dans ses mouvements, qui restaient doux à tous moments. Il essuya donc le sang, nettoya la plaie et se mit à la tâche de la recoudre.

- Ce ne sera pas long, effectivement.

Quand elle posa sa deuxième question, il eut un rire doux, sans pour autant arrêter ses soins.

- ...mon nom est perdu. Netralite n'est pas un titre, mais plutôt le nom que les gens qui croient en moi m'ont donné. Si ce n'est toujours pas suffisant... et bien appelez-moi Eridani. Je n'en dirai pas plus, par contre.

Aux autres questions d'Annabelle, les mouvements du cyborg s'arrêtèrent. Il soupira, termina rapidement la suture, puis rangea le tout.

- J'ai grillé ses systèmes motrices, mais il est conscient. Dans les faits... je vais le mettre à l'intérieur. Pardonnez-moi, je n'ai pas l'habitude de la violence. J'oublis quelques détails. Je reviens.

Il se leva et sortit silencieusement, déposant une main sur la garde de son katana. Le duo se retrouva donc dans le silence.

Annabelle hocha lentement la tête et regarda Eridani sortir avec un frisson, autant causé par le courant d’air froid que par la perspective de se retrouver seule. Elle tendit sa main libre et ramena près d’elle le fusil qu’ils avaient récupéré, puis tourna son regard vers le mercenaire pour avoir l’agréable surprise de voir ses yeux ouverts. Elle eut un hoquet de soulagement suivi d’un long soupir.

"T’en auras mis du temps… j’ai eu peur de devoir te porter jusque chez toi. "

Elle passa une doucement une main sur le torse amaigri du mercenaire.

"Tu sais quand j’ai dit que tu étais lourd je ne pensais pas que tu le prendrais aussi littéralement… j’apprécie les efforts mais vraiment, vous n’auriez pas dû."

Elle sourit bêtement. Elle se doutait qu’il était incapable de parler mais au moins elle libérait un peu de la tension que son esprit avait accumulé.

"Permettez que je vous tutoie ? Je crois qu’on est rendu là maintenant… Avec ce que je viens de voir de toute façon il y a plus grand secret. "

Elle appréciait toujours qu’un homme s’ouvre à elle mais c’était bien la première fois que quelqu’un y allait à ce point. Elle prit quelques bonnes respirations pour permettre à sa gorge de se desserrer.

"Du moment que tu seras sur pied on pourra bouger. En attendant on a maintenant un ange gardien qui veille sur nous. Ça devrait faciliter la suite des choses… "

Son sourire s’évanouit lentement alors qu’elle passait une main sur tous les bandages qui l’enserraient.

"Qu’est-ce qui t’es arrivé… "

Les yeux dorés, et maintenant un peu verts, du mercenaire se fixèrent dans ceux d'Annabelle. Il l'entendait et suivait assez ses paroles, oui. Il eut un maigre sourire devant son humour. Entendre des conneries, là maintenant, lui faisait un bien fou. Ramenait de la douceur sur son visage si crispé. Là où les mais d'Annabelle le touchèrent, sa peau prit une couleur verte, montrant de par ce fait même qu'il était bien en ce moment. Il avait besoin de ce petit réconfort et le trouvait en l'être d'Annabelle.

Aux paroles de la Gardienne, il acquiesça lentement. Oui, elle pouvait le vouvoyer, et oui, ils bougeraient du moment qu'il en serait capable. Mais maitenant, dans le moment, il savait qu'il s'écroulerait s'il essayait. Qu'il ne pourrait pas bouger.

Son regard suivit la main de la Gardienne, qui étudiait ses bandages et blessures. Lui leva mollement la sienne, pour aller la caler contre la joue de la jeune femme, et murmurer un "chuuuuut", dans une tentative de réconfort. Sa main était tremblante, mais au moins, il pouvait faire ce minimum.

La jeune femme ferma les yeux sous le contact du mutalhyte et eut un sourire triste.

"Tu es à peine conscient, tu viens de passer à deux doigts de te vider de ton sang… et c’est toi qui essaie de me réconforter ?"

Elle rit un peu, se rappelant de l’impression qu’elle avait eue dans la caserne après sa première rencontre avec le Netralite. Cette impression de douceur et de force en même temps.

"Tu es vraiment quelqu’un de bien. Ce serait dommage de te perdre comme ça alors fais-moi plaisir et accroche-toi tu veux bien ?"

Elle ôta délicatement la main de Zayne et la reposa sur son torse.

"Repose-toi. Je reste juste à côté."

La gardienne s’assit plus confortablement et entreprit de faire un petit inventaire de ce dont ils disposaient : balles, matériel de soins… Ils allaient probablement devoir trouver des vêtements pour le mutalhyte, avec un peu de chance ils trouveraient une salopette ou une combinaison de travail dans le bâtiment. Elle en profita en même temps pour examiner plus attentivement l’arme, histoire d’être en mesure de s’en servir et de bien s’en servir s’ils en venaient là.

Le mercenaire se contenta de garder son maigre sourire. Il était ce genre là. Toujours mettre le bien être des autres devant le sien. S'il pouvait faire don de soi pour la bonne cause, il le ferait. C'était tout lui, ça. Le preux chevalier en armure.

Il acquiesça de nouveau à la demande d'Annabelle, laissa sa main contre son torse, comme la Gardienne l'avait placé, puis ferma les yeux. Il allait s'endormir là, c'était comme de rien... et puis, il commençait à avoir soif. Un peu d'eau lui ferait un bien fou... Depuis le temps qu'il n'avait rien bu... De nouveau chez lui, il pourrait boire autant qu'il le voudrait... Il passerait des heures à se faire de petites infusions et des potages, juste pour le plaisir de les apprécier...

Les seules choses qui manquaient à l'inventaire pour qu'il soit complet étaient de l'eau et de la nourriture. Ils avaient une couverture... mais pas le reste. À première vue, sans fouiller, on ne voyait pas vraiment de vêtements quelconque dans le bâtiment. L'arme, elle, était un fusil d'éclaireur modifié, avec silencieux intégré. Le chargeur était légèrement plus petit que la moyenne, mais l'arme semblait pouvoir tirer nettement plus rapidement. Elle était légère, maniable, semblait avoir très peu de recul, en plus d'être solide. Ce n'était pas la façon de faire de l'État, ni la signature des ses armuriers. Cette arme venait d'ailleurs. Dessus, sur la crosse, on pouvait voir une tête de flèche peinte en rouge.

Le bruit de la porte se fit entendre de nouveau, puis celui, particulier, d'un corps de métal que l'on traîne sur le sol. Le Netralite se fit de nouveau voir, tirait l'autre cyborg avec assez de facilité. Il observa les environs, trouva une poutre, le mis en position assise et l'y attacha solidement, avec des chaînes qu'il ramassa sur un plan de travail. Il observa quelques instants leur ennemi, puis revint près du duo, tout en soupirant longuement. Par contre, il fouilla dans son manteau, en sortit deux rations et une grosse gourde d'eau, qu'il déposa tout près.

- ...comment va-t-il? Et vous?

Les questions étaient toutes simples, mais on ne peut plus importantes. Il semblait réellement inquiet, le pauvre. L'autre cyborg, l'assistant, ne saignait plus, les plaies couvertes avec soins, et semblait encore inconscient. Dans tous les cas, il n'était pas mort.

La gardienne terminait de remettre les balles dans le chargeur de l’arme quand Eridani entra à nouveau dans le bâtiment. Elle jeta un regard vers le mercenaire (qu’elle venait d’abrier avec la couverture) avant de déposer le fusil et de se lever.

"Je vais bien : ce n’est qu’une égratignure. Pour lui il est toujours faible mais au moins il semble stable. Il a repris conscience mais il était trop faible pour parler. "

Elle soupira et observa un peu plus attentivement le cyborg qu’ils avaient affronté, maintenant qu’elle pouvait le faire sans risquer une dague en pleine poitrine.

"Il ne sera pas en mesure de marcher avant un moment. Il a beau être solide personne ne se remet de quelque chose comme ça sans au moins quelques jours de repos. Je doute, peu importe qui est à ses trousses, que nous ayons ce temps devant nous. "

Elle avisa le reste du bâtiment, son esprit se remettant lentement en marche.

"On devrait avoir tout ce qu’il faut pour fabriquer un brancard… mais s’ils nous tombent dessus on sera tous les trois vulnérables. Et je n’aime pas non plus l’idée que l’on se sépare pour aller chercher de l’aide. "

Elle regarda tour à tour le mutalhyte et le cyborg.

"Quel est notre prochaine étape ? Vous avez une capacité que j'ignore qui réglerait tout ?"

Perdu dans les méandres du sommeil, le mercenaire ne se rendit compte de rien. Pas de la couverture, des paroles ou même des mouvements. Il se rassurait dans le chaleur et dans l'idée de finalement être libre de son enfer.

Le Netralite resta près d'elle, sans bouger, et toujours de son calme légendaire. Il ne laissait rien paraître d'autre, sinon un peu d'inquiétude presque paternelle. Son regard suivit celui de la Défenseure, encore et toujours, sans qu'il ne l'interrompe.

- Nous ne pouvons pas le bouger dans son état. Les plaies, surtout celle sur le buste, risquent de s'ouvrir. Les organes internes sont très à risque de se faire blesser. Nous voulons éviter qu'il ne se broie un organe ou que d'autres s'extirpent de son corps.

Il fixa lui-aussi le cyborg, puis grogna. Être à ce point acculé au mur ne lui plaisait pas. N'était-il pas toujours poursuivi, selon ses dires?

- ...cet individu n'est pas de l'État. Même sa cybernétique n'est pas de notre ville. Ça rend nos poursuivants encore plus dangereux. Dans tous les cas... s'ils viennent ici, je vais être en mesure de nous défendre. Et puis... vous êtes armés, maintenant.

La dernière question d'Annabelle le fit se redresser un peu, par contre. Son regard glissa sur Zolvar, qu'il regarda longuement. Il semblait réfléchir, peser le pour et le contre. Il resta quelques longues minutes à penser, silencieux, sans rien dire.

L'autre cyborg, lui, ne venait pas de l'État, comme le Netralite l'avait dit. La façon de faire était différente, plus brute. Le design était optimisé pour en faire une arme, et non un corps utilitaire. Les lames sortaient toujours de ses mains, mais celles-ci étaient placées de manière à ce qu'il ne puisse pas blesser quelqu'un. Il n'y avait aucun symbole sur l'armature de métal. Le reste de la pièce semblait, effectivement, offrir le matériel nécessaire pour la construction d'un brancard. Dehors, on n'entendait rien.

Finalement, Eridani poussa un long soupir et mena une main à ses yeux, doucement.

- ...il y aurait un moyen de faire qu'il puisse bouger, mais... je serais celui qui deviendrait un fardeau. Quoiqu'encore là, je préfère être la personne qu'on laisse derrière. Surtout dans ce cas-ci. Dans tous les cas... ce n'est pas à moi de prendre la décision. Je suis sensé être enfermé, je vous rappel.

Le regard bleu se planta dans celui d'Annabelle, qui put avoir l'impression de voir des volutes étranges tourbillonner autour de l'iris.

"Pas question alors. "

La gardienne avait été ferme, ses propres iris d’un vert émeraude lançant des éclairs.

"Je comprends votre raisonnement mais arrêtez de vouloir vous sacrifier sans arrêt. Zayne a besoins de vous maintenant plus que jamais. Et seule je ne pense pas arriver à quoi que ce soit. Alors sois on sort tous les trois sois on reste tous les trois."

Elle regarda autours, la mâchoire un peu plus serrée.

"On peut probablement rester discret et essayer de se cacher… espérer qu’ils ne nous voient pas… mais s’ils nous retrouvent cet endroit est diablement exposé : trop de fenêtres, trop d’entrée possible, pas assez de couvert… sans compter les traces que nous avons laissé à l’extérieur. "

Elle continua de réfléchir. Elle pouvait essayer de poser des pièges aux alentours mais ils étaient quand même près du quartier central : l’idée de piéger par erreur un civil ne la ravissait pas. Leurs options étaient limitées mais heureusement pas catastrophiques. Elle avisa le cyborg attaché.

"Au moins notre ami ici présent ne pourra pas leur rapporter son échec… s’il n’ont envoyé que lui c’est qu’ils lui font confiance non ? Alors on a probablement un bon moment avant qu’ils ne soupçonnent que Zayne ne reviendra pas entre leurs pattes. "

Son esprit se remettait lentement en marche.

"D’ici là je propose quelques fortifications et un examen plus approfondi des lieux pour prévoir un chemin de fuite. Vous auriez un moyen pour essayer de brouiller nos traces, à l’extérieur ? Ne serait-ce qu’aller faire quelques fausses pistes pour gagner du temps…"

Elle avait l’impression de se préparer à un siège. Mais le Netralite avait raison : ils étaient armés et en mesure de se défendre. Autant en prendre avantage.

Le Netralite se contenta d'acquiescer en silence. Le sujet tétait clos, et l'option était définitivement écartée de leurs réflexions. Il écouta donc la Gardienne, attentivement, tout en observant également. Beaucoup trop d'entrées, oui. Ils pourraient probablement bloquer la porte, assez solidement. Le cyborg se mit donc debout et s'étira, longuement.

- Je peux effacer les traces dehors et en faire d'autres. Après tout, nous avons à peu près la même masse. Sauf s'ils connaissent les dimensions exactes de leur gaillard... il n'y aura pas de différence. Pour ce qui est du bâtiment en tant que tel, si nous voulons réellement tenir un front, nous devrions nous installer au premier et condamner l'accès aux escaliers. La porte pourrait être bloquée. Nous avons tout le nécessaire pour nous réchauffer et alimenter un feu pour tenir Zolvar au chaud... Pour ce qui est des vivres... Je sais qu'il y a quelques bêtes errantes dans le coin, et je chasse plutôt bien...

Eridani soupira, fixa l'autre cyborg et s'approcha doucement. Il s'accroupit près de lui et examina sa tête, sans s'en gêner. Son regard devint plus sévère, quelques instants.

- ...ces personnes sont des monstres. Et ils ont accès à une technologie étonnante... Comment ont-ils fait...

Il grogna, se mit debout, puis regarda la Défenseure, déposant la main sur le manche de sa lame.

- Pour le moment, je vais aller effacer les traces. Sinon... je suis votre outil. Utilisez-moi comme bon vous semble.

Il s'inclina, puis fixa le mercenaire quelques instants, son air inquiet revenant rapidement.

La jeune femme acquiesça lugubrement aux propos du netralite.

"Sans contraintes morales la science avancerait beaucoup plus vite. Mais à quel prix… n’est-ce pas justement ce qu’on essaie d’éviter en ce moment ? "

La gardienne secoua la tête, ne tenant manifestement pas à se lancer dans une discussion philosophique en ce moment. Ils avaient plus important à faire.

"Effacer les traces est la priorité : tant qu’elles sont là nous seront beaucoup trop faciles à repérer. Pendant votre absence je vais en profiter pour préparer le premier. Et arrêtez de vous considérer comme un outil non de dieu, d’accord ?"

La gardienne n’attendit pas nécessairement de réponse. Elle se mit au travail, utilisant les débris et les matériaux qu’elle trouva afin de préparer les escaliers à être condamnés. Le passage était encore praticable, mais il suffirait d’une poussée et il serait définitivement inaccessible. Elle monta aussi tout ce qu’elle trouva susceptible de servir de projectile, ainsi que de l’huile et de quoi allumer un feu. Chasser ne servirait pas à grand-chose si on ne pouvait pas faire cuire la viande, après tout. Il allait falloir être économe toutefois : la lumière et la fumée les rendrait faciles à repérer.

Le Netralite se contenta d'un petit gloussement amusé, quoique doux malgré sa voix synthétique. Il ne répondit rien et sortit en silence, la main sur la garde de son arme.

La Gardienne put faire son travail en paix une bonne quinzaine de minutes. Tout était assez bien entretenu dans l'endroit, et donc il n'y avait aucune surprise d'avoir quelque chose qui lâche brusquement quand on l'a en main. Au premier, on retrouvait les éléments plus secondaires de la bâtisse: uniformes, salles de repos et archives du bâtiment sur les travaux faits, endroits où s'asseoir, même un lit, dans une pièce un peu plus isolé. Même, une grosse poche de gruau était dans la salle de repos, avec marmite et espace pour de la braise. Probablement qu'au petit matin, les employés mangeaient un peu.

Après une quinzaine de minutes, par contre, un grognement se fit entendre. Tout synthétique et empreint, en premier, de douleur. Puis, l'assistant se mit à gigoter, comprenant sa situation rapidement. Il faisait assez de bruit pour que l'on sache qu'il était totalement conscient, maintenant.