Au secours, mon ange Gardienne! (Pv Annabelle, DM)

Le Mutalythe resta silencieux et immobile. Que pouvait-il faire, de toute façon? Il l'ignorait. Il entendait l'Altéré, qu'il savait assez imposant, détruire la barricade, morceau par morceau. Son sang gelait dans ses veines à chaque coup dans la barricade. Au regard de la Gardienne, il lui en rendit un tout aussi déterminé. S'il ne pouvait rien faire physiquement, il aurait au moins une bonne attitude. Et... s'il se concentrait assez, peut-être serait-il capable d'utiliser le même genre d'habileté que le Netralite?

Il ferma donc les yeux et se concentra. Il espéra surtout que ça fonctionnerait. Il ne saurait pas le résultat s'il n'essayait pas, non? Et au moins, il serait un minimum utile.

L'Altéré enragé continua de détruite la barricade qui se dressait devant lui. Ce n'était qu'une question de secondes avant qu'il la traverse. Le nouveau tir d'Annabelle se fit entendre, mais ne toucha malheureusement pas sa cible: l'Altéré avait bougé sa tête au dernier moment, dans un élan complet de son corps pour faire tomber le morceau qui l'empêchait de gravir les escaliers. Il n'y avait maintenant plus rien entre l'armure assisté et eux.

l'ennemi monta rapidement les marches, et dès qu'il fut passé devant le Netralite, celui-ci lui bondit dans le dos d'un mouvement vif. L'Altéré eut un sursaut et pivota, dos vers le mur, pour reculer brusquement et y écraser le cyborg. Peut-être ne lui avait-il pas fait mal, mais au moins, la manœuvre avait fonctionné: le Netralite l'avait lâché. L'Altéré se tourna de nouveau vers Eridani, le canon de son arme se remettant à tourner. La cracheuse se mit alors à vomir ses munitions. Quelques-unes touchèrent, mais le cyborg s'éloigna rapidement, se laissant glisser de quelques marches plus bas dans l'escalier. Il se remit alors debout et bondit de nouveau, allant cette fois agripper la jambe gauche de l'armure. Un grésillement commença à remplir l'air dans l'escalier. Visiblement, le Netralite chargeait son coup.

La gardienne avait vu avec horreur l’altérer réagir à l’attaque. Pour réagir aussi rapidement soit il était un pilote d’armure très expérimenté, soit il disposait d’une armure bien supérieure à tout ce qu’elle avait vu jusqu’à maintenant. Dans les deux cas la situation ne faisait que se détériorer. Elle fit glisser une nouvelle balle dans le canon et tira coup sur coup en direction de son adversaire, visant les parties normalement plus sensibles dans une armure assistée : les articulations, la visière, les jonctions…

Entre deux coups de feu sa voix tonna, laissant aller un rugissement aussi guttural que possible. Il fallait qu’elle attire son attention sinon Eridani n’allait pas avoir l’occasion de faire grand-chose.

De son côté, petit Zolvar (parce qu'il avait réellement d'être petit et pitoyable dans le moment) continua d'amasser sa concentration, once par once. Il ne savait pas quoi faire d'autre, alors il continua de se concentrer comme il le pouvait, profondément. Il devait au moins essayer s'il voulait avoir la chance d'empêcher que quelqu'un ne meurt dans cette situation qu'il avait causée.

Le duel entre les deux êtres renforcés de métal continua. Toujours accroché à la jambe de l'armure, solidement, Eridani tentait de ne pas se faire déloger par son adversaire. Le tir d'Annabelle l'aida un minimum: la balle atteignit la gorge. Elle ne sembla pas pénétrer profondément, mais assez pour faire étouffer l'Altéré en armure. Le Netralite prit la chance et enclencha le choc électrique, qui le couvrit tous les deux d'arcs bleutés. La pièce s'était illuminée au grand complet à cause de la décharge, que le corps du cyborg avait produit.

Quand le courant s'arrêta enfin, le cyborg lâcha prise et glissa en bas des marches, un peu affaibli par le chose. L'armure, elle, était maintenant inerte, visiblement désactivée pour le moment. L'Altéré à l'intérieur toussait intensément, mais ne bougeait pas sinon. L'armure était faite de manière à ce qu'elle soit impossible à démonter sans les outils adéquats, qu'ils n'avaient malheureusement pas dans ce lieu d'entretient de lampadaires. Au moins, pour le moment, leur adversaire ne bougeait pas.

La gardienne descendit simplement son fusil et eut un sourire sinistre. Elle ne savait pas pour combien de temps l’altéré resterait immobile, mais s’il était bel et bien coincé à l’intérieur elle allait lui donner une bonne raison de sortir. Elle attrapa une large bouteille d’huile et ce qu’il fallait pour allumer un feu. Elle courut jusqu’à l’armure et entreprit d’allumer un feu juste sous lui. Contrairement au cyborg cette enveloppe de métal contenait un être organique… Elle entendait bien transformer l’armure assistée en marmite. Elle alimenta la flamme de quelques morceaux de la barricade et aspergea l’armure d’huile, espérant que la liquide s’immiscerait dans les interstices et réussiraient à griller quelques circuits. Ainsi immobile et directement au-dessus de la source de chaleur le résultat promettait d’être efficace.

"Tu as le choix : tu sors et tu te rends ou tu cuis en espérant que le courant revienne !"

La gardienne s’était éloignée hors de portée, laissant son dispositif anti personnel improvisé faire son travail.

L'Altéré, dans son armure, continua de tousser un bon moment. Son arme avait été fixée à son bras et était donc impossible à enlever. Le Netralite, en bas des marches, resta assis et haletant, observant la scène de loin. Voyant Annabelle mettre le feu, il n'eut pas du tout envie de s'approcher.

Le feu prit donc naissance là où Annabelle l'alluma, et ce ne fut pas long qu'ils entendirent l'ennemi grouiller dans l'amas de métal chauffé par les flammes. Il grognait et se débattait, faisant à peine bouger son imposante armure. Les grognements finirent par sonner plus plaintifs, paniqués même.

- ...tu penses que je peux sortir, peut-être, sale garce?! J'ai l'air d'avoir les outils pour l'ouvrir?! Merde... merde merde merde!!! Éteignez-ça!!! Ça brûle!!! Hugh!!! Il a fallu que je tombe sur une foutu puriste ou quoi?! Arrête ça!!!

L'Altéré semble devenir effréné, bougeant comme il le pouvait. De la fumée s'élevait lentement de l'armure, qui commençait à rougir au niveau des jambes et du bassin. Puis... on entendit un ronronnement, comme si les systèmes se redémarraient, lentement mais sûrement.

La jeune femme avait observé le tout avec un regard froid et implacable, ne faisant même pas semblant d’intervenir.

"Qu’est-ce qu’on dit quand on demande un service ? S’il te plait ?"

Elle avait toujours appliqué un certain nombre de principes… l’un d’entre eux étant que l’on attirait toujours sur soit ce que l’on semait. Il avait ouvert le feu sur eux avec un minigun. Il pouvait bruler vif, à partir de l’instant où il avait essayé de tuer le Netralite il avait perdu toute pitié que la gardienne pouvait trouver. Lorsqu’elle entendit les circuits redémarrer elle épaula son arme et la pointa en direction du métal rougit par les flammes.

"T’as ta chance maintenant : à toi de la saisir. "

Elle avait le doigt sur la détente : au moindre mouvement suspect elle était prête à tirer. Le métal rouge ne promettait pas d’offrir la même protection que son équivalent durcis…

L'Altéré continua de s'agiter. Ses grognement plaintifs se changèrent rapidement en cris. Visiblement, cet ennemi-là n'endurait pas aussi bien la douleur. La Gardienne leva son arme quand le ronronnement se fit de nouveau entendre, ce qui ne sembla pas réellement inquiéter l'Altéré.

- ...je ne PEUX PAS sortir...!!! ...on me la monte... sur le dos... et on me l'enlève quand je reviens... Bordel...!!! Vas-y, tire!!! Tire!!! Fais-toi plaisir!!!

L'armure se défigea subitement, mais pas comme la Gardienne l'aurait cru: une jambe lâcha, le porteur visiblement incapable de rester debout maintenant qu'il avait le contrôle, et l'armure déboula en bas des marches... directement sur le Netralite. Celui-ci, surpris par la scène, tenta de s'éloigner rapidement. Sa faiblesse ne lui permit pas grand mouvement et il se retrouva à moitié coincé sous le mastodonte brûlant. Devenant lui-aussi paniqué, il essaya de le soulever, sans y réussir réellement. Ce ne fut pas long que le manteau du cyborg, sous la chaleur, commença lentement à s'enflammer.

Il avait tout suivit en continuant de se concentrer. Après tout, il voulait être prêt si on venait qu'à avoir besoin de lui. Quand Annabelle avait mis le feu à l'armure, quelque chose s'était serré en lui. Il respirait moins bien à l'idée que la Gardienne fasse quelque chose d'aussi horrible.

Dans tous les cas, quand il entendit le bruit de l'armure qui déboule, il se leva très difficilement. La scène ne lui échappa pas. Ses yeux s'agrandirent. LE cyborg était coincé... ses yeux se mirent à briller, son nez à couler comme un robinet ouvert et il grogna. Concentre toi, concentre toi!!!

Il le sentait, là maintenant... la prise autour de l'Altéré. L'effort surhumain que son esprit effectuait, lui vrillant le crâne. Mais au moins... l'armure se souleva, juste un peu. Il espéra que ce soit suffisant.

- ...je ne tiendrai pas longtemps...! Aidez-le!

Annabelle avait assistée à la scène au ralentis, manqua un battement de cœur et se jeta vers l’avant. Le remord lui donnait presque la nausée, mais elle n’avait pas le temps de s’attarder. Elle descendit les marches aussi rapidement qu’elle le put et juste au moment où elle commençait à enrouler son manteau autours de ses mains pour tenter de bouger le métal brûlant la masse commença à bouger par elle-même. La voix du mercenaire la guida hors de sa stupeur et elle agrippa immédiatement le cyborg pour tenter de le dégager. Elle utilisa immédiatement son manteau pour essayer d’éteindre les flammes, sans se préoccuper de ce que l'altéré pouvait faire.

L'Altéré, dans son armure, semblait vouloir la faire bouger. Peut-être à cause de la chaleur, l'armure répondait mal à ses commandes et se retrouvait à grouiller sur le sol, comme une tortue. Il criait toujours, les flammes chauffant sa prison métallique comme des braises.

L'armure se faisant soulever un peu, et avec l'aide d'Annabelle, le Netralite se dégagea rapidement, non sans un grognement, et se débarrassa en vitesse de son manteau. Il prit le temps de comprendre ce qui venait de se passer, puis ramena son attention sur l'Altéré. Ses cris allaient le rendre fou.

- C'est bon Zolvar! Arrêtez maintenant!

Il tourna son attention vers l'Altéré en armure ensuite, semblant vouloir faire quelque chose. S'ils voulaient des vraies réponses, ils auraient besoin de quelqu'un, non? Il ramena son regard vers Annabelle, alors que les cris de l'homme en armure allaient en s'intensifiant, l'air de demander "on le laisse vraiment brûler vivant?".

Ça ne prit pas deux secondes que le mercenaire relâcha la pression, une fois qu'il eut entendu le Netralite. Deux secondes après, il se retrouvait à quatre pattes, en haut des marches, à siffler plutôt qu'à respirer. Malgré tout, il avait un petit sourire sur les lèvres: il avait été utile, malgré son état lamentable.

Avec beaucoup d'efforts, il se traîna de peine et de misère jusqu'à la couverture, puis se laissa aller sur le flanc, à bout. Comme il était épuisé... la pièce tournait devant ses yeux et s'assombrissait, petit à petit.

La jeune femme se redressa bien droite et se tourna vers le Netralite. Elle était rouge de colère, mais après elle-même et la décision qu’elle avait prise. Elle baissait le regard, n’osant regarder ni Eridani ni Zolvar. Elle avait fait avec ce qu’elle avait sous la main et regrettait de ne pas avoir trouvé de solution moins dommageable.

"Mais bien sûr qu’on l’éteint ! Toutes les armures de l’état ont des systèmes d’éjection, précisément pour ce genre de situation. Merde, vous connaissez l’état de notre système électrique, quel genre d’imbécile s’enfermerait dans un caisson reposant sur l’électricité pour fonctionner sans aucune possibilité d’en sortir en cas de court-circuit ?! "

Tout en parlant elle s’était mise à la recherche de quelque chose pour refroidir l’armure : un sceau d’eau, de neige, de glace… n’importe quoi pouvant abaisser la température du métal.

Eridani sembla incertain quelques secondes, à voir la Gardienne aussi en colère. L'entendant, par contre, il sortit rapidement dehors, boitant maintenant contrairement à avant. Il resta sur le pas de la porte, par contre, puis fit entrer une violente bourrasque de vent et de neige. Ce ne serait pas assez, mais au moins, les flammes s'éteignirent. Par contre, un coup de feu retentit et traversa l'épaule, de bord en bord, du Netralite. Retenant un cri de douleur, celui-ci revint rapidement à l'intérieur et bloqua de nouveau la porte.

- ...ça ne finira donc jamais...

Dans sa recherche, Annabelle put mettre la main sur des contenants vide. Heureusement, comme dans chaque installation de l'État, il y avait une pompe pour avoir de l'eau potable, dans le coin travail du rez-de-chaussée. Encore une fois, avec une chance inouïe, l'eau ne semblait pas geler.

Annabelle n’avait pas attendu après le Netralite (trop perdue dans ses pensées de culpabilisation qu’elle était) et était en train de ramener le sceau maintenant remplis d’eau quand elle entendit le coup de feu. Elle courut jusqu’à l’entrée et faillit renverser son chargement devant le spectacle qui l’attendait. Elle se fit violence et ramena son esprit sur un rail plus fonctionnel et cartésien. Elle commença par renverser l’eau glacée de manière méthodique sur les pièces de métal chauffées. La vapeur obscurcit son champ de vision assez rapidement, mais tout aussi vite les jambes de métal reprirent leur couleur froide. Elle jeta le sceau à côté de l’altéré sans grand soin… La chaleur et maintenant l’eau ? elle doutait fort que les systèmes électriques seraient en mesure de survivre. Elle secoua à tête avant de se diriger vers Eridani.

Elle faisait lentement le tri parmi toutes ses émotions… elle ne se sentait pas coupable d’avoir presque brulé vivant l’altéré : il était en train de décharger un minigun sur ses camarades et, à la base, venait pour récupérer ce qu’il considérait comme un spécimen de test tout au plus. Au déploiement de force on répondait par la force. Non… Elle s’en voulait de ne pas avoir pensé à tout et d’avoir de ce fait empiré la situation. Elle s’en voulait que ce soit une masse de métal rougit qui soit tombé sur le Netralite et non pas simplement l’armure assistée. Elle s’en voulait d’avoir obligé Zolvar à intervenir et elle s’en voulait, merde, de ne pas avoir songé que leurs armures assistées étaient peut-être différentes des leurs. Elle continuait de s’auto flageller, mais au moins de manière plus précise et contrôlée. Elle s’agenouilla lentement à côté du cyborg, examinant la blessure.

"Il a touché quelque chose d’organique ? je peux faire quelque chose ?"

Un dossier à la fois. Le temps que l’altéré se calme il pouvait bien mijoter encore un peu dans son armure. Elle était froide de toute manière non ? Ensuite elle irait s’assurer que Zolvar allait bien. Était-ce… était-ce bien lui qui avait soulevé cette armure ? comment ?

Le métal reprit sa couleur normale et l'Altéré à l'intérieur se calma un peu. Il ne s'agitait plus, mais les dommages avaient été faits, dans tous les cas. Il resta donc immobile, maintenant coincé dans cet amas de métal, brûlé et aux systèmes grillés.

Le Netralite, lui, s'était laissé glissé le long du mur, près de la porte. Une coulisse rouge sortait du point d'impacte. Ce n'était pas une balle perforante, comme on aurait pu le croire. Non, c'était une sorte faite pour causer le plus de dégât à la personne qui la recevait. L'impacte était donc conséquent: on voyait quelques systèmes de l'articulation, quelques tubes contenant de nerfs ou des vaisseaux sanguins... dont deux qui étaient coupés nettement et coulaient, de là le liquide rouge. Quelques nerfs avaient été sectionnés en plus. Ce devait être horriblement douloureux. Justement, Annabelle s'agenouillant près de lui, Eridani grogna, soupirant par le même fait.

- ...qu'est-ce qui a été touché? Je... je ne pense pas pouvoir bouger mon bras.

Le cyborg grogna de frustration, puis jeta un œil à son arme, agacé par tout ça. Visiblement, il n'appréciait pas se sentir aussi inutile. Les deux tubes acheminant le sang, eux, coulaient beaucoup et sans arrêt. Une tube ne pouvait pas se soigner seul.

En haut de l'escalier, le mercenaire se figea. Un tir... le tireur de précision? Son travail n'était pas terminé, à première vue. Il devait le trouver. Avec de la chance, il pourrait le repérer... et peut-être même le descendre avec le fusil d'éclaireur.

Très lentement, il se leva et se traîna le long des murs, puis prit appuis près d'une fenêtre. Le Netralite parlait, alors il vivait toujours. C'était déjà ça. S'il trouvait ce tireur, il les aiderait grandement. Il se pencha donc vers la fenêtre et scruta les environs, comme il le pouvait. Surtout, il cherchait les endroits propices à un tel tir, gardant en tête que le tireur avait atteint l'avant de l'édifice, et non l'arrière. Ça limitait grandement ses recherches.

Annabelle secoua la tête d’exaspération. S’ils survivaient à tout ça elle allait se prendre une formation en premier soins auprès de Joy : jamais auparavant elle n’avait été aussi handicapé par son incapacité à manier une aiguille et un medpack. Elle était très renseignée sur le fait d’utiliser l’anatomie humaine à son avantage (points de pression, clées de bras, etc.) mais beaucoup moins sur son fonctionnement. Alors de là à traiter un cyborg, c’était beaucoup lui en demander. Elle appliqua quand même une pression sur la plaie et aida le Netralite à se remettre debout.

"Montons : nous avons encore un peu de matériel de premiers soins. Encore une fois je ne m’y connais pas mais j’ai la main sûre alors si vous me guidez je peux peut-être arrêter les dégâts ?"

Elle permit donc au cyborg de s’appuyer sur elle et ils commencèrent à se déplacer. Ils contournèrent l’armure assistée et Annabelle donna un petit coup de pied dans l’épaule de l’altéré au passage.

"Eh, là-dedans. Si tu es encore en vie je te suggère d’écouter : si tu te montres loquace et que tu acceptes de nous aider un peu je peux peut-être essayer de trouver des outils pour te sortir de là. Si on fais vite ça doit être traitable. Tu as le droit de garder le silence mais sache que dans ce cas on te laissera là à mariner dans ta marmite. Tu as… deux minutes, tiens. "

La jeune femme n’accorda pas plus d’attention au grand brûlé avant de commencer à monter les escaliers. Ce n’était pas comme s’il était en mesure de bouger de toute façon. Une fois en haut elle installa Eridani confortablement près du matériel restant et écouta ses instructions pour commencer à le traiter. Elle avisa Zolvar avec un sourcil relevé mais compris rapidement ce qu’il faisait.

"Le coup venait de la façade sud, là où il y a la porte d’entrée. Vu l’angle de la blessure il devait être placé en hauteur… Ça limite les options mais il doit avoir changé de cachette maintenant. "

Elle espérait que ce soit utile... elle avait vu les marques de brûlures sur le torse du mercenaire et se doutait très fortement qu'il n'approuverait pas la manière dont elle avait disposé de l'altéré. Et pour une raison qui lui échappait encore c'était probablement ce qui la poussait autant vers les remords.

Eridani monta avec elle. Il semblait épuisé, déjà en partant. En plus, avec les tirs qu'il avait reçu dans la journée, il n'était pas à son meilleur: un bras qui ne fonctionnait plus, un saignement important dans son épaule, et trois autres très légers dans sa poitrine. Le cyborg s'appuya un peu sur elle, mais pas trop. Il était capable de marcher, même si ses jambes commençaient à faire entendre leur protestations.

Ils montèrent donc les escaliers, et seulement là, le Netralite se mit à parler.

- ...vous allez devoir bloquer les tubes qui sont percé, pour que l'écoulement s'arrête.

Il guida la Gardienne comme il le pouvait, vu que lui n'était pas bien placé pour voir ce qu'il avait, et à quel degrés. Ce ne fut qu'une question de minutes, et de douleur quand ce fut le tube contenant le nerfs qui se fit boucher.

L'Altéré, de son côté, grogna dans son armure. Il ne fit aucun autre son, par contre: peut-être pensait-il à son avenir incertain. Dans tous les cas, il resta prisonnier et silencieux, sinon de ses grognements de douleur.

Avec les indications d'Annabelle, ses connaissances et son observation, Zolvar trouva rapidement un édifice, à plusieurs étages, qui donnait un angle de tir parfait. D'ailleurs, une lueur était visible, de temps à autres: celle du soleil qui se reflète dans une lunette de visée, sur le toit de l'édifice en question.

Le mercenaire continuait d'observer, attentivement. Ce ne fût pas long qu'il repéra le reflet de la lunette. Il eut un petit sourire en coin et prit lentement le fusil d'éclaireur, sans se presser. De toute manière, il devrait se débarrasser de la fenêtre. En plus... le tireur l'avait probablement repéré. Pourquoi ne tirait-il pas? Ah oui... ils le voulaient vivant. Il soupira, puis tourna son regard vers le duo allié.

- ...je l'ai repéré... à mes huit heures, sur le toit de la bâtisse avec trois étages...

Il n'ajouta rien. Il était à bout. En plus, ils devraient trouver une stratégie. Surtout, attendre que tout le monde soit en état de l'exécuter.

La gardienne acquiesça lentement aux paroles de Zolvar et se frotta les yeux. Tout d’un coup, elle aussi se sentait très fatiguée.

Elle avait suivi les indications du cyborg et enroulait maintenant une bonne quantité de bandages pour faire tenir les « bouchons » sur les tubes de liquides. Elle fit un nœuds, deux, puis déchira le tissus excédent et donna une petite tape dans le dos du cyborg pour lui signifier qu’elle avait terminé. Il était rare qu’elle avait ce genre de pensées, mais elle aurait donné cher pour que son frère soit là. Annabelle avait beau se sentir dépassé par la situation elle était techniquement celle qui était le plus en mesure d’agir aussi se força-t-elle à se concentrer.

"D’accord… alors voyons voir. On sait qu’ils étaient trois. On en a mis deux hors d’état de nuire il ne reste donc que notre ami tireur embusqué. Vu son champ de vision je doute qu’il sache précisément ce qui s’est passé mais une chose est sûre : il doit commencer à trouver que le temps est long. Il va probablement tenter d’envoyer un message pour avoir du renfort (si ce n’est pas déjà fait) et ensuite de nous retenir ici aussi longtemps que possible pour qu’ils puissent nous piéger."

Elle soupira. Elle n’aimait pas les options qui s’offraient à eux.

"On peut tenter une sortie mais alors on sera à peine plus que des cibles mouvantes. On a déjà eu un aperçu de son temps de réaction. On sera tous mort avant d’être à couvert. On doit faire vite et tirer partis de notre seul avantage sur lui : nous sommes plusieurs. "

Elle se leva et commença à rajuster son équipement. Elle ramassa la barre de fer, vérifia qu’elle avait toujours son couteau et regretta un bref instant d’avoir grillé l’armure assisté.

"Je vais sortir et tenter de l’atteindre. Si vous faites diversion je devrais pouvoir courir jusqu’au bâtiment sans me faire remarquer… ou du moins sans me faire toucher. "

Elle se tourna vers le cyborg et leva une main pour faire taire les protestations.

"Je suis la seule en état de courir. Et je sais me débrouiller. "

Elle fit rouler ses épaules. Elle était prête à partir du moment qu’elle aurait l’approbation de ses compagnons. Elle haussa un sourcil, s’adressant autant au Netralite qu’au mutalhyte.

"Je n’ai aucune idée de l’ampleur de ce que je demande mais si vous pouviez invoquer une bonne tempête de neige ça faciliterait beaucoup l’opération… "

Le Netralite écouta silencieusement les paroles de la Gardienne, sans dire un mot. Qu'elle fasse taire ses protestations d'un mouvement de main sembla le raidir, par contre. Oui, il semblait en avoir, et d'assez sérieuses. Il se leva donc et regarda la Gardienne, soupirant dans un son étrange.

- Votre idée aurait été bonne, s'il n'est que le tireur se trouve sur un toit. Je doutes que vous ayez un moyen d'y monter, de votre côté. Si nous sommes aptes à déployer une tempête de neige, ce qui demande autant de concentration que d'efforts, alors je crois que nous serons capable de simplement faire tomber le tireur de son perchoir. Les risques sont de beaucoup diminuer vis-à-vis votre personne... et la seule chose dont nous avons de besoin est une vue directe sur l'homme en question. Bref... aux vues des habiletés de Zolvar, je vais m'occuper de cette tâche, en prenant le même poste d'observation que notre ami.

Le cyborg consulta la Gardienne, puis le mercenaire du regard. En bas, on entendit un grognement, suivit de quelques jurons, amplifiés par l'armure de métal de son porteur.

Le mercenaire se crispa en entendant les paroles d'Annabelle. S'était du suicide, simplement dit. Il était lui-même un tireur de précision et savait que même avec une diversion, s'il voulait un cible, il ne la raterait pas. S'il ne se trompait pas, le tireur devait surveiller la porte constamment.

- Votre plan est autant une bonne idée que si je me rendais. C'est du suicide. Le tireur va vous repérer, diversion ou non. S'il connait assez bien le terrain, ça ne changera rien. Essayons celle du Netralite en premier. Si elle ne fonctionne pas, nous reparlerons de ce plan... Je veux dire, lui doit s'être équipé pour grimper. Il n'y a pas d'échelles ou d'escaliers qui mènent au toit.

Voilà, il avait dit son avis. La chose faites, il se laissa glisser contre le mur. Il avait besoin de repos, il le sentait. Au moins, il faisait un minimum de chose pour les aider. Il n'était pas totalement inutile. Ils reparleraient après, Annabelle et lui, de son choix immorale de faire brûler un Altéré vivant.

La gardienne hocha lentement la tête.

"Comme je l’ai mentionné je ne connais pas l’ampleur de vos… habilités. Si vous pensez pouvoir régler le problème sans que nous n’ayons à se mettre devant le baril de son fusil ça me va parfaitement. "

Elle avait parlé aux deux hommes en même temps. Le mercenaire avait soulevé une armure de plusieurs centaines de kilos par la seule force de sa pensée, non ? Elle paraissait légèrement soulagée qu’ils aient un meilleur plan que le sien, mais n’écartait pas la possibilité qu’elle ait à sortir si ils échouaient. Ils avaient abordé les situations de tireurs embusqués… à l’académie… mais tout ce qu’elle se rappelait des instructions du professeur se limitait à « restez hors de vue » et « ne jamais lever sa tête pour regarder ». La gardienne avait de la jugeotte et était assez rapide, mais elle doutait que ce soit suffisant pour échapper à une balle soigneusement placée.

Annabelle jeta un coup d’œil vers la cage d’escalier en entendant les râlements de leur prisonnier. Même blessé l’altéré était un vrai mastodonte. Mieux valait aller voir.

"Je vous laisse vous concentrer. Essayez de ne pas vous faire voir… Je… je n’ai aucunement les compétences pour m’occuper de vous si l’un ou l’autre venait à se prendre une autre balle. D’accord ?"

Elle avait beau tenter de sonner sûre d’elle, elle était inquiète et c’était visible. Elle tourna rapidement les talons et descendit les marches pour revenir voir l’homme dans sa prison de fer. Elle s’installa confortablement non loin de lui, se débarrassant de ses incertitudes pour enfiler un air plus froid.

"Alors. Tu as réfléchi ? De ce qu’ils m’ont dit du moment que la peau est brûlée elle arrête de suer. Ça peut paraitre anodin mais quand une partie trop importante du corps est incapable d’éliminer les déchets ça commence à poser problème. Il faut traiter le tout rapidement sinon…"

Elle laissa sa phrase en suspens, laissant l’imagination de con interlocuteur terminer le reste. Elle croisa les bras.

"Si tu nous donnes quelque chose par contre, je peux te garantir un aller très rapide jusqu’à l’hôpital le plus près. Une fusée de signalement et quinze minute plus part la cavalerie débarque. Difficile à promettre avec un tireur d’élite sur notre cas par contre… "