Au secours, mon ange Gardienne! (Pv Annabelle, DM)

La gardienne nota elle aussi le nom du lockdown soigneusement dans sa mémoire. Il faudrait qu’elle fasse ses recherches une fois de retours à la caserne, ne serait-ce que pour satisfaire sa curiosité.

Les paroles de Zolvar firent sourire Annabelle, qui tapota doucement l’épaule du mercenaire.

"Connaissant Leo ce n’est rien qu’une tasse de thé en bonne compagnie ne puisse repayer. Surtout si il vous a aidé par le passé… "

Elle regarda toutes les personnes présentes.

"Dans tous les cas, comme le dit Hauras, la décision te reviens. "

Elle attendit le verdict du mutalhyte. Il serait plus en sécurité chez les inhumains, mais aussi plus exposé… Si l’Hécatombe avait fait ses recherches sur le mercenaire il serait probable qu’ils pensent à chercher là pour le retrouver. Chez Leo ? Les chances étaient moindres.

Le médecin écouta attentivement, puis fit signe aux deux autres de se préparer, ce qu'ils firent rapidement. Svern remit ses gants, n'ayant enlevé plus, et Almoran se contenta de se lever en remettant son casque. Le même bruit d'air qui se fait expulser se fit entendre, et l'étrange visage disparut de nouveau sous la visière. Hauras lui-même se tourna vers une chaise, au fond de la salle, et prit lentement ses effets personnels, en même temps que de préparer un trousse médicale assez complète.

- Pour la première semaine, nous irons chez votre frère, alors, mademoiselle. Nous aviserons pour la prochaine destination. Dans tous les cas, nous devons le déplacer après que je lui ai administrer des anti-douleurs, sans trop attendre.

Les autres ne dirent pas un mot. Le bon docteur continua donc de préparer son matériel, puis une fois qu'il fut prêt, il se tourna vers le Mutalythe avec deux comprimés et de l'eau. Du moment qu'il les eut pris, Zolvar fut de nouveau caché sous les couvertures, de manière à ce qu'il n'étouffe pas, et le quatuor se mit en route, le brancard porté par le Défenseur et son accompagnateur.

- ...allons là...

Zolvar n'ajouta rien. Il était épuisé, et puis, il ne voyait pas réellement d'autre initiative. Les Inhumains étaient loin, en premier lieu, et il ne se sentait pas assez en forme pour le voyage. Surtout, il ne voulait pas imposer sa faiblesse aux autres... Tu l'as déjà fait, de toute manière, non? Montrer aux autres que tu es faible, épuisé et brisé? Mais tu leur a aussi montré que tu as tenu bon jusque là. Arrête de trop réfléchir, et accepte l'aide qu'on t'offre, pour une fois.

Le mercenaire resta silencieux et sage. Il regarda les autres s'activer et s'équiper, sans faire un son, prit les anti-douleurs, puis ferma les yeux alors qu'on le dissimulait de nouveau. Il n'aimait pas être incapable de voir ce qui l'entourait, mais ne s'en plaindrait pas. Le brancard fut soulevé, il eut un léger sursaut, mais sans plus. La suite serait simple pour lui: reste immobile, silencieux, et si tu te sens mal, fais-le savoir au médecin. Les deux dernières semaines étaient vraiment super, sans contredit...

La jeune femme acquiesça et commença à se préparer, tout simplement. Il devait passer la prochaine semaine au lit de toute façon… la proximité avec le complexe rendrait les allers de Hauras plus facile et comme ils seraient dans un appartement le mercenaire serait également plus confortable.

Elle se joignit donc rapidement au convoi, après avoir serré l’épaule du mercenaire une dernière fois. Maintenant paré de son manteau, son arme accessible à sa ceinture, elle se mit en tête afin de guider tout le monde jusqu’à destination.

Le chemin se fit sans embûches, la gardienne connaissant assez le coin pour pouvoir faire passer tout le monde hors des chemins passants. Ils arrivèrent assez rapidement devant une grande bâtisse (l'un des rares bloc appartement de sicherheit) et sortis une clée de sa poche. Dire que Leo venait tout juste de la lui donner "au cas où"... l'ironie la fit sourire malgré elle. Elle dévérouilla la porte et guida tout le monde jusqu'au premier où elle poussa la porte numéro quatre.

L'appartement était petit et aurait parrut encombré si un ordre méticuleux ne régnait pas à la grandeur de celui-ci. Une grande pièce servait à la fois de cuisine, de salon et d'atelier. La chambre était la seule autre pièce, mis à part une petite salle de bain. Elle fit tourner un interrupteur pour allumer les lampes à gaz suspendues qui éclairaient l'appartement (confectionnées par Leo, sans doute) et dégagea ensuite l'entrée pour laisser les brancardier laisser leur "fardeau" sur le lit simple de l'ingénieur. La patrouilleuse retira quand à elle son foulard et se dirigea vers la fenêtre de la salle afin de voir quels étaient les station d'observation possible.

"À moins qu'ils ne sachent déjà que nous sommes là, on devrait avoir la paix pour la prochaine semaine. Dans ce genre de bâtiment aussi bien cogner à chacune des portes. Plus les voisins me connaissent donc ils ne noterons rien d'anormal de me voir dans les parages."

Elle soupira. Maintenant, c'était bel et bien terminé. Zolvar était soigné, maintenant il était en sécurité... et elle allait enfin pouvoir glâner un peu de repos. Enfin... façon de parler.

Le convoie se mit donc en chemin, mené par la Gardienne. Malgré le poids qu'ils portaient, personne ne faisait de bruit. Ils avaient vraisemblablement tous l'habitude d'être subtiles, et c'était visible. Ils marchèrent donc dans la neige, Hauras s'assurant que son patient reste bien au chaud toute la durée du voyage, sans se faire remarquer.

Leur arrivée devant la bâtisse se fit incognito. Annabelle connaissant bien les routes passantes et celles moins. Quand la Gardienne leur ouvrit la porte, ils entrèrent, non sans que le Lockdown ralentisse un peu. Était-ce pour vérifier s'ils n'étaient pas suivis? Peut-être. Une fois la porte fermée, dans tous les cas, il reprit son rythme habituel et le convoie en fit de même.

À l'intérieur, les trois hommes déposèrent le blessé sur le lit, le transférant du brancard, peu confortable, au lit, tout en laissant les couvertures de transport sous lui. Hauras glissa le brancard le long d'un mur, où il ne serait pas dans les jambes des autres, puis observa rapidement l'appartement. Ce ne fut pas long qu'il s'installa sur le sol, à côté du lit, et qu'il fit un inventaire rapide de ses choses. D'ailleurs, il se mit tout bonnement à préparer un soluté pour son patient, sans faire un son. Même s'il l'avait voulu, il n'aurait pu s'installer sur le bord du lit: le Mutalythe, de par sa forte constitution, prenait quasiment toute la place, et le médecin n'était pas du genre à se lover contre son client pour faire son travail.

Ce ne fut pas Hauras qui répondit, mais plutôt Almoran, dont le casque se tourna vers Annabelle. Il fit signe au mercenaire de partir, ce qu'il fit sans un mot, refermant la porte derrière lui.

- Pour en être certain, je vais rester dans les parages. S'il y a quoique ce soit, faites des signaux lumineux par la fenêtre. Avant que je ne m'évanouisse dans la nuit, j'aimerais savoir combien de point d'entrée il y a dans ce bâtiment. Si vous êtes au courant, bien entendu, sinon j'irai voir moi-même.

Maintenant tirés d'affaire, la voix exotique et grave du Lockdown pouvait sembler reposante, rassurante même. Il ne parlait pas fort, pourtant sa voix portait bien. Il attendit simplement les indications d'Annabelle avant de bouger. Contrairement à eux, son travail à lui était loin d'être terminé.

Le mercenaire resta immobile, sage et silencieux. Dans les faits, son stress était monté d'un cran et il écoutait attentivement tous les sons qu'il pouvait capter. Il était à l'affût, prêt à bouger en signe de danger. Tout ça ne le reposait pas vraiment, en plus de le tendre assez pour ramener une certaine douleur dans son corps, mais au moins, il serait prêt en cas de problème.

Heureusement pour lui, rien ne se produisit, sinon qu'ils arrivèrent sans accrocs à destination. Il se retrouva sur le lit, non sans un petit sursaut, et regarda autour. Un malaise le prit aussitôt, et ce fut visible: il ne se sentait pas bien dans les affaires d'un autre, surtout de quelqu'un qu'il connaissait à peine. Dans le lit de Léo, dans ses couvertures, dans son appartement... tout ça le troublait beaucoup et il ne savait pas comment se placer, ni s'il devait bouger. Il avait une peur sourde qui résonnait dans sa tête, comme une alarme; celle de mettre de son sang dans ce lit, qui n'était pas sien. Une pensée stupide traversa son esprit, mais il l'écarta rapidement.

Son malaise augmenta quand il vit le docteur Hauras s'installer à même le sol: en plus de monopoliser un lit qui n'était pas le sien, il prenait tellement de place que son médecin devait se mettre à terre. Il émit un soupir subtile, puis concentra son attention sur Almoran, non sans observer l'appartement de Léo. Il passerait la prochaine semaine ici, au lit... comme ce serait pénible... Il espérait que ça ne le soit pas pour les autres, par contre.

La gardienne fouilla légèrement dans sa mémoire avant de hocher la tête.

"Il y a l’entrée principale et… je crois une porte qui mène au toit. Mais aucun escalier n’y mène. Aussi j’imagine que les fenêtre des appartements au rez-de-chaussée peuvent compter. "

Elle s’inclina devant Almoran, se doutant qu’il ne resterait pas à l’intérieur de l’appartement très longtemps après ça. Son regard parcourut les murs chargés de livre, de carnets de ntre, de casses remplies de matériaux ou de projets connexes aux recherches de son frère… elle aimait bien l’atmosphère que l’appartement dégageait. Il ne restait plus qu’à trouver un moyen d’avertir son frère de sa présence et de celle du mercenaire chez lui… elle pouvait imaginer la mine déconfite de son pauvre frangin en découvrant le géant couché dans son lit. Elle irait quérir un messager demain.

La jeune femme alla à la petite cuisinette et alluma la petite cuisinière au gaz. Elle remplis une bouilloire et déplaça quelques pots pour finalement trouver ce qu’elle cherchait avec un grand sourire. Elle se tourna vers le mercenaire, le lockdown et le médecin, visiblement un peu plus détendue.

"Je vous offre quelque chose a boire ?"

Annabelle n’avait pas besoins de se faire dire deux fois de faire comme chez elle... et comme son frère l’avait dit à mainte reprise il était normal qu’ils soient mutuellement la bienvenue chez l’autre. Elle ouvrit doucement la petite boite qu’elle tenait et une odeur de café emplis rapidement l’atmosphère. Elle soupira d’aise et en mis quelques cuillères dans un infuseur. Après les derniers évènements un petit luxe du genre allait lui faire un bien fou.

Le Lockdown nota mentalement les différents points d'entrée, jeta un oeil sur la fenêtre, puis examina de nouveau l'appartement. À la proposition d'Annabelle, il secoua négativement la tête, s'excusa poliement et sortit. Qu'il le veuille ou non, il avait du travail.

Hauras, lui, sembla songeur, puis se permit son premier vrai sourire de la soirée. Il jeta, par contre, un oeil à son patient, puis fouilla dans son sac.

- Je ne dirais pas non à un café, si mon nez ne me trompe pas sur l'odeur. Par contre, c'est à éviter pour monsieur Zayne. Mais, si je peux avoir un peu d'eau chaude, je vais pouvoir lui faire une infusion qui va l'aider à se détendre. Aider la circulation dans le corps. Le réchauffer. Et puis, bon, elle goûte les fruits, alors c'est rassurant.

Le médecin se permit un gloussement et sortit quelques sachets d'herbes de son sac, pour les déposer sur ses jambes. Il les avait croisées, dans la position du lotus, et ne semblait pas plus inconfortable que ça. Ils n'étaient maintenant qu'eux trois dans l'appartement, hors de tout danger pour le moment. Dehors, le vent s'était de nouveau levé et la neige produisait un son étrange contre la fenêtre.

Le Mutalythe observa encore un peu, puis ferma les yeux. Il ne voulait pas continuer d'endurer ce malaise, et il savait également qu'il ne pourrait rien y changer, sinon en modifiant ses principes. Ce serait une chose difficile à faire, mais bon... Il ouvrit un oeil seulement quand les autres parlèrent, mais ne répondit rien: semblerait que le docteur déciderait de ce qu'il boirait.

Le soudain silence le fit soupirer. Comme il n'aimait pas ça... passerait-il réellement une semaine comme ça? Il grogna, puis ouvrit de nouveau les yeux, l'air légèrement exaspéré.

- ...merci pour tout... même si je peux pas faire grand chose... en retour...

Son regard doré passa sur le docteur, puis sur la Gardienne. Il semblait simplement fatigué, à bout, épuisé, las... mais son esprit refusait de le laisser dormir. Probablement qu'il avait encore peur qu'on le poursuive. Ce devait être ça.

La gardienne acquiesça joyeusement aux propos du docteur et se lança dans la préparation des breuvages. La bouilloire resta en suspens un bref moment après les paroles du mercenaire avant de finalement verser son contenu bouillant sur les grains moulus, sa bonne humeur un peu ternie. Elle termina de préparer le tout en silence et c’est avec trois tasses fumantes qu’elle revint près du lit. Elle en déposa deux devant Hauras, une remplie de café noir et l’autre d’eau chaude, avant de se tourner vers le mercenaire. Il était difficile de savoir ce qui se passait dans l’esprit d’Annabelle, pour la simple et bonne raison qu’elle semblait elle aussi avoir de la difficulté à mettre le doigt dessus.

"Zolvar… "

C’était la première fois qu’elle l’appelait par son prénom. La jeune femme sembla chercher ses mots quelques instants, ses mains fermement enroulées autours de sa tasse. Elle soupira et se tourna vers le médecin, l’air un peu mal à l’aise.

"Je… je peux vous demander de nous laisser seuls, quelques minutes ?"

Elle ignorait si elle demandait un peu d’intimité afin d’aider Zayne, ou si c’était elle qui avait besoins d’être seule avec le mercenaire. Les paroles d’Eridani lui revenaient en mémoire… Hauras avait soigné son corps et le processus de récupération serait long et pénible. Ce serait sans doute à elle de s’occuper de son esprit et la tâche promettait d’être encore plus ardue.

Hauras observa le mercenaire quelques secondes à sa réplique un peu morose et lui offrit un simple sourire rassurant, qui exprimait bien le "mais ce n'est rien", que le docteur ne disait pourtant pas. Ça aurait été inutile, visiblement.

À la réception des tasses, il mit immédiatement les herbes en infusion, puis observa les deux autres. La demande d'Annabelle ne sembla pas le froisser, et il se leva d'ailleurs.

- Sans problème. S'il y a quoique ce soit, je serai dans le couloir.

Hauras s'en fut sans un autre mot, laissant la Gardienne et le Mutalythe ensembles, dans le silence.

Immédiatement, son air changea. Passa d'épuisé à désolé, quand il se rendit compte qu'il venait de saper la bonne humeur de la Gardienne. Il soupira et baissa les yeux, puis sembla surpris et confus quand Annabelle demanda au docteur de quitter.

Ses yeux jaunes se plantèrent sur la jeune femme et il la fixa avec une confusion totale. Pourquoi avait-elle besoin d'être seule avec lui? Elle venait d'utiliser son prénom... c'était étrange. Peut-être voulait-elle lui parler de quelque chose de... personnel. Le remettre à sa place sans nécessairement l'humilier devant l'autre. Il soupira encore, conscient qu'il retournait encore trop de choses dans sa tête, mais ne leva pas les yeux, l'air misérable. Quand Hauras eut quitté, par contre, il marmonna tout bas...

- ...je suis désolé... merci pour l'eau... je ne serai pas demandant... je ne serai pas dérangeant... je...

La gardienne avait remercié le docteur d’un signe de tête et le suivit du regard jusqu’à ce qu’il quitte la pièce.

Les mains toujours serrées autours de sa tasse de café, dont elle prit une grande gorgée, elle se tourna vers le mercenaire et se rapprocha du lit. Elle sourit pour elle-même : elle se serait bien assise sur le rebord si l’imposante stature de Zolvar ne recouvrait pas le moindre pouce carré du matelas simple. Elle leva une main pour faire taire doucement le mercenaire, puis s’agenouilla pour être à sa hauteur.

"Zolvar… nous… on va passer pas mal de temps ensemble, le temps que les inhumains puissent te récolter. Et là, on a deux ou trois trucs à mettre au clair sinon on ne s’en sortira pas."

Annabelle se pencha pour ramasser la tasse de tisane et la tendit au mutalhyte. Elle agissait doucement, sans presse. Elle souriait, malgré le sérieux de ce qu’elle semblait avoir à dire.

"J’ai de la difficulté à seulement imaginer ce par quoi tu es passé avant qu’Eridani et moi te trouvions, mais je pense te connaître assez pour savoir comment tu te sens en ce moment. "

La tasse tourna un moment entre les mains de la gardienne, qui leva le regard pour observer l’appartement de son frère. Elle pouffa.

"Merde j’aurais probablement essayer de ramper en dehors de la salle d’opération dès qu’ils auraient eu le dos tourné… juste pour éviter qu’on ait à s’occuper de moi. "

Elle jeta un regard rapide sur son bras blessé avant de rediriger son regard vert sur le mercenaire.

"Alors mon premier point : je n’imposerais rien. Je ne t’aiderais que lorsque tu le voudras et du moment que tu voudras être seul tu n’auras qu’à le dire. D’acord ? "

Elle fixa Zolvar du regard, attendant un acquiescement, une réaction quelconque. Réussir à dompter le malaise du mercenaire allait probablement être une tâche plus ardue que de s’échapper de l’Hécatombe.

Le docteur sortit, et lui aussi le suivit du regard. Comme il se sentait étrange, là maintenant. Timide, stressé, confus, en malaise constant... épuisé, troublé, mais tout de même soulagé que tout soit terminé. Pour l'instant, du moins. Il aurait encore beaucoup à faire pour se reposer, et pour se remettre en forme après tout ça.

Il se tut alors que la Gardienne lui faisait signe d'arrêter de parler et baissa de nouveau les yeux, comme quelqu'un qui s'en veut. Il en faisait encore trop. Il créait encore un malaise. S'était incorrigible, il n'avait pas de talent avec les gens, encore plus avec les femmes. C'était pire quand les rôles s'inversaient et qu'il n'était plus le protecteur.

Quand Annabelle lui offrit la tasse, chose qu'il vit du coin de l'oeil, il tenta de se redresser un peu pour pouvoir la boire, non dans difficulté et un grognement. Il le fit tout de même, légèrement, puis sembla hésiter alors qu'il remarquait finalement la Gardienne à genoux près de lui. Son regard doré montrait toute sa gêne, mais aussi le "tu ne devrais pas être à genoux" que son esprit lui criait. On ne laisse pas une demoiselle au sol. On lui offre une chaise! Es-tu vraiment entrain de penser à de la galanterie dans ton état, Zolvar?

- ...merci...

Le Mutalythe prit la tasse, qu'il enveloppait de ses grosses mains, et laissa la chaleur irradier ses doigts quelques instants. Son regard passait d'Annabelle au liquide orangé, sans savoir où se fixer. Il avait des manières soumises dans le moment et n'osait pas la regarder dans les yeux.

Dans tous les cas, il l'écouta et acquiesça lentement, pour faire savoir qu'il avait entendu. Il n'avait pas interrompu la jeune femme, jamais, mais ne la regardait pas plus que par de petits coups d'oeils furtifs. Oui, son malaise serait difficile à surmonter. Sa timidité également, d'ailleurs. Il attendit patiemment la suite, comme un gamin qui redoutait qu'on lui tape sur les doigts.

Ladite tape n’arriva jamais… mais entre deux détournement de regard le mercenaire put sentir des doigts fins prendre son menton. La gardienne tourna doucement son visage vers le sien et l’obligea à le regarder. Elle avait déposé sa tasse et sa main était chaude, mais ferme. Elle planta son regard dans le sien, un petit sourire sur les lèvres.

"Mon deuxième point : je n’offre jamais rien que je ne suis pas prête à assumer et à mener à terme. Si je n’avais pas envie d’être là je t’aurais laissé entre les mains d’Almoran."

Elle garda la main sur le menton du mercenaire un moment avant de le lâcher. C’était surtout ce point qu’elle voulait lui faire comprendre : même s’il se considérait comme un fardeau en ce moment, personne n’était forcé d’être là. Elle moins que quiconque.

"Et mon troisième et dernier point : si un jour je me retrouve dans une situation semblable tu pourras te venger autant que tu le voudras. Je compte sur toi pour faire en sorte que je m’en sorte sans casser le nez de personne d’accord ?"

Elle eut un petit rire et prêta de nouveau toute son attention au mercenaire. Elle espérait avoir vaincu une partie de sa gêne, même si elle se doutait qu’il continuerait à se sentir mal pendant les jours à suivre.

La présence des dits doigts fins sur son visage le surprit totalement, assez qu'il figea et cligna plusieurs fois des yeux. Même, il avait simplement cessé de respirer. Il n'avait pas l'habitude qu'on le touche, qu'importe la manière. Qu'importe le contacte, il n'était pas familiarisé à ce genre de chose. Que ce soit doux, brusque, se faire tapoter le dos, se faire frapper... Rien. Il était donc figé là, les yeux rond, et fixait la main de la Gardienne, sans savoir quoi faire. Sa peau changea d'ailleurs de couleur sur ce fait, passant un peu par le bleu, beaucoup plus par le vert, par le rouge, puis le rouge pâle... Il était totalement troublé, et c'était un fait.

Il n'en écouta pas moins les paroles d'Annabelle, le regard fixé sur sa main, puis dans ses yeux verts. Les siens changeaient de pigments, comme sa peau, mais son visage restait marqué par la surprise. Dès qu'elle le lâcha, il ne baissa pas les yeux. Visiblement, il avait compris le message du "arrête de m'éviter du regard".

Aux dernières paroles de la Gardienne, il secoua doucement la tête. Se venger, lui? Non, jamais. Il n'était pas ce genre là. Il ne se vengerait pas. Si on lui disait que c'était pour le bien de quelqu'un, il allait le faire, simplement, en s'organisant pour que la chose soit le plus agréable possible. Sinon... il n'agirait simplement pas. Ça, c'était son genre: aider, et ne pas nuire.

- ...je ne me venge pas... j'aide... je soutiens... j'essaie de faire que la tâche soit agréable... mais je ne me venge pas... mais... je comprend... je vais m'en souvenir...

Il n'ajouta rien et se permit, finalement, de baisser la tête. Oui, il protégeait. C'était son rôle. Le protecteur, le mur. Il allait rendre la pareille à la Gardienne, c'était certain. À son frère également. Que ce soit par services ou simplement en lui emmenant un café à tous les jours.

Le rire d’Annabelle emplis de nouveau l’atmosphère paisible de la chambre. Elle était visiblement rassurée par ce qu’elle venait d’entendre et sa bonne humeur refaisait un peu surface.

"Eh bien je compte sur toi pour « ne pas te venger » et « rendre la tâche agréable » dans ce cas. "

Elle quitta un bref moment le mutalhyte du regard pour fixer le liquide noir de sa tasse, arborant toujours un petit sourire. Il fallait qu’elle fasse attention avec le sarcasme et les taquineries, sinon le pauvre ne pourrait plus jamais la regarder. Les changements de couleur de Zolvar étaient loin d’être subtiles et elle voyait bien qu’il ne savait pas tout à fait comment réagir avec elle. Était-ce le contact ? Ou le fait d’être seul avec elle ? Son esprit divagua un instant sur des questions qu’elle avait repoussé dans un coin de son esprit une bonne partie de la journée, mais elle les repoussa de nouveau et revint doucement sur le mercenaire.

"Aller… je vais chercher le docteur pour qu’il puisse terminer ce qu’il a a faire. Ensuite tu pourras te reposer. J’imagine que tu en as besoins. Ça te va ?"

Elle avait posé sa main sur le lit, mais pas directement sur le mercenaire cette fois-ci. Un peu pour lui signifier qu’elle avait compris elle aussi. Elle semblait attendre son approbation avant d’aller chercher le médecin, advenant la possibilité qu’il ait quelque chose a dire.

Le rire de la Gardienne calma à peine son changement de couleurs. Trop de confusion et de trouble l'habitait en ce moment, en plus de cet épuisement qui jetait un épais brouillard sur ses réflexions. Tout était tellement plus compliqué dans cet état, même qu'il en était un peu paranoïaque.

Quand Annabelle observa sa tasse, il en profita pour se mettre à siroter la sienne, lentement. Son corps s'en retrouva rapidement choqué, et par la chaleur et le liquide, mais il se força tout de même à siroter un peu du liquide. Il ne pourrait pas ingérer des quantités normales en commençant son rétablissement, mais au moins, il pourrait commencer par quelque chose de plus petit.

- ...ça...me va.Si je suis capable de me reposer...

Le Mutalythe fronça les sourcils et secoua un peu la tête, pour remettre ses idées, et ses facettes, à leurs places. La fatigue parlait, et la confusion en faisait de même. Il soupira longuement, déposa sa tasse sur son abdomen, tout en continuant de la tenir à une main, et se remit sur le dos. Son regard doré, maintenant légèrement brillant, se fixa ensuite sur le plafond, mis-clos, et il attendit le retour du médecin. Il parlerait avec la Gardienne, mais pas maintenant. Ça ne servirait à rien dans le moment. Son esprit était trop confus.

Annabelle hocha doucement la tête et se leva, laissant le mercenaire à sa tisane. Elle se dirigea vers la porte de l’appartement et l’ouvrit doucement.

"Docteur ? Vous pouvez entrer. Merci beaucoup. "

Elle s’en voulait d’avoir ainsi chassé Hauras de la chambre, mais quelque chose lui disait que Zolvar n’aurait pas aimer avoir ce genre de discussion en présence d’une tierce personne. Elle en tout cas, en aurait été quelque peu gênée. La gardienne commença à préparer le nécessaire pour la nuit, la fatigue commençant lentement à gagner du terrain.

"Vous dormez ici, Hauras ?"

Ouvrant la porte, la Gardienne put voir le médecin, adossé au mur, un peu éloigné de la porte. Il avait l'air penseur, et légèrement fatigué, se grattant la nuque d'une main. Alors qu'il entendait Annabelle, il acquiesça doucement et se redressa légèrement, pour ensuite se diriger à l'intérieur de l'appartement. Il referma d'ailleurs la porte derrière lui, sans faire un son, puis s'étira longuement.

- De rien, voyons. Si vous avez de nouveau besoin d'un peu de paix, ne vous gênez pas pour me le dire.

Le médecin retourna près du lit et examina sommairement Zolvar, plus par habitude que par une quelconque inquiétude. À la question de la Gardienne, il acquiesça de nouveau, son air sérieux revenu sur son visage. De ce fait, il prit le café préparé par la jeune femme et se mit à le boire, relativement rapidement.

- Oui, mais je ne prendrai pas grand place. De toute manière, je dors assis quand je suis en service.

Le médecin s'installa au même endroit, soit sur le sol à côté du lit, le dos contre le mur. Il continua de vider sa tasse, puis fouilla dans le sac qu'il avait emmené. À l'intérieur semblait se trouver le nécessaire pour se changer une fois, donc quitter ses vêtements de travail, et beaucoup d'autres petits choses, surtout pour soigner les patients et les traiter correctement. Dans des mouvements précis, il sortit un simple chandail, qu'il mit de côté, termina ensuite son breuvage et se leva pour aller poser la tasse sur le comptoir. Il revint ensuite s'asseoir, l'air tout aussi sérieux.

La neige tombait toujours dehors, et encore, aucun son, autre que les flocons dans la fenêtre, ne se faisait entendre. Le bloc appartement était endormi, et donc sans bruit. C'était à la fois relaxant et inquiétant. La nuit semblait vouloir être tranquille, dans tous les cas, mais le bon docteur ne semblait pas près de dormir. Quelqu'un devait veiller le mercenaire pour s'assurer que tout se passe bien, non?

Le Mutalythe resta silencieux et observa le médecin qui revenait. Il ne savait pas pourquoi, mais il avait l'impression que la froideur qui habitait le docteur au début l'avait maintenant quitté... Peut-être était-ce parce qu'il n'était plus au complexe scientifique? Peut-être... Ou peut-être était-ce la fatigue. Il ne savait pas vraiment.

Son attention retourna sur la Gardienne, qu'il détailla du regard. Sa peau changeait de couleurs encore, ainsi que ses yeux... mais son regard était attentif. Annabelle semblait se sentir mieux, plus légerte... et il en était heureux. Personne n'était mort. Ils avaient quelques blessures, tout au plus, mais tous vivaient. Il soupira longuement, dans un soulagement qui commençait à l'envahir, puis ferma les yeux. Un peu de repos... il devait essayer de se reposer... Ça lui ferait du bien.

La jeune femme acquiesça et se mit à farfouiller dans les armoires de Leo jusqu’à en sortir deux grandes couvertures et un matelas de sol, qu’elle déroula près de la fenêtre dans la pièce principale. Elle se dirigea vers le coin de ladite pièce où se trouvait un fauteuil inclinable et déposa la deuxième couverture dessus pour Hauras. Après ce qu’il venait de dire Annabelle se doutait que le choix de couchette du médecin était a peu près fait.

Elle se tourna vers Hauras, les yeux un peu plus tombant malgré la dose de caféine qu’elle venait de prendre.

"Je pense bientôt aller dormir… la dernière journée a été assez chargée. Du moment que vous voudrez faire de même n’hésitez pas à me réveiller : mieux vaut toujours avoir quelqu’un de garde. "

La gardienne jeta un coup d’œil dans la chambre et sourit en voyant le mercenaire commencer à fermer les yeux. Elle reprit en baissant le ton.

"Servez-vous si jamais vous avez faim. J’ai bien peur qu’il n’y ait pas plus de couvertures mais le chauffage est au gaz il est donc très facile d’ajuster le tout. "

Elle s’inclina légèrement devant le médecin et se dirigea vers son lit improvisé. Elle roula son manteau en boule afin de se faire un oreiller et entreprit de s’étendre.

"Bonne nuit docteur, merci pour tout. "

Il lui semblait que des jours entiers s’étaient écoulés depuis sa dernière nuit de sommeil, aussi soupira-t-elle de bien être avant de lentement fermer les yeux. Son passage vers le sommeil fut quasi instantané : elle se sentait en sécurité dans l’appartement de son frère et la présence de Zolvar et de Hauras lui permettait de se détendre un peu.